
Le Mystère de l'Église

Nous savons bien que c'est un
mystère. C'est le mystère de l'Église. Et si, avec l’aide de Dieu, nous fixons
le regard de l'âme sur ce mystère, nous en obtiendrons de nombreux bienfaits
spirituels, ceux, précisément, dont nous croyons que l'Église a actuellement le
plus grand besoin. La présence du Christ, sa vie même, entrera en action dans
chacune des âmes et dans l'ensemble du Corps mystique par l'exercice de la foi
vive et vivifiante, selon la parole de l'Apôtre : « Que le Christ habite par
la foi dans vos cœurs ». (Ep., 3, 17.) La conscience du mystère de
l'Église est en effet le résultat d'une foi mûre et vécue. Elle produit dans
l'âme ce « sens de l'Église » qui pénètre le chrétien grandi à l'école de la
parole divine, nourri de la grâce des sacrements et des inspirations ineffables
du Paraclet, entraîné à la pratique des vertus évangéliques, pénétré de la
culture et de la vie de la communauté de l'Église et profondément joyeux de se
sentir revêtu du sacerdoce royal qui appartient en propre au peuple de Dieu (cf.
1 P, 2, 9).
Le mystère de l'Église n'est pas un
simple objet de connaissance théologique, il doit être un fait vécu dans lequel,
avant même d'en avoir une notion claire, l'âme fidèle peut avoir comme un
expérience connaturelle ; et la communauté de croyants peut trouver la certitude
intime de sa participation au Corps mystique du Christ quand elle se rend compte
que ce qui la fait commencer, l'engendre (cf. Gal., 4, 19 ; 1 Cor.,
4, 15), l'instruit, la sanctifie, la dirige, c'est le ministère de la hiérarchie
ecclésiastique instituée divinement, si bien que par ce canal béni, le Christ
répand dans ses membres mystiques les communications merveilleuses de sa vérité
et de sa grâce et confère à son Corps mystique, pèlerin dans le temps, sa
structure visible, sa noble unité, le caractère fonctionnel de son organisme, sa
variété harmonieuse, sa beauté spirituelle. Les images ne suffisent pas à
traduire en concepts accessibles la réalité et la profondeur d'un tel mystère ;
cependant après l'image que Nous venons de rappeler, du Corps mystique, suggérée
par saint Paul, il y en a une autre dont nous devrons nous souvenir, parce que
suggérée par le Christ lui-même, celle de l'édifice dont il est l'architecte et
le constructeur ; édifice fondé, il est vrai, sur un homme naturellement
fragile, mais transformé miraculeusement par lui en pierre, solide, c'est-à-dire
doué d'une indéfectibilité prodigieuse et sans fin : « Sur cette pierre, je
construirai mon église ». (Mt., 16, 18.)
Paul VI : Ecclesiam suam ;
1964.


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