JÉSUS-CHRIST EST LE FILS DE DIEU
TOME III

Notre Seigneur au désert

 

par Paulette Leblanc

 

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Jésus au désert

 

  • 2-1-Jésus est conduit par l'Esprit au désert (tome 3 – Ch. 2)

Le Saint-Esprit, après s'être  reposé sur Jésus, l'Agneau de Dieu, "le poussa au désert." Marie-Aimée s'étonne: ainsi Dieu se retire dans la solitude pour se préparer à sa mission. Et, plus étonnant encore: "pour y être tenté par le diable." En réalité, "le Christ ne sera pas exposé à la tentation comme nous, pour être éprouvé, mais pour être notre consolation dans nos épreuves. Le Saint-Esprit le conduit au désert pour y être tenté par le démon... afin que les âmes qui se retirent dans la solitude apprennent qu'on n'y est pas à l'abri des tentations...

Jésus se prépare au combat par un jeûne de quarante jours et quarante nuits et par une prière non interrompue... Il entreprend de donner au monde l'exemple de la pénitence, par le jeûne le plus rigoureux... Jésus-Christ est Dieu, mais il s'est fait homme, et c'est en tant qu'homme qu'il devient notre prototype, notre modèle le plus parfait. Il se laisse conduire au désert, adorant l'ordre de son Père..." Jésus est seul pour se livrer à la prière, profondément uni dans son âme, à la Sainte Trinité, donc au Père dont Il vient faire la volonté.

Selon son habitude, Marie-Aimée tire de sa contemplation de Jésus au désert, des conseils importants pour la vie spirituelle. Ainsi, une âme avancée dans la sainteté doit se laisser conduire par le Saint-Esprit. Mais Attention! l'expérience nous incite à être très vigilants et "cette vigilance s'exerce surtout par la soumission et par l'abandon à l'action divine..." Mais comment distinguer l'action du Saint-Esprit de celle de l'ennemi "dont la tactique consiste le plus souvent à favoriser l'esprit propre?" C'est par l'humilité, la crainte filiale et la fidélité. L'âme livrée au Saint-Esprit sans réserve, "est humble, mais comme Jésus-Christ et avec Jésus-Christ; elle est dépendante, soumise, mortifiée à la manière de Jésus-Christ; elle est sobre et sage jusque dans sa vertu...

Il en est tout autrement de l'esprit propre, toujours secondé par l'ennemi de Dieu... Il suggère à l'âme de fausses maximes, lui inspire des désirs d'une perfection irréalisable, la place dans une sorte de mirage... L'âme donne alors dans de véritables illusions, non par malice, mais par ignorance. Elle veut être humble, mais selon ses idées personnelles... La première condition pour une retraite est donc de se mettre sous la conduite de l'Esprit-Saint, de d'apprendre, à son école, à gravir les chemins de la sainteté..."

Marie-Aimée insiste: il faut se méfier des pièges de l'esprit propre comme de ceux du tentateur et se fier à l'Esprit-Saint qui éclaire, apaise. L'Esprit de Dieu donne la paix; c'est par cela qu'on le reconnaît

L'âme doit aussi rester dans la constance et dans la foi, quelles que soient les tentations et les doutes. Qu'elle n'hésite surtout pas à consulter si l'inquiétude est trop grande. Et un jour l'âme comprendra "que l'obéissance est préférable au sacrifice; elle découvrira comment la souffrance peut devenir un sujet de joie..."     

  • 2-2-Le jeûne de Jésus au désert  (tome 3 – Chapitre 3)

Avant de commencer sa mission, Jésus veut rencontrer le Père, dans une prière continuelle. Il veut également montrer aux hommes l'importance de la pénitence volontaire, du jeûne particulièrement, afin de satisfaire la justice divine. Jésus n'abroge pas la loi juive, mais il veut la perfectionner et agit en Sauveur. Le "Père céleste, en envoyant son Fils sur la terre... voulait que ... Jésus embrassât non seulement la perfection des deux lois, ancienne et nouvelle, mais encore la perfection de leurs conseils... Jésus-Christ était venu réparer l'orgueil de l'homme par ses prodigieux abaissements... Il avait encore en vue, dans son jeûne, toutes les âmes aimantes qui, dans son Église, se consacreraient à désarmer la divine justice en se livrant à une vie pénitente..."

