La spiritualité de sainte Mechtilde
d’après le Livre de la Grâce spéciale

 

5-Le vrai but de notre vie: la sainteté

        5-1-Invitation à la sainteté

Jésus est le modèle de la vraie sainteté

 Si tu désires une vraie sainteté, dit Marie, tiens-toi près de mon Fils; il est la sainteté même, sanctifiant toutes choses... Que ton âme se nourrisse du Verbe de Dieu comme de la meilleure nourriture, et qu’elle se couvre et se pare des délices qu’elle goûte en lui, c’est-à-dire des exemples qu’il lui donne à imiter. Unis-toi aussi à sa famille, je veux dire les saints; aime-les, loue Dieu pour eux, demande-leur souvent d’aller vers le Bien-Aimé pour le louer avec toi... Avec les saints tu seras sainte. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXVII, 2)

Pendant une oraison, Mechtilde se rappelait ses péchés lorsque soudain, elle se vit couverte de cendres, comme d’un manteau. “Elle se demanda alors ce qu’elle ferait quand le Dieu de majesté... apparaîtrait dans sa puissance et lui ferait rendre compte de sa grande lâcheté.” Des paroles vinrent à sa pensée: “Plus un homme est saint devant Dieu, plus il se croit vil et inférieur à tous; plus sa conscience est pure, plus il craint et redoute d’encourir la disgrâce de Dieu.”

Mechtilde comprit alors que la très sainte vie et les œuvres du Christ avaient suppléé en elle tout le bien qu’elle avait négligé de faire, “car lorsque Dieu arrête sur une âme son regard de miséricorde, quand il s’incline pour la prendre en pitié, tous ses crimes sont jetés dans un éternel oubli.”.  (Le Livre de la Grâce spéciale, 1ère partie, chapitre 1)

 

À l’attention d’une âme affligée désirant cependant la sainteté, Jésus fit comprendre à Mechtilde, qui priait pour cette âme, qu’il avait, sur cette terre, suivi trois voies qu’elle devait imiter :

 La première, aride et étroite est celle de la pauvreté volontaire. La seconde, semée de fleurs et plantée d’arbres fertiles est sa vie remplie de vertus et digne de louange. La troisième est son amère et cruelle Passion. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XXXVI, 36)

        5-2-Les vertus qui mènent à la sainteté

            5-2-1-La charité

Dans le Cœur de Jésus, c’est l’amour qui domine. Ainsi, dans la maison de ce Cœur de Jésus, Mechtilde aperçut aussi quatre vierges d’une grande beauté qu’elle reconnut pour être les vertus suivantes: l’humilité, la patience, la douceur et la charité... La charité était vêtue d’un manteau vert. Le Seigneur expliqua :

 La charité fait reverdir par sa vertu beaucoup de troncs desséchés, c’est-à-dire les pècheurs; elle leur fait porter aussi les fruits des bonnes œuvres... Tâche d’entrer dans l’intimité de ces vierges et d’obtenir leur amitié, si tu veux rester avec moi dans cette maison et jouir de ma présence... (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XIX, 17)

Pour exprimer sa puissance, plusieurs fois l’amour se présenta à Mechtilde sous la forme d’une vierge très belle... L’amour dit :

 J’ai fait seule le tour du ciel... C’est moi aussi qui ai vaincu les rigueurs de la divine justice, les ai changées en douceur, pour abaisser le Seigneur de gloire jusque dans l’exil de votre misère... Tous ceux qui, par amour, demeurent fidèles à Dieu dans leurs tribulations triomphent de tous les obstacles et de tous leurs vices par la force de l’amour.” (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXXV, 31)

Travaille à délivrer tous les captifs, c’est-à-dire porte secours et consolation aux affligés et à ceux qui sont dans la tentation. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXXIX, 39)

Sur la charité, à propos du silence de Jésus pendant la Passion :

 Bien que l’homme puisse parler bien ou mal, il devrait régler ses paroles de façon à n’en jamais prononcer pour blesser ou troubler le prochain. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XVIII, 28)

            5-2-2-La virginité et l’humilité

Jésus dit à Mechtilde :

 Les vierges, de préférence aux autres saints, ont reçu trois privilèges honorables. Le premier est que je les aime plus que toute créature: c’est pourquoi la première vierge qui m’ait voué sa chasteté a tellement enflammé mon amour que, ne pouvant plus me contenir, je me suis précipité du ciel, pour me renfermer en elle tout entier. Le second est que je les ai enrichies plus que toutes les autres créatures: tous mes biens et toutes mes souffrances, je les leur donnés en propriété particulière. En troisième lieu, je les ai glorifiées plus que les autres; car je me lève lorsqu’elles s’approchent de moi, je murmure à leur oreille un mystérieux secret, et, seules, elles ont la liberté de jouir, selon leur bon plaisir, de mes chastes embrassements...

La véritable vierge, choisie ainsi pour devenir mon épouse, doit être noble en humilité. Qu’elle estime n’être rien, qu’elle se croie la dernière des créatures, qu’elle désire sincèrement le mépris et l’abjection; plus elle s’enfoncera dans l’humilité, plus sa noblesse sera grande dans la gloire céleste. Et moi, ajoutant mon humilité à la sienne, je lui conférerai la plus haute des noblesses. La vierge doit aussi être belle, c’est-à-dire patiente; et sa beauté grandira en proportion de sa patience, car j’ajouterai à ses souffrances celles de ma propre Passion...

