Chapitre I
Dieu, la Création et le salut des hommes
Les œuvres de la Sainte Trinité
6
Le salut de
l'homme malade
(Livre 1, chapitre 10)
Marie Lataste
rapporte ce que le Sauveur lui avait dit un jour: "L’homme
sur la terre ressemble à un malade, à un corps sans vie..."
En effet, l'homme a perdu la vérité par son péché, il ne
contemple plus la vérité de Dieu, il se révolte contre Dieu, il
est semblable à un corps sans vie.
En quoi consiste
la santé de l'homme? Dans la rectitude et le facile exercice de
ses facultés. Mais l'homme n'a plus ni la rectitude, ni un
facile exercice de ses facultés, car il a été blessé jusque dans
le plus intime de son être intellectuel et moral par le péché.
Il a conservé l’exercice de ses facultés, mais c'est un exercice
plein de labeur et pas toujours conforme à la sagesse. L'homme a
donc besoin de recouvrer la santé. Cela se fera grâce à un
principe de vie donné à ce mort: le Fils de Dieu fait homme. Le
remède plein d’efficacité donné à ce malade, ce sera le sang du
Fils de Dieu fait homme. Le médecin de l'homme, c'est Dieu. Or,
Dieu tuera cet homme pour le vivifier; il le frappera pour le
guérir.
Jésus va
s'expliquer: "Vous allez comprendre, ma fille, et vous
adorerez l’œuvre et les desseins bien admirables de la
Providence. Dieu est un médecin qui tue pour vivifier... La vie
de l'homme est une vie dans le péché, dans le crime, dans
l’injustice, dans l’impiété... dans les meurtres... dans la
révolte contre Dieu. Dieu s’approche de cet homme, tue en lui
l'homme de l’iniquité et lui donne la vie de la justice... il
tue l'homme adultère et impie pour faire vivre l'homme chaste et
vertueux.
Telle est
l’œuvre par excellence de Dieu sur l'homme. Dieu est un médecin
qui frappe pour guérir. Il frappe les hommes par ses
commandements pour les guérir de leurs vices; il les frappe par
ses menaces pour les guérir de leurs révoltes; il les frappe par
la vue de l’enfer pour tourner leurs regards vers le ciel; il
les frappe en leur découvrant les artifices de Satan pour leur
faire observer les œuvres de sa divine miséricorde."
L'homme doit
accepter le principe de vie qui est donné par le Père. Jésus ne
vivifie que ceux qui veulent être vivifiés, il ne guérit que
ceux qui veulent être guéris. La guérison qu’il opère, est
pleine d’efficacité et conserve la santé à jamais; et la vie
qu'il rend c'est la vie éternelle. Jésus insiste: "Celui qui
refusera la vie que je veux lui donner, restera éternellement
dans la mort; et celui qui refusera la santé que je veux lui
rendre, l’aura perdue pour l’éternité." (Livre 1, chapitre
10)
6-1-La loi
naturelle (Livre 1,
chapitre 14)
Un jour, pendant
la messe, Marie Lataste remerciait le Sauveur Jésus qui
s’immolait, sous ses yeux, entre les mains de son prêtre. Jésus
lui dit: "Dieu veut le salut de tous les hommes... mais d'une
volonté conditionnelle: l'homme doit faire ses efforts pour
profiter des moyens de salut que Dieu lui donne; il doit
correspondre à ses grâces qui ne lui manqueront jamais... Si
l'homme se perd, ce n'est point faute de connaissance, car Dieu
a gravé dans le cœur de chacun des hommes une loi, la loi
naturelle qui... suffit à tout homme pour être sauvé... Dieu
appelle à lui tous les hommes par l’offrande et le don de sa
grâce."
6-2-La grâce
"Quand une
personne est tentée, Dieu lui offre une grâce proportionnée à sa
tentation; à elle de recevoir cette grâce et d’y correspondre.
De cette correspondance dépend l’opération du bien et par suite
le salut... Dieu est maître de ses dons, il en dispose comme il
lui plaît, nul n'y a droit par son propre mérite...
