Chapitre I
Dieu, la Création et le salut des hommes
Les œuvres de la Sainte Trinité
7
Place de l'homme
dans la création
(Livre 1,
chapitre 5)
Marie Lataste
aimait beaucoup le Sauveur Jésus, mais elle savait qu'elle
pouvait l’aimer davantage. C'est pourquoi elle allait aussi
souvent qu'elle le pouvait le visiter et l'adorer dans le Saint
Sacrement. Pendant longtemps elle parla toute seule à Jésus,
entendant pourtant comme une voix intérieure qui disait: "Ma
fille, je vous aime; j’accepte l'offrande de votre cœur."
Puis un jour, elle entendit sa voix. Elle remarqua que c’était
toujours dans l'église, pendant la messe, le plus souvent au
moment de la sainte communion. Elle écrit: "Quand je
l’entends, je le vois face à face. Alors, il s’opère en moi
comme un changement subit que je ne saurais exprimer. Il me
semble que je suis seule avec le Sauveur Jésus; je ne vois plus
autre chose... je ne sens rien. Mes yeux ne voient que le
Sauveur Jésus; mes oreilles n’entendent que le Sauveur Jésus;
mon cœur n’aime que le Sauveur Jésus; tout mon être n’a de
sentiment que pour le Sauveur Jésus. Voici ce qu'il m’a dit un
pour en me parlant de l'homme:
7-1-Ce que
Dieu fait pour l'homme:
Reprenant
rapidement les données de la Genèse, Marie Lataste commence par
rappeler que "c'est Dieu qui a tiré l'homme du néant... et
l'homme n’a pu agir qu’autant que Dieu lui a continué
l’existence, lui a donné le mouvement, lui a prêté l’action...
L'homme vient de Dieu et doit, s'il le veut, retourner à Dieu.
Je dis s’il le veut, parce que l'homme peut changer la direction
de ce mouvement.
Dieu, au
commencement, avait fait l'homme: il l’avait fait grand et
heureux... Il lui avait donné un monde dont il était le roi...
et son âme était celle par laquelle le monde donnait à Dieu son
amour, et son esprit était celui par lequel le monde connaissait
son auteur et son Dieu.
Il devait en
être ainsi, car l’ordre était là. Cet ordre a été dissous... car
l'homme, ayant reçu le mouvement du prince des ténèbres, ne
marcha plus dans la voie de Dieu qui est la vérité, mais dans la
voie de Satan qui est le mensonge... Mais la miséricorde de Dieu
vint s’opposer au triomphe de Satan..."
Et c'est Jésus, le Verbe de Dieu incarné, qui vint montrer à
l'homme la vérité, la voie, et lui redonner la vie qu'il avait
perdue.
Jésus dit:
"L'homme est régénéré; il marchera, s’il le veut, vers Dieu ou
retournera à Satan, dont je l’ai délivré; il marchera dans la
vérité ou le mensonge. Voyez jusqu’où va la bonté de Dieu qui a
encore voulu qu’à chaque heure du jour où l'homme criera vers
Dieu, j’accourusse vers l'homme pour lui redonner la vie et le
mouvement vers son Créateur par le sacrement de pénitence."
7-2-La
réponse de l'homme
7-2-1-L'ingratitude de l'homme
"Voilà ce que
Dieu a fait pour l'homme, et ce qu'il fait encore chaque jour:
et l'homme, que fait-il pour Dieu? Peut-on comprendre
l’ingratitude de l'homme pour son créateur et son Dieu? Dieu est
le bienfaiteur continuel et quotidien de l'homme, et l'homme un
ingrat qui oublie chaque jour ce que Dieu fait pour lui."
(Livre 1, chapitre 5)
7-2-2-L'offrande de Marie Lataste
(Livre 1, chapitre 6)
Le lendemain,
Marie Lataste, pendant la messe se souvint de ce que Jésus lui
avait dit la veille, concernant les deux mouvements de la
créature: l’un de Dieu, donnant l’existence à sa créature,
l’autre de la créature existante vers Dieu, sous la forme d'une
offrande. Marie raconte: "Afin de donner plus de force au
mouvement qui me portait vers Dieu, je lui fis après la
consécration, l’offrande... de tout ce qui était en moi. Après
cela, je vis le Sauveur Jésus au milieu de l’autel, assis sur un
trône d’or... Je restai là jusqu’à la fin de la messe, à genoux
devant le Sauveur Jésus. Puis... Jésus me dit: 'Vous avez
présenté à Dieu une offrande qui lui a été agréable. Je vous
accepte pour ma servante; ma fille, réjouissez-vous!'"