Plus tard Mechtilde se demanda ce qu’elle pourrait offrir d’agréable à son Seigneur. Le Seigneur lui dit :

 Celui qui m’offrira un cœur humble, patient et charitable, me fera un très agréable présent.

 Quel est le cœur assez humble pour vous plaire? s’inquiéta Mechtilde

 Celui dont la joie est de se voir méprisé, affligé et plongé dans l’adversité; celui dont le bonheur est d’ajouter quelque chose à ma Passion, à mes humiliations, et de m’offrir des sacrifices, celui-là est vraiment patient et humble de cœur. De même celui qui se réjouit de tout le bien qui arrive à son prochain, celui qui s’afflige des disgrâces du prochain comme des siennes propres, celui-là m’offre un cœur vraiment enclin à la charité. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XI, 18)

Un Vendredi-Saint, le Seigneur dit :

 Veux-tu voir comment je suis maintenant en toi, et toi en moi?

Elle gardait le silence toute pénétrée de son indignité, quand elle vit le Seigneur comme un cristal transparent, et son âme comme une eau pure et brillante qui coulait dans le corps du Christ. Elle était encore dans l’admiration de cette faveur et de l’étonnante bonté de Dieu à son égard, lorsque le Seigneur lui dit:

 Souviens-toi de ce que saint Paul a écrit: “je suis le dernier des apôtres, indigne d’être appelé apôtre; mais par la grâce de Dieu je suis ce que je suis.” De même tu n’es rien par toi-même; mais ce que tu es, par ma grâce, tu l’es en moi...

Le Seigneur continua :

 Je veux bien m’ensevelir en toi: je veux être dans ta tête l’objet de ton intelligence; je veux être l’œuvre de tes mains, et m’identifier à toutes tes actions et à chacun de tes mouvements. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XVIII, 27)

D’autres comparaisons

Pendant une messe, à l’Offertoire, le Seigneur apparut à Mechtilde, debout près de l’autel, royalement vêtu. Émerveillée Mechtilde voulut connaître le symbolisme des colombes, des aigles, des pierres précieuses qu’elle voyait sur la couronne du Seigneur qui lui dit :

 L’humilité, la foi, la patience, l’espérance de tous les hommes brillent comme des perles sur ma couronne. Les colombes et les aigles qui la surmontent représentent les âmes simples et les âmes éprises d’amour. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre III, 3)

À un autre moment, Mechtilde se trouvait, en esprit dans un jardin magnifique; sous un arbre fleurissaient une rose, une violette, un crocus, et une herbe appelée benoîte. Le Seigneur prenait ses délices parmi ces fleurs, c’est-à-dire dans la charité, l’humilité, l’abaissement et l’action de grâces qui tient la créature prête à dire en tout ce qui lui advient: “Béni soit le nom du Seigneur”, et à remercier et bénir Dieu en tout temps. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre L, 50)

            5-2-3-Celui qui sert

L’Évangéliste Luc rapporte une parabole du Seigneur, concernant ceux qui, dans les banquets, prenaient les premières places. Le Seigneur dit plus tard à ses disciples :

 Je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Mechtilde demanda ce que cela signifiait et le Seigneur répondit :

 Ce que je vous sers, c’est mon Cœur.

Et aussitôt il montra son Cœur et fit comprendre à sa servante que l’homme doit ordonner ses propres dispositions selon trois sentiments: Le premier est une disposition d’amour et de révérence à l’égard du Père; le second, de miséricorde et de charité à l’égard du prochain; le troisième, d’humilité et d’abjection devant soi-même

            5-2-4-La pureté

À propos de la robe nuptiale

Le Seigneur montra une robe merveilleusement tissue de pourpre, de blanc et d’or, en disant :

 Voici la robe nuptiale faite de la blancheur d’un cœur pur, de l’humilité et de l’or du divin amour. Quiconque veut porter cette robe doit avoir un cœur pur, c’est-à-dire ne permettre volontairement à aucune mauvaise pensée d’entrer dans son cœur, puis juger favorablement ce qu’il voit et entend. Qu’il se soumette avec douceur et humilité à ses supérieurs et même à toute créature, en vue de Dieu. Qu’il aime Dieu de tout son esprit, qu’il méprise toute créature en la comparant au Créateur, et ne s’attache à aucune chose qu’il ne soit disposé à rejeter et à fuir absolument, si elle l’éloignait de Dieu. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXXVIII, 39)

            5-2-5-L’obéissance

Les vertus se présentèrent personnifiées par des vierges. L’une d’elles se présenta: c’était l’obéissance. Mechtilde demanda la signification de ce spectacle, et le Seigneur lui répondit :

 Celle-ci est l’obéissance; seule elle me présente à boire, car l’obéissance contient en elle-même la richesse des autres vertus: le véritable obéissant doit nécessairement posséder l’ensemble de ces vertus. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXV , 61)

        5-3-La foi-Comment demander et garder la foi-Quelques conseils

Toutes ces vertus sont indispensables à celui qui veut devenir saint. Cependant elles seraient sans effet s’il n’avait pas d’abord la foi, et s’il ne faisait pas son possible pour la conserver. Voici quelques conseils :

 Si quelqu’un recommande sa foi à Dieu de la manière suivante, il obtiendra la grâce d’être préservé, à la fin de sa vie, de toute tentation contre la vraie foi.