Parfois, Dieu
a des vues de prédilection sur quelques âmes, et veut leur faire
éprouver la grandeur de ses miséricordes par des grâces plus
abondantes qu'il donnera à l’heure qui lui plaira. Mais qui se
flattera de pareille prédilection?... Et qui osera condamner un
pécheur, fut-il le plus grand pécheur du monde? Vous êtes juste
à cette heure et votre frère mérite la réprobation; qui vous dit
que, demain, vous ne serez pas réprouvé, parce que vous ne
correspondrez pas à la grâce suffisante que Dieu vous envoie; et
votre frère sera sauvé, parce que Dieu lui accordera des grâces
abondantes qui le retireront de l’abîme, pour le placer au
nombre des saints? Ne négligez rien de ce qui peut être agréable
à Dieu et fuyez avec soin tout ce qui peut l’offenser."
(Livre 1,
chapitre 14)
6-3-Nul ne
peut servir deux maîtres
(Livre 2, chapitre 16)
Jésus rappelle à
Marie Lataste ce qui est déjà dans son Évangile: tout ce qu'il a
fait pour le salut de tous les hommes qui, cependant, continuent
à se séparer de Lui. Or, il n'y a pas de milieu: les hommes
doivent choisir leur maître: entre notre Sauveur qui veut votre
salut, ou Satan qui ne veut que notre perte éternelle. Il faut
choisir car "nul ne peut servir deux maîtres; ou bien il
aimera l’un et haïra l’autre, ou bien il honorera le premier et
méprisera le second." De notre choix dépend notre bonheur ou
notre malheur éternel.
Marie s'exclama:
"Seigneur, mon choix est fait depuis longtemps, je le jure,
je veux être toute à vous." Jésus répondit qu'elle avait
choisi la bonne part et qu'elle ne lui serait point enlevée.
Puis il nous indique la différence entre ce que Satan a fait
pour nous, et ce que Lui, Jésus, nous donne: "Il vous a donné
la mort et je vous ai rendu la vie. Il vous a séparés de Dieu et
je vous ai réunis à lui. Il vous a chassés du paradis et je vous
en ai donné les clefs. Il vous a donné l’enfer pour héritage et
je vous ai donné le ciel. Que vous promet-il? Des plaisirs, des
biens, des honneurs, des richesses, et il ne vous donne que
peine, tribulation, honte et pauvreté. Que vous promet votre
Sauveur? Les richesses de sa grâce et les consolations de son
amour. L’avez-vous jamais trouvé infidèle?... Non, ma parole est
une parole de vérité, elle ne passera jamais.
Par contre,
"si vous suiviez Satan, vous auriez part à l’anathème éternel...
Quel prix vous donneriez pour ces plaisirs passagers et
menteurs, une éternité de souffrances et de tribulations, que
Satan vous procurerait!... Choisissez bien, et que votre choix
une fois accompli ne se démente jamais... Je vous promets de ne
me séparer jamais de vous, si vous ne vous séparez point de moi.
Tant que vous serez sur la terre, vous me trouverez plein de
miséricorde à votre égard et toujours prêt à vous recevoir quand
vous viendrez à moi... Ô! laissez toujours, pendant votre vie,
ma miséricorde se répandre sur vous, car, à l'heure de votre
mort, ma justice seule aura son action. N’imitez point ceux pour
qui j’ai répandu mon sang, et qui l’oublient, qui méprisent mes
lois et m’abandonnent pour se livrer à Satan... Tous les hommes
ont la liberté... Rappelez-vous que ceux qui diront: 'Seigneur,
Seigneur', n’entreront pas pour cela dans le royaume de Dieu.
