SAINT CHINIAN... (certains pensent
à Saint Aignan) est une petite bourgade de la région Saint chiniannaise, dans le
haut HÉRAULT, non loin de SAINT PONS. Après avoir emprunté une route
rocailleuse et pittoresque dissimulée dans les Montagnes Noires des Cévennes,
le visiteur découvre un petit sanctuaire: Notre-Dame de Nazareth.
C’est là que, dans le silence
impressionnant que nous nous efforcerons de ne pas troubler, nous passerons une
journée dans la paix, l’écoute et la prière.
Un peu d’histoire
Comme pour Notre-Dame du Cros,
l’histoire authentique du sanctuaire de Notre-Dame de Nazareth se mêle
aux
légendes. Nous allons remonter jusqu’à l’époque des druides qui furent,
paraît-il, parmi les premiers à occuper ce site. Pour honorer leur dieu
Teutatès, les druides dressèrent des dolmens et des autels de pierre sur
lesquels ils sacrifiaient nombre de victimes humaines...
Plus tard, sur ce lieu même, les
Romains creusèrent une immense caverne destinée aux cultes de Mercure et de
Diane, et de quelques autres divinités. Au fil des années les cultes païens
s’éteignirent, et la grotte fut comblée. Le site tomba dans l’oubli. Les moines
bénédictins allaient le réveiller vers la fin du XIe siècle... Et
bientôt se produisit un curieux événement.
Les moines bénédictins étaient
obligés d’employer de nombreux ouvriers de la région pour construire leur abbaye
et transporter les matériaux. Un jour, un berger qui faisait paître son troupeau
non loin de là, aperçut, sur la montagne, une dame entourée de lumière, tenant
un enfant dans ses bras. La dame lui faisait signe d’approcher. Le berger obéit
et vit la maman étendre sa main vers le monastère en construction. L’enfant
porté par la dame esquissa un geste de bénédiction sur le monastère. Puis tout
disparut.
Le berger monta jusqu’au lieu de
l’apparition et découvrit, sur le lieu même de l’apparition, l’empreinte du pied
de la dame. Stupéfait, le pâtre courut prévenir les moines qui décidèrent de
construire, à cet endroit, une chapelle en l’honneur de la Sainte Vierge.
Un historien a retrouvé la charte
de l’archevêque de Narbonne par laquelle, il plaçait, en 1102, le monastère de
Saint Aignan sous la juridiction des religieux de Saint Pons de Thomières.
Quelques siècles plus tard, la
chapelle fut attaquée et détruite par les Albigeois. Elle fut reconstruite,
encore plus belle...
Au XVIe siècle,
nouvelles guerres de religion: nouvelles batailles autour de Notre-Dame (1578).
Il y eut beaucoup de morts parmi les défenseurs, mais le culte put reprendre et
en 1612, le pape Paul V accorda une indulgence aux pèlerins qui viendraient
prier Notre-Dame de Nazareth.
En 1635, un futur religieux, le
sire Bosquat, ajouta une nef assez vaste à la chapelle primitive, en l’honneur
de la Maternité de Marie. Une grande solennité avait lieu le lundi de Pâques.
Quelque temps après, il se passa
quelque chose d’extraordinaire que l’on se raconte encore à mi-voix. Il convient
cependant de bien retenir que cet événement extraordinaire fut dûment attesté
par tous les curés de Saint Chinian:
“Un jeune homme entra un jour
dans une violente colère et s’oublia jusqu’à injurier grossièrement sa mère. Il
prit même une pierre avec l’intention criminelle de la lancer sur elle. Par une
juste punition du Ciel, la pierre resta collée à la main criminelle... et
quelque moyen qu’on employât, elle en put en être détachée.
L’évêque de Saint Pons consulté
répondit: ‘Qu’on ait recours à Notre-Dame de Nazareth.’ Le conseil fut suivi. À
peine le jeune homme eut-il prié aux pieds de la Vierge que la pierre se détacha
de sa main et roula à terre. Ce fait est raconté par Mr Delouvrier dans son
Histoire de Saint Chinian.”
Le temps passait. La confiance
était toujours la même envers Notre Dame de Nazareth. Mais la Révolution vint,
et le 7 avril 1791 la chapelle fut classée “bien national”. La population
se révolta, mais, après plusieurs péripéties, l’ermitage et l’église furent
vendus, le 2 décembre 1795, à Mr Salvagnac de la Servilière qui désirait en
faire une bergerie. Mais les bêtes y mouraient rapidement... Voyant là un
châtiment, Mr Salvagnac emporta la statue de la Vierge Marie chez lui.
Quand la tourmente révolutionnaire
eut pris fin, “une grande dame se présenta à la porte de Mr Salvagnac. Reçue
par la servante elle lui dit: ‘Je vous demande de dire à votre maître de vouloir
bien me remettre à ma place’. La dame disparut et Mr Salvagnac reporta sur la
sainte colline la statue de la Vierge.”
Depuis, la Vierge bénie veille sur
la vallée et les villages voisins...
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