6-1-Les premières intuitions
6-1-1-Première révélation
Bientôt le Seigneur va révéler sa
Sainte Face. Écoutons Sœur Marie de Saint-Pierre: "Ce bon Maître m’a fait
entendre que sa divine volonté était toujours que je m’employasse à l’exercice
de la réparation des blasphèmes, malgré les efforts du démon, qui voulait m’en
empêcher en remplissant mon âme de peines et de répugnances lorsque je voulais
m’y appliquer, parce qu’il voudrait anéantir cette œuvre si c’était en son
pouvoir.
Alors Notre-Seigneur a
transporté mon esprit sur la route du Calvaire, et m’a vivement représenté le
pieux office que Lui rendit Véronique qui, de son voile, essuya la très
Sainte-Face qui était alors couverte de crachats, de poussière, de sueur et de
sang. Ensuite, ce divin Sauveur m’a fait entendre que les impies renouvelaient
actuellement, par leurs blasphèmes, les outrages faits à sa Sainte-Face; j’ai
compris que tous ces blasphèmes que ces impies lançaient contre la Divinité,
contre Dieu qu’ils ne peuvent atteindre, retombent comme les crachats des Juifs
sur la Sainte-Face de Notre-Seigneur qui s’est fait la victime des pécheurs.
Alors, notre divin Sauveur m’a
fait entendre qu’il fallait que j’imite le courage de sainte Véronique qu’Il me
donnait comme protectrice et pour modèle: elle qui traversa courageusement la
foule de ses ennemis.
6-1-2-La Sainte Face sauvera le monde
Dans sa
lettre du 22 novembre 1846, Sœur Marie de Saint-Pierre va encore plus loin:
"J’ai reçu, malgré mon indignité, une nouvelle communication sur la
Sainte-Face de Notre-Seigneur. Voici en substance ce que notre divin Sauveur m’a
fait entendre:
– Ma fille, je vous prends
aujourd’hui pour mon économe. Je remets de nouveau entre vos mains ma
Sainte-Face, afin que vous l’offriez sans cesse à mon Père pour le salut de la
France. faites valoir ce divin talent. Vous avez en lui de quoi faire toutes les
affaires de ma maison. Vous obtiendrez par cette Sainte-Face le salut de
beaucoup de pécheurs. Par cette offrande, rien ne vous sera refusé. Si vous
saviez combien la vue de ma Face est agréable à mon Père!
Notre-Seigneur m’a donné
ensuite quelques lumières pour l’avenir de la France, qui me portent à redoubler
de zèle pour notre Patrie; et je me sers du moyen que Notre-Seigneur m’a fait
connaître. J’offre sans cesse au Père éternel la Face adorable de notre divin
Sauveur, pour le salut de la France et pour obtenir par elle l’établissement de
l’Œuvre de la Réparation. Mais je m’occupe de tout cela en paix, suivant
l’impression de la grâce."
6-1-3-La Sainte Face et
l'Eucharistie. Les plaintes de Jésus
Dans sa lettre du 21 janvier 1847,
Sœur Marie de Saint-Pierre rapporte les plaintes de Jésus: "Ce tendre et bon
Sauveur m’a fait entendre des plaintes sur son amour méconnu dans le très
Saint-Sacrement de l’Autel, par le manque de foi des chrétiens; et Il a
heureusement lié mon cœur et mon esprit à ses pieds afin que je Lui tienne
compagnie dans cet abandon, en adorant continuellement sa très Sainte-Face,
cachée sous le voile de l’Eucharistie. Oui, c’est par cet auguste Sacrement que
Jésus, notre Sauveur, veut communiquer aux âmes la vertu de sa très Sainte-Face,
qui est alors plus éclatante que le soleil au Saint-Sacrement de l’Autel.