(Livre 2, chapitre 16)
6-4-La vraie
sagesse des hommes
Dieu est à
lui-même sa propre gloire. Par pure bonté Il veut néanmoins que
l'homme, librement, lui rende gloire. Si l'homme rend gloire à
Dieu, il sera sauvé; s'il refuse, il sera réprouvé. Mais cela ne
changera rien à la gloire de Dieu qui est éternelle et qui est
la destination de tous les hommes. Et leur sagesse. (Livre 1,
chapitre 15)
Marie Lataste ne
comprenait pas toujours les paroles du Sauveur. Quand on
l'interrogeait, sur leur signification, elle répondait
"qu’elles s’étaient gravées dans son esprit comme le Sauveur
Jésus les avait prononcées." C'est ce qui lui était arrivé
quand elle avait reçu le chapitre 15 du livre 1; aussi
supplia-t-elle Jésus de s'expliquer. Le Sauveur Jésus lui redit:
"Dieu, dans
ses jugements secrets et impénétrables, a destiné des hommes
pour glorifier sa miséricorde et les autres pour glorifier sa
justice. Voici l’explication de ces paroles: Dieu, étant
souverainement parfait, connaît tout... Le passé, le présent et
l’avenir ne sont pour Dieu qu’une seule et même chose; pour lui,
l’avenir et le passé sont toujours présents..."
(Livre 1, chapitre 16)
6-4-1-Des
clartés sur ce que certains appellent la prédestination
"Dieu avait
résolu de toute éternité de créer le monde et de créer l'homme.
Il savait de toute éternité que l'homme pêcherait... et quels
seraient les péchés des hommes. Ainsi, quand il est dit dans les
livres saints que Dieu se repentit d’avoir créé le monde à cause
des péchés des hommes, vous ne devez point l’entendre en ce sens
que Dieu, avant la création du monde, n’avait point prévu les
péchés des hommes. Car s’il en eut été ainsi, Dieu ne serait pas
parfait. Dieu, dans sa prescience... savait donc le véritable
nombre des élus et des réprouvés... Mais ne pensez pas que Dieu
refuse aux réprouvés les grâces qui leur sont nécessaires pour
se sauver. Dieu les leur accorde, mais ils n’y correspondent
pas; et c'est pour cela qu'ils sont réprouvés... Cette prévision
de Dieu n’influe en rien sur la réprobation des hommes, car elle
n’a aucune action sur l'homme qui conserve toute sa liberté, et
peut abuser ou non des grâces de Dieu...
Dieu veut le
salut de tous, et Il donne à tous les grâces nécessaires pour
qu'ils opèrent leur salut. C'est parce que l'homme se perd
que Dieu le prévoit, et non parce Dieu le prévoit que l'homme se
perd et se damne. Dieu donne des grâces, mais il laisse avec
elles la liberté; et l'homme, en donnant ou refusant sa
correspondance à ces grâces, se damne ou se sauve librement."
(Livre 1, chapitre 16)
6-4-2-Précisions sur la chute de l'homme
Jésus continue à
expliquer ces choses difficiles. Il précise: "Quand Dieu créa
l'homme, il lui donna une âme douée de nobles qualités et
capable de le connaître, de l’aimer et de le servir. Il lui
donna aussi la liberté de le servir... de lui obéir ou de se
révolter contre lui; car Dieu veut une servitude libre et
volontaire. Il fit l'homme roi de la nature et lui permit de
manger du fruit de tous les arbres, excepté d’un seul, le
menaçant de mort s'il en mangeait, mais ne lui enlevant pas pour
cela la liberté d’en manger s'il le voulait. L'homme, usant de
sa liberté, mangea du fruit défendu, et Dieu, qui est
souverainement juste, dut le punir. Dès lors la justice de Dieu
éclata sur l'homme tant spirituellement que temporellement."
(Livre 1, chapitre 16)
6-4-3-Gravité
de la chute de l'homme et sa rédemption
Jésus continue
ses étonnantes et rassurantes explications: "Cette offense
faite à Dieu demandait une réparation... L’homme ne pouvant
donner cette réparation, devait demeurer victime de l’éternelle
malédiction. La miséricorde de Dieu... touchée de compassion
pour l'homme qui était son ouvrage, ne put se résoudre à le
détruire, à le perdre pour jamais. Elle Me proposa de donner la
satisfaction que l'homme ne pouvait donner. J’acceptai le rôle
de réparateur, et, en donnant à Dieu réparation, j’obtins non
seulement le pardon de l’offense de l'homme, mais encore les
grâces qui lui étaient nécessaires pour opérer son salut.
