Chapitre VII
La
Sainte Vierge Marie,
Mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ
6
Jésus chez les hommes
(Livre 3,
chapitre 8)
6-1-La naissance
C'était une nuit de Noël... Marie
Lataste méditait sur la naissance de Jésus dans l’étable de
Bethléem. Elle se trouvait près de l'autel de Marie. S’adressant
à Marie, elle pensait aussi à Jésus, et, par Marie, elle voulait
arriver à Jésus. Avec Marie et saint Joseph dans l’étable, elle
adorait Jésus enfant. Soudain la Vierge Marie devint la lumière
de son autel, et elle appela Marie Lataste tout en présentant le
tout petit Enfant Jésus, enveloppé de langes. Puis, écrit Marie
Lataste, "Marie plaça son divin enfant entre mes
mains, puis elle me rapprocha d’elle, comme pour me prendre avec
Jésus sous sa protection. L’enfant Jésus était avec moi, mais il
était sans parole. Je le regardais, puis je regardais Marie...
et je lui dis: 'Vierge sainte, parlez-moi de la naissance du
Sauveur Jésus.'"
Et, en ce jour anniversaire de la
naissance de Jésus, la vierge Marie dit: "Cette naissance est
le mystère d’une triple volonté au ciel et sur la terre: la
volonté de Dieu le Père, qui chérissait les hommes à ce point
qu'il leur donnait son Fils; la volonté du Verbe de Dieu, qui
chérissait à ce point la volonté de son Père qu’il voulait
l'accomplir au moment fixé par lui; la volonté du Saint-Esprit,
qui avait tout disposé pour opérer cette naissance étonnante, et
dont l’opération devait manifester la sagesse et la puissance.
Voilà la triple volonté du Ciel... une dans sa triplicité...
La naissance de mon Fils Jésus
renferme encore le mystère d’une triple volonté sur la terre: la
volonté de Dieu le Père, de Dieu le Fils et de Dieu le
Saint-Esprit, qui s’est formée dans le ciel et qui opère sur la
terre; la volonté du Fils de Dieu fait homme, qui est mon Fils,
et ma volonté. Ces trois volontés ne font qu'une volonté; elles
étaient en moi, et opérèrent la naissance de mon Fils. Les trois
personnes divines voulaient la naissance de Jésus, et Jésus est
né; Jésus voulait naître, et Jésus est né; je voulais la
naissance de Jésus, et Jésus est né...
Les trois personnes divines donnaient
mon Fils au monde; je le donnais aux trois personnes divines.
Les trois personnes divines me regardaient comme mère de Jésus;
moi, je me regardais comme l’humble servante des trois personnes
divines... et Celui qui commande au ciel et sur la terre me fut
soumis... Ô ma fille! comprenez bien l’exemple qui ressort pour
vous de la naissance de Jésus. C'est un exemple de soumission,
un exemple de volonté exécutée et suivie, un exemple de
subordination, et cet exemple vient du Ciel, vient de Dieu. Dieu
a voulu, et j'ai voulu avec Dieu. Dieu le Père a voulu, et Dieu
le Fils s’est soumis à volonté de son Père. Dieu le Père et Dieu
le Fils ont voulu, et Dieu le Saint-Esprit a voulu avec eux, et
il a disposé la réalisation et l'accomplissement de leur
volonté. Ma volonté a toujours été conforme à la volonté de
Dieu... Ne l’oubliez pas, ma fille, le péché de l'homme a été
une opposition à la volonté de Dieu; pour réparer ce péché, il a
fallu une soumission à la volonté divine... Portez vos regards
plus loin, vous trouverez cette soumission dans sa mort. De
Bethléem au Calvaire, tout en Jésus, tout en moi unie à Jésus
est soumission à la volonté de Dieu..."
(Livre 3, chapitre 8)
6-2-La venue des mages
(Livre 3, chapitre 9)
Un jour de l’Épiphanie, après avoir
communié, Marie Lataste s'offrait à Jésus pour le reconnaître
comme son Roi, son Dieu et son Sauveur. Alors, des yeux de son
âme, elle vit un jeune homme qui lui parut être un ange; il
adora d'abord devant le tabernacle, puis vint jusqu'à Marie
Lataste et lui dit: "Marie, suivez-moi." Tous les deux
passèrent derrière l’autel où s'étendait une plaine; au loin
apparaissait une colline sur laquelle était assise une petite
ville. Ils arrivèrent rapidement à la cité, puis près d’une
grotte taillée dans le roc. L'ange dit: "Arrêtez-vous, Marie;
c'est ici la maison du Seigneur et le lieu où il a pris
naissance pour sauver les hommes."
