

ORDINATIO SACERDOTALIS
LETTRE APOSTOLIQUE
DU PAPE JEAN-PAUL II
SUR L'ORDINATION SACERDOTALE
EXCLUSIVEMENT RÉSERVÉE AUX HOMMES
Vénérables Frères dans
l'épiscopat,
1. L'ordination
sacerdotale, par laquelle est transmise la charge, confiée par le Christ à ses
Apôtres, d'enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles, a toujours été,
dans l'Église catholique depuis l'origine, exclusivement réservée à des hommes.
Les Églises d'Orient ont, elles aussi, fidèlement conservé cette tradition.
Lorsque, dans la Communion
anglicane, fut soulevée la question de l'ordination des femmes, le Pape Paul VI,
fidèle à sa charge de gardien de la Tradition apostolique et désireux de lever
un nouvel obstacle placé sur le chemin qui mène à l'unité des chrétiens, rappela
à ses frères anglicans la position de l'Église catholique : « Celle-ci tient que
l'ordination sacerdotale des femmes ne saurait être acceptée, pour des raisons
tout à fait fondamentales. Ces raisons sont notamment: l'exemple, rapporté par
la Sainte Écriture, du Christ qui a choisi ses Apôtres uniquement parmi les
hommes; la pratique constante de l'Église qui a imité le Christ en ne
choisissant que des hommes; et son magistère vivant qui, de manière continue, a
soutenu que l'exclusion des femmes du sacerdoce est en accord avec le plan de
Dieu sur l'Église »
.
Mais, la question ayant été
débattue même parmi les théologiens et dans certains milieux catholiques, le
Pape Paul VI demanda à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi d'exposer et
de clarifier la doctrine de l'Église sur ce point. Ce fut l'objet de la
Déclaration Inter insigniores, que le Pape lui-même approuva et ordonna
de publier
.
2. La Déclaration reprend et
développe les fondements de cette doctrine, exposés par Paul VI, et conclut que
l'Église « ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l'ordination
sacerdotale »
. À ces
raisons fondamentales, le même document ajoute d'autres raisons théologiques qui
mettent en lumière la convenance de cette disposition divine et il montre
clairement que la pratique suivie par le Christ n'obéissait pas à des
motivations sociologiques ou culturelles propres à son temps. Comme le précisa
plus tard le Pape Paul VI, « la véritable raison est que le Christ en a disposé
ainsi lorsqu'il a donné à l'Église sa constitution fondamentale et
l'anthropologie théologique qui a toujours été observée ensuite par la Tradition
de cette même Église »
.
Dans la Lettre apostolique
Mulieris dignitatem, j'ai moi-même écrit à ce sujet : « En n'appelant que
des hommes à être ses Apôtres, le Christ a agi d'une manière totalement libre et
souveraine. Il l'a fait dans la liberté même avec laquelle il a mis en valeur la
dignité et la vocation de la femme par tout son comportement, sans se conformer
aux usages qui prévalaient ni aux traditions que sanctionnait la législation de
son époque »
.
En effet, les Évangiles et
les Actes des Apôtres montrent bien que cet appel s'est fait selon le dessein
éternel de Dieu: le Christ a choisi ceux qu'il voulait (cf. Mc 3,13-14 ;
Jn 6,70) et il l'a fait en union avec le Père, « par l'Esprit Saint » (Ac
1,2), après avoir passé la nuit en prière (cf. Lc 6,12). C'est pourquoi,
pour l'admission au sacerdoce ministériel
, l'Église a
toujours reconnu comme norme constante la manière d'agir de son Seigneur dans le
choix des douze hommes dont il a fait le fondement de son Église (cf. Ap
21,14). Et ceux-ci n'ont pas seulement reçu une fonction qui aurait pu ensuite
être exercée par n'importe quel membre de l'Église, mais ils ont été
spécialement et intimement associés à la mission du Verbe incarné lui-même (cf.
Mt 10,1.7-8 ; 28,16-20 ; Mc 3,13-16 ; 16,14-15). Les Apôtres ont
fait de même lorsqu'ils ont choisi leurs collaborateurs
, qui devaient
leur succéder dans le ministère
. Dans ce
choix se trouvaient inclus ceux qui, dans le temps de l'Église, continueraient
la mission confiée aux Apôtres de représenter le Christ Seigneur et Rédempteur
.
3. D'autre part, le fait
que la très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Église, n'ait reçu ni
la mission spécifique des Apôtres ni le sacerdoce ministériel montre clairement
que la non-admission des femmes à l'ordination sacerdotale ne peut pas signifier
qu'elles auraient une dignité moindre ni qu'elles seraient l'objet d'une
discrimination; mais c'est l'observance fidèle d'une disposition qu'il faut
attribuer à la sagesse du Seigneur de l'univers.
La présence et le rôle de
la femme dans la vie et dans la mission de l'Église, bien que non liés au
sacerdoce ministériel, demeurent absolument nécessaires et irremplaçables. Comme
l'a observé la Déclaration Inter insigniores, « l'Église souhaite que les
femmes chrétiennes prennent pleinement conscience de la grandeur de leur
mission: leur rôle sera capital aujourd'hui, aussi bien pour le renouvellement
et l'humanisation de la société que pour la redécouverte, parmi les croyants, du
vrai visage de l'Église »
. Le Nouveau
Testament et l'ensemble de l'histoire de l'Église montre abondamment la
présence, dans l'Église, de femmes qui furent de véritables disciples et témoins
du Christ, dans leurs familles et dans leurs professions civiles, ainsi que dans
la consécration totale au service de Dieu et de l'Évangile. « L'Église, en
effet, en défendant la dignité de la femme et sa vocation, a manifesté de la
gratitude à celles qui, fidèles à l'Évangile, ont participé en tout temps à la
mission apostolique de tout le Peuple de Dieu, et elle les a honorées. Il s'agit
de saintes martyres, de vierges, de mères de famille qui ont témoigné de leur
foi avec courage et qui, par l'éducation de leurs enfants dans l'esprit de
l'Évangile, ont transmis la foi et la tradition de l'Église »
.
D'autre part, c'est à la
sainteté des fidèles que se trouve totalement ordonnée la structure hiérarchique
de l'Église. Voilà pourquoi, rappelle la Déclaration Inter insigniores,
« le seul charisme supérieur, qui peut et doit être désiré, c'est la charité
(cf. 1 Co 12-13). Les plus grands dans le Royaume des Cieux, ce ne sont
pas les ministres, mais les saints »
.
4. Bien que la doctrine sur
l'ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes ait été conservée par
la Tradition constante et universelle de l'Église et qu'elle soit fermement
enseignée par le Magistère dans les documents les plus récents, de nos jours,
elle est toutefois considérée de différents côtés comme ouverte au débat, ou
même on attribue une valeur purement disciplinaire à la position prise par
l'Église de ne pas admettre les femmes à l'ordination sacerdotale.
C'est pourquoi, afin qu'il
ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la
constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de
confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière
le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette
position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église.
Priant pour vous,
Vénérables Frères, et pour tout le peuple chrétien, afin que vous receviez
constamment l'aide divine, j'accorde à tous la Bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 22 mai
1994, solennité de la Pentecôte, en la seizième année de mon pontificat.



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