 Premièrement donc, que le chrétien recommande sa foi à la toute-puissance du Père, le priant de la fortifier tellement par la vertu de la Divinité, qu’elle ne puisse jamais s’éloigner de la vraie foi.

 Secondement, qu’il confie sa foi à l’impénétrable sagesse du Fils de Dieu, le priant de l’illuminer par les splendeurs de la divine science, de telle sorte qu’elle ne soit jamais séduite par l’esprit d’erreur.

 Troisièmement, qu’il la donne en garde à la bienveillance du Saint-Esprit, le suppliant d’accorder à cette foi de n’opérer qu’en présence du Saint-Esprit, par l’amour, afin qu’à l’heure de la mort l’âme soit consommée dans la perfection. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXXIII, 34)

        5-4-La prière

Pour atteindre la sainteté, l’exercice, même persévérant, des vertus ne suffit pas; il faut aussi implorer l’aide du Seigneur, par des prières ferventes.

Une nuit de la Circoncision du Seigneur, Jésus dit à Mechtilde :

 Quiconque veut obtenir le repos du cœur et du corps doit être doux et humble. Que celui qui souhaite renouveler sa vie fasse comme l’épouse qui aime beaucoup à recevoir les étrennes de son époux. Ainsi, l’âme fidèle désire être ornée par moi de vêtements nouveaux, afin de se présenter toute l’année aux yeux des hommes avec la magnificence d’une reine. Qu’elle me demande d’abord un vêtement de pourpre, c’est-à-dire l’humilité... Qu’elle me demande ensuite une robe d’écarlate, c’est-à-dire la patience... Qu’elle recouvre enfin la pourpre et l’écarlate du manteau d’or de la charité... (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre VII)

            5-4-1-Importance de la prière

Instruction du Seigneur :

 Lorsque je répands sur toi ma grâce, laisse là toutes choses, suspends ton activité, en sorte que, libre et dégagée, tu jouisses avec plénitude de cette grâce. Tu ne peux rien faire alors de meilleur et de plus avantageux. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XI, 11)

Jésus dit :

 Le cœur humain ne peut vivre sans respirer l’air; ainsi l’âme qui ne vit pas de mon esprit est morte. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XII, 12)

            5-4-2-Comment prier et se comporter avec Dieu

Mechtilde priait pour une personne qui désirait savoir ce que Dieu voulait qu’elle fît. Le Seigneur lui suggéra la réponse suivante :

 Qu’elle se comporte avec moi comme un enfant qui aime tendrement son père, ne s’adresse jamais qu’à lui pour obtenir quelque chose et trouve toujours ce qu’il reçoit beau et précieux à cause de son affection filiale. De même elle doit aspirer toujours à recevoir la grâce, et tout ce que je lui donne ne doit jamais lui paraître petit, parce qu’elle peut recevoir tout par amour dans une gratitude profonde...

Qu’elle cherche aussi en toutes choses la gloire de Dieu, qu’elle l’accroisse autant qu’il est en son pouvoir, et ne voie jamais avec indifférence ce qui peut outrager Dieu. Si cependant elle n’arrive pas encore ainsi au comble de ses désirs, si sa grâce habituelle [1] ou la consolation divine lui est enlevée, qu’elle ne s’en afflige pas, qu’elle ne pense pas aussitôt que cela vient du mécontentement ou de l’abandon de Dieu. Quand un bon père refuse à son fils une chose que celui-ci a le tort de demander, ou qu’un époux prend à l’égard de son épouse une attitude sévère, ce n’est pas la colère qui les inspire, mais le désir de leur donner un enseignement. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XXXII, 31)

Et voici des conseils très pratiques: c’est Jésus qui enseigne :

 Le matin, dès ton lever, salue le Cœur tendre et fort de ton très doux amant, car c’est de lui que tout bien, toute joie, toute félicité ont découlé, découlent et découleront sans fin, au ciel et sur la terre. Emploie toutes tes forces à verser ton propre cœur dans ce Cœur divin, en lui disant:

“Louange, bénédiction, gloire et salut au très doux et très bienveillant Cœur de Jésus-Cœur de Jésus-Christ, mon très fidèle amant! Je te rends grâce pour la garde fidèle dont tu m'as entourée, pendant cette nuit où tu n'as cessé d'offrir à Dieu le Père les actions de grâces et les hommages que je lui devais. Et maintenant, ô mon unique amour, je t'offre mon cœur comme une rose fraîchement épanouie dont le charme attire les yeux tout le jour et dont le parfum réjouit ton divin cœur. Je t'offre aussi mon cœur comme une coupe qui te servira à t'abreuver de ta propre douceur et des opérations que tu daigneras opérer en moi aujourd'hui. Je t'offre mon cœur comme une grenade d'un goût exquis digne de paraître à ton royal festin, afin que tu l'absorbes si bien en toi-même qu'il se sente désormais heureux au-dedans de ton cœur divin. Je te prie de diriger aujourd'hui toutes mes pensées, mes paroles, mes actions et mon bon vouloir selon le bon plaisir de Ta volonté. Amen.”

Fais ensuite le signe de la Croix en disant: “Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Père saint, unie à l’amour de votre très aimable Fils, je vous remets mon esprit...”