Cette grotte, qui avait servi
d’étable, avait été disposée en habitation; là habitaient
réellement Jésus, Marie et Joseph, selon la vision de Marie
Lataste.
L'ange conduisit Marie Lataste près
de Jésus, et la Vierge Marie dit: "Ma fille, ne perdez jamais
de vue la grâce qui vous est faite en ce jour... L'ange de votre
salut... vous a amenée en ce lieu où Jésus habite, et je vous ai
permis de le recevoir dans vos bras. Ainsi, ma fille, chaque
fois que vous chercherez mon Fils avec un grand désir... vous ne
le trouverez pas seul, vous me trouverez toujours avec lui; il
ne se donnera pas lui-même à vous, ce sera moi qui vous le
donnerai... qui lui ordonnerai d’aller à vous... Dieu a donné à
mon Fils tout pouvoir sur la terre et dans le ciel; mais, parce
que je suis sa mère, il veut ne le point exercer sans mon ordre.
Unissez donc toujours mon nom au nom de mon Fils... ne nous
séparez jamais et vous nous trouverez toujours unis... "
Marie s’arrêta. L'ange qui se tenait
à l’entrée de la grotte vint dire à Jésus: "Seigneur, les
mages d’Orient ont vu votre étoile, ils viennent vous adorer."
L’enfant Jésus regarda Marie, et les mages entrèrent...
Le premier mage tenait dans les
mains, de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Il se prosterna
devant Jésus en disant: "Je vous adore, Fils de Dieu; je vous
adore, Fils de Dieu fait homme; je vous adore, roi des Juifs."
Le second mage portait aussi dans ses
mains de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Il se prosterna
jusqu'à terre et déposa sa couronne aux pieds de Jésus en
disant: "Je vous adore, Fils de Dieu; je vous adore, Fils de
Dieu fait homme; je vous adore, roi des Juifs."
Le troisième mage portait également,
dans ses mains, de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Il se
prosterna aux pieds de Jésus en disant: "Je vous adore, Fils
de Dieu; je vous adore, Fils de Dieu fait homme; je vous adore,
roi des Juifs."
Jésus leva sa main sur eux pour les
bénir et la Vierge Marie s’entretint longtemps avec les mages
sur le péché originel, la promesse du Rédempteur, la sainte
Trinité, et l’Incarnation. Les mages écoutaient la parole de
Marie avec le plus profond respect... Quand Marie eut fini de
parler, elle mit l’enfant Jésus entre les bras de chacun des
mages. Ils furent heureux au-dessus de toute expression de cette
faveur signalée, puis ils se retirèrent.. (Livre 3, chapitre 9)
6-3-La fuite en Égypte
(Livre 3, chapitre 10)
Trois jours plus tard, Marie Lataste
priait. Son ange gardien arriva et dit: "Marie, ne vous
attristez point, je vais vous conduire à Jésus." Alors
silencieusement ils arrivèrent à la grotte du Sauveur, et l'ange
dit: "Le Sauveur n'est plus dans l’habitation où vous l’avez
vu naguère." Marie Lataste raconte: "Aussitôt j’entendis
des voix de femmes désolées qui pleuraient, et poussaient des
gémissements à me fendre le cœur. Ces voix venaient de Bethléem.
L'ange me dit alors:
-Les voix que vous entendez sont les
voix de pauvres mères à qui on arrache leurs enfants pour les
livrer à la mort par ordre du roi Hérode qui, craignant la
naissance du nouveau roi des Juifs, fait tuer à Bethléem et dans
les environs tous les enfants de deux ans et au-dessous. Hâtons
nos pas, Marie: Jésus a fui en Égypte avec sa mère;
pressons-nous, nous le trouverons dans le désert.
