Adorer le Corps du Christ
Le Christ,
pour nous attirer à l'aimer davantage, nous a donné sa chair en nourriture.
Allons donc à lui avec beaucoup d'amour et de ferveur… Ce corps, les mages l'ont
adoré quand il était couché dans une mangeoire. Ces païens, ces étrangers,
quittèrent leur patrie et leur maison, entreprirent un long voyage pour l'adorer
avec crainte et tremblement. Imitons au moins ces étrangers, nous qui sommes
citoyens des cieux…
Vous-mêmes,
vous ne le voyez plus dans une mangeoire, mais sur l'autel. Vous ne voyez plus
une femme qui le tient dans ses bras, mais le prêtre qui l'offre, et l'Esprit de
Dieu, avec toute sa générosité, plane au-dessus des offrandes. Non seulement
vous voyez le même corps que voyaient les mages, mais en outre vous connaissez
sa puissance et sa sagesse, et vous n'ignorez rien de ce qu'il a accompli, après
toute l'initiation aux mystères qui vous a été donnée avec exactitude.
Réveillons-nous donc, et réveillons en nous la crainte de Dieu. Montrons
beaucoup plus de piété envers le Corps du Christ que ces étrangers…
Cette table
fortifie notre âme, rassemble notre pensée, soutient notre assurance ; elle est
notre espérance, notre salut, notre lumière, notre vie. Si nous quittons la
terre munis de ce sacrement, nous entrerons avec confiance dans les parvis
sacrés… Mais pourquoi parler du futur ? Dès ce monde, le sacrement transforme la
terre en ciel. Ouvrez donc les portes du ciel…, alors vous verrez ce que je
viens de dire. Ce qu'il y a de plus précieux au ciel, je vous le montrerai sur
la terre. Ce que je vous montre, ce n'est ni les anges, ni les archanges, ni les
cieux des cieux, mais celui qui est leur maître.
Saint
Jean Chrysostome (vers 345-407), évêque d'Antioche puis de Constantinople,
docteur de l'Église.
Homélies sur la 1ère lettre aux Corinthiens, n°24, 4 ; PG 61, 204-205 (trad.
Delhougne, Les Pères commentent, p. 383)
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