Et Marie-Aimée de Jésus de préciser que ces âmes jeûnent "et font pénitence par la nécessité de leur nature rebelle... et par l'impérieuse et douce nécessité de l'amour... Elles se privent pour réparer et sauver les âmes avec Jésus-Christ..."

Mais Marie-Aimée connaît les objections, aussi ajoute-t-elle: "Toutes ces choses sont grandes et saintes, mais malheureusement exposées comme tant d'autres, à la rouille et aux voleurs. Par la rouille nous entendons les intentions imparfaites, la routine et tout ce qui peut amoindrir et détériorer une bonne œuvre; par les voleurs, entendons, pour ce qui nous occupe, la volonté propre et l'immortification qui peuvent dérober le mérite de la pénitence..."

D'où la nécessité de se garder de l'amour-propre et d'apprendre que la vertu peut suppléer le jeûne quand il n'est pas possible, mais que le jeûne ne supplée jamais la vertu. D'où aussi "l'importance que Dieu attache à l'humble soumission. Ce qu'il préfère, ce sont les actes d'une courageuse obéissance et d'une vertu qui n'agit que sous l'influence de son divin  Esprit... Se soumettre en silence, c'est le fait d'une âme déjà fort avancée... Sa vertu s'affermit... et l'âme s'oublie... Elle glorifie Dieu surtout si elle sait garder le secret de ses luttes, de ses privations, de son joyeux acquiescement. Cette joie est le dernier effet de l'union de la volonté à celle de Dieu... Nos actes, quels qu'ils soient, n'ont d'autre prix devant Dieu que celui que leur donne l'amour..."

  • 2-3-Les veilles de Jésus au désert (tome 3 – Chapitre 4)    

Marie-Aimée nous dit que "la nature humaine de Jésus était élevée, par un privilège unique, à l'union hypostatique..." En conséquence, le Verbe de Dieu qui avait voulu vivre avec les hommes, pour les sauver et détruire le règne du péché, a dû, durant sa retraite au désert, avoir avec son Père, des relations exceptionnelles.

"Jésus est au sommet de la montagne pour adorer et pour veiller... Mais pourquoi ces veilles saintes et prolongées? Jésus a prié, Jésus a veillé pour nous... pour expier tous les crimes que les hommes commettent... pour expier les veilles mondaines... pour les âmes lâches... Jésus offrait à son Père, en sa personne sacrée, le spectacle de toutes les vertus... Pendant que le monde effaçait en lui-même le rayon de l'image de Dieu, le Christ, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu... présentait au Père, dans ces nuits solennelles du désert, tout l'amour qui embrasait son âme et dont il brûlait d'éclairer  et d'embraser les âmes de ceux qu'il venait sauver..."

Marie-Aimée se demande quels sont les appels particuliers que Jésus fait entendre à l'âme contemplative. Jésus répond: "Lève-toi ma bien-aimée, ma colombe. Vians avec moi dans le désert de la vie solitaire, sur la montagne de la contemplation. Et là, après une journée de travail, de prière et de jeûne, interdisant le sommeil à tes paupière, tu veilleras avec moi. Tu partageras mes sollicitudes de Fils de Dieu et de Sauveur des hommes, tu répareras la gloire de mon Père, tu obtiendras le salut des pécheurs et tu attireras avec toi des milliers d'âmes de vierges, d'épouses, lampes vivantes que l'huile de la dévotion et le feu de l'amour entretiendront jour et nuit devant la face de Dieu."

D'où quelques conseils destinés aux âmes religieuses; en effet, les âmes qui veillent ont souvent de rudes combats à mener: tentations, dégoûts, aridités inquiétudes, mais aussi des luttes, des souffrances et des victoires. Ces âmes contemplatives et militantes, comblées de grâces, accumulent des mérites; elles sont à la fois prêtres et victimes, vierges et martyres, en un mot des imitatrices du Christ. Mais attention! "L'amour des veilles, qui n'est pas le fruit de l'amour de la prière et de l'amour de la souffrance, est une chimère et ne peut subsister devant la pratique. Il faut absolument un amour réel de la contemplation pour triompher des obstacles que le corps suscite à l'esprit désireux de rester devant Dieu; il faut absolument aimer la souffrance, dans l'intention de plaire à Dieu... Si tout cela existe, l'âme devra soumettre ses désirs les plus louables à l'obéissance... son premier devoir étant d'incliner sa volonté et son jugement... Si l'autorité refuse, la perfection consiste à obéir en silence...

