3
La chasteté
Comme nous le
verrons plus tard, Marie-Lataste a longuement écrit sur sa
contemplation du Cœur de Dieu, c'est-à-dire du Cœur de la sainte
Trinité. Cette contemplation la conduira à écouter de nombreux
enseignements de Jésus, et par obéissance à son Père spirituel,
elle s'étendra sur un de ces enseignements concernant une vertu
essentielle: la chasteté.
La vertu de
chasteté étant la vertu qui doit accompagner toutes les
vocations, nous la plaçons, afin d'en faciliter la
compréhension, immédiatement après le chapitre consacré aux
vocations. Marie Lataste précise bien que ce qu'elle écrit ne
vient pas d'elle, mais du Sauveur Jésus. Cette vertu est traitée
dans les lettres 20 à 23.
Dans sa lettre du
1er octobre 1843 (Lettre 20) Marie considère d’abord la chasteté
en elle-même, puis, en second lieu, elle décrit ses avantages et
ses effets, et enfin sa pratique.
3-1-La chasteté,
vertu divine
"La chasteté est
une vertu divine: elle vient de Dieu, elle donne à l'homme
ressemblance avec Dieu, qui est l’être souverainement pur, sans
aucun mélange ni participation à autre chose qu'à la divinité.
La chasteté mène l'homme à Dieu... La chasteté est une vertu
sublime, dont la source est infiniment élevée, puisqu’elle vient
de Dieu... Elle empêche l'homme de tomber au niveau des animaux
sans raison et l’élève jusqu’à l’auteur même de la raison, Dieu,
roi du monde et des cieux. La chasteté est une vertu puissante
qui rend l'homme maître de lui-même, en lui donnant la force de
résister à ses mauvais penchants et à ses inclinations
perverses... et de vaincre généreusement l’attrait pour tout ce
qui est impur et d’éloigner son âme du libertinage et de la
corruption. La chasteté est la vertu opposée au vice d’impureté.
La chasteté est
une vertu nécessaire; car il est écrit que rien de souillé
n’entrera dans le royaume des cieux; et sans la chasteté, il est
impossible de ne point souiller son corps et son âme. La
chasteté est une vertu qui convient à toutes sortes de
personnes, à tout âge, à l'homme comme à la femme, au vieillard
comme à l’enfant... aux vierges comme aux personnes engagées
dans le mariage, au roi le plus illustre et le plus puissant
comme au dernier de ses sujets. La chasteté est une vertu que
tous doivent posséder... tous doivent être chastes..."
3-2-Les
avantages de la chasteté
"La chasteté est
une vertu... inappréciable. Elle mérite... notre estime la plus
parfaite, notre empressement et tous nos efforts pour
l’acquérir... ou pour l’augmenter chaque jour davantage en
évitant tout ce qui pourrait la blesser ou la ternir. Combien
cette vertu de chasteté est avantageuse à l'homme pour ses
intérêts spirituels! La chasteté délivre l'homme d'une passion
qui l’agite et le tyrannise, qui le dévore et le consume par
cette soif des plaisirs et des jouissances impures... qu'il ne
peut éteindre ni satisfaire, même en lui accordant tout ce
qu'elle lui demande.
Quelle
différence entre deux hommes, dont l'un est chaste et l’autre
point! Que trouve-t-on dans celui-ci? Troubles, agitations,
souffrances et malheur. En celui-là? Le calme, la paix, la
tranquillité, le bonheur. L’un a toujours l’esprit occupé
d’images et de figures déshonnêtes qui appesantissent son âme et
l’empêchent de s’élever vers Dieu... la plongent dans la
corruption et la misère, lui ôtent l’amour de Dieu et le rendent
semblable aux animaux sans raison. La conduite de cet homme
devient souvent la cause de son désespoir...
Celui qui est
chaste, au contraire, tient son esprit libre de toute pensée
déshonnête... Il s’élève autant vers Dieu qu'il se détache des
créatures. Il conserve son cœur pur, et Dieu le regarde avec
complaisance, lui donne ses bénédictions, répand en lui ses
grâces avec abondance... ou bien, s'il l’éprouve pour augmenter
sa couronne dans le ciel, il ne torture point son cœur par
l’aiguillon cuisant du remords. Aussi, quand vient l’heure de sa
mort... son âme s’envolera avec confiance vers Dieu pour aller
recevoir la couronne de gloire et d’immortalité... qu'elle aura
méritée par ses combats, ses luttes et ses triomphes de chaque
jour.