Recommande ton cœur à l’amour afin qu’il le cache en son Cœur divin et l’embrase à tel point qu’il ne puisse désormais goûter ni joie, ni délectation terrestre.”  (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XVII, 17)

Jésus donne aussi quelques exemples sur la manière de prier :

 Quand une personne est seule, qu’elle élève sans cesse son cœur vers Dieu, qu’elle s’entretienne avec lui et le désire du fond de son âme, poussant vers lui de profonds soupirs. Cette conversation continuelle avec Dieu allumera son cœur de l’amour divin. Quand elle se trouve en compagnie d’autres personnes, qu’elle garde son attention dirigée vers Dieu, autant que possible, et parle volontiers de lui. C’est ainsi qu’on attise le feu de l’amour chez soi et chez autrui.

Il convient encore que l’homme fasse toutes ses actions en vue de Dieu, pour le louer, et qu’il abandonne par amour pour Dieu toute chose défendue. Enfin, les adversités et les charges doivent être acceptées pour l’amour de Dieu et portées avec patience. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre X, 10)

Une nuit, pendant le temps de la Passion, Mechtilde demanda au Seigneur comment elle pouvait le louer pendant le temps de la Passion. Jésus lui répondit qu’elle devait bénir :

            La toute puissance infinie qui, pour sauver l’homme, a condamné à l’impuissance le souverain Seigneur des anges et des hommes,

            L’insondable sagesse qui lui a fait accepter de passer pour un insensé,

            La charité sans borne qui l’a rendu gratuitement odieux à ceux qu’il devait sauver,

            Sa miséricorde très bénigne qui lui a fait souffrir pour l’homme une mort si cruelle,

            Sa douceur infiniment suave qui lui a fait supporter les amertumes de la plus terrible des morts.

Dans la croix est le vrai salut; en dehors d’elle point de salut. Au cours d’une messe de la semaine sainte, Jésus dit:

 La vraie vie a été donnée à l’homme par la croix, lorsque moi, vie de l’âme, je suis mort d’amour sur la croix; alors, j’ai donné la vie à l’âme morte par le péché, je lui ai donné la vie  éternelle en moi. Par la croix il a été aussi donné à l’homme de ressusciter par la pénitence, autant de fois qu’il meurt par le péché. De la croix viennent la résurrection de la chair et la vie éternelle.

            5-4-3-Comment entrer en contact avec Dieu

Il faut chercher Dieu par ses cinq sens

Le Seigneur enseigne :

 Cherche-moi dans tes cinq sens... L’âme doit me chercher sans cesse au moyen de ses sens qui sont les fenêtres de son âme. Si elle voit, par exemple, des choses belles et aimables, qu’elle pense combien est beau, aimable et bon celui qui les a faites et qu’elle s’élève aussitôt vers le Créateur de l’univers. Lorsqu’elle entend une mélodie suave ou quelque discours agréable qu’elle se dise: “Oh! combien sera douce cette voix qui  t’appellera un jour...” Au contraire, si elle prend la parole, que ce soit en vue de la gloire de Dieu et du salut de ses frères. Qu’elle lise ou chante avec cette pensée: “Voyons, qu’est-ce que ton Bien-Aimé te dit ou te commande en ce moment par ce chant ou cette lecture?...”

Toute délectation qui se présente doit ramener le souvenir des délices cachées en Dieu qui a créé toute beauté et tout plaisir pour nous faire connaître sa bonté, et nous attirer à son amour... (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XLIV, 44)

Les cinq portes de l’Humanité de Jésus

Un jour, pendant que Mechtilde était en oraison, elle vit une immense porte comportant elle-même cinq autres portes magnifiquement sculptées: La grande porte symbolisait l’Humanité de Jésus-Christ. Les deux portes creusées en bas signifiaient les pieds du Seigneur; sur la colonne qui les séparait on lisait ce verset: “Venez à Moi, vous tous qui êtes dans le labeur et courbés sous le fardeau, et je vous soulagerai.” Devant cette double porte, elle vit une vierge de grande beauté: c’était la Miséricorde qui la fit entrer. L’âme se trouva alors devant le juste Juge qui, apaisé par la Miséricorde, lui donna le pardon de tous ses péchés et la revêtit de la robe d’innocence. Ainsi parée elle s’approcha avec confiance des portes qui s’ouvraient plus haut et qui signifiaient les mains du Christ...

Entre les deux portes se trouvait une autre vierge: la Bénignité qui l’introduisit auprès du Roi. Elle put alors s’approcher de la porte la plus élevée qui désignait le très doux Cœur de Jésus-Christ, semblable à un bouclier d’or transpercé, en signe de la victoire qu’il a remportée dans sa Passion. La colonne portait cette inscription: “Approchez de lui, soyez illuminés, et vos visages ne seront pas couverts de confusion.”

Là aussi elle vit une vierge que son incomparable beauté mettait bien au-dessus des autres: c’était la Charité qui l’introduisit auprès de son doux fiancé, plus beau que tous les fils des hommes... (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre VIII)

Comment Jésus parle à l’âme

Un jour, Mechtilde demanda :

Mon Bien-Aimé, quel est donc ce salut que vous adressez à mon âme? Je ne l’entends pas.

 Ma salutation n’est pas autre chose que ma tendre affection... J’apprends à une âme par une inspiration divine, par un mouvement d’amour, comment elle doit m’offrir ses hommages... Les œuvres dépourvues de saveur pour l’homme peuvent cependant plaire à Dieu... (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre IX, 9)

            5-4-4-Les quatre sortes de prières

Le Seigneur explique qu’il y a quatre genres de prières :

            – La première est la prière des justes qui, d’un cœur contrit et humilié implorent le pardon de leurs péchés.