Il m’a promis de nouveau
d’imprimer dans les âmes de ceux qui l’honoreraient les traits de sa divine
ressemblance; et Notre-Seigneur m’a fait savoir, d’une manière aussi simple que
juste, par une comparaison, que les impies par leurs blasphèmes, attaquaient son
adorable Face, et que les âmes fidèles la glorifiaient par les louanges qu’elles
rendaient à son Nom et à sa personne. Le mérite est dans les personnes, mais la
gloire qui les accompagne est dans leurs noms. Il la fait éclater lorsqu’on les
prononce. Le mérite ou démérite d’une personne passe en son nom. Le très saint
nom de Dieu exprime la divinité et renferme en lui toutes les perfections du
Créateur. Il s’ensuit de là que les blasphémateurs de ce Nom sacré attaquent
Dieu Lui-même.
Maintenant, rappelons-nous ces
paroles de Jésus: 'Je suis en mon Père et mon Père est en moi'.
Jésus s’est rendu passible par
l’Incarnation et c’est Lui qui a souffert en sa Face adorable les outrages faits
au Nom de Dieu son Père par les blasphémateurs. Notre-Seigneur m’a fait voir
qu’il y avait quelque chose de mystérieux sur la face d’un homme d’honneur
méprisé. Oui, je vois que son nom et sa face ont une liaison particulière. Voyez
un homme distingué par son nom et son mérite, en présence de ses ennemis.
Ceux-ci ne portent pas la main sur lui, mais ils l’accablent d’injures, ils
ajoutent à son nom d’amères dérisions au lieu des titres d’honneur qui lui sont
dus.
Remarquez alors ce qui se passe
sur la face de cet homme injurié. Ne diriez-vous pas que toutes les paroles
outrageantes qui sortent de la bouche de ses ennemis viennent se reporter sur sa
face et lui font souffrir un véritable tourment? On voit cette figure se couvrir
de rougeur, de honte et de confusion. L’opprobre et l’ignominie qu’elle souffre
lui sont plus cruels à supporter que les tourments réels dans les autres parties
du corps. Eh bien! voilà un faible portrait de la Face adorable de
Notre-Seigneur outragée par les blasphèmes des impies!
Représentons-nous ce même homme en
présence de ses amis qui, ayant appris les insultes qu’il a reçues de ses
ennemis, s’empressent de la consoler, de le traiter selon sa dignité, font
hommage à la grandeur de son nom en le qualifiant de tous ses titres d’honneur.
Ne voyez-vous pas alors la face de cet homme ressentir la douceur de ces
hommages, de ces louanges? La gloire se repose sur le front et, rejaillissant
sur tout le visage, le rend tout resplendissant. La joie brille dans ses yeux,
le sourire sur ses lèvres; en un mot, ses fidèles amis ont guéri les douleurs
cuisantes de cette face outragée par ses ennemis: la gloire passe l’opprobre.
Voilà ce que font les amis de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour l’œuvre
réparatrice.
La gloire qu’ils rendent à son Nom
se repose sur son auguste front et réjouit sa très Sainte-Face. Mais il faut
l’honorer d’une manière toute spéciale au très Saint-Sacrement de l’Autel."
6-2-Le Seigneur va donner une preuve
Les sœurs, obligées de déménager
n'avaient pas encore trouvé le terrain dont elles avaient besoin. Sœur Marie de
Saint-Pierre alla trouver sa supérieure qui lui dit :
– Si Notre-Seigneur désire que
nous essuyons sa Face, et s’il est disposé à nous accorder une grâce par le
service que lui a rendu la pieuse Véronique, la grâce que je vous ordonne de lui
demander, c’est qu’il ait la bonté de vouloir bien voiler notre face, à nous qui
serons exposés aux yeux des séculiers, si la portion de terre qui avoisine notre
jardin est vendue à des étrangers; ainsi priez-le de vouloir bien la donner à
ses épouses; s’il vous accorde cette grâce, vos supérieurs auront une preuve
sensible de l’esprit qui vous conduit.
Curieusement, quelques mois
après, cette affaire qui paraissait désespérée, se renoua. Le propriétaire, que
rien auparavant n’avait pu fléchir, vint de lui-même offrir son terrain à des
conditions dont les Supérieurs furent satisfaits, et quelques jours après avoir
signé l’acte de vente, il mourut subitement. Cette grâce a rempli la sœur de
crainte, car elle la regarda comme le signe sensible de la grâce qu'elle avait
reçue de Notre-Seigneur dans le don de sa Sainte-Face.