À cette obéissance, l'âme religieuse devra joindre la prudence... Chaque âme fait acte de prudence en suivant ce que sa conscience lui dicte, pourvu qu'elle se soumette aux décisions que l'humilité lui inspirera de demander... à ceux qui ont charge d'âmes... L'âme vraiment dépendante ne se détermine d'avance qu'à faire la volonté de Dieu, à se sacrifier selon les desseins de Dieu, toujours manifesté, en religion, par ceux qui tiennent sa place... Dieu exige d'abord l'abnégation de son esprit, de son jugement, de sa volonté. Les jeûnes, les veilles, les macérations viennent ensuite..."

Marie-Aimée va plus loin encore en précisant que "la discrétion restera toujours la règle des vertus... L'équilibre partout est le moyen de tenir l'âme à la hauteur de ses devoirs..." Et pour conclure elle ajoute: "Il y a une prudence naturelle et l'autre surnaturelle." Avec la prudence naturelle on peut vivre longtemps, mais dans la médiocrité. "La seconde prudence est celle d'une raison éclairée par la foi. Elle compte avec la grâce, mais ne va pas jusqu'à tenter Dieu. L'âme qui la possède ne veut éloigner ni la souffrance, ni la mort, mais elle sait que la santé, pas plus que la vie, ne lui appartiennent en propre."

  • 2-4-La solitude de Jésus au désert (tome 2 – Chapitre 5)

Marie-Aimée va essayer de comprendre quelques images utilisées par David dans ses psaumes à propos du Christ. "Le prophète, en rapprochant ensemble le pélican, le hibou et le passereau, montre, en chacun, leur amour de la solitude et leurs différents instincts, avec les nuances qui les distinguent; ce sont elles surtout qui nous désignent le Christ.

            - Le pélican aime la solitude, mais dans la lumière. Il est le symbole de l'amour paternel... Il attire la sympathie... Ô Pélican divin! Ô Jésus, vous aussi aimez la solitude mais, dans la pleine lumière, vous vous tenez au désert sur la montagne... car votre sainte humanité est illuminée des rayons de votre divinité! Pélican plein de tendresse, vous nourrissez réellement... vos enfants affamés d'un pain céleste et d'un breuvage divin...

- Le hibou, plus solitaire que le pélican, aime, non seulement la solitude, mais l'obscurité; aussi cherche-t-il la caverne ou la masure. Il vit seul, abandonné, les ruines semblent son attrait; on dirait qu'il pleure sur le passé, son aspect révèle et inspire même la tristesse. .. Jésus au désert, ne connaît-il pas déjà la tristesse et les larmes? Jésus aime, dans la solitude, l'obscurité, celle de la nuit sans doute, mais aussi il choisit et il veut celle du délaissement, de l'isolement. Lui aussi cherche la caverne sombre pour y pleurer, pour y souffrir, pour y expier...

- Quant au passereau bien connu et dont la solitude est surtout de nuit, il rappelle les contemplations du Sauveur dont il est dit: 'Il passait les nuits en oraison'."

Marie-Aimée se tourne vers les insensés qui ont préféré les mensonges à la vérité. Et elle encourage les âmes qui ont choisi les choses pures et la lumière à "se laisser pénétrer du sens mystérieux de l'Écriture... Vous y trouverez, écrit-elle, des trésors de science sur la personne adorable de Jésus-Christ..."

Il est temps maintenant, pour Marie-Aimée, de quitter sa contemplation, pour revenir auprès de ses sœurs, quand elle sont dans la solitude durant leur retraite spirituelle. Elle rappelle les diverses sortes de solitude:

- la séparation des créatures qui "est délicieuse si l'âme y est aidée d'une direction sérieuse.

- la seconde solitude qui est la privation de tout secours humain est très supportable si Dieu se fait sentir...