Les avantages
spirituels de la chasteté sont donc le bonheur et la paix de
l'âme pendant la vie, la tranquillité à l'heure de la mort, la
gloire et la félicité du ciel après la vie.
Les
avantages temporels ne sont pas moins importants. La chasteté
entoure de respect et d’honneur celui qui la possède... La
chasteté fait le bonheur de la famille. Elle resserre et
sanctifie les liens sacrés du mariage par une mutuelle fidélité
entre les deux époux... La chasteté fait la gloire et l'honneur
de la jeunesse des deux sexes et la consolation des parents dans
leurs enfants. La chasteté étend ses bienfaits jusque sur les
biens temporels... Dieu ne répand point ses bénédictions sur les
familles où la chasteté ne règne point... Il frappe aussi les
royaumes et les cités, les rois et les sujets, les pères et les
enfants... N'est-ce point lui qui par le feu du ciel a détruit
Sodome et Gomorrhe, et qui a frappé David et Salomon et mille
autres, à cause du vice opposé à la vertu de chasteté?
3-3-La pratique
de la chasteté
Admirer la beauté
et l’excellence de la chasteté, c'est bien; encore faut-il la
pratiquer. "Cette vertu est d'une délicatesse extrême... ce
n'est qu'avec une précaution continuelle qu'on peut la
conserver... Je ne veux point dire pour cela que toute pensée
contre la modestie soit un péché, tout le monde est soumis à ces
sortes de pensées, même les plus grands saints...
Que fait une
personne chaste quand il lui vient des pensées contraires à la
chasteté? Elle les rejette aussitôt qu'elle s’en aperçoit; elle
porte son esprit et son cœur vers Dieu et lui demande sa sainte
grâce pour ne point l’offenser. Elle ne se permettra jamais une
parole inconvenante, une parole à double sens qui pourrait
perdre une âme un peu faible... Non seulement elle s’interdit
des paroles de cette sorte, mais elle ne peut même supporter
qu'on les prononce en sa présence... Une personne chaste ne se
permet jamais le moindre regard opposé à la modestie, parce
qu'un regard jeté avec de mauvaises intentions... est un péché.
C'est un trait cruel, capable de donner la mort à une âme... Une
personne chaste... respectera son corps et le fera respecter par
autrui. Elle ne se contentera pas d'être chaste intérieurement,
elle saura manifester extérieurement son amour pour cette
vertu...
Une personne
véritablement chaste l’est à la fois intérieurement et
extérieurement. La chasteté est dans son cœur comme un précieux
parfum, doux et suave, qui ravit tous ceux qui l’approchent...
Qu'il est doux et agréable de voir pratiquer la chasteté!
Ô chasteté,
vertu de l'homme et de la femme, vertu de tous les âges et de
toutes les conditions, tu es le plus bel ornement de la jeune
fille... Tu lui fais éviter avec le plus grand soin tout ce qui
pourrait ternir la pureté et l’innocence de son âme... Tu es la
gloire du jeune homme qui, loin de rougir de ta pratique, te
prend pour règle de sa conduite. Tu le fais respecter et tu lui
dis de respecter autrui, parce qu'en déshonorant les autres il
se déshonorerait lui-même. Tu es la vertu principale des
personnes mariées... Tu les fais vivre comme de vrais enfants de
Dieu. Tu es l’auréole glorieuse du vieillard...
Voilà, Monsieur
le Curé, autant que j'ai pu les réunir et les classer, les
divers enseignements que j’ai reçus, que j'ai gardés et que je
vous transmets selon vos désirs. J’oubliais de dire que, puisque
cette vertu doit être pratiquée dans tous les états et dans
toutes les conditions, elle n'est incompatible avec aucune
condition ni aucun état. Tous peuvent être chastes, parce qu'ils
doivent l'être. Ce qui est impossible n’a jamais été et ne sera
jamais l’objet d’un commandement de Dieu."
