LE MARTYRE DE POLYCARPE :
LETTRE
DE L'ÉGLISE DE SMYRNE
L'Église de Dieu qui séjourne à
Smyrne à l'Église de Dieu qui séjourne à Philomelium et à toutes les communautés
de la sainte Église catholique qui séjournent en tout lieu : que la miséricorde,
la paix et l'amour de Dieu le Père et de notre Seigneur Jésus-Christ vous soient
données en plénitude (cf. Jude 2).
1, 1. Nous vous écrivons, frères,
au sujet des martyrs et du bienheureux Polycarpe, qui, par son martyre, a pour
ainsi dire mis le sceau à la persécution en la faisant cesser. Presque tous les
événements antérieurs sont arrivés pour que le Seigneur nous montre encore une
fois un martyre conforme à l'Évangile. 2. Comme le Seigneur, en effet, Polycarpe
a attendu d'être livré, pour que nous aussi nous soyons ses imitateurs, sans
regarder seulement à notre intérêt, mais aussi à celui du prochain (cf. Ph 2,
4). Car c'est le fait d'une charité vraie et solide que de ne pas chercher
seulement à se sauver soi-même, mais aussi à sauver tous les frères.
II, 1. Bienheureux donc et généreux
tous ces martyres qui sont arrivés selon la volonté te Dieu. Car il nous faut
être assez pieux pour attribuer à Dieu la puissance sur toutes choses. 2. Qui
n'admirerait la générosité te ces héros, leur patience, leur amour pour le
Maître ? Déchirés par les fouets, au point qu'on pouvait voir la constitution de
leur chair jusqu'aux veines et aux artères intérieures, ils demeuraient fermes
si bien que les spectateurs eux-mêmes en gémissaient de compassion. Ils en
vinrent à un tel degré de courage que pas un d'entre eux ne dit un mot ni ne
poussa un soupir. Ils nous montrèrent à tous que dans leurs tortures les
généreux martyrs du Christ n'étaient plus dans leur corps, ou plutôt que le
Seigneur était là qui s'entretenait avec eux. 3. Attentif à la grâce du Christ,
ils méprisaient les tortures de ce monde, et en une heure ils achetaient la vie
éternelle. Le feu même des bourreaux inhumains était froid pour eux, car ils
avaient devant les yeux la pensée d'échapper au feu éternel qui ne s'éteint pas,
et des yeux te leur coeur ils regardaient les biens réservés à la patience,
biens que l'oreille n'a pas entendus, que l'oeil n'a pas vus, auxquels le coeur
de l'homme n'a pas songé (1 Co 2, 9 ; cf. Is 64, 3), mais que le Seigneur leur a
montrés, à eux qui n'étaient plus des hommes, mais déjà des anges. 4. De même
ceux qui avaient été condamnés aux bêtes enduraient te terribles supplices ; on
les étendit sur des coquillages piquants, et on leur fit subir toutes sortes de
tourments variés pour les amener à renier, si possible, par ce supplice
prolongé.
III, 1. Le diable machinait contre
eux toutes sortes de supplices, mais grâce à Dieu, il ne put l'emporter contre
aucun d'entre eux. Le généreux Germanicus fortifiait leur timidité par sa
constance ; il fut admirable dans la lutte contre les bêtes ; le proconsul
voulait le fléchir et lui disait d'avoir pitié de sa jeunesse ; mais il attira
sur lui la bête en lui faisant violence, voulant être plus vite délivré de cette
vie injuste et inique. 2. Alors toute la foule, étonnée devant le courage de la
sainte et pieuse race des chrétiens, s'écria : " A bas les athées ; faites venir
Polycarpe. "
IV. Mais l'un d'entre eux, nommé
Quintus, un Phrygien récemment arrivé de Phrygie, fut pris de peur à la vue des
bêtes. C'est lui qui avait entraîné quelques frères à se présenter spontanément
avec lui devant le juge. Le proconsul, par ses prières instantes, réussit à le
persuader de jurer et de sacrifier. C'est pourquoi, frères, nous ne louons pas
ceux qui se présentent d'eux-mêmes, puisque ce n'est pas l'enseignement de
l'Évangile.