6-3-Liens entre la sainte Face et la Réparation
6-3-1-Il faut prier la
louange de la Flèche d'Or
"Ensuite, continue la
sœur, j’ai compris que Notre-Seigneur me disait qu’en s’appliquant à
l’exercice de la réparation des blasphèmes, on Lui rendait le même service que
Lui rendit la pieuse Véronique, et qu’Il regardait celles qui le Lui rendaient,
avec les yeux d’une même complaisance dont Il regarda cette sainte femme lors de
sa Passion: et je voyais que Notre-Seigneur avait beaucoup d’amour pour elle.
C’est pourquoi Il me dit qu’Il désirait qu’elle soit honorée particulièrement
dans la Communauté, me disant de Lui demander telle grâce que nous voudrions,
par le service que Lui rendit la pieuse Véronique, et qu’Il promettait de
l’accorder.
Il me semblait aussi que
Notre-Seigneur me disait de prier notre Révérende Mère de faire part de cela aux
Sœurs qui, dans ces jours, faisaient une dévotion de réparation en disant en
l’honneur de la vie de Notre-Seigneur un certain nombre de fois la louange au
saint Nom de Dieu dite “Flèche d’Or”. Notre-Seigneur me fit comprendre
qu’Il avait pour agréable cette dévotion, faisant voir qu’Il s’était servi de
moi comme d’un vil instrument pour introduire cette dévotion dans la Communauté,
qui étant pratiquée par de bonnes âmes, Lui rendait service..."
6-3-2-La Sainte Face
continue à se révéler
La révélation concernant la
Sainte Face se poursuit. Sœur Marie de Saint-Pierre écrit, toujours le 11
octobre 1845: "... Ce matin, en arrivant à l’oraison, Notre-Seigneur s’est
emparé des puissances de mon âme. Il m’a fait entrer dans son divin Cœur et Il
m’a fait voir et entendre des choses admirables en me faisant connaître ses
admirables desseins sur l’Œuvre de la Réparation...
C’est ici, ma Révérende Mère,
que j’ai grand besoin que l’Esprit Saint conduise ma plume, car je ne sais
comment écrire ce que j’ai vu et entendu. Voici donc à peu près ce que je crois
que Notre-Seigneur m’a communiqué:
Notre divin Sauveur, ayant
recueilli les puissances de mon âme dans son divin Cœur, Il m’a fortement
appliquée à la contemplation de sa Face adorable et Il m’a fait connaître par la
lumière de ses divins rayons que cette Face auguste et Sainte, offerte à nos
adorations, était le miroir ineffable des perfections divines qui sont
renfermées, exprimées, contenues dans le très Saint nom de Dieu.
D’après cette vue
intellectuelle que Dieu m’a donnée, mais qu’il m’est impossible d’exprimer si ce
n’est par ces paroles de l’Apôtre saint Paul, que j’ai lues depuis peu et qui
m’ont vivement touchées parce que j’ai reconnu en ces paroles ce que j’avais vu
et entendu en cette lumière : 'Dieu est le chef de son Christ'.
Et j’ai compris par cette
communication que, comme le Sacré-Cœur de Jésus est l’objet sensible offert à
nos adorations pour représenter son amour immense au très Saint-Sacrement de
l’Autel, de même aussi, la Face adorable de Notre-Seigneur est l’objet sensible
offert à l’adoration des associés de l’Œuvre de la Réparation, pour honorer et
vénérer avec un profond respect, cette Sainte-Face couverte d’opprobres par les
blasphémateurs qui attaquent la divinité dont elle est la figure, le miroir et
l’expression; et par la vertu de cette Sainte-Face, offerte au Père éternel, on
peut apaiser sa colère et obtenir la conversion des impies et des
blasphémateurs. Cette dévotion n’est pas contraire à l’Œuvre; elle ne peut que
lui être avantageuse."
