La spiritualité de sainte
Mechtilde
d’après le Livre de la Grâce spéciale
Mechtilde se demandait ce qu’était
son être corporel. Jésus lui dit:
― Ton
corps n’est qu’un sac grossier enveloppant un cristal qui contient une liqueuse
précieuse. De même qu’on garderait un tel sac avec précaution, sans le jeter ici
ou là, de peur de briser le cristal et de répandre la liqueur, ainsi l’homme
doit, à cause de l’âme qui contient la liqueur de la divine grâce et l’onction
du Saint-Esprit, respecter son corps et veiller sur ses sens, afin de ne laisser
rien voir, ou entendre, ou dire qui puisse laisser l’onction spirituelle de la
grâce divine se répandre au dehors ou chasser mon Esprit qui règne en lui.
(Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XLIX 49)
Ainsi le corps est précieux et,
lorsque cela est nécessaire, il faut se laisser soigner. Ceux qui montrent
beaucoup de charité envers les malades se sanctifient. C’est ce que réaffirme
Jésus:
― On doit
recevoir les soins et les services des autres en union avec l’amour qu’ils
mettent à vous les donner pour la gloire de Dieu, et afin d’obtenir qu’ils se
sanctifient et reçoivent la récompense de leur charité. (Le Livre de la
Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XLV, 50)
Mechtilde reçut de nombreux
enseignements concernant les anges. En voici un particulièrement instructif :
Ceux qui aiment Dieu de tout
leur cœur et de tout leur esprit, se jettent tout entiers dans ce feu éternel
qui est Dieu même, deviennent si semblables à lui, qu’ils l’aiment comme ils en
sont aimés, d’un amour vraiment divin; ceux-là aiment aussi toutes choses en
Dieu et pour Dieu, regardent leurs ennemis comme des amis, rien ne peut les
séparer de Dieu, rien ne peut plus même les arrêter, car plus l’ennemi leur fait
la guerre, plus ils se fortifient dans l’amour. Leur cœur brûle en eux-mêmes;
ils embrasent leurs frères d’une telle charité que, si c’était possible, ils les
rendraient tous parfaits dans l’amour; ils pleurent, outre leurs propres fautes,
les vices et les péchés d’autrui, car ils aiment et recherchent la seule gloire
de Dieu et non la leur; et ils sont au neuvième degré avec les séraphins. Le
premier rang est le leur, car entre eux et Dieu, il n’y a plus d’autres esprits.
(Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXX, 53)
Répondant à une question de
Mechtilde, Jésus dit: “Vous aussi, lorsque les enfants ont douze ans, vous
devriez les instruire dans le bien et les corriger sérieusement de leurs fautes;
si vous le faisiez, il n’y en aurait pas tant qui se perdraient.” (Le Livre
de la Grâce spéciale, première partie, chapitre IX, 16)
Les conseils qui suivent
s’adressent à de futures moniales; mais à part la ligne concernant l’observance
de la Règle, ces conseils ne seraient-ils pas les bienvenus dans notre société
qui à perdu presque tous ses rpères? Méditons les conseils de Jésus :
― Qu’elles
s’appliquent surtout aux pratiques suivantes:
– prier souvent et
avec dévotion,
– lire et écouter
volontiers la sainte Écriture
– s’appliquer à
l’étude,
– garder avec soin
l’obéissance et la règle en tout ce qui la concerne,
– conserver partout
l’humilité sans se comparer aux autres, et
– ne mépriser
personne.
Pendant qu’elles prieront ainsi,
je leur enseignerai ma divine volonté et tout ce qu’elles doivent savoir;
pendant leur lecture, je leur ferai goûter ma douceur. Dans les travaux, je les
sanctifierai; dans l’obéissance et l’observance régulière je leur donnerai ma
compassion, ma force et mon secours; et dans leur humilité, je veux trouver mon
repos. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XVI, 16)
Car, la volonté propre
n’engendre rien dans la vie spirituelle sinon l’éternelle indigence. (Le
Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XIX, 18)
Au sujet d’une personne pour qui
elle priait, Mechtilde entendit :
― Ce
qu’elle veut, ce dont elle a besoin, qu’elle le cherche dans mon Cœur...
Veut-elle la pureté? qu’elle recoure à mon innocence; l’humilité? qu’elle la
prenne chez moi. Qu’elle emprunte encore au même fonds l’esprit de désir et
s’empare avec confiance de mon amour et de toute ma sainte et divine manière
d’être durant toute ma vie. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième
partie, chapitre XXVIII, 27)
Il est bien difficile de donner une
conclusion à cette étude.
En effet, sainte Mechtilde était
une moniale allemande, mystique, et, qui plus est, du XIIIème siècle. Que
peut-elle apporter aux hommes du XXIème siècle qui vivent dans un monde si
différent du sien? Vraiment, une telle question semble bien futile. Et pourtant!
Oui, pourtant! Que lisons-nous, en
effet, dans le Livre de la Grâce spéciale? Beaucoup de choses
extraordinaires? Absolument pas. Par l’intermédiaire d’une religieuse douée pour
la musique et le chant, qui priait intensément mais qui ne laissait rien
transparaître de la richesse de son oraison, nous découvrons les richesses du
Mystère Pascal et la bonté infinie du Père et de son Fils, le Christ, qui nous
révèle son Sacré-Cœur. Nous sommes invités à devenir des saints en pratiquant
simplement les vertus chrétiennes de la vie de tous les jours et en priant
beaucoup. Et puis, nous apprenons à vivre avec la sainte Vierge et à louer Dieu
comme Il désire être aimé, loué, adoré et prié.
Il n’y a rien hors de notre portée
dans ce livre, rien que du bon sens, du réalisme et l’écoute de Dieu. Rien
d’extraordinaire que l’amour de Dieu et du prochain. Et si nous suivons tous les
conseils que Jésus nous donne à travers sainte Mechtilde, si nous mettons en
œuvre sa pédagogie, nous deviendrons des saints... Ne serions pas, nous aussi
des mystiques en puissance?
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