Il faut
assurément chercher l'origine de la fête de la Nativité de la sainte
Vierge en Orient où le synaxaire
de Constantinople la marquait déjà au 8 septembre, selon ce
qu’avait décrété l’empereur Maurice (582 + 602). Il est probable
que l’Eglise de
Jérusalem
fut la première à honorer le souvenir de la Nativité de Notre-Dame
qu’elle célébrait dans une basilique proche de la piscine
probatique, sur l’emplacement de la maison où, suivant la tradition,
serait née la sainte Vierge.
La Nativité de la
sainte Vierge est mentionnée dans les homélies d'André de Crète
(660-740) : Aujourd'hui
comme pour des noces, l'Eglise se pare de la perle inviolée, de la
vraie pureté. Aujourd'hui, dans tout l'éclat de sa noblesse
immaculée, l'humanité retrouve, grâce aux mains divines, son premier
état et son ancienne beauté. Les hontes du péché avaient obscurci la
splendeur et les charmes de la nature humaine ; mais, lorsque naît
la Mère de celui qui est la Beauté par excellence, cette nature
recouvre en elle ses anciens privilèges, elle est façonnée suivant
un modèle parfait et entièrement digne de Dieu. Et cette formation
est une parfaite restauration et cette restauration est une
divinisation et cette divinisation, une assimilation à l'état
primitif. Aujourd'hui, contre toute espérance, la femme stérile
devient mère et cette mère, donnant naissance à une descendance qui
n'a pas de mère, née elle-même de l'infécondité, a consacré tous les
enfantements de la nature. Aujourd'hui est apparu l'éclat de la
pourpre divine, aujourd'hui la misérable nature humaine a revêtu la
dignité royale. Aujourd'hui, selon la prophétie, le sceptre de David
a fleuri en même temps que le rameau toujours vert d'Aaron, qui,
pour nous, a produit le Christ rameau de la force. Aujourd'hui, une
jeune vierge est sortie de Juda et de David, portant la marque du
règne et du sacerdoce de celui qui a reçu, suivant l'ordre de
Melchisédech, le sacerdoce d'Aaron. Pour tout dire en un mot,
aujourd'hui commence la régénération de notre nature, et le monde
vieilli, soumis à une transformation divine, reçoit les prémices de
la seconde création.
A Rome, on
célébrait alors la dédicace de la basilique du martyr Adrien et il
faudra attendre le pontificat du pape Serge I° (687-701) pour
trouver une trace incontestable de la célébration de la Nativité de
la sainte Vierge où le Pape, en sandales, faisait procession de la
basilique Saint-Adrien à celle de Sainte-Marie-Majeure. Les vieux
livres liturgiques assignaient à cette fête les mêmes chants qu'à la
solennité de l'Assomption.
Benoît XIV
(1740-1758), dans l’Histoire des Mystères et des fêtes,
raconte que chaque année, au 8 septembre, un solitaire
entendait des chants célestes ; quand il en demanda la cause à Dieu,
il lui fut répondu que c'était en l'honneur de la naissance de la
Vierge Marie qui se célébrait au Ciel et qu'il en était averti car
Marie étant née pour les hommes, il devrait faire en sorte que cette
fête fût aussi célébrée sur terre. Le solitaire se rendit auprès du
Pape qui, au récit de la vision, institua la fête de la Nativité de
la sainte Vierge.
En France, la
fête la Nativité de sa sainte Vierge porta longtemps le titre de
Notre-Dame Angevine, rappelant que la Vierge Marie, apparut, en
430, près de Saint-Florent, au saint évêque Maurille d'Angers pour
lui demander l'institution de la fête de sa Nativité . Avec le
concours efficace du roi Robert le Pieux, Fulbert, évêque de
Chartres (+1028) contribua beaucoup à introduire la fête de la
Nativité de la sainte Vierge dans le nord du Royaume ; la nuit même
de cette fête, sa cathédrale ayant été détruite par un incendie, il
jeta les fondements de celle que nous connaissons aujourd’hui,
dédiée à la Nativité de Notre-Dame.
A la mort le pape
Célestin IV (1243), Frédéric II retint prisonniers des cardinaux
pour que le conclave ne se réunît pas ; les prisonniers firent le
vœu solennel de donner une octave à cette fête s'ils étaient rendus
à la liberté ; libérés, ils élurent Innocent IV qui, au premier
concile de Lyon (1245) accomplit le vœu. Grégoire XI fit une vigile
qui fut célébrée à Anagni.
L'Ecriture ne
parle guère de la naissance de la Sainte Vierge et il faut se
référer ici aux traditions comme le firent les textes apocryphes en
termes merveilleux.
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