La spiritualité de sainte Mechtilde
d’après le Livre de la Grâce spéciale

 

9-Conseils et pédagogie

        9-1-Qu’est-ce que le corps?

Mechtilde se demandait ce qu’était son être corporel. Jésus lui dit:

 Ton corps n’est qu’un sac grossier enveloppant un cristal qui contient une liqueuse précieuse. De même qu’on garderait un tel sac avec précaution, sans le jeter ici ou là, de peur de briser le cristal et de répandre la liqueur, ainsi l’homme doit, à cause de l’âme qui contient la liqueur de la divine grâce et l’onction du Saint-Esprit, respecter son corps et veiller sur ses sens, afin de ne laisser rien voir, ou entendre, ou dire qui puisse laisser l’onction spirituelle de la grâce divine se répandre au dehors ou chasser mon Esprit qui règne en lui. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XLIX 49)

Ainsi le corps est précieux et, lorsque cela est nécessaire, il faut se laisser soigner. Ceux qui montrent beaucoup de charité envers les malades se sanctifient. C’est ce que réaffirme Jésus:

 On doit recevoir les soins et les services des autres en union avec l’amour qu’ils mettent à vous les donner pour la gloire de Dieu, et afin d’obtenir qu’ils se sanctifient et reçoivent la récompense de leur charité. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XLV, 50)

        9-2-Relation des hommes avec les anges

Mechtilde reçut de nombreux enseignements concernant les anges. En voici un particulièrement instructif :

Ceux qui aiment Dieu de tout leur cœur et de tout leur esprit, se jettent tout entiers dans ce feu éternel qui est Dieu même, deviennent si semblables à lui, qu’ils l’aiment comme ils en sont aimés, d’un amour vraiment divin; ceux-là aiment aussi toutes choses en Dieu et pour Dieu, regardent leurs ennemis comme des amis, rien ne peut les séparer de Dieu, rien ne peut plus même les arrêter, car plus l’ennemi leur fait la guerre, plus ils se fortifient dans l’amour. Leur cœur brûle en eux-mêmes; ils embrasent leurs frères d’une telle charité que, si c’était possible, ils les rendraient tous parfaits dans l’amour; ils pleurent, outre leurs propres fautes, les vices et les péchés d’autrui, car ils aiment et recherchent la seule gloire de Dieu et non la leur; et ils sont au neuvième degré avec les séraphins. Le premier rang est le leur, car entre eux et Dieu, il n’y a plus d’autres esprits. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXX, 53)

        9-3-Un peu de pédagogie

            9-3-1-Conseils pour tous les éducateurs

Répondant à une question de Mechtilde, Jésus dit: “Vous aussi, lorsque les enfants ont douze ans, vous devriez les instruire dans le bien et les corriger sérieusement de leurs fautes; si vous le faisiez, il n’y en aurait pas tant qui se perdraient.” (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre IX, 16)

            9-3-2-Conseils aux novices  du monastère

Les conseils qui suivent s’adressent à de futures moniales; mais à part la ligne concernant l’observance de la Règle, ces conseils ne seraient-ils pas les bienvenus dans notre société qui à perdu presque tous ses rpères? Méditons les conseils de Jésus :

 Qu’elles s’appliquent surtout aux pratiques suivantes:

            – prier souvent et avec dévotion,

            – lire et écouter volontiers la sainte Écriture

            – s’appliquer à l’étude,

            – garder avec soin l’obéissance et la règle en tout ce qui la concerne,

            – conserver partout l’humilité sans se comparer aux autres, et

            – ne mépriser personne.

Pendant qu’elles prieront ainsi, je leur enseignerai ma divine volonté et tout ce qu’elles doivent savoir; pendant leur lecture, je leur ferai goûter ma douceur. Dans les travaux, je les sanctifierai; dans l’obéissance et l’observance régulière je leur donnerai ma compassion, ma force et mon secours; et dans leur humilité, je veux trouver mon repos. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XVI, 16)

Car, la volonté propre n’engendre rien dans la vie spirituelle sinon l’éternelle indigence. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XIX, 18)

            9-3-3-Où chercher ce que nous désirons?

Au sujet d’une personne pour qui elle priait, Mechtilde entendit :

 Ce qu’elle veut, ce dont elle a besoin, qu’elle le cherche dans mon Cœur... Veut-elle la pureté? qu’elle recoure à mon innocence; l’humilité? qu’elle la prenne chez moi. Qu’elle emprunte encore au même fonds l’esprit de désir et s’empare avec confiance de mon amour et de toute ma sainte et divine manière d’être durant toute ma vie. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XXVIII, 27)

10-Conclusion

Il est bien difficile de donner une conclusion à cette étude.

En effet, sainte Mechtilde était une moniale allemande, mystique, et, qui plus est, du XIIIème siècle. Que peut-elle apporter aux hommes du XXIème siècle qui vivent dans un monde si différent du sien? Vraiment, une telle question semble bien futile. Et pourtant!

Oui, pourtant! Que lisons-nous, en effet, dans le Livre de la Grâce spéciale? Beaucoup de choses extraordinaires? Absolument pas. Par l’intermédiaire d’une religieuse douée pour la musique et le chant, qui priait  intensément mais qui ne laissait rien transparaître de la richesse de son oraison, nous découvrons les richesses du Mystère Pascal et la bonté infinie du Père et de son Fils, le Christ, qui nous révèle son Sacré-Cœur. Nous sommes invités à devenir des saints en pratiquant simplement les vertus chrétiennes de la vie de tous les jours et en priant beaucoup. Et puis, nous apprenons à vivre avec la sainte Vierge et à louer Dieu comme Il désire être aimé, loué, adoré et prié.

Il n’y a rien hors de notre portée dans ce livre, rien que du bon sens, du réalisme et l’écoute de Dieu. Rien d’extraordinaire que l’amour de Dieu et du prochain. Et si nous suivons tous les conseils que Jésus nous donne à travers sainte Mechtilde, si nous mettons en œuvre sa pédagogie, nous deviendrons des saints... Ne serions pas, nous aussi des mystiques en puissance?

    

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