6-3-3-Quand on salie l'Église, c'est Jésus que
l'on souille
Notre-Seigneur m’a donné aussi
une autre lumière en me faisant voir que l’Église est son corps mystique et que
la religion était la face de ce corps. Alors, Il m’a fait voir cette face en
butte à tous les ennemis de son Saint Nom; et je voyais que tous les
blasphémateurs et les sectaires renouvelaient à la Sainte-Face de Notre-Seigneur
tous les opprobres de sa Passion. Je voyais à la faveur de cette divine lumière,
que les impies qui profèrent de mauvaises paroles et blasphèment le Saint Nom de
Dieu crachent à la Face de Notre-Seigneur et la couvraient de boue, et que tous
les coups que les sectaires donnaient à la Sainte Église, à la religion, étaient
le renouvellement de nombreux soufflets que la Face de Notre-Seigneur avait
reçus et qu’ils faisaient sur cette Face divine, en s’efforçant d’anéantir les
divins travaux!
En suite de cette vue,
Notre-Seigneur m’a dit:
– Je cherche des 'Véronique'
pour essuyer et adorer ma divine Face qui a peu d’adorateurs.
Et il m’a fait entendre de
nouveau que tous ceux qui s’appliqueraient à cette Œuvre de la Réparation
feraient en cela l’office de la pieuse Véronique.
6-3-4-Les actes officiels
Le 19 septembre 1846
avait lieu l'apparition de la Vierge Marie à La Salette. Incontestablement il y
avait un lien entre l'Œuvre de la Réparation et les paroles de Marie. Alors les
responsables vont s'agiter un peu... Une notice, destinée aux carmels et à
quelques initiés, fut composée par M. Alleron, le supérieur du carmel,
et soumise à l'évêque, sous le titre: "Abrégé des faits concernant
l'établissement de l'Œuvre pour la Réparation." Ce document ne fut pas
imprimé, mais copié à la main en une cinquantaine d'exemplaires. Par contre le
petit livre de l'abbé Salmon, l'aumônier du carmel : "L'Asssociation contre
le blasphème", fut imprimé.
Par ailleurs, le 30 juillet 1847,
l'évêque de Langres érigeait une "Confrérie réparatrice du blasphème et de la
profanation du dimanche". Un bref de Pie IX fut accordé: la confrérie
devenait archiconfrérie, avec des indulgences spéciales. Pie IX s'inscrivit dans
cette archiconfrérie.
Mais qui couvrira les frais? Sœur
Marie de Saint-Pierre raconte: "Tandis que je cherchais les moyens de
couvrir les frais de ces dépenses, Notre-Seigneur m’ordonna de m’adresser à son
serviteur, Monsieur Dupont, et de lui dire que l’Enfant-Jésus lui demandait
cette œuvre de charité comme la dîme des biens qu’il lui avait donnés, et que
cette œuvre lui serait fort agréable. Je dis alors à ce divin Sauveur:
– Si vous vouliez me promettre
quelque bien pour lui, ou du moins quelque grâce pour sa famille.
Notre-Seigneur me répondit :
– Son amour est assez grand
pour me rendre ce service sans qu’il soit besoin qu’on lui promette des grâces
afin de l’y engager, et, pour cet amour désintéressé, je le récompenserai plus
magnifiquement dans le ciel; quant à vous, faites cette commission comme étant
ma petite domestique; ne craignez point de demander pour moi, et vous aurez le
même mérite que si vous faisiez l’œuvre."
6-3-5-L'Œuvre de la Réparation piétinerait-elle
encore?
Jésus se manifeste de nouveau à
notre petite sœur: "Mais voilà que la voix de Notre-Seigneur s’est fait
entendre. Il m’a rappelée, me faisant entendre qu’Il me donnait de nouveau
mission pour l’Œuvre de la Réparation des blasphèmes. Voilà trois fois qu’Il m’y
invite. Il y a quelque temps qu’Il m’assura que cette œuvre s’établirait. Cela a
mis dans mon âme une si grande confiance que, si je voyais la terre et l’enfer
traverser cette œuvre, je ne laisserais pas d’espérer dans Celui dont le bras
est tout puissant. D’ailleurs, Notre-Seigneur m’a dit qu’Il permettait au démon
de traverser ses œuvres pour éprouver la confiance de ses serviteurs.
Aujourd’hui, Notre-Seigneur m’a dit:
– Réjouissez-vous ma fille,
l’heure approche de la naissance de la plus belle œuvre qui soit sous le soleil.
