Troisième partie
LES Œuvres
DE Marie Lataste
(1822-1847)

 

Chapitre I

Dieu, la Création et le salut des hommes

Les œuvres de la Sainte Trinité

 

7
Place de l'homme dans la création
(Livre 1, chapitre 5)

 

Marie Lataste aimait beaucoup le Sauveur Jésus, mais elle savait qu'elle pouvait l’aimer davantage. C'est pourquoi elle allait aussi souvent qu'elle le pouvait le visiter et l'adorer dans le Saint Sacrement. Pendant longtemps elle parla toute seule à Jésus, entendant pourtant comme une voix intérieure qui disait: "Ma fille, je vous aime; j’accepte l'offrande de votre cœur." Puis un jour, elle entendit sa voix. Elle remarqua que c’était toujours dans l'église, pendant la messe, le plus souvent au moment de la sainte communion. Elle écrit: "Quand je l’entends, je le vois face à face. Alors, il s’opère en moi comme un changement subit que je ne saurais exprimer. Il me semble que je suis seule avec le Sauveur Jésus; je ne vois plus autre chose... je ne sens rien. Mes yeux ne voient que le Sauveur Jésus; mes oreilles n’entendent que le Sauveur Jésus; mon cœur n’aime que le Sauveur Jésus; tout mon être n’a de sentiment que pour le Sauveur Jésus. Voici ce qu'il m’a dit un pour en me parlant de l'homme:

7-1-Ce que Dieu fait pour l'homme:

Reprenant rapidement les données de la Genèse, Marie Lataste commence par rappeler que "c'est Dieu qui a tiré l'homme du néant...  et l'homme n’a pu agir qu’autant que Dieu lui a continué l’existence, lui a donné le mouvement, lui a prêté l’action... L'homme vient de Dieu et doit, s'il le veut, retourner à Dieu. Je dis s’il le veut, parce que l'homme peut changer la direction de ce mouvement.

Dieu, au commencement, avait fait l'homme: il l’avait fait grand et heureux...  Il lui avait donné un monde dont il était le roi... et son âme était celle par laquelle le monde donnait à Dieu son amour, et son esprit était celui par lequel le monde connaissait son auteur et son Dieu.

Il devait en être ainsi, car l’ordre était là. Cet ordre a été dissous... car l'homme, ayant reçu le mouvement du prince des ténèbres, ne marcha plus dans la voie de Dieu qui est la vérité, mais dans la voie de Satan qui est le mensonge... Mais la miséricorde de Dieu vint s’opposer au triomphe de Satan..."  Et c'est Jésus, le Verbe de Dieu incarné, qui vint montrer à l'homme la vérité, la voie, et lui redonner la vie qu'il avait perdue.

Jésus dit: "L'homme est régénéré; il marchera, s’il le veut, vers Dieu ou retournera à Satan, dont je l’ai délivré; il marchera dans la vérité ou le mensonge. Voyez jusqu’où va la bonté de Dieu qui a encore voulu qu’à chaque heure du jour où l'homme criera vers Dieu, j’accourusse vers l'homme pour lui redonner la vie et le mouvement vers son Créateur par le sacrement de pénitence."

7-2-La réponse de l'homme

          7-2-1-L'ingratitude de l'homme

"Voilà ce que Dieu a fait pour l'homme, et ce qu'il fait encore chaque jour: et l'homme, que fait-il pour Dieu? Peut-on comprendre l’ingratitude de l'homme pour son créateur et son Dieu? Dieu est le bienfaiteur continuel et quotidien de l'homme, et l'homme un ingrat qui oublie chaque jour ce que Dieu fait pour lui." (Livre 1, chapitre 5)

          7-2-2-L'offrande de Marie Lataste (Livre 1, chapitre 6)

Le lendemain, Marie Lataste, pendant la messe se souvint de ce que Jésus lui avait dit la veille, concernant les deux mouvements de la créature: l’un de Dieu, donnant l’existence à sa créature, l’autre de la créature existante vers Dieu, sous la forme d'une offrande. Marie raconte: "Afin de donner plus de force au mouvement qui me portait vers Dieu, je lui fis après la consécration, l’offrande... de tout ce qui était en moi. Après cela, je vis le Sauveur Jésus au milieu de l’autel, assis sur un trône d’or... Je restai là jusqu’à la fin de la messe, à genoux devant le Sauveur Jésus. Puis... Jésus me dit: 'Vous avez présenté à Dieu une offrande qui lui a été agréable. Je vous accepte pour ma servante; ma fille, réjouissez-vous!'"

