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La PASSION de JÉSUS
selon
Anne-Catherine Emmerich
(1774-1824)

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La condamnation

 

Jésus est condamné à la mort de la croix (Chapitre XXIX)

Pilate était de plus en plus incertain. Il était, par ailleurs, furieux que cet homme qu’il avait fait fouetter et qui était devant lui dans un état pitoyable, cet homme qu’il pouvait faire crucifier, que cet homme osât lui prédire une fin misérable, et qui plus est, prétendre le citer devant son tribunal, au dernier jour.  Indécis et terrifié par les menaces du Seigneur, il fit un nouvel effort pour Le sauver, mais la peur d’être dénoncé à César eut raison de sa lâcheté. Il se lava les mains en disant: “Je suis innocent du sang de ce juste, c’est à vous à en répondre” et il livra aux juifs le sang de Jésus.”  Pilate mit ses habits de cérémonie et se rendit au tribunal.

“Jésus portant toujours son manteau rouge et sa couronne d’épines fut conduit au tribunal et placé entre deux malfaiteurs.” Pilate dit encore aux juifs: ”Voici votre roi!”  la suite est connue. Pilate prononça alors le jugement. 

Anne-Catherine rapporte ici que les causes de la condamnation énoncées par Pilate correspondaient aux désirs des juifs, mais que le texte écrit, qui fut transcrit plusieurs fois et envoyé dans différents lieux en différait considérablement:  “Forcé par les princes des prêtres, le Sanhédrin et le peuple près de se souleber, qui demandaient la mort de Jésus de Nazareth, comme coupable d’avoir troublé la paix publique, blasphémé et violé leur loi, je le leur ai livré pour être crucifié, quoique leurs inculpations ne me parussent pas claires, afin de n’être pas accusé devant l’empereur d’avoir favorisé l’insurrection et mécontenté les juifs par un déni de justice .”

Les juifs continuèrent à émettre de multiples contestations, notamment au sujet de l’écriteau: “Roi des juifs”, mais Pilate n’en tint pas compte. Il faut indiquer aussi que, pour des raisons techniques, la croix dut être allongée pour  qu’on puisse y placer l’écriteau. “Ces différentes circonstances  concoururent à donner à la croix la  forme d’un  Y... Pendant que Pilate prononçait son jugement inique,  Claudia, sa femme, lui renvoyait son gage et renonçait à lui... Le soir de ce jour elle quitta secrètement le palais pour se réfugier chez des amis de Jésus.  Claudia Procla se fit chrétienne, suivit saint Paul et devint son amie particulière.”

Jésus fut livré aux archers. On apporta ses habits qui avaient été ôtés chez Caïphe: ils avaient dû être lavés car ils étaient propres. Jésus fut donc de nouveau dénudé; on lui délia les mains pour pouvoir l’habiller. En arrachant de son corps le manteau de laine rouge, beaucoup de ses plaies se rouvrirent. “Jésus mit lui-même, en tremblant , son vêtement de dessous. Ses bourreaux  lui jetèrent son scapulaire sur les épaules. Comme la couronne d’épines était trop large et empêchait qu’on pût passer la robe brune sans couture..., on la lui arracha de la tête, et toutes ses blessures saignèrent de nouveau... Ils lui mirent encore son vêtement de laine blanche, sa large ceinture, et enfin son manteau. Puis ils lui attachèrent de nouveau, au milieu du corps, le cercle à pointes de fer auquel étaient liées les cordes avec lesquelles ils le traînaient.”

 Munis d’une copie du jugement, les princes des prêtres se hâtèrent vers le Temple, craignant d’y arriver trop tard pour préparer la Pâque. Pilate s’en revint dans son palais, entouré de ses officiers er de ses gardes, et précédé d’une trompette. Le jugement inique avait été rendu vers dix heures du matin.

Commentaires et méditation

Souvent, des âmes pieuses qui prient et méditent la passion du Christ, se retrouvent à Gethsémani pour vivre avec Jésus son agonie et “Le consoler”. Voici que, venant de suivre Jésus dans sa Passion jusqu’à sa condamnation par Pilate, nous nous apercevons que, contrairement à tout ce que l’on dit habituellement, l’agonie de Jésus s’est prolongée tout au long de sa longue Passion, depuis son arrestation après la trahison de Judas, jusqu’à son dernier souffle, quand Il rendit l’Esprit, c’est-à-dire jusqu’à sa mort sur la Croix.

Constamment Anne-Catherine nous montre Jésus priant pour ses bourreaux et pour le monde, même dans les pires moments de souffrance. Souvent, aussi, elle nous fait assister aux tentations suscitées par Satan: “A quoi bon tant souffrir pour des hommes qui n’en valent pas la peine, pour des hommes qui refusent l’amour; les hommes des siècles à venir ne vaudront pas mieux, etc, etc.” À plusieurs reprises Jésus dut être conforté par des anges pour ne pas mourir avant d’avoir accompli l’ensemble de sa Passion, car, plusieurs fois Il fut véritablement mourant tant son épuisement était total.      

Soudain nous comprenons que consoler Jésus ce n’est pas seulement être près de Lui à Gethsémani, où on ne fait guère mieux que les apôtres qui ne comprenaient rien et dont la pitié qu’ils manifestaient ressemblait plus à de la compassion envers un pauvre homme fatigué qu’à l’acceptation des souffrances tant de fois prédites par Jésus, souffrances qui, pour eux, étaient synonymes d’échec et de ruine de leurs ambitions obscures.

Consoler Jésus c’est Le suivre jusqu’au bout, c’est essayer d’entrer dans le mystère d’Amour de Dieu, c’est accepter la mort qui conduit à la Résurrection. Mais avant la Résurrection il y a la Croix, cette Croix qui nous sauve, nous les pauvres hommes pécheurs, cette Croix que, parfois, Jésus vient nous offrir pour nous associer à son oeuvre rédemptrice. Et entre Gethsémani et la Croix, il y a le portement de Croix.

   

 

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