Offrez mon Cœur à mon Père pour l’obtenir.
Voilà plusieurs fois que
Notre-Seigneur me presse de prier avec ardeur pour cela; et comme je pensais aux
obstacles qui se présentaient:
– C’est le brouillard d’un
beau jour qui tombe.
Et Il m’a dit de m’abandonner
de nouveau entre ses mains pour souffrir intérieurement et extérieurement tout
ce qu’Il voudrait pour l’accomplissement de ses desseins en cette œuvre. Et Il
m’a fait remarquer combien je n’étais qu’un faible instrument entre ses mains,
qu’Il maniait à son gré. Ce qui est bien vrai, car voilà plusieurs mois que je
ne m’occupais pas de l’Œuvre de la Réparation, non par indifférence, mais c’est
que Notre-Seigneur m’occupait à d’autres choses. Je ne peux travailler à cette
œuvre que par une grâce spéciale de Notre-Seigneur quand Il veut et comme Il
veut.
Maintenant, je sens que j’ai
reçu cette grâce en mon âme; c’est pourquoi, avec la conduite de Notre-Seigneur
qui va me diriger, je ne ferai rien que par son propre esprit.
6-3-6-En résumé
Le 8 mars 1847, Sœur Marie de
Saint-Pierre rédigeait le résumé suivant: "Cette Œuvre a deux buts: la
réparation des blasphèmes et la réparation du saint jour du dimanche... La
dévotion à la Sainte face en est le plus précieux ornement puisque N.S. a fait
présent de sa très Sainte Face à l'Œuvre pour être l'objet de la dévotion de ses
associés, afin que cette Face adorable qui est en quelqque sorte de nouveau
méprisée et outragée par les blasphèmes des pécheurs soit honorée et révérée
avec un très profond respect par un culte spécial...
Ainsi les associés deviendront
puissants auprès de Dieu, car, "quand le Père éternel regarde la Face de son
Fils bien-aimé, qui a été meurtrie et couverte d'ignominie, quand il regard ce
Chef sacré qui a été couronné d'épines, emblème des péchés des hommes qu'il a
pris sur sa tête afin de sauver ses membres, cette vue émeut les entrailles de
sa miséricorde."
Dans la déclaration globale
de 1847, que Sœur Marie de Saint-Pierre rédige, à la demande de ses supérieurs,
elle écrit, entre autres: "Cette œuvre, comme on le voit dans ces deux
relations, a deux buts: la réparation des blasphèmes et la réparation du saint
jour du dimanche profané par les travaux. En conséquence, elle embrasse la
réparation des outrages faits à Dieu et la sanctification de son saint Nom.
Maintenant on demandera peut-être si la dévotion à la Sainte-Face doit être unie
à l’Œuvre? Oui, elle en fait la richesse et le plus précieux ornement, puisque
Notre-Seigneur a fait présent de sa très Sainte-Face à l’Œuvre, pour être
l’objet de la dévotion de ses associés, afin que cette Face adorable qui est en
quelque sorte de nouveau méprisée et outragée — comme Il s’en plaint
Lui-même — par les blasphèmes des pécheurs, qu’elle soit, dis-je, honorée et
révérée avec un très profond respect par un culte spéciale.
En second lieu, Notre-Seigneur
fait don de sa très Sainte-Face à l’Œuvre afin que les associés deviennent tout
puissants auprès de Dieu par l’offrande qu’ils doivent Lui faire de cette Face
auguste et sacrée, dont la présence Lui est si agréable qu’elle apaise
infailliblement sa colère et attire sur les pauvres pécheurs sa miséricorde
infinie. Oui, quand le Père éternel regarde la Face de son Fils bien-aimé, qui a
été meurtrie par les soufflets et couverte d’ignominie, quand Il regarde ce chef
sacré qui a été couronné d’épines, emblème des péchés des hommes qu’Il a pris
sur sa tête afin de sauver ses membres (comme il le dit un jour), cette vue,
dis-je, émeut les entrailles de sa miséricorde.
