Ce Saint était
d'Aquitaine, et frère de la bienheureuse Itte ou Iduberge. Son
amour pour la perfection le portait à une vie retirée ; mais il
ne put suivre l'attrait qu'il se sentait pour la solitude. Il se
vit obligé d'aller à
la
cour de Dagobert, Roi d'Austrasie. Au reste, il sut y allier les
devoirs du parfait chrétien avec ceux de sa place.
Le siége
épiscopal de Trèves étant venu à vaquer, il fut
unanimement élu pour le remplir vers l'an 622. On n'eut point
égard aux représentations qu'il fit pour éviter cette éminente
dignité. Il montra bientôt par sa conduite qu'il avait pris les
apôtres pour modèles. La vigilance, le zèle du salut des
âmes
et la charité pour les pauvres, se trouvaient en lui réunies à
l'amour de la pratique, du recueillement et des austérités de la
pénitence. Il fonda plusieurs monastères, entre autres celui de
Saint-Symphorien. Il assista, en 625, au concile assemblé à
Rheims pour régler divers points de discipline
*.
On avait de toutes parts une grande vénération pour l'évêque de
Trèves. Il était lié avec tout ce qu'il y avait de prélats
recommandables par leurs vertus, tels que saint Cunibert de
Cologne, saint Arnoul de Metz, saint Sulpice de Bourges, saint
Donat de Besançon, saint Pallade d'Auxerre, saint Chadoin du
Mans, etc. Enfin épuisé de fatigues et de macérations, il mourut
le 12 de mai vers l'an 640. Il est nommé en ce jour dans le
martyrologe romain.
* Sur les Conciles de Reims
Il y a eu à Rheims
plus de dix-huit conciles particuliers (625, 813, 923, 991,
1049, 1092, 1094, 1105, 1115, 1119, 1131, 1148, 1157, 1235,
1287, 1301, 1564 et 1584), tenus à différentes époques. Le
premier fut celui dont il est ici question ; il n'avait pour
objet que la discipline. Les hommes les plus distingués du temps
y assistèrent. Parmi les plus célèbres qui furent tenus dans la
suite il faut compter ceux des années 1119, 1131 et 1148. Au
premier se trouvèrent le Pape Calixte II, quinze archevêques et
plus de deux cents évêques. Dans la dernière séance, tous les
évêques et abbés, au nombre de quatre cent vingt-sept, se
levèrent, tenant à la main des cierges allumés, et le Pape
excommunia solennellement plusieurs personnes, dont les noms
furent récités, entre autres l'Empereur et le faux Pape Maurice
Bourdin.
A celui de 1131,
tenu parle Pape Innocent II, assistèrent treize archevêques,
deux cent soixante-trois évêques allemands, français, espagnols
et anglais, et grand nombre d'ecclésiastiques séculiers et de
moines, entre, autres S. Bernard. On y publia dix-sept canons,
dont le sixième défend aux moines et aux chanoines de
s'appliquer au droit civil et à la pharmaceutique, dans le
dessein d'en faire un métier. Au synode de 1148, présidé par
le Pape Eugène III, se trouvèrent également plusieurs cardinaux
et évêques des quatre églises nationales que nous venons de
nommer. Saint Bernard y arracha à Gilbert de la Porrée l'aveu
d'avoir enseigné l'hérésie que l'essence de Dieu, sa sagesse
et sa nature divine ne sont pas en Dieu. Un fanatique nommé
Éon de l'Étoile, qui avait séduit beaucoup de gens de la lie du
peuple, en leur faisant croire que c'était lui qui viendrait un
jour juger les vivants et les morts, s'appuyant sur ces paroles
de l'Église : “per eum qui venturus judicare vivos et mortuos”
que des Français prononçaient per Eon etc., fut aussi
traduit devant ce concile. Comme cet insensé ne faisait que des
réponses absurdes, on le jeta en prison, où il mourut peu de
temps après.
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… Tome VI – Traduction :
Jean-François Godescard. |