Nil de Constantinople
Anachorète, Saint
† ca.450

La noblesse, les honneurs , les dignités, les richesses ont rendu le nom de saint Nil moins célèbre que le mépris qu'il en fit pour l'amour de Jésus-Christ. Il trouva le moyen de rester tellement inconnu au monde dans sa retraite , qu'on ignore jusqu'au genre de vie qu'il menait dans le désert ; et tout ce que nous savons de ce grand serviteur de Dieu, se réduit à quelques circonstances générales. On pense communément qu'il était originaire d'Ancyre , en Galatie ; et l'on juge, d'après ses écrits, qu'il avait reçu une excellente éducation, et qu'on avait pris encore plus de soin de le former à la vertu qu'aux sciences. Il serait difficile de fixer le temps où il choisit saint Chrysostome pour maître ; il paraît que ce fut à Antioche, où la réputation du saint docteur put l'attirer lorsqu'il eut renoncé au monde.

Saint Nil épousa une femme digne de lui, et il en eut deux enfants. Il vivait d'une manière conforme à son illustre naissance, et l'Empereur l'éleva à la dignité de préfet ou de gouverneur de Constantinople. Les vices qui régnaient à la cour d'Arcade, alarmèrent la délicatesse de sa conscience, et lui firent craindre de participer à la corruption générale. Le désir de ne vivre que pour Dieu, fit sur son cœur une impression si vive, qu'il résolut de quitter le monde pour toujours. Sa femme, qu'il aimait tendrement, et qui avait pour lui une tendresse réciproque, voulut bien consentir à sa retraite, vers l'an 390. Il lui laissa le plus jeune de ses enfants, qui était une fille, bien persuadé qu'elle l'élèverait dans la vertu. Pour son fils, nommé Théodule, il l'emmena avec lui. Ils se rendirent tous deux dans le désert de Sinaï[1]. Ils y pratiquèrent ensemble les exercices les plus parfaits de la vie monastique , et ils eurent de grands combats à soutenir contre les ennemis du salut. Saint Nil employa les moments dont il pouvait disposer, à la composition de divers ouvrages qui sont parvenus jusqu'à nous, et qui seront un monument éternel de son éminente vertu et de son rare talent pour l'éloquence. Aussi les anciens en faisaient-ils le plus grand cas. La haute idée qu'on avait de la sainteté du serviteur de Dieu, le faisait souvent consulter, et nous voyons par ses lettres, que personne n'a jamais mieux connues que lui la morale de l'Évangile et les maximes de la vie intérieure.

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Saint Nil eut aussi à souffrir dans le désert une épreuve bien douloureuse. Les Sarrasins ayant massacré un grand nombre de moines de la solitude de Sinaï, enlevèrent Théodule, son fils, d'un monastère où il était alors, et l'emmenèrent avec d'autres prisonniers. Nil, qui ne trouvait point son fils, le chercha de toutes parts. Il tomba lui-même entre les mains des Barbares, qui cependant lui rendirent la liberté bientôt après. Enfin il retrouva Théodule à Eleuse, chez l'évêque de cette ville, qui avait eu la charité de le racheter. Ce prélat le lui rendit avec joie, mais il l'obligea de se laisser ordonner prêtre. Saint Nil avait alors cinquante ans. Il mourut dans un âge fort avancé , sous le règne de l'Empereur Marcien. On ignore l'année et les circonstances de sa bienheureuse mort, ainsi que de celle de son fils Théodule. Ses reliques furent portées du Mont-Sinaï à Constantinople, sous le règne de Justin le jeune et déposées dans l'église des Apôtres.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.


[1] Allatius et Jos. Joseph Marie Suarez, qui se démit de l'évêché de Vaisons pour aller demeurer à Rome, rapportent, sur l'autorité de certains Ms. grecs , que la femme et la fille de saint Nil se retirèrent dans un grand monastère de filles en Egypte. A cette occasion, Suarez donne la description de quatre semblables monastères d'Egypte , dont il est parlé dans les Vies des Pères des déserts.

 

 

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