Car le péché
du premier homme l’avait tellement dégradé et entraîné, lui et
toute sa postérité, vers le mal que, de lui-même, il lui était
impossible de résister au mal et d’opérer le bien. C'est Moi
qui, par ma mort, ai procuré à l'homme la résistance au mal et
l’opération du bien. Ainsi, l'homme se sauve et obtient la grâce
de Dieu par moi seul, depuis que je suis venu sur la terre; et
avant que je me fusse incarné, par la foi... fondée sur la
promesse que Dieu fit à Adam, après sa faute...
La grâce,
avant comme après ma naissance et ma mort, est offerte à l'homme
à cause de mes mérites. Tous les hommes la reçoivent, et tous
ont la liberté d’y correspondre ou d’y résister... Si l'homme se
perd, ce n'est pas parce que Dieu ne lui a pas donné assez de
grâces pour se sauver, ni parce que la grâce de ma rédemption
n’a pas été suffisante... non, la grâce donnée à chaque homme
lui suffit pour opérer son salut, et la grâce de ma rédemption
aurait seule pu sauver mille mondes."
(Livre 1,
chapitre 16)
6-4-4-Grâce
de Dieu et sagesse des hommes
Jésus va encore
plus loin, répondant ainsi à tant de nos questions, non
exprimées. Ainsi, il dit: "Il est certain qu'il y a des
hommes qui résistent... à la grâce, et qui par conséquent seront
damnés. Dieu sait tout de toute éternité, Il connaît par
conséquent quels sont ceux qui seront rebelles. Il est certain
que Dieu aurait pu sauver tous les hommes. Pourquoi donc,
prévoyant quels sont ceux qui seraient damnés, les a-t-il créés?
Pourquoi, pouvant les sauver tous ne l’a-t-il point fait?"
Jésus constate:
"C'est une chose que l’esprit de l'homme ne peut pénétrer et
devant laquelle il doit abaisser et soumettre sa raison, pour
adorer profondément les conseils et les jugements secrets de
Dieu, qu'il n’est point permis à l'homme d’approfondir. Il doit
suffire à l'homme de savoir qu'il peut et qu'il doit se sauver,
qu'il a les grâces nécessaires pour cela, et que, s’il se perd
ou se sauve, ce sera parce qu'il l’aura voulu, et non parce que
Dieu... l'aurait prévu depuis toujours."
Jésus ajoute
encore ces paroles de sagesse: "Il suffit à l'homme de savoir
que Dieu aurait pu ne pas lui donner un Sauveur, et qu'il aurait
été souverainement juste en punissant éternellement tous les
hommes. Il suffit à l'homme de savoir que Dieu lui a donné un
Sauveur pour lui permettre de glorifier éternellement sa
miséricorde, s'il correspond à la grâce de son salut... "
Un dialogue
s'engagea ensuite entre le Sauveur Jésus et Marie Lataste,
duquel on peut retenir que l'homme est libre de faire le bien ou
le mal, qu'il peut faire le bien avec la grâce qui ne vient que
de Dieu, en considération, des mérites et de la miséricorde de
Dieu. Il faut que l'homme corresponde à la grâce pour être
sauvé, cette grâce que Dieu s'est engagé à accorder à tous ceux
qui la lui demandent comme il faut. Dieu veut le salut de tous
les hommes, mais d’une volonté conditionnelle, pour les hommes
qui font ce qu'il leur demande, et non d’une volonté absolue,
parce qu'il veut laisser aux hommes la liberté de se sauver.
Jésus pose alors
une question essentielle: "Pourquoi Dieu veut-il que l'homme
ait la liberté de se sauver?" Marie ne peut que répondre:
"Seigneur, parce qu'il le veut. Je ne puis en dire davantage."
Jésus précise
alors que "ce n'est pas la grâce qui fait les saints, mais la
correspondance à la grâce; que cette correspondance est une
grâce et pour ainsi dire la grâce des grâces; que cette grâce
n'est pas au pouvoir de l'homme, mais qu’elle vient de Dieu; que
Dieu ne la doit à personne, mais qu'il ne la refuse jamais quand
on la lui demande." Quelle sagesse! (Livre 1,
chapitre 16)
La leçon a été
difficile. Aussi Jésus, maître pédagogue, reprend-il un par un,
tous les ponts abordés, dans un véritable cours de catéchisme,
avec des questions et des réponses:
6-4-5-Une
révision pédagogique
(Livre 1, chapitre 16)
– Dieu a-t-il
besoin de l'homme?
demande Jésus
– Non, Seigneur,
répond Marie.
