Mieux connaître Marie

   
   
   
 

Paulette Leblanc

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La mort de Joseph
 

Nous ne savons rien de la mort de  saint Joseph car l'Évangile est muet, comme il l'est presque toujours sur ce qui concerne Joseph. De Joseph nous ne connaissons que les ordres qu'il reçut de Dieu à travers des songes. Nous savons aussi comment il obéit à la parole de Dieu, et comment il fut, pour Jésus et Marie, un protecteur particulièrement dévoué et efficace. Mais sur sa prière, son union à Dieu, sa charité, son honnêteté: rien. Il était simplement un juste, ce qui, dans le langage biblique, signifie un saint. Joseph était un saint, ce qui est normal lorsque l'on a reçu de Dieu une mission hyper-exceptionnelle, et que les deux membres de sa famille, sont, ou bien Dieu Lui-même à travers Jésus, ou bien l'Immaculée, le seul être humain préservé du péché originel. À partir de ces quelques données, on peut facilement imaginer ce que fut la mort de Joseph, entre Jésus et Marie.

Rutilio MANETTI (attribué) – LA MORT DE SAINT JOSEPH

Tout d'abord on peut supposer que Joseph, dans son cœur, devait se réciter à lui-même ces quelques phrases du psaume 5, chose que nous aussi nous devrions faire chaque jour, car ces paroles sont toujours actuelles: "Pour moi, par ta grande miséricorde, j'irai dans ta maison; je me prosternerai, dans ta crainte, devant ton saint temple. Seigneur, conduis-moi, dans ta justice, à cause de mes ennemis aplanis ta voie sous mes pas... Alors se réjouiront tous ceux qui se confient en toi; ils seront dans une perpétuelle allégresse, et tu les protégeras; ils se livreront à de joyeux transports, ceux qui aiment ton nom. Car tu bénis le juste, Yahweh." (Ps. 5, 8 et 9, 12 et 13)

Oui, pensait Joseph, grâce à la Miséricorde de Dieu qui s'est manifestée à chaque instant de ma vie, j'irai dans la maison du Seigneur. Oui, les ennemis de Dieu ont cherché à me faire du mal, mais toujours le Seigneur a aplani ma voie. Et maintenant Il me remplit d'allégresse, car je vais à sa rencontre. Et "c'est vers toi, Yahweh, que je crie; mon rocher, ne reste pas sourd à ma voix, de peur que si tu gardes le silence je ne ressemble à ceux qui descendent dans la fosse. Écoute la voix de mes supplications, quand je crie vers toi, quand j'élève mes mains vers ton saint sanctuaire. Ne m'emporte pas avec les méchants et les artisans d'iniquité, qui parlent de paix à leur prochain; mais qui n'ont que la malice dans le cœur." (Ps. 28 (27), 1 à 3)

Joseph, en effet, appelle le Seigneur. Il a maintenant une cinquantaine d'années. Depuis plus de vingt sept ans environ, il ne sait plus très bien, Joseph est le gardien du Verbe de Dieu incarné. Il a tant bénéficié des grâces de Dieu! Ces grâces, il les a senties tant de fois, dans son travail, dans son rôle de conseiller à la synagogue, et même dans son métier. Et surtout dans son rôle de gardien de Jésus et de Marie. Joseph est tellement heureux... Mais voici que depuis quelques jours il ressent une fatigue anormale, une fatigue telle que Jésus lui a demandé de se reposer. Joseph n'aime pas beaucoup cela: se reposer, mais il sait que sa vie arrive à son terme: c'est normal, il est maintenant un très vieux monsieur, et Jésus peut largement prendre sa place: Marie ne manquera de rien...

Joseph est très malade, et il se demande pourquoi le Seigneur ne l'appelle pas plus vite à venir le rejoindre. Alors Joseph se plaint: "Jusques à quand, Yahweh, m'oublieras-tu toujours? Jusques à quand me cacheras-tu ta face? Jusques à quand formerai-je en mon âme des projets, et chaque jour le chagrin remplira-t-il mon cœur?

