Mieux connaître Marie

   
   
   
 

Paulette Leblanc

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Jésus prépare sa vie publique
 

Jésus a quitté Nazareth... Il part vers le Jourdain. Il sait qu'Il rencontrera Jean-Baptiste son Précurseur. Quel bon travail il réalise en ce moment, comme le prophète Isaïe l'avait annoncé, car "il était écrit dans le livre du prophète Isaïe: voici que j'envoie mon messager devant toi, pour préparer la route. À travers le désert, une voix crie: Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route." Jésus pense: "Et Jean le Baptiste a paru dans le désert. Il proclame un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tout Jérusalem, vient à lui. Tous se font baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés."

Jésus pense toujours: tant de pécheurs viennent à lui et se convertissent! Mais hélas!  trop de docteurs et de scribes, ces gens instruits ne veulent pas le comprendre. Jean ne plaît pas non plus aux autorités qui vivent publiquement dans l'adultère. Pauvre Jean-Baptiste que l'on fera disparaître à cause de son courage. Car il n'est pas bon de dire la vérité à ceux qui se croient tout permis... Jésus s'en va vers le Jourdain. Il pense à son cher cousin dont la vie est un modèle de vertus. "Jean est vêtu de poils de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrit de sauterelles et de miel sauvage." Quel grand homme! "Vraiment, il ne s'en est pas levé de plus grand sur la terre des hommes!" Jésus est heureux et se réjouit de revoir ce saint homme qui proclame: "Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l'eau; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint." C'est de Moi qu'il parle...

Soudain Jésus devient pensif. Oui, nous nous reverrons bientôt, Moi et Jean, mais l'heure sera grave, très grave. Il devra me baptiser, moi aussi, car j'aurai alors pris sur Moi tous les péchés des hommes; il refusera d'abord, dans un geste de grande humilité, mais il acceptera à cause de mon insistance, et c'est alors que le ciel s'ouvrira, et que Dieu-Trinité se révélera dans toute sa grandeur. Et les cœurs purs me reconnaîtront pour le Messie, pour l'Agneau de Dieu...

Jésus est songeur et un peu triste car l'Agneau de Dieu, c'est Lui, et l'Agneau est la grande Victime qui sauve le monde. Jésus voit la Croix se dessiner en Lui; déjà, en pensée, Jésus vit sa Passion. Il frémit, mais toute sa personne se tourne vers le Père et dit: "Père, que ta volonté soit faite !"

Nous sommes parfois très troublés, de nos jours, quand ceux qui devraient aider les chrétiens dans leur foi sèment le doute en eux. C'est ce qui nous arrive quand nous nous souvenons qu'Hérode le grand, fit massacrer les Innocents de Bethléem. Ce massacre est historiquement mis en doute par certaines personnes que l'on croit qualifiée. Pourtant l'Évangile est article de foi. Alors, revoyons un peu la vie d'Hérode: le nombre de ses crimes est inimaginable. Les historiens s'y perdent un peu. Alors, les non historiens que nous sommes presque tous, après avoir été particulièrement troublés par les propos de ces personnes, se rassurent un peu: au milieu de tant de crimes, la mort des quelques enfants de Bethléem a pu passer inaperçue.

Et il y a autre chose: nous savons aussi que Dieu voulait cacher la naissance du Messie à Satan. La preuve, c'est que dès que le démon a su que le Messie était né à Bethléem, il a fait le nécessaire pour s'en débarrasser. Mais le Père veillait... Donc il est fort possible que de nombreux événements, dont le massacre des Innocents, soient passés relativement inaperçus: c'est si peu de chose la mort de quelques enfants!... Nous, nous devons toujours nous fier à l'Évangile, objet de notre foi. Mais revenons à Jésus.