            – La seconde est celle des affligés qui cherchent refuge et secours auprès de Dieu.

            – La troisième est celle de la charité fraternelle qui intercède pour les besoins et les misères d’autrui...

            – La quatrième est celle d’une âme inspirée par le plus pur amour, lorsu’elle intercède pour l’Église en général et pour chacun de ses frères comme pour elle-même... (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XLVII, 47)

            5-4-5-Les difficultés dans la prière ou le service de Dieu

Mechtilde comprit un jour, grâce à Marie, que si quelque obstacle surgit dans le service de Dieu, à cause de l’attitude d’autrui à notre égard ou de dispositions personnelles ressortant de faits extérieurs, des désirs, des réminiscences, n’importe quel obstacle enfin, doit être perçu par nous comme messager du Seigneur. Il faut donc aller au-devant de lui avec respect, et le renvoyer pour ainsi dire vers Dieu, par la louange et l’action de grâces. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XV, 15)

Conseil : Ne te défie jamais de la miséricorde de Dieu, même s’il permet à la tribulation de t’approcher ou s’il te soustrait les consolations de sa grâce. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre LIX, 55)

            5-4-6-Jésus répond à nos prières

Une nuit, alors qu’elle était éveillée, Mechtilde vit le Seigneur descendre vers elle et lui dire :

 Jamais abeille au printemps ne fut plus prête à s’envoler, plus légère pour butiner les fleurs dans les prés verdoyants, que je ne suis disposé à venir en hâte vers ton âme, au premier appel. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre III, 3)

Le Seigneur entend toujours la détresse des pauvres. La lumière divine fit comprendre à Mechtilde que toutes les fois qu’une âme en détresse pousse des soupirs vers Dieu, soit afin de le louer, soit afin d’obtenir une grâce, aussitôt tous les saints se lèvent, louent Dieu tous ensemble pour cette âme, ou lui obtiennent la grâce désirée. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXXV, 36)

            5-4-7-Ce qu’il faut faire dans la tristesse

Quand une personne est dans la tristesse, elle doit agir ainsi :

 Est-elle enveloppée des nuages de la tristesse? Qu’elle gravisse la montagne de l’espérance et qu’elle me contemple des yeux de la foi, moi, le céleste firmament auquel sont fixées, comme des étoiles, les âmes de tous les élus. Ces étoiles peuvent bien être cachées sous les nuages du péché, les brouillards de l’ignorance; cependant elles ne peuvent cesser de briller à leur firmament, c’est-à-dire dans ma clarté divine... C’est pourquoi il est bon à l’homme de se rappeler souvent ma gratuite bonté... Alors on peut me bénir, moi qui suis l’éternel firmament des élus. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XXIV, 23)

Et il faut confier toutes ses peines à Dieu

Le seigneur dit aussi :

 Lorsqu’on est dans la peine, on doit se prosterner à mes pieds, y déposer tout son fardeau et me le confier... Qu’on s’approche de mon Cœur en disant: “Ô merveilleuse condescendance de votre bonté pour nous, excès incompréhensible de votre charité! Pour racheter l’esclave, vous avez livré le Fils!... Qu’on prie afin que l’amour de mon divin Cœur, qui m’a chargé du fardeau de tous les hommes, vous aide à supporter ce poids de tristesse avec un amour reconnaissant. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XXV, 24)

Et encore :

 Quand une peine survient, si on avait aussitôt l’intention de me donner à boire, mes lèvres, en se portant vers le calice, y infuseraient tant de douceur que le chagrin deviendrait noble et fructueux.

Quand vient la tristesse, il faudrait aussitôt, conseille Mechtilde, en offrir le poids à Dieu: alors il enverrait la douce consolation, il encouragerait la patience et ne permettrait pas que l’affliction demeurât sans fruit... Quand on veut porter soi-même ses chagrins, on tombe dans l’impatience, et plus on s’en occupe, soit pour les raconter, soit pour les revivre en esprit, plus ils deviennent lourds et amers. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XXVI, 25)

Mechtilde était souvent soumise à de violentes tentations et elle se demandait si les grandes grâces qu’elle recevait de Dieu venaient de Lui ou de l’ennemi. Ce jour-là “le tentateur... jeta dans son cœur la crainte et la tristesse...” Elle supplia le Seigneur de l’éclairer, et le Seigneur lui dit :

 Ne crains, pas ma Mechtilde bien-aimée; je te jure par la vertu de ma Divinité que cette crainte et cette tristesse ne te nuiront pas; au contraire, elles te sanctifieront et te prépareront à ma grâce. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XII, 10)

        5-5-L’oraison

            5-5-1-Les degrés d’oraison

Mechtilde se trouvait, en esprit, devant un autel magnifiquement décoré, dont les sculptures symbolisaient les bienfaits de Dieu. On montait à cet autel par trois degrés:

– le premier était en or, parce que nul ne peut venir vers Dieu sans la charité.

– Le second, couleur d’azur, désignait la méditation des choses célestes, car celui qui s’approche de Dieu doit nécessairement se dépouiller des idées terrestres pour s’efforcer d’atteindre, par l’oraison, les pensées célestes.

– Le troisième degré, de couleur verte, exprimait la vigueur que réclame la louange divine, car nos actions doivent être animées par l’intention de louer Dieu bien plus que par le désir de notre avantage et de notre salut. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXI, 55)

            5-5-2-La montagne aux sept étages et aux sept fontaines

Jésus, un dimanche de la quinquagésime, invita Mechtilde :

 Veux-tu demeurer avec Moi sur la montagne pendant ces quarante jours et quarante nuits de Carême?