"Avant la communion, une
lumière intérieure m’avait fait comprendre que l’Église est la Face du corps
mystique de Jésus-Christ et qu’elle est maintenant couverte de plaies par les
impies!... Alors une inspiration me fit offrir à Notre-Seigneur le lait virginal
de sa sainte Mère comme une précieuse et suave liqueur pour adoucir les plaies
de sa très Sainte-Face: mon âme éprouvait une grande joie en faisant cet
exercice de simplicité et d’amour. Et le Seigneur dit:
– Je vous ai appliqué la vertu
de ma face pour rétablir en vous l’image de Dieu. Ceux qui contempleront les
plaies de ma Face sur la terre, la contempleront un jour, rayonnante de gloire
dans le ciel ! (Lettre du 30 mars 1848)
REMARQUES : "Une
lumière intérieure me fait connaître que d’autres châtiments nous sont préparés:
ce ne sont plus les éléments
qui seront cette fois les instruments de la colère de
Dieu, mais la malice des hommes révoltés..." Tours n’avait été sauvé que par
un miracle. Mais, hélas! on ignorait la principale cause d’un si terrible fléau:
la profanation du dimanche.
6-4-Jésus veut qu'on vénère sa Sainte Face
Notre petite sœur continue :
"Ensuite, Notre-Seigneur m’a
dit :
– Je vous donne cette
Sainte-Face en récompense des services que vous m’avez rendus depuis deux ans.
Vous avez fait peu de choses, il est vrai; mais votre cœur a conçu de grands
désirs. Je vous donne donc cette Face en présence de mon Père, dans la vertu du
Saint-Esprit, et en présence des Anges et des Saints. Je vous fait ce « don »
par les mains de ma Sainte Mère et de sainte Véronique, qui vous apprendra à la
vénérer.
Ensuite, Notre-Seigneur m’a
dit :
– Par cette Sainte-Face, vous
ferez des prodiges.
Ce divin Sauveur me faisait
connaître en même temps le désir qu’Il avait de voir sa Sainte-Face offerte à
l’adoration de ses enfants, comme l’objet de la dévotion des associés de l’Œuvre
de la Réparation des blasphèmes. Il semblait m’inviter à faire connaître son
adorable Face. Ensuite, Notre-Seigneur me fit entendre que la grâce qu’Il
m’avait faite en ce jour était la plus grande qu’Il pouvait me faire, après la
grâce des sacrements, et qu’Il m’avait préparée, en labourant la terre de mon
âme par les grandes peines intérieures que j’avais souffertes il y a peu de
temps. Il me fit entendre qu’Il ne tentait point ses enfants au-dessus de leurs
forces.
Je compris aussi qu’Il
députait saint Louis, roi de France, pour protecteur de cette Œuvre de la
Réparation, à cause du zèle qu’il avait eu pour la gloire de son Nom, et la
pieuse Véronique, à cause du service qu’elle Lui avait rendu dans la route du
Calvaire, en essuyant sa Face adorable. Après que Notre-Seigneur m’eût donné ces
vives lumières sur l’Œuvre de la Réparation des blasphèmes, Il me dit:
– Maintenant, ceux qui ne
reconnaîtront pas ici mon œuvre, c’est qu’ils fermeront les yeux. (Lettre du
27 octobre 1845)
L'enfer existe
Puis, le 21 décembre 1846, la
petite sœur explique comment Jésus avait insisté, car l'enfer existe : "Un
autre jour, Notre-Seigneur m’a fait voir la multitude d’âmes qui tombent
continuellement en enfer, en m’invitant de la manière la plus touchante de
secourir ces pauvres pécheurs et en me faisant voir l’étroite obligation de
l’âme religieuse envers ces pauvres aveugles qui se précipitent dans l’abîme
éternel et à qui sa miséricorde ouvrirait les yeux, si des âmes charitables
demandaient pour elles grâce et miséricorde.