- la troisième solitude, très solitaire, est celle où Dieu semble délaisser l'âme... Il lui est alors très difficile de persévérer avec fidélité dans cet état... C'est la solitude dans la solitude, l'abandon complet et, sans contredit, un des plus grands travaux de l'esprit que l'âme puisse endurer ici-bas... La fidélité de l'âme fidèle est motivée. En s'avançant dans le désert, elle s'avance en Dieu qui ne peut lui manquer. Elle le sent loin, mais elle croit qu'il est près, elle espère en lui, elle ne sera pas confondue. L'Écriture le lui a appris depuis longtemps; néanmoins une pareille démarche est d'autant plus héroïque qu'elle est inspirée par une foi vive, une confiance plus inébranlable, une charité plus ardente..."

Et, enfin  Marie-Aimée exhorte: "Âmes fidèles, fuyez les consolations humaines, gardez un humble silence, gardez l'abstinence des soulagements humains et le jeûne des célestes délices, si Dieu le veut ainsi. Mais veillez et priez afin de ne pas entrer en tentation... Ô âmes, souvenez-vous du Christ au désert... Jetez les yeux sur Abraham votre père et sur Sara qui vous a enfantées, et considérez que c'est lorsqu'il était seul que le Seigneur l'a appelé et multiplié..."

  • 2-5-Jésus au désert, avec les bêtes sauvages (tome 3 – Chap. 6)

Marie-Aimée de Jésus nous fait remarquer "qu'en se retirant au désert, en fuyant les créatures humaines, Jésus-Christ ne s'exempte pas de la société de cette portion de la création qu'il a placée dans les parties isolées de ce vaste univers... Il est l'Adam nouveau et, de même que le premier homme innocent avait sous sa dépendance tous les êtres animés et que ceux-ci ne pouvaient lui nuire, à bien plus forte raison, Jésus-Christ, le second Adam avait-il tout pouvoir et tout droit sur les animaux du désert... Pourquoi... les animaux du désert et ceux mêmes de la campagne, ne se seraient-ils pas réunis pour rendre hommage à leur Créateur? Pourquoi la panthère qui devait reposer près du chevreau[1], n'auraient-ils pas, ce jour-là, cimenté en l'honneur de leur Maître, une union que commandait son empire et que réclamait sa bonté? Pourquoi ce jour où la vache et l'ours devaient avoir les mêmes pâturages, où le lion devait manger le même fourrage que le bœuf, ne serait-il pas ce jour béni où le Seigneur devait venir habiter le désert?"

Marie-Aimée pense à saint François d'Assise et se met à rêver: "On aime à voir par la pensée le cerf accourir à Jésus comme à une source d'eau vive, l'aigle le contempler comme le plus brillant soleil, la colombe se mirer dans ses yeux limpides, le lion dormir à ses pieds et l'agneau bondir autour de lui, les oiseaux le réjouir de leurs concerts et l'abeille, attirée par ses divins parfums voltiger autour de la divine fleur de Nazareth... Et Jésus les bénissait, les soulageait car le Seigneur aime tout ce qu'il a créé... Le plus souvent les animaux se tenaient à une distance respectueuse de leur souverain..." Mais lorsque Jésus souffrait et pleurait à cause des péchés des hommes, "alors, attirés par les soupirs et les larmes qui s'échappaient de son cœur oppressé, les animaux qui l'avaient quitté se rapprochaient de lui et lui donnaient mille marques d'une affection que l'homme lui refusait.

'Poésie que tout cela!' dira l'âme froide et irréfléchie; pieuse conjecture peut-être, mais pourquoi Jésus n'aurait-il pas été traité comme l'homme innocent, lui l'innocence même?... Pourquoi les animaux auraient-ils été insensibles à la présence de Jésus-Christ, aux larmes de leur créateur?"

Marie-Aimée tire de ces réflexions quelques remarques sur l'âme qui vit au désert avec Jésus-Christ. L'Évangile nous dit que Jésus  "s'est retiré au désert pour y être tenté. Ajoutons: pour être notre modèle dans la tentation... On ne peut dire que Jésus ait été sujet aux importunités des distractions dont nous sommes souvent l'objet... Mais nous, nous sommes sujets aux distractions dans la prière. Elles nous viennent ou du démon, ou de nous-mêmes, ou des objets extérieurs.