– Qu’a mérité
l’homme par son péché?
– La mort
éternelle.
– Dieu est-il le
maître de l'homme?
– Oui, Seigneur.
– Qu’est-ce que
l'homme?
– Une créature
raisonnable, dépendante de Dieu, son Créateur.
– Qu’a fait dès le
commencement cette créature que vous dites dépendante de Dieu?
– Elle s’est
révoltée contre Dieu.
– Était-il juste
que Dieu infligeât une punition à l'homme?
– Oui, Seigneur.
– Pourrait-on
trouver injuste que Dieu, après le péché de l'homme, n’eût voulu
sauver qu’une partie des hommes?
– Non, Seigneur,
mais il a voulu les sauver tous, et il veut que tous soient
sauvés.
– Comment se
fait-il que Dieu voulant le salut de tous les hommes, tous ne
soient pas sauvés?
– C'est que la
volonté des hommes est opposée à celle de Dieu.
– La volonté de
Dieu ne pourrait-elle donc pas triompher de la volonté des
hommes?
– Elle le pourrait,
mais elle ne le veut pas, parce que Dieu a fait l'homme libre.
– Dieu
abandonne-t-il les âmes, ou bien les âmes abandonnent-elles
Dieu?
– Ce sont les âmes,
Seigneur, qui abandonnent Dieu; elles ne correspondent plus à la
grâce, perdent l’amitié de Dieu et tombent dans le péché.
– Est-ce
volontairement que l’âme commet le péché et avec une entière
liberté?
– Oui, Seigneur;
sans cela il n'y aurait point de péché.
– Serait-il
impossible à Dieu de l’empêcher de pécher?
– Non, Seigneur.
– Que fait donc
Dieu en n’empêchant point une personne de l’offenser?
– Il la laisse user
de sa liberté.
– Et quand cette
âme a parcouru le cours de son existence sur la terre, que fait
Dieu?
– Il fait ce qu'il
doit faire; il exerce sur elle un jugement de justice.
– Comment Dieu
exerce-t-il sur cette âme un jugement de justice?
– En lui rendant
selon ses œuvres, c’est-à-dire en la punissant.
– Dieu a-t-il le
droit de la punir?
– Oui, Seigneur.
– Est-il injuste
s’il le fait?
– Non, Seigneur
parce qu'il ne lui donne que ce qu’elle a cherché, et la justice
de Dieu apparaît dans la peine qu'il lui inflige.
– Pensez-vous que
Dieu ne trouve jamais de correspondance à sa grâce?
– Non, Seigneur; je
crois qu'il y a des âmes qui correspondent aux grâces de Dieu.
– Ces âmes
correspondent-elles volontairement?
– Oui, Seigneur.
– Que doit faire
Dieu pour les âmes qui correspondent à sa grâce?
– Les récompenser,
et ne point rendre inutile la miséricorde que vous leur avez
procurée par votre mort.
– Quel sera donc le
jugement de Dieu sur ces âmes?
– Un jugement de
miséricorde.
– Et sur les âmes
rebelles?
– Seigneur, ce sera
au contraire un jugement de justice.
– Que fera donc
pendant l’éternité l’âme qui aura résisté à la grâce de Dieu?
– Elle servira de
témoin à la justice divine qui punit le mal et l’iniquité.
– Que pensez-vous
de ce témoignage?
– Seigneur, il me
semble qu'il sera la manifestation de la justice de Dieu.
– Et la
manifestation de la justice de Dieu, est-ce autre chose que la
glorification de cette même justice?
– Non, Seigneur;
car rendre témoignage à Dieu, c'est le glorifier.
– Que fera pendant
l’éternité l’âme qui aura correspondu à la grâce de Dieu?
– Elle servira de
témoin à la miséricorde divine qui récompense le bien et la
vertu.