V, 1. Quant à l'admirable
Polycarpe, tout d'abord il ne se troubla pas à ces nouvelles, mais il voulait
rester en ville ; mais la plupart cherchaient à le persuader de s'éloigner
secrètement. Il se retira donc dans une petite propriété située non loin de la
ville, avec un petit nombre < de compagnons> ; nuit et jour il ne faisait que
prier pour tous les hommes et pour les Églises du monte entier, comme c'était
son habitude. 2. Et étant en prière, il eut une vision, trois jours avant d'être
arrêté : il vit son oreiller entièrement brûlé par le feu ; et se tournant vers
ses compagnons il leur dit : " Je dois être brûlé vif. "
VI, 1. Comme on continuait à le
chercher, il passa dans une autre propriété, et aussitôt arrivèrent ceux qui le
cherchaient. Ne le trouvant pas, ils arrêtèrent deux petits esclaves, et l'un
d'eux, mis à la torture, avoua. 2. Il lui était donc impossible d'échapper,
puisque ceux qui le livraient étaient dans sa maison ; et l'irénarque, qui avait
reçu le même nom qu'Hérode, était pressé de le conduire au stade ; ainsi lui, il
accomplirait sa destinée, en entrant en communion avec le Christ, tandis que
ceux qui l'avaient livré recevraient le châtiment de Judas lui-même.
VII, 1. Prenant avec eux
l'esclave,--c'était un vendredi vers l'heure tu souper--, les policiers et les
cavaliers, armés comme à l'ordinaire, partirent comme pour courir " après un
bandit " (cf. Mt 26, 55). Et tard, dans la soirée, survenant tous ensemble, ils
le trouvèrent couché dans une petite chambre à l'étage supérieur. Il pouvait
encore s'en aller dans une autre propriété, mais il ne le voulut pas et dit :
" Que la volonté de Dieu soit faite. " 2. Apprenant donc que les agents étaient
là, il descendit et causa avec eux ; ils s'étonnaient de son âge et de son
calme, et de toute la peine qu'on prenait pour arrêter un homme aussi âgé.
Aussitôt, à l'heure qu'il était, il leur fit servir à manger et à boire autant
qu'ils voulaient ; il leur demanda < seulement > de lui donner une heure pour
prier à son gré. 3. Ils le lui accordèrent, et debout, il se mit à prier, rempli
de la grâce de Dieu au point que deux heures durant il ne put s'arrêter de
parler, et que ceux qui l'entendaient en étaient étonnés et que beaucoup se
repentirent d'être venus arrêter un si saint vieillard.
VIII, 1. Quant enfin, il cessa sa
prière, dans laquelle il avait rappelé tous ceux qu'il avait jamais rencontrés,
petits et grands, illustres ou obscurs, et toute l'Église catholique répandue
par toute la terre, l'heure étant venue de partir, on le fit monter sur un âne,
et on l'emmena vers la ville ; c'était jour de grand sabbat. 2. L'irénarque
Hérode et son père Nicétès vinrent au-devant de lui, et le firent monter dans
leur voiture ; assis à côté de lui, ils essayaient de le persuader en disant :
" Quel mal y a-t-il à dire : César est Seigneur, à sacrifier, et tout le reste,
pour sauver sa vie ? " Lui, d'abord, ne répondit pas, et, comme ils insistaient,
il dit : " Je ne ferai pas ce que vous me conseillez. " 3. Alors, ne réussissant
pas à le persuader, ils lui dirent toutes sortes d'injures, et il le firent
descendre de la voiture si précipitamment qu'il se déchira le devant de la
jambe. Sans se retourner, et comme si rien ne lui était arrivé, il marchait
allègrement ; il allait vers le stade, et il y avait un tel tumulte dans le
stade que personne ne pouvait s'y faire entendre.
IX, 1. Quand Polycarpe entra dans
le stade, une voix du ciel se fit entendre : " Courage, Polycarpe, et sois un
homme. " Personne ne vit celui qui parlait, mais la voix, ceux des nôtres qui
étaient là l'entendirent.