 Oh! volontiers, mon Seigneur.

Alors le Seigneur lui montra une montagne élevée qui s’étendait de l’Orient à l’Occident, avec sept plateaux à gravir et sept fontaines. Il la prit avec lui et atteignit le premier plateau qui s’appelait: degré de l’humilité; il y avait là une fontaine dont l’eau purifie l’âme de tous les péchés commis par orgueil. Ils montèrent au second plateau appelé degré de la douceur; ils y trouvèrent la fontaine de patience qui purifie l’âme des fautes contractées par la colère. Ils atteignirent le troisième degré qui est celui de l’amour où coule la fontaine de charité dans laquelle l’âme peut se laver de tous les péchés enfantés par la haine... (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIII, 20)

De là ils s’élevèrent au quatrième plateau appelé degré d’obéissance où l’on trouve la fontaine de sainteté qui purifie l’âme de toutes les fautes de désobéissance. Puis, ils montèrent au cinquième qui est le degré de la modération où se voit la fontaine de libéralité où l’âme se purifie des péchés qu’elle a commis par avarice quand elle usa des créatures sans avoir en vue la gloire de Dieu ou son avancement personnel. Ils gravirent le sixième plateau, celui de la chasteté où jaillit la fontaine de la divine pureté dont les eaux purifient l’âme des désirs charnels. Là, cette âme se vit, comme le Seigneur, revêtue d’une robe blanche.

Enfin, ils arrivèrent au septième degré, celui de la joie spirituelle; la fontaine s’appelle joie céleste; elle purifie de toutes les fautes commises par dégoût des choses spirituelles. Or cette source ne jaillissait pas avec impétuosité comme toutes les autres, mais elle coulait lentement, goutte à goutte, parce que la joie céleste ne peut être goûtée pleinement par personne en cette vie; sur terre, on en reçoit une goutte qui n’est rien, pour ainsi dire, en comparaison de la réalité...

Puis ils gravirent le sommet de la montagne... Il y avait deux trônes magnifiques. Le premier était le siège de la souveraine et indivisible Trinité d’où sortent quatre fleuves d’eau vive. Le premier fleuve désigne la divine Sagesse qui gouverne les saints... Le second, la divine Providence... le troisème fleuve désigne la divine surabondance qui les enivre de tout ce qui est bon... le quatrième enfin, figure les délices qui les font vivre en Dieu, dans la plénitude des joies enivrantes et sans fin qu’ils goûteront dans ce lieu où Dieu enlèvera toute larme de leurs yeux... Le second trône était celui de la Vierge Mère qui avait sa place auprès du roi, ainsi qu’il convient à une reine. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIII, 20)

Mechtilde, en vision, se vit en train de “gravir” cette même montagne. Elle se purifia dans l’eau du 3ème degré, et parvint au 7ème degré où elle vit le Seigneur Jésus qui la conduisit jusqu’à une petite maison transparente comme le cristal. Autour de la maison jouaient de petits enfants vêtus de blanc qui, tout joyeux, louaient le Seigneur. Elle comprit que les enfants morts avant l’âge de cinq ans sont là dans une allégresse éternelle. (Le Livre de la Grâce spéciale, 1ère partie, chapitre XIII, 21)

            5-5-3-À propos des consolations-Conseils

Dieu fait don de son Cœur divin à l’âme pour qu’en retour elle lui donne son cœur... Il faut aussi garder avec soin le Cœur de Dieu et étudier avec soin ce qui lui plaît davantage. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre LIX, 58)

Sache, dit Jésus à Mechtilde, que si tu veux être mon épouse, il te faut renoncer à toute joie sensible, partager avec moi cette couche de souffrances et d’ignominies et t’unir à la plaie béante de mon Cœur...

Donc, ô fille du Père éternel, épouse choisie de son Fils unique et coéternel, amie du Saint-Esprit et lieu de repos qu’il convoite, aime un tel Amant qui est tout amour et dont tu es la bien-aimée. Sois fidèle à celui qui est la fidélité même... Considère aussi ce qui te manque de vertus. Est-ce de l’humilité ou d’une autre que tu es surtout dépourvue? Ouvre, par la clé de l’amour, le précieux écrin de toutes les vertus, c’est-à-dire le Cœur divin de Jésus-Christ... Si des pensées de désespoir te font la guerre, recours au trésor inépuisable de cette tendresse qui ne veut laisser périr personne, mais souhaite attirer tous les hommes à la connaissance et à l’amour de la vérité. Ceux-là seuls sont exceptés qui choisissent volontairement l’éternelle damnation... (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre LIX, 56)

L’Amant des hommes, le Seigneur Jésus-Christ souhaite d’un immense désir s’unir à l’âme, surtout à celle qui veut être consolée par lui...

