Le tsunami déclenché par l’annonce
que le Saint-Père pourrait, par un “Moto Proprio” autoriser la Messe en
latin — celle de saint Pie V qu’affectionnent particulièrement les
traditionalistes — me rend triste et en même temps agacé par certaines attitudes
plutôt indignes de la part de certains hommes d’Église.
Il faut savoir que la Messe dite de
saint Pie V n’a jamais été interdite et encore moins abolie, car elle ne peut
pas l’être.
Entendre parler de Messe en latin
est pour certains synonyme de traditionaliste, d’adepte des thèses de feu Mgr
Marcel Lefèvre… mais, est-ce seulement là la raison qui fait bondir un certain nombre
de “bons” chrétiens catholiques qui ne “voient” que Vatican II ?
Je ne le crois pas… Et je crois
encore moins qu’un nombre important de ces mêmes chrétiens catholiques
connaissent vraiment les textes du grand Concile que fut celui du Vatican II :
l’Esprit Saint y parle clairement, car Il l’a inspiré.
Et est donc dommageable que ceux
qui s’insurgent sur un éventuel retour de la Messe en latin — qui ne sera
imposée à personne — démontrent autant de méconnaissance de ces textes.
Le Préambule du texte publié en
1963 sur la “Sainte Liturgie”, dit ceci :
« 1 Puisque le saint Concile se propose de faire progresser
la vie chrétienne de jour en jour chez les fidèles ; de mieux adapter aux
nécessités de notre époque celles des institutions qui sont sujettes à des
changements ; de favoriser tout ce qui peut contribuer à l'union de tous ceux
qui croient au Christ, et de fortifier tout ce qui concourt à appeler tous les
hommes dans le sein de l'Église, il estime qu'il lui revient à un titre
particulier de veiller aussi à la restauration et au progrès de la liturgie. »
Au paragraphe 36, nous
pouvons encore lire et relire :
« 1. L'usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera
conservé dans les rites latins
2. Toutefois, soit dans la messe, soit dans l'administration des
sacrements, soit dans les autres parties de la liturgie, l'emploi de la langue
du pays peut être souvent très utile pour le peuple ; on pourra donc lui
accorder une plus large place, surtout dans les lectures et les monitions, dans
un certain nombre de prières et de chants, conformément aux normes qui sont
établies sur cette matière dans les chapitres suivants, pour chaque cas. »
Mais, les explications ne s’arrêtent
pas là. Un peu plus loin, le même document conciliaire, au paragraphe 54
nous dit :
« On pourra donner la place qui convient à la langue du pays dans les messes
célébrées avec concours de peuple, surtout pour les lectures et la "prière
commune", et, selon les conditions locales, aussi dans les parties qui
reviennent au peuple, conformément à l'article 36 de la présente Constitution.
On veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble
en langue latine aussi les parties de l'ordinaire de la messe qui leur
reviennent. »
Après ces éclaircissements, une
question peut et doit se poser :
Pourquoi ce remue-ménage autour
d’un sujet qui a été voulu et approuvé par le Concile du Vatican II ?
Ne serions-nous pas — en tout cas
les contestataires de cette décision éventuelle — des “empêcheurs de tourner en
rond”, des éternels insatisfaits et des contestataires invétérés qui, tels des
syndicalistes têtus, sont toujours prompts à contester toutes les décisions,
même quand ils sont conscients que cela doit se faire…
Il est triste que des
évêques — ceux-là même qui devraient connaître à fond les textes du Concile — se
joignent à cette “contestation” intempestive et inutile.
Si le Pape veut essayer de
rassembler, pourquoi d’autres “bergers” s’opposeraient à lui et provoquent ainsi
un nouveau schisme au sein de l’Église catholique ?
Relisons ensemble Vatican II, et
plus particulièrement le texte qui nous intéresse ici : celui de la Constitution
Apostolique “Sacrosanctum Concilium”
et laissons à Pierre le soin de faire paître ses brebis comme il l’entend, comme
le Saint Esprit lui inspire de faire.
Alphonse Rocha
|