Regarde, réponds-moi, Yahweh, mon Dieu. Donne la lumière à mes yeux, afin que je m'endorme vite dans la mort"... Étrange, dans sa hâte de rejoindre le Père, Joseph modifie les paroles du psaume. Mais il a "confiance en sa bonté; et son cœur tressaille à cause de son salut... et il chante Yahweh pour le bien qu'il lui a fait. (Ps. 13 (12), 2 à 4)

Joseph prie, et se plaint du silence de Dieu. Pourtant, Jésus va bientôt revenir et il sait que son Jésus est le Fils de Dieu, le Fils du Père. Il le sait, mais Jésus n'est pas là, près de lui: il est parti depuis deux jours pour livrer un client dans une ville voisine. Et Marie travaille dans le jardin... Joseph se plaint, mais doucement, comme en rêve, car il sait que bientôt ceux qu'il aime seront là. Et une joie inconnue domine soudain sa peine: "Oui! quelle joie quand on m'a dit: Nous irons à la maison du Seigneur! Maintenant notre marche prend fin, devant tes portes, Jérusalem! C'est là que montent les tribus du Seigneur... À cause de la maison du Seigneur notre Dieu, je désire ton bien. (du PS. 122, Vulg. 121)

Le cœur de Joseph souffrant mais plein de joie tressaille soudain: il a entendu Jésus entrer dans l'atelier et embrasser Marie qui revient avec ses légumes. Tous les deux s'approchent de Joseph. Marie lui prend les mains, et Jésus dépose un baiser sur son front. Ô le baiser de Jésus! Le bonheur de Joseph est immense...

Jésus ne dit rien, mais pose sa main sur le front de Joseph qui n'a plus mal. Jésus pourrait guérir Joseph, son père adoptif, mais, pour Joseph, c'est l'heure de Dieu qui vient. Et l'on ne modifie pas les heures de Dieu... Voici Marie qui arrive avec une tasse de bon bouillon de légumes. Joseph en boit quelques gorgées, puis rend la tasse à Marie en la remerciant. Puis, il s'endort. Marie craint le pire, mais Jésus lui dit:

— Ne crains pas, Maman, ce n'est pas pour aujourd'hui.

Effectivement Joseph ne se réveillera que le lendemain matin. Il s'inquiète:

— Jésus, mon travail, qui va le faire? Et mes clients qui attendent?

Jésus le rassure:

— Ne crains pas, père. Tout ton travail est achevé. Et tous tes clients sont livrés.

Joseph se rassure, car rien ne l'étonne, venant de Jésus. Maintenant il s'inquiète pour Marie:

— Et ta Maman? Qui va s'occuper d'elle? Je sais que toi tu feras tout ce que tu pourras, mais tu dois aussi faire ta vie. Alors comment et de quoi vivra-t-elle?

Merveille de la charité de Joseph qui, mourant, pense encore aux autres. Mais Jésus le rassure:

— Ne t'inquiète pas comme cela, père. Tout ira bien pour elle.

Joseph sourit, ferme les yeux et murmure: "Garde-moi ô Dieu, car près de toi je me réfugie. Je dis à Yahweh: "Tu es mon Seigneur, toi seul es mon bien. " (Ps. 16, 1 et 2) 

Jésus approuve, puis chante pour Joseph: "Yahweh, qui habitera dans ta tente? Qui demeurera sur ta montagne sainte? Celui qui marche dans l'innocence, qui pratique la justice, et qui dit la vérité dans son cœur." (Ps. 15, 1 et 2) 

— Ne crains rien, père. Le Seigneur t'accueille. Sois confiant.

Jésus est assis tout près de Joseph; il prend sa tête entre ses mains et la caresse tout doucement. Bientôt il appelle Marie qui arrive, les yeux emplis de larmes. Elle s'asseoit sur le lit de Joseph et lui prend les mains.

— Mon Joseph, merci pour tout ce que tu as fait pour Jésus et pour moi. Tu as donné ta vie pour nous: merci.

Joseph ne répond pas. Il ferme les yeux et soudain s'écrie: "Ô mon Dieu! Comme c'est beau! Quelle merveille! Vous tous, peuples, battez des mains, célébrez Dieu par des cris d'allégresse! Yahweh est très haut, redoutable, grand roi sur toute la terre...

Oh! Dieu monte à son sanctuaire au milieu des acclamations; Yahweh, au son de la trompette. Chantez à Dieu, chantez! chantez à notre Roi, chantez! Car Dieu est roi de toute la terre; chantez un cantique de louange. Dieu règne sur les nations, il siège sur son trône saint..." (Ps. 47 -Vulg. 46-, 1 à 3,  6 à 9)

Le chant s'arrête net. Joseph vient de partir vers son Seigneur. Jésus recouvre son visage d'un voile et prend Marie dans ses bras.

-Maman! Ne pleure pas ainsi. Joseph, l'époux que Dieu te donna est dans les bras du Père. Il est infiniment heureux et il continuera à veiller sur toi quand je serai parti.

Marie regarde Jésus, sans comprendre, mais elle fait confiance à son Fils, son Dieu.

   

 

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