7-2-3-L'homme
est le serviteur de Dieu
Puis Jésus
continua en précisant que l'homme ne peut rien par lui-même et
qu'il n'est qu'un serviteur de Dieu: "'Vous vous êtes
reconnue la servante de Dieu: cette reconnaissance est pleine de
vérité et de justice, car l'homme est et doit être le serviteur
de Dieu... Voyez l'homme! Qu’est-il? Est-il quelque chose par
lui-même? S’est-il donné l’existence lui-même? A-t-il formé son
corps et les membres de son corps?... Est-ce de l’intime de son
être qu'il a tiré son âme et de quelle manière a-t-il donné à
son âme l’intelligence... et le vouloir?... Comment a-t-il doué
son âme de souvenir? Est-ce l'homme qui conserve par sa propre
vertu et son corps et son âme? Est-ce l'homme qui, par lui-même,
et de lui-même, se donne le jour? Est-ce l'homme qui fixe et
règle l’heure de sa mort?...
La création
de l'homme par Dieu, voilà la première servitude envers Dieu; et
nul homme ne peut s’en exempter, parce que nul homme ne peut se
créer lui-même.' Ô servitude admirable, servitude pleine de
gloire, servitude infiniment heureuse! Et combien peu
comprennent cette servitude! Dieu est Dieu, et Maître
tout-puissant... Sa souveraineté s’étend sur le corps et sur
l’âme... Elle s’étend sur sa vie, sur sa mort, elle va même
au-delà du trépas. Cette souveraineté dure par delà le temps, et
pendant l’éternité Dieu sera encore le souverain de l'homme."
7-2-4-La
souveraineté de Dieu sur l'homme
"Dieu est
souverain de l'homme et souverain plein de bonté, d’amour, de
tendresse... Comment Dieu exerce-t-il sa souveraineté sur
l'homme? N’est-ce pas avec l’affection la plus tendre qu'un père
puisse avoir pour son enfant?... Il traite l'homme comme son
fils, il s’abaisse vers sa créature infiniment plus que la
créature ne le pourra jamais comprendre... L'homme vit-il de bon
cœur ou par force sous cette servitude?... Non, l'homme se
révolte contre Dieu, méprise les commandements de Dieu, oublie
Dieu et s’écrie même: il n'y a point de Dieu! Parole insensée
d’un serviteur coupable. Il n'y a point de Dieu? Amis, il y aura
pour celui qui parle ainsi... un bras vigoureux qui le
terrassera et l’empêchera de se relever... Pour cet homme, il
n’y aura point de Dieu, souverain éternellement bon,
éternellement aimable; mais il y aura un Dieu éternellement
offensé, un Dieu éternellement redouté, un Dieu éternellement
juste...
Dieu sera
toujours le souverain éternel de l'homme et l'homme sera
toujours le serviteur de Dieu. L'homme appartient à Dieu, parce
que Dieu est son créateur... et c'est de lui qu'il a tout
reçu... Les hommes l’oublient, mais Dieu ne l’oubliera pas.
(Livre 1, chapitre 6)
7-3-Dieu
connaît toutes choses
(Livre 1, chapitre 7)
Dieu connaît
toute chose, et rien n’arrive que par son ordre et selon sa
volonté... Dieu créateur est aussi Dieu qui conserve tout... Le
ciel, la terre, les éléments, sont soumis à sa volonté depuis le
commencement et lui resteront éternellement soumis. Il en est de
même pour l'homme: il marche sous l’impulsion de la volonté de
Dieu, naît, vit et meurt, s’agite et se remue, parce que Dieu
lui dit de naître, de vivre, de mourir, et lui permet de
s’agiter et de se mouvoir.
Cette pensée est
pleine de consolation... parce que, dans quelque situation, dans
quelque danger, dans quelque épreuve que les hommes se trouvent,
ils savent que c'est Dieu qui le veut ou le permet, et ils
peuvent mettre en lui leur espérance et disent: "Mon Dieu,
que votre volonté soit faite et non la mienne!"
Et voici, donnés
par Jésus à Marie Lataste, des conseils très profitables:
"– Ne soyez
jamais du nombre de ces insensés qui attribuent au hasard... à
la volonté des hommes les événements heureux qui réjouissent, ou
les malheurs qui affligent. Ne voyez en tout que la providence
de Dieu... dirigeant tout ici-bas.