Jésus est arrivé au Jourdain, où Jean baptisait. Il y a du monde sur les bords du fleuve, et Jean appelle les pénitents l'un après l'autre; on ne dévoile pas ses péchés, lorsqu'on s'en repent, devant tout le monde, mais dans la discrétion. Jésus est de l'autre côté du fleuve, et il est seul sur ce rivage. Soudain Jean l'aperçoit. Il finit le baptême qui était en cours, et il appelle Jésus. En effet, Jean vient de reconnaître non seulement son cousin, mais aussi le Messie qu'il avait si joyeusement salué lorsque tous les deux étaient encore dans le sein de leurs mamans. Une conversation s'engage entre les deux cousins qui ont commencé par s'étreindre fortement. Puis, comme Jésus lui demande de le baptiser, Lui aussi, Jean s'insurge:

— Non! C'est moi qui ait besoin d'être baptisé par Toi.

— Laisse faire, dit Jésus ; il faut que justice soit faite.

Jean ne comprend pas, car il ne sait pas que Jésus, à cet instant, porte tous les péchés du monde, mais il n'insiste pas et baptise Jésus. "Jésus ayant été baptisé sortit aussitôt de l'eau, et voilà que les cieux s'ouvrirent pour lui, et il vit (Jean-Baptiste) l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui (Jésus). Et voilà que des cieux une voix disait: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances."

Nous ne savons rien de plus. Le message était clair, mais par qui fut-il entendu? Par Jean le Baptiste seul qui plus tard sut l'attester, ou par d'autres personnes comme André, frère de Pierre et Jean de Zébédé, disciples fervents de Jean le Baptiste et qui suivirent, sans aucune hésitation, celui que leur maître leur désignait comme l'Agneau de Dieu. En effet, l'Évangile de Jean complète les textes de Matthieu et de Luc. Jean, l'Évangéliste, écrit: "Jean vit Jésus qui venait vers lui, et il dit: 'Voici l'agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde. C'est de lui que j'ai dit: un homme vient après moi, qui est passé devant moi, parce qu'il était avant moi.' Et moi, je ne le connaissais pas, mais c'est afin qu'il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser dans l'eau. Et Jean rendit témoignage en disant: j'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il s'est reposé sur lui. Et moi je ne le connaissais pas[1]; mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et se reposer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit-Saint. Et moi j'ai vu et j'ai rendu témoignage que celui-là est le Fils de Dieu."  (Jean 1, 19-34) Le Père parle: "Celui-ci, Jésus, est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le." Jésus est bien présenté, aux yeux des personnes présentes, comme le Fils de Dieu sur qui l'Esprit va se poser, sous la forme d'une colombe. La Sainte Trinité, Dieu unique en trois personnes, est révélée publiquement. Mais qui, en dehors de Jean le Baptiste a entendu? André et Jean l'Évangéliste ont-ils entendu cette voix et vu la colombe? Nous ne savons pas; nous ne savons pas, mais ce qui est certain c'est que Jean et André suivirent immédiatement Jésus, l'Agneau de Dieu.

Nous devons réfléchir encore: Jésus, au moment de partir pour sa mission, a expliqué à Marie, sa Mère, un texte d'Isaïe qu'elle connaissait probablement par cœur, mais qu'elle ne comprenait pas. Or la Trinité était cachée dedans. Et ici, au bord du Jourdain, la sainte Trinité s'est-elle révélée à tous ceux qui étaient présents ou seulement à quelques-uns, voire un seul: le Baptiste? Nous savons seulement qu'André et Jean "passèrent le reste de la journée avec Jésus." Et qu'ils allaient bientôt devenir ses disciples, puis ses apôtres.

Que se passa-t-il ensuite pour Jésus commençant sa vie publique? L'Évangile de Luc dit simplement ceci: "Jésus, rempli de l'Esprit-Saint, revint du Jourdain, et il fut conduit par l'Esprit dans le désert, pendant quarante jours pour y être tenté par le diable... Nous connaissons les tentations que Jésus dut subir (Luc 4, 1 à 15) et nous savons que Jésus, vainqueur de Satan "retourna avec la puissance de l'Esprit en Galilée, et sa renommée se répandit dans toute la région. Et il enseignait dans leurs synagogues, et tous publiaient ses louanges. (Luc 4, 1 à 15)


[1] Jean connaissait son cousin, mais il ne savait pas que Jésus était le Messie qu'il annonçait

   

 

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