Enfin, on le fit entrer, et le tumulte fut grand quant le public apprit que
Polycarpe était arrêté. 2. Le proconsul se le fit amener et lui demanda si
c'était lui Polycarpe. Il répondit que oui, et le proconsul cherchait à le faire
renier en lui disant : " Respecte ton grand âge " et tout le reste qu'on a
coutume de dire en pareil cas ; " Jure par la fortune de César, change d'avis,
dis : A bas les athées. " Mais Polycarpe regarda d'un oeil sévère toute cette
foule de païens impies dans le stade, et fit un geste de la main contre elle,
puis soupirant et levant les yeux, il dit : " A bas les athées. " 3. Le
proconsul insistait et disait : " Jure, et je te laisse aller, maudis le
Christ " ; Polycarpe répondit : " Il y a quatre-vingt six ans que je le sers, et
il ne m'a fait aucun mal ; comment pourrais-je blasphémer mon roi qui m'a
sauvé ? "
X, 1. Et comme il insistait encore et disait : " Jure par la fortune de César ",
Polycarpe répondit : " Si tu t'imagines que je vais jurer par la fortune de
César, comme tu dis, et si tu fais semblant de ne pas savoir qui je suis, écoute
<je te le dis> franchement : Je suis chrétien. Et si tu veux apprendre de moi la
doctrine du christianismel8, donne-moi un jour, et écoute-moi. " 2. Le proconsul
répondit : " Persuade cela au peuple. " Polycarpe reprit : " Avec toi, je veux
bien discuter ; nous avons appris en effet à donner aux autorités et aux
puissances établies par Dieu le respect convenable, si cela ne nous fait pas
tort. Mais ceux-là, je ne les estime pas si dignes que je me défende devant
eux. "
XI, 1. Le proconsul dit : " J'ai
des bêtes, et je te livrerai à elles si tu ne changes pas d'avis. " Il dit :
" Appelle-les, il est impossible pour nous de changer d'avis pour passer du
mieux au pire, mais il est bon de changer pour passer du mal à la justice. " 2.
Le proconsul lui répondit : Je te ferai brûler par le feu puisque tu méprises
les bêtes, si tu ne changes pas d'avis. " Polycarpe lui dit : " Tu me menaces
d'un feu qui brûle un moment et peu de temps après s'éteint ; car tu ignores le
feu du jugement à venir et du supplice éternel réservé aux impies. Mais pourquoi
tarder ? Va, fais ce que tu veux. "
XII, 1. Voilà ce qu'il disait et
beaucoup d'autres choses encore ; il était tout plein de force et de joie et son
visage se remplissait de grâce. Non seulement il n'avait pas été abattu ni
troublé par tout ce qu'on lui disait, mais c'était au contraire le proconsul qui
était stupéfait ; il envoya son héraut au milieu du stade proclamer trois fois :
" Polycarpe s'est déclaré chrétien. " 2. A ces paroles du héraut, toute la foule
des païens et des Juifs, établis à Smyrne, avec un déchaînement de colère, se
mit à pousser de grands cris : " Voilà le docteur de l'Asie, le père des
chrétiens, le destructeur de nos dieux ; c'est lui qui enseigne tant de gens à
ne pas sacrifier et à ne pas adorer. " En disant cela, ils poussaient des cris
et demandaient à l'asiarque Philippe de lâcher un lion sur Polycarpe. Celui-ci
répondit qu'il n'en avait pas le droit, puisque les combats de bêtes étaient
terminés. 3. Alors il leur vint à l'esprit de crier tous ensemble : " Que
Polycarpe soit brûlé vif ! " Il fallait que s'accomplît la vision qui lui avait
été montrée : pendant sa prière, voyant son oreiller en feu, il avait dit d'un
ton prophétique aux fidèles qui étaient avec lui : " Je dois être brûlé vif "
(V, 2).
XIII, 1. Alors les choses allèrent
très vite, en moins de temps qu'il n'en fallait pour les dire : sur-le-champ la
foule alla ramasser dans les ateliers et dans les bains du bois et des
fagots,--les Juifs surtout y mettaient de l'ardeur, selon leur habitude. 2.
Quand le bûcher fut prêt, il déposa lui-même tous ses vêtements et détacha sa
ceinture, puis il voulut se déchausser lui-même : il ne le faisait pas
auparavant, parce que toujours les fidèles s'empressaient à qui le premier
toucherait son corps : même avant son martyre, il était toujours entouré de
respect à cause de la sainteté de sa vie. 3. Aussitôt donc, on plaça autour de
lui les matériaux préparés pour le bûcher ; comme on allait l'y clouer, il dit :
" Laissez-moi ainsi : celui qui me donne la force de supporter le feu, me
donnera aussi, même sans la protection de vos clous, de rester immobile sur le
bûcher. "
XIV, 1. On ne le cloua donc pas,
mais on l'attacha. Les mains derrière le dos et attaché, il paraissait comme un
bélier de choix pris d'un grand troupeau pour le sacrifice, un holocauste
agréable préparé pour Dieu.