Si l’on s’aperçoit que quelque chose, ou quelqu’un éloigne la pensée de Dieu, il faut écarter cette chose si l’on ne veut être privé de l’intimité avec Dieu. Cette intimité est excessivement délicate: elle ne souffre rien au-dessus d’elle, ni même avec elle. C’est Jésus-Christ lui-même, Fils de la Charité du Père, qui veut être le bien-aimé et l’intime ami de ton cœur. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre LIX, 57)

Cependant il n’est pas interdit de sentir la dévotion

Et plus tard le Seigneur lui fit comprendre que lorsqu’on se sent moins dévot, froid dans l’amour, loin de Dieu, qu’on invoque l’Amour, qu’on le prenne pour ambassadeur en le chargeant d’obtenir la grâce ou le zèle de la dévotion... En tout labeur et tribulation, qu’on appelle l’Amour à son aide, car, lui présent, l’homme n’éprouve ni fatigue dans le travail ni défaillance dans l’adversité. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XLI, 37)

        5-6-L’offrande de sa vie et la consécration

Un jour comme Mechtilde cherchait quel cadeau elle pourrait offrir à Jésus, ce dernier répondit :

 Tu ne pourras jamais trouver un présent qui me soit plus agréable qu’une petite maison établie dans ce cœur[2], afin que j’y habite sans cesse et que j’y prenne mes délices. Cette maison n’aura en tout qu’une fenêtre par où je parlerai et distribuerai mes dons aux hommes.”

Mechtilde comprit que cette fenêtre figurait sa bouche dont elle devait se servir pour distribuer la parole de Dieu et pour enseigner ou consoler ceux qui viendraient à elle. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXXIII, 29)

            5-6-1-Une offrande agréable à Dieu

Jésus dit :

 Si quelqu’un veut me faire une offrande agréable, qu’il s’applique à pratiquer trois choses:

            ne jamais abandonner le prochain dans ses besoins ou sa détresse, atténuer et excuser les défauts et les péchés de ses frères autant qu’il le peut...

            ne chercher refuge qu’en moi dans la tribulation; ne se plaindre de ses chagrins à personne, mais confier avec abandon, à moi seul, toutes les inquiétudes qui chargent le cœur...

            marcher avec moi dans la vérité.

Celui qui s’adonne à ces pratiques sera reçu par moi à l’heure de sa mort comme par une mère très aimante qui accueille son fils. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre VII, 7)

Ah! bienheureux êtes-vous, vous qui vivez encore sur la terre et pouvez acquérir tant de mérites! Si l’homme savait combien il peut mériter en un seul jour, à peine serait-il éveillé que son cœur se dilaterait de joie en voyant luire encore une journée, pendant laquelle il pourrait vivre à Dieu et mériter pour le glorifier! Cette joie le rendrait certainement plus allègre et plus fort pour tout ce qu’il devrait faire ou souffrir! (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre IX, 9)

            5-6-2-Paroles d’un Époux

S’étant inclinée sur le sein de son Bien-Aimé Mechtilde entendit résonner trois pulsations dans les profondeurs du Cœur divin... Le Seigneur lui dit :

 Ces trois battements indiquent trois paroles que j’adresse à l’âme aimante: la première est: “Viens!” c’est-à-dire sépare-toi de toute créature; la seconde: “Entre” avec confiance, comme une épouse; la troisième: “dans le lit nuptial”, c’est-à-dire dans le Cœur divin.

Ces trois mots lui firent comprendre que Dieu adresse son appel à chaque élu encore entouré de toutes les créatures, afin que, renonçant d’une volonté libre et entière aux délices qu’il peut trouver en elles, il s’applique au Seigneur Dieu seul, en toute dévotion. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XX, 18)

            5-6-3-Comment renouveler ses engagements

Mechtilde s’inquiétait à cause de ses nombreuses négligences, malgré toutes les grâces qu’elle avait reçues. Elle croyait même que sa consécration comme épouse du Christ avait été souillée par ses péchés. Le Seigneur lui dit :

 Si on te donnait le choix, que préfèrerais-tu? Acquérir les biens que je t’ai donnés par l’effort de tes œuvres et de tes vertus, ou les recevoir gratuitement de moi?

 Ô mon Seigneur, je fais plus de cas du moindre don concédé par vous que de l’acquisition des mérites de tous les saints par les plus grands travaux et les plus hautes vertus.

 À cause de cela, sois à jamais bénie! dit le Seigneur qui ajouta:

 Si tu veux renouveler tes fiançailles, approche-toi de mes pieds, rends grâces pour la robe d’innocence que je t’ai gratuitement conférée, car ce n’est point par ton mérite que tu l’as gardée, et demande que ma très parfaite innocence corrige tout ce qu’il y a de vicié en toi. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XV, 15)

            5-6-4-L’offrande de ses peines

Mechtilde pensait que sa maladie la rendait inutile... Le Seigneur vint pour la consoler :

 Lorsque tu désires me louer et que la maladie y met obstacle, prie pour que j’exalte et bénisse Dieu le Père dans tes peines comme je l’ai fait sur la croix au milieu de mes propres souffrances... Ma Passion a porté des fruits infinis au ciel et sur la terre; ainsi tes peines, tes tribulations remises à moi-même et unies à ma Passion seront tellement fructueuses qu’elles procureront aux élus plus de gloire, aux justes, un nouveau mérite; aux pécheurs, le pardon; et aux âmes du purgatoire l’allègement de leurs peines. Qu’y a-t-il, en effet, que mon Cœur divin ne puisse rendre meilleur, puisque tout bien au ciel et sur la terre découle de la bonté de mon Cœur.” (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXXVI, 32)

Pendant que la maladie de Mechtilde était plus pénible, Jésus vint à elle revêtu d’une robe blanche, serrée par une ceinture tissue de soie verte à losanges d’or, dont les bouts lui pendaient jusqu’aux genoux. Tout étonnée, elle désirait savoir ce que cela signifiait, quand le Seigneur le lui expliqua :

 Voici que je me revêts de tes souffrances. La ceinture indique que tu es entourée de douleurs: elles t’atteignent jusqu’aux genoux. Moi, j’absorberai en moi-même toutes ces souffrances et je les subirai en toi. C’est ainsi que je ferai une offrande très agréable à Dieu le Père. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXXIX, 35)

            5-6-5-Autre conseil

Celui qui veut devenir un vrai religieux doit défendre à ses yeux tout regard illicite ou inutile, doit défendre à ses oreilles d’écouter aucune parole qui puisse souiller son cœur, défendre à sa bouche toute parole inutile, et lui interdire de répéter tout ce qu’il a vu et entendu...