3-4-Comment
garder la chasteté
3-4-1-
Tout d'abord être vigilant
Marie Lataste doit
encore parler des moyens de garder la chasteté. Elle le fait le
8 octobre 1843 (Lettre 21), et raconte comment Notre-Seigneur
Jésus-Christ lui a parlé: "Ma fille, il y a deux sortes de
chasteté, la chasteté du corps et celle de l’esprit. Celui qui
n'est pas chaste dans son corps ne peut l'être dans son esprit,
et rarement celui qui n'est pas chaste dans son esprit demeure
chaste dans son corps. Le corps est l’instrument par lequel la
concupiscence pose les actes contraires à la pureté; l'esprit
est celui qui conçoit les actes et les fait produire d'une
manière extérieure par le corps.
Il y a une
différence entre le corps qui est matière et l'esprit qui n'a en
lui rien de matériel. Il faut donc leur donner deux secours ou
deux moyens différents à l'aide desquels le corps et l'esprit
puissent, chacun pour soi, garder la chasteté. Ces deux moyens
sont la mortification pour le corps, la prière pour l'esprit ou
pour l'âme.
Si vous prenez
soin de votre corps, si vous le nourrissez avec abondance et
délicatesse, si vous lui accordez tout ce qu'il vous demande...
soyez persuadée que vous deviendrez aisément la proie du démon
de l’impureté. Le corps ainsi traité est mou, efféminé... il est
incapable de soutenir une lutte... il devient l’esclave de
l’incontinence, à laquelle il sacrifie aussi souvent qu'elle le
demande. Mais si vous réduisez votre corps en servitude... si
vous le liez par les liens de la mortification, des veilles et
des jeûnes, il deviendra fort contre le démon de l’impureté...
Il n’aura pas accès près de lui. Il trouvera tous les accès,
soigneusement gardés et défendus. Veillez donc et mortifiez
votre corps; vous serez forts et puissants contre l’impureté...
Enfin... ne vous exposez jamais à la tentation d’impureté en
fréquentant des lieux ou des personnes qui pourraient devenir
pour vous une occasion de chute. Si vous faites cela, vous serez
chaste dans votre corps.
"Mais cela ne
suffit pas... Le corps et l’âme doivent être chastes l’un et
l’autre, et ne peuvent l’être séparément s’ils ne le sont tous
deux à la fois. Il faut donc que vous joigniez à la
mortification, qui est la sauvegarde du corps, la prière, qui
est la sauvegarde de l'âme.
3-4-2-Prier
Jésus rappelle
d'abord à Marie Lataste que la prière c'est non seulement une
élévation de l'âme vers Dieu, mais c'est aussi un cri vers Dieu,
un appel au secours adressé à Dieu, un refuge cherché près de
Dieu. En conséquence, prier est pour l'homme l'assurance de sa
chasteté. Jésus dit: "Ma fille, la chasteté est un don de
Dieu. L'homme n'est point chaste par lui-même... Il faut donc
demander à Dieu la chasteté si on ne l’a point, c'est-à-dire
prier. Il faut... la remettre entre ses mains pour la conserver,
c'est-à-dire prier, parce que l'homme ne peut pas plus la
conserver qu'il ne peut l’acquérir par lui-même. La prière est
la seule défense, le seul soutien de la chasteté.
Il y a plusieurs
sortes de prière... pour la conservation comme pour
l’augmentation de la chasteté. La meilleure des prières... c'est
la prière dictée par l’amour, c'est un cri d’amour jeté vers
moi... Jamais une âme tentée contre la pureté... n’a pénétré
dans l’ouverture de mon cœur, sans que mon cœur ait été pour
elle une défense inexpugnable... Jamais une âme amie de la
chasteté n’a porté son œil sur la Divinité, considéré... sa
sainteté ou sa perfection infinie, sans avoir senti croître en
elle son amour pour cette admirable vertu.
