Comme beaucoup parmi cette pléiade de Saints irlandais et écossais que nous connaissons bien peu, saint Patrick est un personnage
– certes historique, mais dont beaucoup de détails restent incertains.
Sa naissance varie de 383 à 389, selon les études ; sa mort, de 461 à 493. Sa naissance, daprès ses propres
écrits, aurait eu lieu en Écosse, mais dautres historiens interprètent différemment le texte et le font naître tour à tour en Irlande, en Pays de Galles, ou même en Gaule, suivant le sens à donner à cette Britannia latine.
Suivant les contrées, son propre nom varie étonnamment : Patricius en latin, donc Patrice en français, mais Cothrige en irlandais, Maewyn Succat en breton, Patrick ailleurs.
Son père, le diacre Calpurnius, était un décurion romain, sa mère sappelait Concessa ; Patrice aurait aussi eu une sur, Lupait.
Vers 404, des pirates irlandais pillèrent la ferme de Calpurnius, et emmenèrent captif le jeune Patrice qui avait environ seize ans ; acheté par un maître du nord de lIrlande, il se vit confier la garde des troupeaux, puis fut emmené dans louest, où sa captivité fut plus rude, ce qui donna au jeune garçon loccasion de rentrer en lui-même, de se convertir intérieurement et de se tourner sincèrement vers Dieu en cherchant à vivre plus saintement. Cest durant ces six années quil apprit si opportunément la langue irlandaise qui devait tant lui servir plus tard.
Ayant réussi à senfuir, il fut pris à bord dun navire marchand, dont on ne sait au juste où il accosta. La nourriture vint à manquer, et la prière de Patrice fut vite exaucée, car un troupeau de porcs passa par là, qui leur fournit de quoi se restaurer. Plus tard, durant une nouvelle mais brève captivité, Patrice parle dun rêve où il est délivré dun gros rocher par la prière au prophète Elie.
Il revint chez ses parents mais pour peu de temps ; il rêva à nouveau quon lappelait à revenir en Irlande pour évangéliser. Nouvelle séparation des parents : Patrice se rend aux îles de Lérins pour y apprendre la science divine et affermir sa vocation. Il passa en Italie et, remontant en Gaule, sarrêta longtemps à Auxerre, où il fréquenta le saint évêque Amator et surtout lillustre Germain.
En 431, le pape Célestin Ier sacra évêque Palladius pour lenvoyer parmi les Scots, mais lévêque mourut à peine quelques mois après. Sur cette nouvelle, Patrice sentit lappel à repartir pour aller évangéliser lIrlande. On suppose que cest à ce moment-là quil reçut lépiscopat, des mains de Germain dAuxerre.
Parvenu en Ulster, Patrice sattacha à convertir les chefs et les rois, dont dépendaient et la conversion de leurs sujets, et lattribution de quelque terrain pour la construction déglises et de monastères. Cest ainsi que se convertit un chef puissant, Dichu, en Ulster ; puis le frère du roi de Méath, Conall. Le travail de Patrice fut fécond, accompagné de signes divins, de miracles, mais non sans difficultés.
Neuf ans après, Patrice fit un pèlerinage à Rome, pour en obtenir du pape la consécration de ses travaux. Saint Léon laccueillit certainement avec faveur, et lon voit Patrice revenir dans lîle avec des reliques de saint Pierre et de saint Paul. Ce devait être vers 441. Cest alors que Patrice voyagea dans toute lIrlande pour organiser les Églises et consacrer des évêques : lIrlande nétait pas entièrement païenne, et danciens compagnons de Patrice, avaient gagné dautres populations, comme Auxilius, Iserninus, Fiacc.
Patrice reconnaît humblement, dans ses écrits, avoir baptisé des milliers dhommes, mais il en rapporte la gloire à Dieu seul. Rien ne la abattu, ni les violences, ni les menaces, ni la captivité. Il dut plusieurs fois échapper miraculeusement à la mort. Pour sauver ceux quil avait gagnés au Christ, il ne demandait quà verser son sang, à endurer la mort, à être privé de sépulture, à être la proie des chiens et des bêtes féroces.
Le saint évêque était un homme de prière, de piété, continûment en conversation avec Dieu ; cétait sa force, et pour ses contemporains une des caractéristiques de sa sainteté. Un de ses biographes rapporte : Il chantait chaque jour tous les psaumes, les hymnes, lApocalypse de saint Jean, les cantiques de lEcriture, quil fût ou non en voyage. Quand il rencontrait une croix sur sa route, il descendait de son char pour se prosterner devant elle.
Vers la fin de sa vie, lapôtre désira se retirer pour se préparer à la mort. Peu avant, un ange lui apparut pour lui signifier que Dieu avait écouté ses quatre supplications : le diocèse dArmagh aura la primauté sur les Églises dIrlande ; Patrice jugera celui qui au jour de sa mort récitera lhymne quil a composée ; la postérité de Dichu ne périra point ; Patrice jugera le peuple irlandais au dernier jour du monde.
Patrice mourut donc à Saul, en Ulidia, terre de Dichu, le 17 mars 461, date la plus probable, quoique parfois discutée. La nuit suivant sa mort, des anges veillèrent sur son corps, en chantant des psaumes et des hymnes. Sur leurs indications, on devait placer le corps de Patrice sur un char à bufs, et il serait enterré là où les bêtes sarrêteraient : cest là que séleva ensuite léglise de Down-Patrick.
Un siècle plus tard, saint Colomban ouvrit le tombeau de saint Patrice, pour en placer les reliques dans une châsse. En outre, un ange lui révéla quoi faire des saints objets quon avait aussi déposés dans le premier cercueil : le calice devait aller à Down-Patrick, la cloche du testament à Armagh, lévangile tenu par lange à Colomban lui-même.
On a dénombré quelque cent quatre-vingt-quinze édifices élevés en lhonneur de saint Patrice rien que pour lIrlande, beaucoup dentre eux ayant été fondés par lapôtre lui-même. Le Saint est en honneur dans tout le monde britannique, en France et en Espagne.
De nombreuses légendes se rattachent à lapostolat de saint Patrice. Les légendes sont très nombreuses en Irlande, et lon ne parvient pas à définir les éléments certains sur lesquels elles sappuient ; elles attestent au moins limmense célébrité et la profonde sainteté des nombreux Saints et Saintes de cette Irlande catholique.
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