Nous aperçûmes au loin Jésus, Marie
et Joseph. Cette vue me donna de la force; j’en avais grand
besoin, la chaleur du désert m’avait exténuée de fatigue. L'ange
m’encourageait... Nous atteignîmes enfin la sainte famille; elle
reposait sous un arbre couvert de fruits et au pied duquel
coulait une source d’eau fraîche. Marie tenait l’enfant Jésus
dans ses bras. Je m’approchai de Jésus et lui dis: 'Seigneur,
voici bien longtemps que je vous cherchais et je ne vous
trouvais point.' Il me tendit les bras et je le pressai sur mon
cœur.
La Vierge Marie s’adressa à moi et me
dit: 'Ma fille, si vous voulez établir le royaume de Dieu dans
votre cœur, vous trouverez des obstacles immenses; mais ne vous
découragez point. Fuyez le monde, fuyez le Démon, fuyez loin de
vous-même. Vous vous trouverez alors peut-être dans un désert,
mais ce désert ne sera pas sans avoir des charmes pour vous.
Dans ce désert, vous trouverez Dieu et ses consolations qui vous
sont figurées par cet arbre vous abritant des rayons du soleil
et portant des fruits pour vous nourrir, et par cette source
d’eau où vous pourrez vous désaltérer. Vous y trouverez Jésus et
vous m’y trouverez avec lui. Alors ce désert ne sera plus pour
vous un désert, mais une douce oasis..."
(Livre 3, chapitre 10)
6-4-La Vierge Marie au pied du
Calvaire (Livre 3,
chapitre 11)
Un jeudi soir de la semaine sainte,
Marie Lataste se transporta, en pensée, sur le Calvaire. Là,
elle vit le Sauveur Jésus en croix et Marie debout au pied de la
croix. Profondément émue, Marie Lataste aurait voulu être en
croix à la place de Jésus... Elle aurait voulu consoler Marie
qui venait de sacrifier son Fils pour nous. Elle s'approcha de
Marie, et vit ses yeux s'arrêter sur ses yeux. Son regard lui
arracha des pleurs.
La Vierge Marie essuya ses larmes en
disant: "Ma fille, j’ai voulu vous montrer l'état dans lequel
m’avait mise la passion de mon Fils et vous faire comprendre
tout ce qu’a souffert mon cœur de mère. En ce moment se réalisa
la parole du saint vieillard Siméon, m’annonçant qu’un glaive de
douleur percerait mon âme. J’avais vu mon Fils livré par un de
ses disciples, conduit par une soldatesque barbare, flagellé,
couronné d’épines, dépouillé de ses vêtements; je le voyais, à
cette heure, cloué sur la croix élevée entre le ciel et la
terre. Ah! vous ne comprendrez jamais l’excès de mes souffrances
en ce moment de la passion de mon Fils; je souffrais tout ce
qu'il souffrait de la part des soldats, de ses juges, de ses
bourreaux; j'étais crucifiée avec lui. Oui, mon âme et ma bouche
disaient bien haut à Dieu: 'Mon Dieu, que ce calice, s'il est
possible, passe loin de moi!' Mais, sachant que par la mort de
mon Fils le monde devait être sauvé, j’ajoutai: 'Que votre
volonté soit faite et non la mienne.'...
Sera-t-il jamais douleur pareille à
cette douleur? Combien les âmes rachetées au prix du sang de mon
Fils m’ont coûté cher, ma fille. Combien ce rachat m’a fait
souffrir! Il ne m’a point coûté la vie, mais il a coûté la vie
de mon Fils, et, en ce moment, la vie m’était plus douloureuse
que ne l’eût été la mort. Telle n'était point la volonté de
Dieu; il voulait la mort de mon Fils et non ma mort, et j'ai vu
mourir mon Fils, j'ai supporté, j'ai conservé ma vie avec
soumission à sa sainte volonté."
S'adressant à Marie Lataste, la
Vierge Marie dit: "Ma fille, vous aurez beaucoup à souffrir
dans votre vie... Quand vous n’aurez plus ni force ni courage,
venez dans mon cœur, il vous relèvera... il vous donnera
patience et soumission... il guérira toutes vos blessures et
vous fera croître en mérites devant mon Fils. La souffrance est
le chemin du salut qui mène à la patrie... c'est le signe de
ralliement avec mon Fils, le drapeau des soldats qui marchent
sous ses ordres." (Livre 3, chapitre 11) |