          7-2-3-L'homme est le serviteur de Dieu

Puis Jésus continua en précisant que l'homme ne peut rien par lui-même et qu'il n'est qu'un serviteur de Dieu: "'Vous vous êtes reconnue la servante de Dieu: cette reconnaissance est pleine de vérité et de justice, car l'homme est et doit être le serviteur de Dieu... Voyez l'homme! Qu’est-il? Est-il quelque chose par lui-même? S’est-il donné l’existence lui-même? A-t-il formé son corps et les membres de son corps?... Est-ce de l’intime de son être qu'il a tiré son âme et de quelle manière a-t-il donné à son âme l’intelligence... et le vouloir?... Comment a-t-il doué son âme de souvenir? Est-ce l'homme qui conserve par sa propre vertu et son corps et son âme? Est-ce l'homme qui, par lui-même, et de lui-même, se donne le jour? Est-ce l'homme qui fixe et règle l’heure de sa mort?...

La création de l'homme par Dieu, voilà la première servitude envers Dieu; et nul homme ne peut s’en exempter, parce que nul homme ne peut se créer lui-même.' Ô servitude admirable, servitude pleine de gloire, servitude infiniment heureuse! Et combien peu comprennent cette servitude! Dieu est Dieu, et Maître tout-puissant... Sa souveraineté s’étend sur le corps et sur l’âme... Elle s’étend sur sa vie, sur sa mort, elle va même au-delà du trépas. Cette souveraineté dure par delà le temps, et pendant l’éternité Dieu sera encore le souverain de l'homme."

          7-2-4-La souveraineté de Dieu sur l'homme

"Dieu est souverain de l'homme et souverain plein de bonté, d’amour, de tendresse... Comment Dieu exerce-t-il sa souveraineté sur l'homme? N’est-ce pas avec l’affection la plus tendre qu'un père puisse avoir pour son enfant?... Il traite l'homme comme son fils, il s’abaisse vers sa créature infiniment plus que la créature ne le pourra jamais comprendre... L'homme vit-il de bon cœur ou par force sous cette servitude?... Non, l'homme se révolte contre Dieu, méprise les commandements de Dieu, oublie Dieu et s’écrie même: il n'y a point de Dieu! Parole insensée d’un serviteur coupable. Il n'y a point de Dieu? Amis, il y aura pour celui qui parle ainsi... un bras vigoureux qui le terrassera et l’empêchera de se relever... Pour cet homme, il n’y aura point de Dieu, souverain éternellement bon, éternellement aimable; mais il y aura un Dieu éternellement offensé, un Dieu éternellement redouté, un Dieu éternellement juste...

Dieu sera toujours le souverain éternel de l'homme et l'homme sera toujours le serviteur de Dieu. L'homme appartient à Dieu, parce que Dieu est son créateur... et c'est de lui qu'il a tout reçu... Les hommes l’oublient, mais Dieu ne l’oubliera pas. (Livre 1, chapitre 6)

7-3-Dieu connaît toutes choses (Livre 1, chapitre 7)

Dieu connaît toute chose, et rien n’arrive que par son ordre et selon sa volonté... Dieu créateur est aussi Dieu qui conserve tout... Le ciel, la terre, les éléments, sont soumis à sa volonté depuis le commencement et lui resteront éternellement soumis. Il en est de même pour l'homme: il marche sous l’impulsion de la volonté de Dieu, naît, vit et meurt, s’agite et se remue, parce que Dieu lui dit de naître, de vivre, de mourir, et lui permet de s’agiter et de se mouvoir.

Cette pensée est pleine de consolation... parce que, dans quelque situation, dans quelque danger, dans quelque épreuve que les hommes se trouvent, ils savent que c'est Dieu qui le veut ou le permet, et ils peuvent mettre en lui leur espérance et disent:  "Mon Dieu, que votre volonté soit faite et non la mienne!"

Et voici, donnés par Jésus à Marie Lataste, des conseils très profitables:

"– Ne soyez jamais du nombre de ces insensés qui attribuent au hasard... à la volonté des hommes les événements heureux qui réjouissent, ou les malheurs qui affligent. Ne voyez en tout que la providence de Dieu... dirigeant tout ici-bas.