– Que pensez-vous
de ce témoignage?
– Seigneur, il me
semble qu'il sera la manifestation de la miséricorde de Dieu.
– Et la
manifestation de la miséricorde de Dieu, est-ce autre chose que
la glorification de cette même miséricorde?
– Non, Seigneur,
car rendre témoignage à Dieu, c'est le glorifier.
– Or, croyez-vous
qu'il ait fallu que Dieu attendît l’existence des hommes pour
savoir s’ils seraient fidèles ou infidèles à sa grâce?
– Non, Seigneur.
– Pourquoi?
– Parce que Dieu
est éternel, que le passé n’existe pas pour lui, et qu'il voit
en une seule vue le passé, le présent et l'avenir.
– Si la vue de Dieu
est éternelle, sa connaissance de toutes choses n’est-elle pas
éternelle aussi?
– Oui Seigneur.
– Si Dieu voit et
connaît de toute éternité, quel doit être le complément de cette
vue et de cette connaissance éternelle?
– Seigneur, un
jugement éternel.
– Quel sera ce
jugement en faveur des âmes fidèles?
– Un jugement de
bonheur éternel.
– Et pour les âmes
infidèles?
– Un jugement de
malheur éternel.
– Comment
nommez-vous ce dernier jugement?
– Celui de la
justice de Dieu contre l'homme qui a repoussé sa miséricorde
divine.
– Et le second?
– Celui de la
miséricorde en faveur de l'homme qui, par Jésus-Christ, a apaisé
la justice divine.
– Pourquoi
appelez-vous un de ces deux jugements, jugement de justice, et
l’autre jugement de miséricorde?
– J’appelle le
premier jugement de justice, parce que c'est la justice de Dieu
qui seule m’apparaît dans ce jugement; j’appelle le second
jugement de miséricorde, parce que dans ce jugement, c'est
surtout la miséricorde de Dieu qui apparaît.
– Dans ce second
jugement n’y a-t-il que jugement de miséricorde?
– Seigneur, il y a
en même temps aussi jugement de justice; mais de justice
miséricordieuse ou de justice étroitement unie à la miséricorde
dont les élus jouiront éternellement, tandis que les réprouvés
n’auront jamais plus de miséricorde de la part de Dieu.
– Si Dieu voyait,
connaissait, jugeait tout de toute éternité et avant l’existence
de l'homme, qu’êtes-vous en droit de conclure des paroles que je
vous avais adressées précédemment, savoir: Que Dieu, dans ses
jugements secrets et impénétrables, a destiné les uns pour
glorifier sa justice et les autres pour glorifier sa
miséricorde?
– Je conclus,
Seigneur, que ces paroles, comme toutes celles qui sortent de
votre bouche, sont pleines de vérité.
Après cela,
conclut Marie, je remerciai le Sauveur Jésus de m’avoir parlé
avec tant de familiarité, et le priai de me bénir. Il leva sa
main au-dessus de ma tête, me bénit et je goûtai dans mon âme
une félicité inénarrable."
(Livre
1, chapitre 16)
6-4-6-Éloge
de la Sagesse (Livre 2,
chapitre 15)
Un jour, après
avoir demandé à Marie Lataste de lui donner son cœur, Jésus
exposa les béatitudes liée à la Sagesse de Dieu. Il dit:
"Heureux, celui qui est sage de la sagesse de Dieu! Heureux
l'homme sage, qui par sa sagesse suit un chemin étroit, et qui,
ôtant de devant ses yeux le bandeau qui couvre ceux de la
plupart des hommes, ne marche point dans l’obscurité! Heureux
l'homme sage... qui par sa sagesse demeure comme une colonne de
fer, au milieu des peines et des joies, des douleurs et des
plaisirs! Heureux l'homme sage qui... par sa sagesse cultive son
jardin et en arrache les mauvaises herbes... et garde son jardin
pour que l’ennemi n’endommage point les fleurs et n’enlève point
les fruits! Heureux l'homme sage, qui se tient prêt et sur ses
gardes pour se défendre et chasser les voleurs!... " (Livre
2, chapitre 15)
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