Et d'abord le démon... Son but est de nous faire abandonner l'oraison; pour cela il s'efforce par mille industries, de donner à l'âme l'ennui et le dégoût de la prière... Il faut alors tenir notre volonté très unie à Dieu... La volonté, c'est l'ancre qui retient notre navire solidement amarré en Dieu. Le démon ne peut rien sur une telle volonté..." Se référant à Thérèse d'Avila, Marie-Aimée indique que si la mémoire et l'imagination troublent l'âme, elles ne peuvent lui faire du mal, "semblables à ces petits papillons de nuit, importuns qui ne font qu'aller et venir sans jamais se fixer... L'unique remède, c'est de pas faire plus de cas de l'imagination que d'une folle et de l'abandonner à son thème, Dieu seul pouvant y mettre un terme et la fixer..." Marie-Aimée conclut cette réflexion sur l'action du démon: "Il ne peut rien contre l'âme tant qu'elle se tient près de celui qu'elle aime et met toute son espérance en lui."

Mais nous sommes à nous-mêmes une autre source de distractions. Nous pouvons être saisis par des souvenirs, pénibles ou agréables, ou nos passions: signes de méfiance, témoignages d'estime, paroles amères ou élogieuses, autant de sujets de distractions pour nous qui ne sommes pas encore assez ancrés dans le Christ. "En attendant qu'avec la grâce nous soyons parvenus à l'indifférence pour la louange ou le blâme, il faut prendre patience avec soi-même, s'humilier, confesser à Dieu son impuissance et s'aider avec des moyens ordinaires, les plus simples étant les plus efficaces car fruits de l'humilité... On peut, par exemple, prendre le sujet même de nos distractions comme objet de méditation... On peut lire aussi quelques passages de la sainte Écriture tels que les psaumes, en essayant d'en découvrir le sens caché..."  Attention!  "Il ne serait ni prudent ni conforme à l'humilité, que l'âme, assaillie de distractions,  persiste à ne vouloir qu'une oraison affective ou de pure contemplation..."

Marie-Aimée donne quelques précisions: "Les infirmités, la maladie, la lassitude comptent encore dans les distractions qui nous viennent de nous-mêmes, quoique étant absolument indépendantes de notre volonté... Mais, pour l'âme qui aime, la véritable oraison durant la maladie, consiste à offrir à Dieu ce qu'elle souffre, à se souvenir de lui, à se conformer à sa volonté sainte..."

La troisième cause de distraction sont les objets extérieurs avec lesquels nous sommes en rapport par nos sens. Notre condition humaine nous oblige à être en relation avec les objets terrestres. Pour éviter les écueils que ces objets apportent à notre prière, il faut "selon le mot de l'apôtre, en user comme n'en usant pas. Tel est le suprême effort d'une âme qui est entrée dans l'imitation généreuse de Jésus-Christ... Cette âme doit tendre à acquérir une présence de Dieu habituelle qui lui rende la prière facile et continuelle... Abandonnons-nous à l'action divine..."  tout en sachant que nous ne serons vraiment avec Dieu que dans l'éternité.

  • 2-6-La vie de Jésus au désert. Ses communications avec Marie (tome 3 – Chapitre 7)

La Vierge Marie était très unie à la sainte Trinité. Aussi, Marie-Aimée de Jésus pense-t-elle qu'elle fut instruite de la vie que Jésus allait mener au désert. En conséquence, "elle s'enferma plus que jamais dans sa petite maison  de Nazareth, pour passer ces quarante jours dans la solitude, le silence, le jeûne, les larmes et la prière, dans l'union la plus intime de son âme avec son divin fils... Mais comment qualifier le degré d'union étroite à laquelle Marie fut élevée avec l'humanité du Verbe par le moyen si doux et si puissant de la maternité divine?

La très sainte vierge fut unie à Jésus non plus seulement spirituellement, mais aussi corporellement, comme une mère l'est à son fils, toutefois, d'une manière incomparablement plus élevée, puisque cette union si intime fut non seulement naturelle, mais encore et en même temps, surnaturelle et divine... Les âmes saintes de Jésus et de Marie se voyaient mutuellement en Dieu... L'âme sainte de Jésus-Christ se versait continuellement dans l'âme de Marie, comme l'âme de Marie se versait continuellement dans celle de Jésus... Nous soupçonnons les inclinations de l'âme de Jésus, mais leur simplicité nous échappe... en raison de la supériorité de son âme sur les nôtres...