Jamais une âme
n’a reconnu sa misère, sa bassesse, son néant, sa faiblesse, son
impuissance et dit à Dieu, au moment de la tentation: 'Mon Dieu,
sauvez-moi!' sans qu'elle ait été délivrée par Dieu. Enfin, ma
fille, jamais une âme ne s’est approchée dignement du sacrement
de mon amour sans qu'elle y ait trouvé... comme un rempart
inexpugnable contre ceux qui la persécutent. Communier à mon
corps et à mon sang... c'est me dire: 'Sauveur Jésus, vous êtes
le pain de vie, délivrez-moi de la mort. Seigneur, vous êtes le
Dieu trois fois saint, délivrez-moi du péché.'... Je ne demeure
point sourd à cette prière et je permets à l'âme de puiser en
mon Cœur... le vin qui fait germer les vierges..."
D'où le conseil
adressé par Jésus à Marie Lataste:
"Soyez mortifiée
et soyez vigilante; priez, c'est-à-dire reconnaissez votre
faiblesse, et pleine de confiance abandonnez-vous à Dieu; vous
demeurerez chaste, vous demeurerez pure, et vainement l’esprit
de ténèbres tendra des pièges sous vos pas, jamais il ne vous
prendra dans ses filets."
3-5-Les pensées
contraires à la virginité et à la chasteté
Il semblerait que
Jésus estime son enseignement sur la chasteté incomplet, car,
quelques jours plus tard, dans la lettre 23, Marie Lataste
continue sur ce même sujet: "Je viens vous soumettre
aujourd'hui un entretien que j’ai eu avec le Sauveur sur les
pensées contraires à la chasteté et les actes qui lui sont
opposés. Il m'a instruite plusieurs fois là-dessus pour me faire
bien comprendre et distinguer ce qui est mal de ce qui ne l’est
point, et sur la manière de se conduire, afin de ne jamais
blesser la vertu de chasteté ni par pensées ni par actions."
Incontestablement
Jésus remet les choses à leur vraie place. Il faudrait peut-être
le faire savoir. Nous donnons ci-dessous l'intégralité de
l'enseignement de Jésus. Il dit: "Je pose en principe que les
actes opposés à la virginité ne sont point mauvais par
eux-mêmes, que la connaissance de tout ce qui est contraire à la
virginité et à la chasteté n'est point mauvaise par elle-même,
et que les pensées de tout ce qui ternit la virginité ou la
chasteté ne sont point mauvaises non plus par elles-mêmes.
L’acte contraire
à la virginité n'est un péché que lorsqu'il y a abus dans
l’accomplissement de cet acte, et dans les circonstances et dans
les cas où il n'est point permis de l’accomplir. Mais cet acte,
dans l’état de mariage, quand on observe les lois fixées par
Dieu, devient un acte de religion.
La connaissance
des choses opposées à la virginité ou à la chasteté n'est
mauvaise que par l’usage mauvais que l’on en fait; mais elle est
souvent utile pour travailler au salut des âmes et augmenter ma
gloire. Comment pourrait-on diriger et donner conseil sur
l’accomplissement ou l’abstention de ces actes, si l’on n’en
avait pas la connaissance? Ce serait chose impossible, cette
connaissance est donc bonne, considérée en elle-même.
Les pensées
contraires à la chasteté ne sont mauvaises que lorsqu’on y
arrête son esprit avec complaisance et qu'on ne cherche point à
éloigner ces pensées. Il est quelquefois nécessaire de penser à
ces choses, par exemple quand on doit instruire une personne et
lui montrer le mal là où il est. Pour cela, il faut connaître ce
qui fait le sujet de l’instruction que l’on donne. Or, dans ces
cas, vous le comprenez, ni la connaissance ni les pensées ne
sont mauvaises. Les pensées contraires à la pureté viennent de
quatre sources différentes.
-Elles viennent
du démon, qui les lance dans les cœurs comme des traits
empoisonnés par le désir de l’impureté. Ces pensées sont très
pénibles à supporter et très difficiles à vaincre. Néanmoins, si
l’on demande le secours de Dieu, si on se confie en lui, on
triomphe toujours, parce que jamais nul n'est tenté au dessus de
ses forces.
