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Dimanche du Bon
Pasteur
Ce quatrième
dimanche de Pâques porte le titre de “dimanche du Bon
Pasteur”. L’évangile ne rapporte plus l’une ou l’autre des
apparitions du Ressuscité mais la péricope du chapitre 10 de
Jean où Jésus parle de lui-même comme du Pasteur. Le verset
6 dit exactement : “Il
leur dit”, se référant évidemment aux Pharisiens avec
qui Jésus est en conversation dès le chapitre précédant. Et,
ajoute Jean, “ils
ne comprirent pas ce qu’il voulait dire”.
C’est qu’à
propos de pasteurs, les chefs d’Israël avaient de quoi
méditer avec les mille avertissements des Prophètes, en
particulier d’Ezéchiel, qui stigmatise tous ceux qui n’ont
pas su gérer le troupeau : “Vous
n’avez pas fait paître le troupeau, vous n’avez pas fortifié
les brebis chétives, soigné celle qui était malade, pansé
celle qui était blessée. Vous n’avez pas ramené celle qui
s’égarait, cherché celle qui était perdue. Mais vous les
avez régies avec violence et dureté… Je susciterai pour le
mettre à leur tête un pasteur qui les fera paître, mon
serviteur David” (Ez
34:3b-4.23).
Jésus montre
aux Pharisiens qu’Il est ce Pasteur, annoncé en la personne
prophétique de David. Ceux qui “sont
venus avant Lui” ont
été des voleurs parce qu’ils se sont contentés de recevoir
les prémices et les offrandes des fidèles, oubliant à leur
tour de se considérer eux-mêmes des brebis du même troupeau
de Dieu. Jésus, au contraire, le vrai Pasteur, sait être
Lui-même La brebis modèle, fidèle, l’agneau de Dieu immolé
en se chargeant des péchés des autres.
L’épître de
saint Pierre ne dit pas autre chose : “Christ
lui-même a souffert pour vous et vous a laissé son exemple
afin que vous suivissiez ses traces”. C’est
une idée chère à saint Augustin, dans son Commentaire sur
l’évangile de saint Jean : “Sous
l’unique Pasteur et dans l’unique troupeau, les pasteurs
eux-mêmes sont des brebis. Oui, il a fait de tous les hommes
ses brebis, c’est pour eux tous qu’il a souffert, puisque
lui-même, afin de souffrir pour tous, est devenu brebis.”
Ce Bon Berger
est évidemment la figure évoquée dans le Psaume
d’aujourd’hui, que nous avons lu déjà tout récemment au 4e
dimanche de Carême. Les deux autres lectures sont de la
bouche ou de la plume de saint Pierre, lui qui avait pris
peur au moment de la passion du Bon Pasteur, et qui
maintenant ne craint plus de se montrer en toute assurance,
de parler haut et fort, de témoigner avec une telle
conviction que “la
communauté s’augmenta ce jour-là d’environ trois mille
personnes”.
Pourtant, à
entendre le discours de Pierre, les Juifs présents auraient
pu se révolter. Ce n’est pas facile de s’entendre dire : “Ce
même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le
Seigneur et le Christ”. Mais ceux qui écoutent là, ont
été touchés par la grâce de Dieu, ils ont réfléchi ; depuis
le Vendredi Saint jusqu’au jour de la Pentecôte, plus de
cinquante jours sont passés, durant lesquels tous ont pu
entendre parler de la résurrection du Christ, des
témoignages divers ; et surtout, ils ont eu l’opportunité de
rentrer en eux-mêmes et de se repentir d’avoir fait
crucifier le Juste, l’Innocent. Voilà pourquoi ils disent,
tout simplement, comme des petits enfants qui regrettent une
bêtise : “Que
devons-nous faire ?” Et
Pierre, sans les accuser, les encourage, les réconforte : “Convertissez-vous ;
faites-vous baptiser, pour être pardonnés et recevoir
l’Esprit”.
Oui, revenons
au Christ, au Pasteur. “Vous
étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes
revenus vers le berger qui veille sur vous”, sous la
houlette du Successeur de Pierre et de tous les Successeurs
des Apôtres, le pape et les évêques, dans le saint bercail
de l’Église du Christ, avec les Saints qui ont donné leur
vie pour le Christ et pour le salut des âmes.
Certes, cette
Église compte des pécheurs ― nous le sommes tous, mais nous
sommes tous en marche vers une même victoire, comme dit la
Collecte : “Que
le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son
Pasteur est entré victorieux”.
Abbé Charles Marie de Roussy |