Levant les yeux au ciel, il dit : " Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de ton
enfant bien-aimé, Jésus-Christ, par qui nous avons reçu la connaissance de ton
nom, Dieu des anges, des puissances, de toute la création, et de toute la race
des justes qui vivent en ta présence, 2. je te bénis pour m'avoir jugé digne de
ce jour et de cette heure, de prendre part au nombre de tes martyrs, au calice
de ton Christ, pour la résurrection de la vie éternelle de l'âme et du corps,
dans l'incorruptibilité de l'Esprit-Saint. Avec eux, puissé-je être admis
aujourd'hui en ta présence comme un sacrifice gras et agréable, comme tu l'avais
préparé et manifesté d'avance, comme tu l'as réalisé, Dieu sans mensonge et
véritable. 3. Et c'est pourquoi pour toutes choses je te loue, je te bénis, je
te glorifie, par le grand prêtre éternel et céleste Jésus-Christ, ton enfant
bien-aimé, par qui soit la gloire à toi avec lui et l'Esprit-Saint maintenant et
dans les siècles à venir.
XV, 1. Quand il eut fait monter cet
Amen et achevé sa prière, les hommes du feu allumèrent le feu. Une grande
flamme brilla, et nous vîmes une merveille, nous à qui il fut donné de le voir,
et qui avions été gardés pour annoncer aux autres ces événements. 2. Le feu
présenta la forme d'une voûte, comme la voile d'un vaisseau gonflée par le vent,
qui entourait comme d'un rempart le corps du martyr ; il était au milieu, non
comme une chair qui brûle, mais comme un pain qui cuit, ou comme de l'or ou de
l'argent brillant dans la fournaise. Et nous sentions un parfum pareil à une
bouffée d'encens ou à quelque autre précieux aromate.
XVI, 1. A la fin, voyant que le feu
ne pouvait consumer son corps, les impies ordonnèrent au confector
d'aller le percer de son poignard. Quand il le fit, jaillit une quantité de sang
qui éteignit le feu, et toute la foule s'étonna de voir une telle différence
entre les incroyants et les élus. 2. Parmi ceux-ci fut l'admirable martyr de
Polycarpe qui fut, en nos jours, un maître apostolique et prophétique, l'évêque
de l'Église catholique de Smyrne ; toute parole qui est sortie de sa bouche
s'est accomplie ou s'accomplira.
XVII, 1. Mais l'envieux, le jaloux,
le mauvais, l'adversaire de la race des justes, voyant la grandeur de son
témoignage et sa vie irréprochable dès le début, le voyant couronné de la
couronne d'immortalité, et emportant une récompense incontestée, essaya de nous
empêcher d'enlever son corps, bien que beaucoup d'entre nous voulussent le faire
pour posséder sa sainte chair. 2. Il suggéra donc à Nicétès, le père d'Hérode,
le frère d'Akè, d'aller trouver le magistrat pour qu'il ne nous livre pas le
corps : " Pour qu'ils n'aillent pas, dit-il, abandonner le crucifié et se mettre
à rendre un culte à celui-ci. " Il disait cela à la suggestion insistante des
Juifs, qui nous avaient surveillés quand nous voulions retirer le corps du feu.
Ils ignoraient que nous ne pourrons jamais ni abandonner le Christ qui a
souffert pour le salut de tous ceux qui sont sauvés dans le monde, lui
l'innocent pour les pécheurs,--ni rendre un culte à un autre. 3. Car lui, nous
l'adorons, parce qu'il est le fils de Dieu; quant aux martyrs, nous les aimons
comme disciples et imitateurs du Seigneur, et c'est juste, à cause de leur
dévotion incomparable envers leur roi et maître ; puissions-nous, nous aussi,
être leurs compagnons et leurs condisciples.
XVIII, 1. Le centurion, voyant la
querelle suscitée par les Juifs, exposa le corps au milieu et le fit brûler
comme c'était l'usage. 2. Ainsi, nous pûmes plus tard recueillir ses ossements
plus précieux que des pierres de grand prix et plus précieux que l'or, pour les
déposer en un lieu convenable. 3. C'est là, autant que possible que le Seigneur
nous donnera de nous réunir dans l'allégresse et la joie, pour célébrer
l'anniversaire de son martyre, de sa naissance, en mémoire de ceux qui ont
combattu avant nous, et pour exercer et préparer ceux qui doivent combattre à
l'avenir.
XIX, 1. Telle fut l'histoire du
bienheureux Polycarpe, qui fut, avec les frères de Philadelphie, le douzième à
souffrir le martyre à Smyrne ; mais de lui seul on garde le souvenir plus que
des autres, au point que partout les païens eux-mêmes parlent de lui. Il fut non
seulement un docteur célèbre, mais aussi un martyr éminent, dont tous désirent
imiter le martyre conforme à l'Évangile du Christ. 2. Par sa patience, il a
triomphé du magistrat inique, et ainsi il a remporté la couronne de
l'immortalité ; avec les Apôtres et tous les justes, dans l'allégresse, il
glorifie Dieu, le Père tout-puissant, et bénit notre Seigneur Jésus-Christ, le
sauveur de nos âmes et le pilote de nos corps, le berger de l'Église universelle
par toute la terre.