-Elles viennent
de la partie inférieure de l’âme qu'on appelle la nature
corrompue. C'est là qu'est le foyer de la concupiscence, la
racine de toutes les passions, surtout de la passion de
l’impureté. Cette partie de l'âme est féconde en mauvaises
pensées, en mauvais désirs. Elle influe sur le corps, à qui elle
donne des mouvements selon l’inclination de l’impureté. Le
corps, qui par lui-même n'est que matière, étant mis en
mouvement par l’influence de la volonté inférieure de l'âme,
s’accorde parfaitement avec elle pour livrer à la volonté
supérieure une guerre cruelle et opiniâtre. Or, tout ce qui se
passe dans la partie inférieure de l'âme et dans le corps, soit
en pensées, soit en mouvements, soit en jouissances impures,
n'est point péché si la volonté supérieure ne donne point son
consentement; mais pour peu qu'elle consente et qu'elle se
plaise dans ces pensées, ces mouvements et ces jouissances, il y
a péché.
Donc, quelque
chose qu'on éprouve, fussent les mouvements les plus déréglés et
les pensées les plus obscènes, tant que la volonté supérieure de
l'âme ne donne point son consentement, il n'y a point péché,
parce que le consentement seul est ce qui constitue le péché
dans sa réalité. Tout le reste n'est que matière de péché,
mouvement à accomplir le péché, mais ce n'est point le péché.
C'est le consentement qui fait le péché quand il tombe sur
une matière de péché.
Ces pensées
impures, ces mouvements déréglés ne doivent donc point vous
alarmer, vous inquiéter, vous faire perdre courage. Car c'est là
la guerre que l'homme doit livrer pendant toute sa vie, et dont
il ne peut être délivré que par une grâce toute spéciale de
Dieu. C'est cette guerre et cette lutte qui font dire à tant de
saints: 'Hélas! Quand serai-je délivré de ce corps de mort?'
Cette lutte, loin d’être un péché, est un sujet de mérites
considérables. Par conséquent, loin de se troubler ou de
s’affliger, il faut n'y point faire attention, mais demander
humblement à Dieu son secours et se tenir toujours sur ses
gardes...
Ces pensées
viennent encore de l’imagination. L’imagination, frappée et
impressionnée par ces choses impures, les présente sans cesse à
la volonté. Or, pour ne point pécher, pour ne point consentir,
il n'est pas nécessaire d’avoir horreur et d’être peiné de ce
que l’imagination présente à la volonté; il suffit d'y être
indifférent et de ne point y prendre plaisir. L’horreur ou la
peine qu'on éprouverait, bien loin quelquefois d’amortir
l’imagination, ne feraient que l’impressionner davantage. Le
mieux est de se tenir indifférent, de ne point y faire
attention, de fermer doucement la porte de son cœur et de se
tenir en paix. Si c'est le démon qui agite ces pensées dans
l’imagination, il en sera mortifié.
Souvent, ne
pouvant faire perdre la grâce à une âme en obtenant qu'elle
prenne plaisir à des pensées impures, il profite de l’état de
peine ou d’horreur que ces pensées inspirent à cette âme pour
lui faire perdre sa paix; il la trouble, il l’agite et profite
ensuite de ce malaise pour la jeter dans le découragement. C'est
ainsi surtout qu'il attaque les âmes pieuses. Elles doivent y
aviser, reconnaître là l’artifice du démon, et au lieu de cette
horreur et de cette peine sensible, préférer le mépris et
l’indifférence qui suffisent.
Ces pensées,
enfin, viennent quelquefois de Dieu. Lorsqu’il plaît à Dieu
d’éclairer une âme et de lui montrer la vérité, c'est-à-dire
l’ordre et le bien, il lui donne des lumières et des pensées sur
ces choses, qui, loin d’apporter le trouble et le péché en elle,
lui donnent le calme et la paix.
Et voici la
conclusion de Jésus à l'adresse de Marie Lataste: "Ainsi, ma
fille, je suis venu vous éclairer vous-même et vous apprendre là
où se trouve le mal et là où il n'est pas. Votre esprit et votre
cœur étaient dans l’inquiétude, parce qu'ils n’avaient point la
vérité. Aujourd'hui que je vous l’ai révélée, soyez calme et
tranquille, conservez la paix. Soyez toujours maîtresse de la
volonté supérieure qui est en votre âme et méprisez tout le
reste." |