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Comment Dieu se communique à l'âme
Plus tard, le 30
août 1843 (Lettre 16), Marie Lataste tentera, par obéissance,
d'expliquer à son directeur ce qui se passe en elle quand Dieu
lui "parle". En réalité, "ce ne sont point des paroles qui me
sont adressées, ni des pensées qui me sont inspirées; ce sont
des clartés brillantes, des vues, des connaissances que j’ai
reçues dans l’oraison. Vous vous rappelez la différence que j’ai
mise entre le Tabernacle Admirable, le sein et le Cœur de Dieu.
C'est dans le sein de Dieu que j’ai reçu ces communications. Je
puis les réduire à trois points. Je ne sais si je pourrai bien
me faire comprendre; je m’expliquerai le plus clairement que je
pourrai..."
Marie écrit
"qu'il s'agit d'abord de Dieu
infiniment grand et infiniment incompréhensible dans son être et
dans ses perfections. Ensuite, il s'agit des relations entre
Dieu et l'âme élevée jusqu’à lui par l’union la plus intime.
Enfin,
il s'agit de l’état d'une âme
dépouillée de la grâce sanctifiante, de son retour à Dieu et de
ses combats après sa conversion."
Marie qui discerne la
disproportion infinie qui existe entre Dieu et l'homme va
essayer de préciser sa pensée:
"Dans la
première communication la simple vue et la connaissance de
Dieu offrent quelque chose de si grand, de si parfait... de si
infini, si au dessus de ce que l'esprit de l'homme est capable
de comprendre... que toutes les facultés de son âme sont
débordées, et que son cœur est ému par divers sentiments qu'il
chercherait inutilement à contenir.
C'est en vain
que l'esprit demande des expressions pour rendre les choses même
telles qu'il les conçoit et les comprend... Il est obligé de
reconnaître qu'il ne peut rien dire de plus digne sur Dieu que
d’avouer et de proclamer Dieu au dessus de tout ce que l’esprit
de l'homme peut comprendre ou concevoir. Dieu est un tout qui ne
peut être compris. Il remplit tout par son immensité. Tout vient
de lui et retourne à lui... Tout proclame les perfections de
Dieu, tout publie sa gloire, tout annonce son existence... En un
mot, Dieu est un être infiniment grand, infiniment
incompréhensible dans son être et ses perfections. Seul, il peut
se comprendre lui-même.
Voici la
deuxième. Quand il plaît à Dieu d’élever une âme, il
se communique à elle, il la fait participer à sa sainteté, à sa
sagesse, à sa force; il l’éclaire de ses lumières, il la remplit
de la vertu de son Esprit, il se découvre à elle, il la
transporte et la fait monter jusque dans le cercle de l’adorable
Trinité...
L'âme, se voyant
comblée des bienfaits immenses du Très-Haut, les reçoit avec les
sentiments de la plus profonde reconnaissance... Elle proclame
surtout qu'elle se croit incapable de tout et qu'elle
s’abandonne entièrement à Dieu... L'âme se perd dans le sein de
Dieu et repose en lui: mais elle n’oublie pas... le sentiment de
sa bassesse et de son néant.
Voici sur la
troisième. Quand l'âme est dans le péché, elle se
trouve plongée dans un abîme profond. Elle est là, environnée de
ténèbres et victime des démons, ses ennemis... Cette âme, si
belle et si noble par elle-même, est par son péché dans un état
de noirceur et de laideur qui la rend hideuse aux yeux de Dieu,
des anges et des saints. Elle est séparée de Dieu et éloignée de
lui par une distance infinie. Cependant Dieu, toujours
miséricordieux, ne veut point abandonner cette âme, malgré ses
péchés... Il lui fait comprendre son malheur par la perte
qu'elle a faite de son amitié... Il met tout en œuvre jusqu’à ce
qu'il ait triomphé.
L'âme... lève
ses yeux vers lui et lui jette ses supplications. Dieu descend
près de cette âme, lui donne le repentir qui brise ses liens
et... il la revêt de la robe blanche de l’innocence, par le
pardon des échés qu'elle accuse au ministre du Sauveur Jésus.
L'âme est pourtant encore tout près de l’abîme qu'elle vient de
quitter... Elle rencontre mille obstacles, mille embarras qui
l’empêchent d’avancer dans la route du bien... Dieu ne lui
manque pas, heureusement; Dieu la soutient, nourrit son courage,
et peu à peu elle fuit loin de l’abîme en marchant plus
commodément vers le ciel.
Conclusion.
J’ai vu enfin la disproportion qu'il y a entre Dieu et l'homme.
En Dieu tout est infini; en l'homme tout est borné. Dieu se
suffit à lui-même, il n’a besoin de personne... il est, il a
été, il sera au siècle des siècles...
Mais l'homme ne
s’est pas fait lui-même; il est l’ouvrage de Dieu, il a eu un
commencement, il aura une fin; il tient tout de Dieu... il n'est
rien en comparaison de Dieu... "
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