Notre-Seigneur me disait aussi
que s’il demandait compte aux riches des biens temporels qu’Il leur a confiés
pour secourir les pauvres, avec quelle bien plus grande sévérité Il demanderait
compte à une Carmélite, à l’âme religieuse, riche de tous les biens de son
Époux, possédant les trésors immenses des mérites de sa vie et de sa Passion,
quel usage elle en a fait et si elle a su puiser dans ces trésors qui lui sont
ouverts des richesses pour secourir les pauvres pécheurs. Alors cet aimable
Sauveur, m’ouvrant ses trésors immenses composés des mérites de sa vie et de sa
Passion, ajouta:
– Ma fille, je vous donne ma
Face et mon Cœur. Je vous donne mon sang, je vous ouvre mes plaies; puisez et
verse ! Achetez sans argent: mon sang est le prix des âmes. Oh! quelle peine
pour mon Cœur de voir que des remèdes qui m’ont coûté si cher sont méprisés.
Demandez à mon Père autant d’âmes que j’ai versé de sang dans ma Passion."
Le 2 mars 1847, Jésus se plaint.
Sœur Marie de Saint-Pierre raconte: "Comme je voulais m’anéantir, et le
considérer couvert de gloire, il a prononcé ces paroles :
– Ah ! ma fille,
considérez-moi plutôt couvert de plaies que me font les pécheurs.
Et à l’instant il m’a semblé
le voir en cet état; alors il m’a dit:
– Ma fille, approchez et
prêtez l’oreille...
Et ce divin Sauveur m’a fait
entendre ces lamentables plaintes, qui m’ont brisé le cœur et fait verser un
torrent de larmes:
– Je ne suis point connu, je
ne suis point aimé, on méprise mes commandements.
Et il a ajouté ces mots, qui
me font frémir:
– Les pécheurs sont enlevés de
ce monde comme des tourbillons de poussière que le vent emporte, et sont
précipités dans l’enfer; ayez pitié de vos frères, priez pour eux; essuyez, par
votre amour, le sang qui coule de mes plaies; aimez-moi et ne craignez point;
quand vous élevez votre cœur vers moi par l’amour, je le reçois dans mes mains,
alors il est en sûreté."
6-5-Les deux œuvres: réparation et vénération de
la Sainte Face sont associées
Dès lors, les méditations de Sœur
Marie de Saint-Pierre associent l'Œuvre de la Réparation au mystère de la Sainte
Face. Et "elle comprend que la Face Adorable de Jésus Notre-Seigneur est
l’objet sensible offert à l’adoration des associés de l’Œuvre de la Réparation,
pour honorer et vénérer avec un profond respect, cette Sainte Face couverte
d’opprobres par les blasphémateurs qui attaquent la divinité dont elle est la
figure, le miroir et l’expression; et par la vertu de cette Sainte-Face, offerte
au Père éternel, on peut apaiser sa colère et obtenir la conversion des impies
et des blasphémateurs."
Et le Seigneur lui fit comprendre
encore "le désir qu’Il avait de voir sa Sainte-Face offerte à l’adoration de
ses enfants, comme l’objet de la dévotion des associés de l’Œuvre de la
Réparation des blasphèmes." Elle ajoute: "Il semblait m’inviter à faire
connaître son adorable Face. Ensuite, Notre-Seigneur me fit entendre que la
grâce qu’Il m’avait faite en ce jour était la plus grande qu’Il pouvait me
faire, après la grâce des sacrements."
Le visage humain de Jésus fascine
les chrétiens; c'est le signe de sa présence; par ce signe il nous permet de
rejoindre, sous une forme visible, le regard d'amour que Dieu porte sur ses
créatures. Depuis le XIIème siècle, on vénérait à Saint-Pierre de Rome, un voile
portant le dessin de la face douloureuse du Seigneur, peut-être une reproduction
issue du Saint Suaire. À Lucques il y eut d'autres reproductions du "Voile de
Véronique", le Sancto Volto, notamment. Des confréries se fondent,
notamment à Nantes. Il semble que le culte rendu à la Sainte Face soit lié à la
réparation des outrages subis par le Sauveur.
