Marie Madeleine
Pénitente, Sainte
I siècle

22

JUILLET

Marie Madeleine — parce que née à Magdala, en Galilée — tout en n’étant qu’une grande pécheresse connue de toute sa contrée, ne fut pas moins un témoin important dans la vie publique du Christ. Elle était la sœur de Marthe et de Lazare, celui-là même que Jésus ressuscitera plus tard.

Ayant entendu parler de Jésus dont la renommée était alors de plus en plus grande, elle fut intriguée par cet homme qui prêchait l’amour et le pardon, qui guérissait les malades, donnait la vue aux aveugles, faisait marcher les paralytiques, donnait l’ouïe aux sourds, guérissait les lépreux et ressuscitait même les morts et, elle souhaita le voir, mais sa condition de pécheresse publique la retenait.

Il est permis de penser que l’une des premières fois où elle essaya de rencontrer, ou tout du moins d’écouter Jésus, se situe lors du discours sur la brebis égarée, car cette parabole paraît, en effet, avoir été prononcée à son intention, ou à son propos. Jésus dit :

« Si un homme a cent brebis, et que l'une d'elles s'égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s'est égarée? Et, s'il la trouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées » (Mt. 18, 12-13). Alors, « il la met avec joie sur ses épaules, et, de retour à la maison, il appelle ses amis et ses voisins, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis qui était perdue » (Lc. 15, 5-6).

Et Jésus semble insister, pour mieux attendrir et retourner le cœur de celle qui, peut-être, cachée parmi la foule, l’écoute attentivement : « De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance » (Lc. 15, 7).

Touchée probablement par ces paroles qui s’adaptent si bien à sa misérable vie de “brebis égarée”, Marie décide de changer de vie, de tourner le dos au péché de la chair et de suivre l’Homme qui parle si bien, qui donne de si bons conseils, qui est si bon et qui veut attirer à lui tous ceux qui veulent bien le suivre. Pour ce faire, conformément à la Loi, elle fait un acte courageux, elle fait une confession publique de tous ses péchés et attend la meilleure occasion qui lui sera offerte pour rencontrer le Maître.

Cette occasion lui est donnée le jour où Jésus se rend chez Simon le lépreux, où il est invité pour un repas.

« Jésus entra dans la maison du pharisien — raconte l’évangéliste saint Luc —, et se mit à table. Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu'il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d'albâtre plein de parfum, et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait ; et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de parfum ». (Lc. 7, 36-38)

Saint Jean est plus précis encore, car il dit qu’il s’agissait bien de Marie, la sœur de Lazare et de Marthe (Jn. 11, 1-12) ; et saint Mathieu précise même qu’elle tenait en main « un vase d'albâtre, qui renfermait un parfum de grand prix » (Mt. 26, 7)

Le geste de Marie n’est pas apprécié de tous et, tous murmurent, y compris Simon qui avait invité Jésus.

« Le pharisien qui l'avait invité — précise saint Luc —, voyant cela, dit en lui-même : “Si cet homme était prophète, il connaîtrait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche, il connaîtrait que c'est une pécheresse” ». (Lc. 7, 39)

Devinant les pensées de son hôte, Jésus l’interpelle et lui dit : « Ses nombreux péchés ont été pardonnés : car elle a beaucoup aimé ». (Lc. 7, 47)

Marie sera, toute sa vie durant, une grande amoureuse ! Son amour charnel se transformera : il deviendra un amour spirituel, un amour fou et irrésistible ; jamais plus Marie de Magdala n’abandonnera Celui qui lui avait pardonné tous ses péchés, parce qu’“elle avait beaucoup aimé”.

Saint Luc, parlant de l’entourage féminin de Jésus, dit : « Ensuite, Jésus allait de ville en ville et de village en village, prêchant et annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les douze étaient avec lui et quelques femmes qui avaient été guéries d'esprits malins et de maladies : Marie, dite de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons ». (Lc. 8, 1-2)

Cet amour passionné et sincère la conduira au pied de la Croix de Jésus, à côté de Marie, Mère de Jésus et de Jean, le seul des apôtres à être resté près du Crucifié. « La présence héroïquement fidèle de cette femme — s’exclame frère Nicolas Jean — en dit long sur la profondeur de son amour ! »

Après la mort de Jésus, « Marie de Magdala et l’autre Marie étaient là [à l’entrée du tombeau], assises vis-à-vis du sépulcre » (Mt. 27, 61 ; cf. Mc. 15, 47) ; « elles regardèrent le tombeau — précise saint Luc — et comment son corps avait été mis. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et le Sabbat, elles se tinrent en repos, selon le précepte » (Lc. 23, 55-56).

Puis, ce fut la résurrection e Marie est la première, selon les textes sacrés, à qui le Seigneur se montra au matin de Pâques, comme l’écrit saint Marc : « Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d’abord à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons » (Mc 16, 9).

Saint Jean est encore plus précis : « Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rendit au sépulcre dès le matin, comme il faisait encore obscur ; et elle vit que la pierre était ôtée du sépulcre. Elle courut vers Simon Pierre et vers l’autre disciple que Jésus aimait, et leur dit : “Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où ils l’ont mis” » (Jn. 20, 16-18).

« Pierre et Jean courent au tombeau — écrit frère Nicolas Jean — ; l’état des lieux et surtout celui des linges, leur prouve qu’il n’y a pas eu profanation mais action miraculeuse de Dieu. Dans son évangile, Jean affirme sa foi : “Il vit et il crut”. Cependant les deux disciples s’en retournent... Marie-Madeleine reste là ; le Christ se manifeste à elle »

« Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu : Rabbouni ! c’est à dire, Maître ! Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses » (Jn. 20, 16-18)

Et saint Grégoire le Grand d’expliquer : « appelée par son nom, Marie reconnaît donc son créateur et elle l'appelle aussitôt “Rabbouni, c'est-à-dire maître”, parce que celui qu'elle cherchait extérieurement était celui-là même qui lui enseignait intérieurement à le chercher ».

Cette scène évangélique montre Marie si grande dans sa fidélité, animée d’un tel amour, favorisée d’une telle confiance et chargée d’une telle mission, qu’un des plus anciens, parmi les penseurs chrétiens, n’hésitait pas à voir en elle la figure même de l’Église.

Un autre Père et Docteur de l’Église, saint Ambroise de Milan, va encore plus loin dans ses considérations sur la pénitente :

« De même qu'au début la femme fut l'instigatrice du péché pour l'homme, l'homme consommant l'erreur ; de même à présent celle qui avait goûté la première à la mort a vu la première la Résurrection. Selon l'ordre de la faute, elle fut la première au remède ; elle compense le désastre de l'antique déchéance par l'annonce de la Résurrection. Les lèvres de la femme avaient autrefois donné passage à la mort, les lèvres de cette femme rendent la vie ».

Et nous terminerons cette dissertation sur Marie Madeleine par cette affirmation du cardinal de Bérulle qui avait pour elle une dévotion immense :

« Sa pénitence est amour, son désert est amour, sa vie est amour, sa solitude est amour, sa croix est amour, sa langueur est amour et sa mort est amour. Je ne vois qu'amour en Madeleine. Je ne vois que Jésus en son amour, je ne vois que Jésus et amour dans son désert ».

Alphonse Rocha

 

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