– L’âme juste voit la Providence dans tous les événements du monde, et ne cesse de la louer et la bénir. Elle n’attribue point le gain d’une bataille à la valeur, au courage... mais elle l’attribue à la providence de Dieu qui donne la victoire à qui il lui plaît. 

– L’âme juste n’attribue point la prospérité d’un empire au gouvernement du prince de cet empire; elle l’attribue à la providence de Dieu, lumière, conseil, puissance et soutien de ce prince. De même elle n’attribue point la chute d’une dynastie royale à l’incurie des membres de cette dynastie, mais à la providence de Dieu... pour sa gloire et le bonheur des peuples ou leur châtiment.

– L’âme juste n’attribue point les fléaux: inondations... irritation du tonnerre,  famine,  guerre, maladies, etc... à des causes naturelles, mais à Dieu, qui commande et donne ses dons, quand il lui plaît... L'âme juste qui échappe à un danger... reconnaît qu’elle a été protégée, par Dieu. Si elle réussit dans une entreprise, elle en remercie Dieu...

– En un mot, l’âme juste voit en tout et partout le doigt de Dieu; et pleine de reconnaissance... pour la Providence divine, elle bénit celui qui veille avec tant de soin sur elle et sur toute créature...

Le premier soutien de l'homme doit être Dieu; c'est à sa providence qu'il doit s’abandonner et ne compter que sur elle. Néanmoins, il ne faut pas tout attendre de Dieu; il ne faut pas qu’on néglige d’accomplir ce que la raison ou la nécessité prescrivent, car agir ainsi, serait agir avec témérité et tenter Dieu... Dieu ne récompense que la foi de ceux qui espèrent de lui ce qu'ils doivent ou peuvent espérer. Oui, confiance en Dieu, confiance pleine et entière... N’espérez qu’en Dieu et dans sa providence, et quelque chose qui vous arrive, sachez que tout vient de Dieu, et que pas même un cheveu ne tombera de votre tête sans permission." (Livre 1, chapitre 7)

7-4-Les vues de Dieu  sur l'homme (Livre 1, chapitre 17)

Les vues de Dieu sont différentes de celles des hommes qui ne peuvent les pénétrer. Jésus dit: "Dieu appesantit sa main sur les justes et sur les pécheurs: sur les justes, afin de leur faciliter l’acquisition de plus grands mérites; sur les pécheurs, pour les châtier dans leur corps et sauver ainsi leur âme par une sincère pénitence. La mère la plus tendre ne donne pas toujours du sucre et du lait à son enfant, cela serait contraire à la santé du fruit de ses entrailles. Quand son enfant est malade, elle lui fait prendre les remèdes les plus amers pour le guérir. Personne n’accusera pourtant cette mère de dureté... Dieu agit de la même manière... Ah! prenez toujours les maux que Dieu vous enverra avec respect et soumission, comme venant de la main si douce et si paternelle de Dieu."

L'action de Dieu est toujours admirable sur les justes comme sur les pécheurs. Dieu comble parfois une personne de ses dons les plus parfaits. Il peut en faire un prodige par les merveilles qu'il opère en elle, pour que les autres hommes admirent en elle la bonté, la miséricorde de Dieu et la puissance de ses œuvres.

Dieu peut aussi permettre qu'un homme méchant persécute un homme juste, pour éprouver sa vertu. "L'homme juste regarde son persécuteur comme l’instrument dont Dieu se sert... Il considère moins la verge qui le frappe que la main souveraine qui la tient, et reçoit chaque coup avec patience et soumission. Aussi, touché bien souvent de la conduite de celui qu'il a persécuté avec tant d'injustice, le méchant se convertit et fait pénitence... La patience du juste tourne ainsi à la conversion du méchant, tout pour la gloire de Dieu.

Parfois aussi Dieu frappe le pécheur au milieu de son crime et de son impiété, pour montrer aux hommes l’éclat de sa justice et de ses vengeances et leur inspirer la crainte et la frayeur.

Jésus conclut en disant que nul n’a le droit de juger la conduite de Dieu, car nul ne peut comprendre les jugements de Dieu qui sont infinis, et incompréhensibles; ils sont jugements de Dieu, par conséquent justes et équitables: "Ne cherchez donc pas la raison de la conduite de Dieu, mais soumettez-vous à lui entièrement, parce que la justice et l’équité lui appartiennent... Les jugements du Seigneur sont aussi justes qu'ils sont secrets et impénétrables." (Livre 1, chapitre 17)

   

 

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