Sixième apparition
Sœur
Lucie raconte :
Voici le récit de la
dernière apparition, celle du 13 octobre :
« Lorsque nous sommes
arrivés à la Cova da Iria, près du chêne vert, une injonction intérieure
m'a poussée à demander à la foule de fermer les parapluies, avant que
nous ne récitions le chapelet. Peu après, nous avons vu le reflet de la
lumière, puis Notre-Dame au-dessus du chêne vert.
― Que voulez-vous de moi ?
― Je veux te dire que l'on
fasse construire ici une chapelle en mon honneur, que je suis Notre-Dame
du Rosaire, que l'on continue à réciter le chapelet tous les jours. La
guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux.
― J'avais beaucoup de
choses à vous demander : de guérir des malades, de convertir des
pécheurs, etc.
― Les uns, oui, les autres,
non. Il faut qu'ils se corrigent, qu'ils demandent pardon pour leurs
péchés.
Et prenant un air plus
triste :
― Qu'ils n'offensent pas
davantage Dieu, Notre-Seigneur, qui est déjà très offensé.
Ouvrant alors les mains,
elle les fit se refléter dans le soleil, puis, pendant qu'elle
s'élevait, le reflet de sa propre lumière continua à se projeter dans le
soleil.
Tel fut le motif pour
lequel je me suis exclamée, en leur demandant de regarder vers le
soleil. Mon but n'était pas d'attirer l'attention de la foule vers cette
direction, puisque je ne me rendais même pas compte de sa présence : je
l'ai fait seulement à cause d'une impulsion intérieure qui m'y a
incitée.
Voici qu'allait se produire
le miracle du soleil, promis trois mois plus tôt, comme preuve de la
véracité des apparitions de Fatima. La pluie cessa et le soleil tourna
trois fois sur lui-même, lançant de tous côtés des faisceaux de lumière
de diverses couleurs : jaune, lilas, orangé et rouge. À un moment donné,
il parut se détacher du firmament et tomber sur la foule qui cria
terrorisée. Après un prodige de dix minutes, le soleil reprit son aspect
normal. »
Le 18 décembre 1917, le Dr
José Maria Proença de Almeida Garret, témoin direct, décrivit ainsi ce
qu'il avait contemplé :
« Quelques instants plus
tôt, le soleil avait percé victorieusement l'épaisse couche de nuages
qui l'avait caché, pour briller clairement et intensément. Je me suis
retourné vers cet aimant qui attirait tous les regards et j'ai pu le
voir semblable à un disque au bord net et à l'arête vive, lumineuse et
luisante, mais qui ne faisait pas mal aux yeux... Il ne ressemblait en
rien à la lune d'une nuit transparente et pure, parce que l'on voyait et
sentait qu'il s'agissait d'un astre vivant... On ne pouvait pas non plus
le confondre avec le soleil visible par temps de brouillard (d'ailleurs
inexistant ce jour-là) puisqu'il n'était pas opaque, diffus ou voilé. À
Fatima, le temps était chaud et ensoleillé.
Ce qui fut merveilleux,
c'est que pendant un long moment, nous avons pu scruter l'astre, flamme
de lumière et braise de chaleur, sans la moindre douleur oculaire et
sans qu'aucun éblouissement ne nous aveugle. Ce disque nacré était animé
d'un mouvement étourdissant... Il tournait sur lui-même à une vitesse
vertigineuse.
Tout à coup, on entendit
une clameur, comme un cri d'angoisse montant de la foule. Le soleil,
conservant sa vitesse de rotation, se détacha du firmament et,
sanguinaire, il prit la direction de la Terre, menaçant de nous écraser
sous le poids de son énorme meule de feu. Ces secondes furent
terrifiantes...
Tous ces événements, je les
ai observés personnellement et sereinement, sans émotion ni agitation...
Ce phénomène a dû s'étaler sur environ dix minutes. »
Pendant ce temps, les
pastoureaux eurent droit à d'autres visions.
« Notre-Dame une fois
disparue dans l'immensité du firmament, nous vîmes saint Joseph près du
soleil avec l'Enfant-Jésus et Notre-Dame vêtue de blanc avec un manteau
bleu. Saint Joseph et l'Enfant-Jésus paraissaient bénir le monde, avec
les gestes en forme de croix qu'ils faisaient de la main.
Peu après, une fois
dissipée l'image de cette apparition, je vis Notre-Seigneur et
Notre-Dame (qui pour moi ressemblait à Notre-Dame des Douleurs).
Notre-Seigneur semblait bénir le monde de la même manière que saint
Joseph. Cette apparition s'évanouit à son tour et il m'a semblé voir de
nouveau Notre-Dame sous une forme proche de Notre-Dame du Carmel. » |