XX, 1. Vous aviez désiré être
informés avec plus de détail sur ces événements ; pour l'instant, nous vous en
avons donné un récit sommaire par notre frère Marcion. Quand vous aurez pris
connaissance de cette lettre, transmettez-la aux frères qui sont plus loin pour
qu'eux aussi glorifient le Seigneur qui fait son choix parmi ses serviteurs.
2. A celui qui, par sa grâce et par son don, peut nous introduire tous dans son
royaume éternel par son fils unique Jésus-Christ, à lui la gloire, l'honneur, la
puissance, la grandeur dans les siècles (cf. 1 Tm 6, 16 ; 1 P. 4, 11 ; Jude 25 ;
Ap 1,16; 5,13 ; etc.).
Saluez tous les saints (cf. Rm 16, 15; Hé 13, 24; etc.)
Ceux qui sont avec nous vous saluent, et aussi Erariste qui a écrit cette
lettre, avec toute sa famille.
XXI. Le bienheureux Polycarpe a
rendu témoignage au début du mois de Xanthique, le deuxième jour, le septième
jour avant les calendes de mars, un jour de grand sabbat, à la huitième heure.
Il avait été arrêté par Hérode, sous le pontificat de Philippe de Tralles, et le
proconsulat de Statius Quadratus, mais sous le règne éternel de notre Seigneur
Jésus-Christ ; à lui soit la gloire, l'honneur, la grandeur, le trône éternel de
génération en génération. Amen.
Appendice. XXII, 1. Nous
vous souhaitons bonne santé, frères, marchez selon l'Évangile, dans la parole de
Jésus-Christ ; avec lui, gloire à Dieu le Père et au Saint-Esprit, pour le salut
des saints élus. C'est ainsi que témoigna le bienheureux Polycarpe ;
puissions-nous marcher sur ses traces, et être trouvés avec lui dans le royaume
de Dieu.
2. Gaïus a transcrit cette lettre sur le manuscrit d'Irénée, disciple de
Polycarpe ; Gaïus a vécu avec Irénée. Et moi, Socrate, je l'ai copiée d'après la
copie de Gaïus. La grâce soit avec tous.
3. Et moi, à mon tour, Pionius, je l'ai copiée sur l'exemplaire ci-dessus ; je
l'ai recherché, après que le bienheureux Polycarpe me l'eût montré dans une
révélation, comme je le raconterai par la suite. J'ai rassemblé les fragments
presque détruits par le temps ; que le Seigneur Jésus-Christ me rassemble aussi
avec ses élus dans le royaume du ciel ; à lui la gloire avec le Père et le
Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Amen.
Appendice du manuscrit de
Moscou. 1. Gaïus a copié ceci dans les écrits d'Irénée ; il avait vécu avec
Irénée, qui fut disciple de saint Polycarpe. 2. Cet Irénée, qui était à Rome à
l'époque du martyre de l'évêque Polycarpe, instruisit beaucoup de personnes. On
a de lui beaucoup d'écrits très beaux et très orthodoxes ; il y fait mention de
Polycarpe, disant qu'il avait été son disciple ; il réfuta vigoureusement toutes
les hérésies et nous transmet la règle ecclésiastique et catholique, telle qu'il
l'avait reçue du saint. 3. Il dit aussi ceci : Marcion, d'où viennent ceux qu'on
appelle les marcionites, ayant un jour rencontré saint Polycarpe, lui dit :
" Reconnais-nous, Polycarpe. " Mais lui dit à Marcion : " Je reconnais, je
reconnais le premier-né de Satan. " 4. On lit aussi ceci dans les écrits
d'Irénée : Au jour et à l'heure où Polycarpe souffrit le martyre à Smyrne,
Irénée se trouvant à Rome entendit une voix pareille à une trompette qui disait
: Polycarpe a été martyrisé.
5. Comme on l'a dit, c'est donc dans les écrits d'Irénée que Gaïus a copié ceci,
et Isocrate à Corinthe l'a transcrit sur la copie de Gaïus. Et moi, Pionius, à
mon tour je l'ai copié sur l'exemplaire d'Isocrate, que j'avais recherché
d'après une révélation de saint Polycarpe. J'en ai rassemblé les fragments
presque détruits par le temps. Que le Seigneur Jésus-Christ me rassemble aussi
avec ses élus dans la gloire du ciel ; à lui la gloire avec le Père et le
Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Amen.
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