5-1-L'acte d'un parfaite donation au Saint Enfant
Jésus
La spiritualité de Sœur Marie de
Saint-Pierre évolue. Elle doit maintenant se donner tout entière à Dieu. Elle
écrit: "Il y a quelque chose de remarquable dans cette volonté expresse de
Notre-Seigneur que je lui fisse un parfait abandon de moi-même pour
l’accomplissement de ses desseins; car n’est-il pas le maître souverain de ses
créatures? N’est-il pas libre de faire en elles et de leur personne tout ce
qu’il veut? Ensuite il a exigé un parfait consentement de mes supérieurs avant
de prendre cette parfaite possession de mon âme. Ah! c’est qu’ils devaient
eux-mêmes avoir une grande part dans l’œuvre que ce divin Sauveur voulait
édifier sur un si pauvre terrain; je ne devais leur servir que d’un chétif
instrument pour travailler à l’œuvre de Dieu; et, comme ils devaient éprouver
bien des contradictions, Notre-Seigneur respectait en quelque façon leur libre
arbitre.
Je fis cet acte le 25 décembre
1843, jour de la naissance du saint Enfant; je le remis entre les mains de la
très sainte Vierge, avant de commencer les matines de Noël, la priant de
l’offrir à Jésus naissant à minuit dans l’étable de Béthléem."(voir Annexe
4)
5-2-La formation de la jeune sœur
5-2-1-Jésus forme Marie de
Saint-Pierre à l'humilité
Mgr Morlot hésite toujours. La
rencontre avec lui, le 7 juin 1845, fut décevante pour Sœur Marie de
Saint-Pierre. Cependant elle obéit aux conseils de son évêque, et le Seigneur
lui donna de nouvelles lumières sur sa petitesse.
Elle écrit dans sa lettre du 15
octobre 1845: "Ce divin Époux s’est caché à mon âme et Il m’a remise dans
l’oraison de considération ou très simple méditation sur mes fins dernières. Je
suis rentrée dans le fond de mon âme pécheresse et criminelle, et là,
Notre-Seigneur m’a fait connaître par de vives lumières l’abîme de mon néant.
J’ai vu aussi mes nombreux péchés, tant d’infidélité à ses grâces et toutes mes
ingratitudes. J’ai vu avec une grande certitude que je n’étais qu’un fantôme de
carmélite et que j’étais bien éloignée de l’être en réalité.
D’après ces vives lumières, je
me suis jetée aux pieds de notre bon Sauveur, me reconnaissant coupable et le
Lui ai confessé mes péchés... Il me semblait que c’étaient mes péchés qui
étaient la cause que l’œuvre de la réparation restait inachevée... et le cœur
pressé de douleur, j’ai prié Notre-Seigneur de vouloir bien se choisir un autre
instrument pour l’accomplissement de ses desseins, qui fût digne de Lui."(Lettre
du 15 octobre 1845)
5-2-2-Sœur Marie-Pierre implore ses supérieurs:
Jésus veut l'Œuvre de la Réparation
Sœur Marie de Saint-Pierre
écrivit le 25 octobre 1846: "Notre-Seigneur m’a fait entendre... que je
n’étais pas capable de vider cette coupe, qu’il n’y avait que Lui qui pouvait la
boire. Ce divin Sauveur, voyant ma peine, m’a fait signe d’entrer dans son divin
Cœur, qu’Il m’a donné dans son excessive miséricorde comme un vase digne d’être
présenté au Père éternel pour recevoir le vin de sa colère, me faisant entendre
que, passant par ce divin canal, il se changerait pour nous en vin de
miséricorde. Mais Il ne veut pas léser entièrement les droits de la justice, si
je peux m’exprimer ainsi. Il veut faire une concession entre sa justice et sa
miséricorde, et pour cette fin, Il demande l’établissement de l’Œuvre de la
Réparation à la gloire de son saint Nom.
Oui, Notre-Seigneur désarmera
la colère de Dieu son Père, s’il lui offre pour nous, une œuvre réparatrice.
N’est-ce pas la moindre chose, ô doux Jésus, que nous réparions par nos prières,
par nos gémissements et par nos adorations les énormes péchés dont nous sommes
coupables envers la majesté de Dieu? Voilà, ma Mère, la prière que
Notre-Seigneur m’a mise dans la bouche et que je répète sans cesse:
– Père éternel, regardez le
divin Cœur de Jésus que je vous offre pour recevoir le vin de votre justice,
afin qu’il se change pour nous en vin de miséricorde.
Notre-Seigneur me faisait
entendre que chaque fois que je ferais cette offrande, j’obtiendrais une goutte
de ce vin de la colère de Dieu qui, tombant, comme je l’ai dit plus haut, dans
le vase divin du Sacré-Cœur de Jésus, se changerait en liqueur de miséricorde.
Veuillez, ma bonne Mère, engager mes sœurs à faire souvent cette offrande car
hélas! que suis-je, moi, vil néant, pour être une digue capable d’arrêter la
colère de Dieu?"
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