Nous sommes en l'an 808. La ville de Josselin, dans le département
du Morbihan, n'existait pas encore. Un laboureur cultivait sa terre,
à l'endroit où se trouve actuellement l'église Notre-Dame du
Roncier. Soudain il aperçut, dans un buisson de ronces, une statue
de la
Vierge Marie. Homme très chrétien, il la prit et la porta chez lui.
Mais le lendemain matin la statue avait disparu, et on la retrouva
dans le buisson de ronces, là où elle était la
veille.
Très étonné, le paysan reprit la statue et la rapporta de nouveau
chez lui, mais le lendemain matin elle avait encore disparu. On la
retrouva de nouveau dans le buisson de ronces, d'où le nom de
Notre-Dame du Roncier qu'on lui donna bientôt. Et cela se
reproduisit pendant plusieurs jours. Le paysan rassembla alors sa
famille pour une prière fervente. Et sa fille, aveugle de naissance,
fut guérie.
Le paysan décida
alors de bâtir une petite chapelle là où la statue voulait demeurer.
Évidemment, tout cela se sut très vite, et d'autres personnes
accoururent pour prier. L'évêque de Saint–Malo, évêque du lieu,
autorisa le culte. Très vite de nombreuses personnes vinrent
s'installer près de la Chapelle. Un monastère fut construit. La cité
de Josselin naissait.
Bientôt un
seigneur vint établir son château non loin de la chapelle. Il donna
le nom de son fils, Josselin, à la cité naissante. Conséquence
immédiate: les pèlerinages se multiplièrent. Grâce à la construction
de plusieurs monastères et d'une église romane qui fut plus tard
reconstruite selon le style gothique, la cité Josselin grandissait.
Les guérisons obtenues, la prédication de Saint Vincent-Ferrier, le
passage des pèlerins du Tro-Breiz et de ceux de
Saint-Jacques-de-Compostelle élargirent le rayonnement du
sanctuaire. Et peu à peu, on demanda la grâce d'être guéri de tous
les aveuglements.
Voici quelques
explications concernant le Tro Breiz, ou Tour de la Bretagne. Au
Moyen-Age, le tour de la Bretagne ou Tro Breiz désignait le
pèlerinage en l'honneur des Sept Saints Fondateurs de la Bretagne.
Les pèlerins allaient s'incliner sur chacun des tombeaux des saints
évêques fondateurs: les saints Brieuc et Malo dans leur ville,
saint-Samson à Dol-de-Bretagne, saint-Patern à Vannes,
saint-Corentin à Quimper, saint-Pol Aurélien à Saint-Pol-de-Léon et
saint Tugdual à Tréguier. Les anciens statuts du chapitre de la
cathédrale de Rennes accordaient autant d'importance à ce Tro Breiz
qu'aux voyages de dévotion faits à Rome, Jérusalem ou Saint-Jacques
de Compostelle. Les commerçants et artisans de Josselin devinrent
prospères. Les habitants se multiplièrent. Et, en avril 1891, le
pape Léon XIII octroya à l'église Notre-Dame-du-Roncier, le titre de
basilique mineure.
Retournons au
Moyen-Âge. La cité de Josselin prenait tellement d'importance
qu'Henri de Plantagenet, roi d'Angleterre qui vécut de 1133 à 1189,
très offensé, fit tout démolir. Au XIIe
siècle il fallut tout reconstruire; car la tradition des
pèlerinages restait vivace et de plus en plus de gens affluaient à
Josselin. En 1738 un autre miracle se produisit.... En mai 1738,
trois enfants du bourg de Camors, dans le Morbihan, furent guéris
d'un mal appelé "aboiement", probablement une épilepsie. Ce miracle
donna au pardon un caractère très particulier, et Josselin devient
le centre du pèlerinage "des aboyeuses" qui, en réalité, souffraient
d'épilepsie.
De nombreux
autres miracles furent attribués à cette basilique, notamment la
guérison d'aveugles et de paralytiques.
Toute cette
tradition de Notre-Dame du Roncier fut écrite et publiée en 1666 par
un carme du prieuré de Josselin, le Père Isaac de Jésus-Maria. En
effet, au XVIIe
siècle, les pardons se multipliaient, surtout celui du lundi de la
Pentecôte. Ce jour-là, les pèlerins venaient de toute la Bretagne.
Pendant la Révolution, la statue de Notre-Dame fut brûlée. Le
mobilier et les objets métalliques et sacrés furent vendus à des
fabriques de canon. L'église devint un magasin à fourrage. Mais une
nouvelle statue fut sculptée; cette statue fut couronnée par les
évêques de la région le 8 septembre 1868 au milieu d'une foule
immense.
Mis à part les travaux du Père Isaac de Jésus-Maria, datant de 1666,
nous ne possédons pas de documents d'époque permettant d'affirmer la
tradition de la fondation de Notre-Dame du Roncier. Cependant, les
travaux de restauration ont montré que la chapelle de
Notre-Dame-du-Roncier, avait été construite aux alentours de l'an
mille et qu'elle fut ensuite restaurée au XVe
siècle. De plus, le
chœur de
l'église actuelle montre des vestiges de l'ancienne église.
Nous devons
savoir aussi que d'importants travaux de restauration se firent
entre 1855 et 1900. Une nouvelle flèche fut érigée en 1949. Le grand
pardon du 8 septembre a toujours lieu. Ce pardon draine des milliers
de fidèles.
Paulette Leblanc |