Le Seigneur poursuit l'éducation
de Sœur Marie de Saint-Pierre, et "ce divin Sauveur a bien voulu l’instruire
sur l’excellence du « don » qu’Il lui avait fait en lui donnant sa Face
adorable." Bientôt, dans la Face du Seigneur, elle contemplera la Sainte
Trinité. Jésus lui dit, en effet:
– Souviens-toi que ce divin
Chef représente le Père éternel qui n’est point engendré; que la bouche de cette
Sainte-Face représente le Verbe divin engendré par le Père; et que les deux yeux
de cette Face mystérieuse représentent l’amour réciproque du Père et du Fils,
car ces yeux divins n’ont tous deux qu’une même lumière, une même connaissance,
et ne produisent qu’un même amour, qui représente le Saint-Esprit. Contemple en
sa chevelure la diversité des perfections adorables de la Sainte Trinité. Vois
dans cette tête majestueuse la pièce précieuse de l’humanité du Sauveur, l’image
de l’unité de Dieu.
6-6-La Face Adorable de Jésus
"C’est donc cette Face
adorable et mystérieuse du Sauveur que les blasphémateurs couvrent de nouveaux
opprobres et renouvellent en quelque sorte les souffrances de la Passion en
attaquant par leurs blasphèmes la divinité dont elle est l’image... Quel mystère
d’amour !..."
Et Sœur Marie de Saint-Pierre
salue la Sainte Face par cette prière: "Je vous salue, je vous adore et je
vous aime, ô Face adorable de Jésus, mon bien-aimé; noble cachet de la divinité,
je m’applique à vous de toutes les forces et puissances de mon âme et vous prie
très humblement de réimprimer en nous l’image de Dieu."
Puis elle conclura: "Essuyons
donc cette divine Face du Sauveur, salie par les crachats des blasphémateurs, et
ce divin Maître essuiera la nôtre salie par les crachats du péché."
Un jour, une des copies faites à
la main du petit document sur la réparation fut remise par Mère Isabelle,
prieure des carmélites de la rue d'enfer à Paris, à une jeune fille, peintre de
son état: Théodolinde Dubouché. La nuit suivante, Théodolinde eut un songe et
Jésus lui apparaissait pendant sa Passion. Le lendemain elle peignit le visage
qui lui était apparu, puis alla demander l'avis de Sœur Marie de Saint-Pierre.
Cette dernière indiqua qu'elle n'avait jamais vu la Face de Jésus, mais estima
que le portrait correspondait bien à l'idée qu'elle-même se faisait du visage de
Jésus souffrant. Théodolinde décida bientôt de se donner à Dieu et fonda, en
août 1848, la communauté des Sœurs de l'Adoration réparatrice.
Note :
Dans la lettre du 10 mars 1846,
la sœur Marie de Saint-Pierre écrit: "C’est pour obéir à Notre-Seigneur qui,
je crois, m’a commandé d’écrire ce qu’Il m’a communiqué ce matin après la Sainte
Communion, que je vais soumettre les lumières suivantes :
Et voici la prière de notre
petite Sœur: "Père éternel, je vous offre la très Sainte-Face de Jésus pour
apaiser votre colère! Regardez ses plaies, voyez ses humiliations! Elle est la
digne réparatrice de nos crimes et la gloire de votre saint Nom! Père éternel,
je vous offre la très Sainte-Face de Jésus pour acquitter nos dettes! Elle est
le denier infiniment précieux marqué à l’effigie du Roi des rois."
6-7-Véronique et le Bon larron
Notre-Seigneur m’a fait
entendre que deux personnes Lui avaient rendu un signalé service pendant sa
Passion. La première, c’est la pieuse Véronique qui a glorifié sa sainte
humanité en essuyant sa Face adorable dans la route du Calvaire. La seconde est
le bon Larron sur la Croix qui, de là comme d’une chaire, a pris la parole pour
défendre la cause du Sauveur, confesser et glorifier sa divinité pendant qu’Il
était blasphémé par son compagnon et par les Juifs. Notre-Seigneur m’a fait
entendre que ces deux personnes étaient deux modèles pour ses défenseurs en
l’œuvre de la réparation des blasphèmes: la pieuse Véronique le modèle des
personnes de son sexe, qui ne sont pas préposées pour défendre sa cause à haute
voix, mais pour essuyer sa Sainte-Face en réparant par la prière, les louanges
et les adorations, les blasphèmes des pécheurs; mais que le bon Larron était le
modèle de ses ministres qui devaient hautement et publiquement défendre sa cause
en l’Œuvre de la Réparation."
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