On ne peut empêcher les pensées de se présenter à l’esprit, mais on peut toujours n’y pas consentir, ne pas les accepter volontiers; on peut les chasser facilement. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre V, 5)

            5-6-6-La communion des saints

Enfin, pour conclure ce chapitre consacré à la prière, il ne faut jamais oublier que, dans la communion des saints, rien n’est jamais perdu de nos prières, de nos sacrifices, de nos offrandes et de nos bonnes actions. Les saints du ciel aussi en bénéficient. Voici une parole que Mechtilde reçut du Seigneur, un jour de la fête de Sainte Agnès :

 L’hommage des cœurs remonte vers Dieu et comble les saints d’une douce allégresse.” (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XI, 18)

        5-7-La vie mystique-Les révélations-Dieu s’explique

            5-7-1-La voix de Dieu

Mechtilde désirait savoir ce qu’était “la voix de la gloire divine.” Le Seigneur lui dit :

 La voix de ma gloire se fait entendre quand une âme contrite pleure ses péchés, par amour plus que par crainte, et mérite ainsi que je lui adresse la parole du pardon: “tes péchés te sont remis; va en paix!” Dès que l’homme ressent une vraie douleur et peine de ses crimes, je lui remets tous ses péchés et je le reçois dans ma grâce comme s’il n’avait jamais failli.

Secondement, la voix de ma gloire résonne encore lorsqu’une âme qui m’est unie dans l’oraison intime ou contemplation, m’entend murmurer à son oreille: “Viens mon amie, montre-moi ton visage.”

Troisièmement, c’est aussi la voix de ma gloire qui invite doucement une âme à sortir de son corps pour entrer dans l’éternel repos; elle dit alors: “Viens, mon élue, et je ferai de toi mon trône.”

Enfin, au jour du jugement, lorsque je convoquerai mes élus appelés de toute éternité aux splendeurs et aux honneurs du royaume, la voix de la gloire dira: “Venez les bénis de mon Père, recevez le royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde.” (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre 3)

            5-7-2-La face de Dieu

Pourquoi le visage de Jésus prend-il parfois l’aspect du soleil? demandait Mechtilde.

Jésus répondit :

 Parce que le soleil a trois propriétés par lesquelles il me ressemble: il échauffe, il féconde, il éclaire.

            Le soleil échauffe: ainsi ceux qui m’approchent s’enflamment d’amour, et, comme la cire devant le feu, leurs cœurs se fondent en ma présence.

            Le soleil donne fécondité à toute plante; ainsi ma présence rend l’âme vigoureuse et féconde en bonnes œuvres.

            Le soleil éclaire; de même quiconque vient à Moi est illuminé des clartés de la science divine. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre 4)

            5-7-3-À propos de la Nativité

Un jour de Noël, pendant une messe, Jésus dit à Mechtilde :

 Du visage du petit Enfant Jésus s’échappaient quatre rayons destinés à illuminer les quatre parties du monde: ces rayons symbolisaient la vie très sainte de Jésus-Christ et sa doctrine qui a éclairé l’univers.

Le même jour,  un peu plus tard, Jésus emmailloté de langes précisa :

 Dès ma naissance je fus lié de bandes et de bandelettes qui m’enlevaient la liberté de mes mouvements, pour montrer que je me livrais tout entier, avec mes biens apportés du ciel, à la puissance de l’homme et à son service. Celui qui est lié n’a plus aucun pouvoir: il ne peut se défendre, il ne peut empêcher qu’on le dépouille. Quand je suis sorti de ce monde, j’étais pareillement cloué à la croix et ne pouvais faire le moindre mouvement, en signe de l’abandon fait aux hommes de tous les biens que j’avais acquis pendant ma vie mortelle... (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitres V, 7 et 8)

            5-7-4-Le Nom de Jésus

Mechtilde demanda :

 Quel est ce nom sublime qui vous a été donné par le Père? (Ce nom qui est au-dessus de tout nom) Jésus répondit :

 Ce nom est: Sauveur de tous les siècles. Moi je suis en effet le Sauveur et le Rédempteur de tout ce qui est, a été, et sera à jamais. Je suis le Sauveur de ceux qui ont vécu avant mon Incarnation; Je suis le Sauveur de ceux qui vivaient, lorsque, devenu homme, j’ai conversé avec les hommes; je suis le Sauveur de ceux qui ont embrassé ma doctrine et qui veulent encore marcher sur mes traces, jusqu’à la fin des temps. C’est là un nom digne de moi, destiné à moi seul par le Père depuis l’origine du monde, et il est au-dessus de tout nom. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XVI, 24)


[1] Le don d’oraison ou de contemplation.
[2] celui de Mechtilde

    

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