– L’âme juste
voit la Providence dans tous les événements du monde, et ne
cesse de la louer et la bénir. Elle n’attribue point le gain
d’une bataille à la valeur, au courage... mais elle l’attribue à
la providence de Dieu qui donne la victoire à qui il lui plaît.
– L’âme juste
n’attribue point la prospérité d’un empire au gouvernement du
prince de cet empire; elle l’attribue à la providence de Dieu,
lumière, conseil, puissance et soutien de ce prince. De même
elle n’attribue point la chute d’une dynastie royale à l’incurie
des membres de cette dynastie, mais à la providence de Dieu...
pour sa gloire et le bonheur des peuples ou leur châtiment.
– L’âme juste
n’attribue point les fléaux: inondations... irritation du
tonnerre, famine, guerre, maladies, etc... à des causes
naturelles, mais à Dieu, qui commande et donne ses dons, quand
il lui plaît... L'âme juste qui échappe à un danger... reconnaît
qu’elle a été protégée, par Dieu. Si elle réussit dans une
entreprise, elle en remercie Dieu...
– En un mot,
l’âme juste voit en tout et partout le doigt de Dieu; et pleine
de reconnaissance... pour la Providence divine, elle bénit celui
qui veille avec tant de soin sur elle et sur toute créature...
Le premier
soutien de l'homme doit être Dieu; c'est à sa providence qu'il
doit s’abandonner et ne compter que sur elle. Néanmoins, il ne
faut pas tout attendre de Dieu; il ne faut pas qu’on néglige
d’accomplir ce que la raison ou la nécessité prescrivent, car
agir ainsi, serait agir avec témérité et tenter Dieu... Dieu ne
récompense que la foi de ceux qui espèrent de lui ce qu'ils
doivent ou peuvent espérer. Oui, confiance en Dieu, confiance
pleine et entière... N’espérez qu’en Dieu et dans sa providence,
et quelque chose qui vous arrive, sachez que tout vient de Dieu,
et que pas même un cheveu ne tombera de votre tête sans
permission." (Livre 1,
chapitre 7)
7-4-Les vues
de Dieu sur l'homme
(Livre 1, chapitre 17)
Les vues de Dieu
sont différentes de celles des hommes qui ne peuvent les
pénétrer. Jésus dit: "Dieu appesantit sa main sur les justes
et sur les pécheurs: sur les justes, afin de leur faciliter
l’acquisition de plus grands mérites; sur les pécheurs, pour les
châtier dans leur corps et sauver ainsi leur âme par une sincère
pénitence. La mère la plus tendre ne donne pas toujours du sucre
et du lait à son enfant, cela serait contraire à la santé du
fruit de ses entrailles. Quand son enfant est malade, elle lui
fait prendre les remèdes les plus amers pour le guérir. Personne
n’accusera pourtant cette mère de dureté... Dieu agit de la même
manière... Ah! prenez toujours les maux que Dieu vous enverra
avec respect et soumission, comme venant de la main si douce et
si paternelle de Dieu."
L'action de Dieu
est toujours admirable sur les justes comme sur les pécheurs.
Dieu comble parfois une personne de ses dons les plus parfaits.
Il peut en faire un prodige par les merveilles qu'il opère en
elle, pour que les autres hommes admirent en elle la bonté, la
miséricorde de Dieu et la puissance de ses œuvres.
Dieu peut aussi
permettre qu'un homme méchant persécute un homme juste, pour
éprouver sa vertu. "L'homme juste regarde son persécuteur
comme l’instrument dont Dieu se sert... Il considère moins la
verge qui le frappe que la main souveraine qui la tient, et
reçoit chaque coup avec patience et soumission. Aussi, touché
bien souvent de la conduite de celui qu'il a persécuté avec tant
d'injustice, le méchant se convertit et fait pénitence... La
patience du juste tourne ainsi à la conversion du méchant, tout
pour la gloire de Dieu.
Parfois aussi
Dieu frappe le pécheur au milieu de son crime et de son impiété,
pour montrer aux hommes l’éclat de sa justice et de ses
vengeances et leur inspirer la crainte et la frayeur.
Jésus conclut en
disant que nul n’a le droit de juger la conduite de Dieu, car
nul ne peut comprendre les jugements de Dieu qui sont infinis,
et incompréhensibles; ils sont jugements de Dieu, par conséquent
justes et équitables: "Ne cherchez donc pas la raison de la
conduite de Dieu, mais soumettez-vous à lui entièrement, parce
que la justice et l’équité lui appartiennent... Les jugements du
Seigneur sont aussi justes qu'ils sont secrets et
impénétrables." (Livre 1, chapitre 17)
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