Quelle fut la connaissance de Marie, elle dont l'âme était si pure... Elle adorait mais dans quelle lumière?... C'est au moment où Marie adorait ce qui en Jésus était pour elle impénétrable, qu'elle en comprenait davantage... et c'était une source de bonheur à cause de l'amour qu'elle lui portait... L'âme de la Très Sainte Vierge est un miroir dans lequel se reproduit l'âme de Jésus, aussi parfaitement qu'il est possible à une simple créature de reproduire l'âme d'un Homme-Dieu..."

Marie-aimée s'exclame: "Comme ces deux volontés sont unies à Dieu! Comme leur amour mutuel est digne, comme leur tendresse est forte... comme leur courage est magnifique!... Le Saint-Esprit opère à son gré... Oh! quelle gloire ces deux âmes rendent au Père!..." Marie-Aimée s'inspire de ce modèle pour définir l'union de nos âmes avec Dieu, quoique à un degré bien inférieur. Tout d'abord "l'âme doit éviter avec soin jusqu'à l'ombre du péché... L'union de nos âmes avec Jésus-Christ par la sainte Eucharistie se rapporte à l'union de Marie avec Jésus-Christ, Fils unique de Dieu fait homme en elle et de sa propre substance; plus l'âme communie dans de saintes dispositions, plus elle avance dans cette union du Christ, plus elle la rend habituelle.

Le fruit de ces deux unions en produit une autre qui est l'union du cœur par un amour fort, tendre et généreux, et l'union de l'esprit, non seulement par la foi, mais encore par la conformité de pensées, de goûts, d'inclinations, de saintes habitudes.... L'âme peut chanter: 'J'ai trouvé celui que j'aime.'... " Dieu peut ne pas se contenter de cette union intime avec l'âme, mais il peut vouloir également prendre ses délices avec elle et lui découvrir ses secrets, lui donnant un avant-goût des joies d'en haut.

  • 2-7-La vie de Jésus au désert. Ses relations avec les anges (tome 3 – Chapitre 8)

Jésus Verbe-de-Dieu incarné ne pouvait être qu'en oraison permanente. Cependant, comme tous les hommes soumis aux exigences terrestres, les "actes" visibles de l'oraison de Jésus avaient leurs temps choisis, et leurs heures, et nous sommes certains que Marie, Joseph et quelques apôtres virent Jésus en train de prier. Mais au désert, les seuls témoins de la prière de Jésus furent les anges; et Jésus les enseigna. Marie-Aimée écrit: "Les anges, qui contemplaient Dieu esprit à esprit, apprirent du Verbe Incarné, de son âme très sainte, sur sa divinité, des choses qu'il n'est ni permis ni possible à une langue humaine de rapporter, ni à un homme mortel de comprendre. Ce qu'il fut donné aux anges de découvrir des pensées de Jésus, les instruisit de beaucoup de secrets qui leur étaient inconnus touchant les destinées humaines...

Contemplons Jésus au désert... Il adore son Père et les anges l'adorent, lui, le Verbe Incarné... Les anges l'adorent dans son jeûne, dans ses veilles, ils l'adorent transis de froid. Ils l'adorent versant des larmes, ils l'adorent dans ce lamentable état de souffrances intérieures et extérieures sans pouvoir le soulager...

Mais si ces bienheureux esprits voient le Christ rayonner, s'ils aperçoivent quelques éclairs de la joie de son âme... s'ils voient ce Fils du Père jouir de ses embrassements divins, quels transports! Quelle allégresse!... Tous les anges louent, bénissent et chantent au Très-Haut la sainte humanité du Christ..."

Curieusement, Marie-Aimée quitte sa contemplation pour adresser aux religieuses contemplatives un message de prudence. Leurs ordres sont établis pour la conversion des pécheurs et pour prier à la place de ceux qui, dans le monde, ne le peuvent pas suffisamment. Mais attention! Ces âmes religieuses ne doivent pas "passer à des prières vocales le temps destiné à l'oraison... Le royaume de Dieu n'est-il pas pour les âmes qui font la volonté de Dieu... Une humble religieuse ignorée au fond de son couvent, si elle accomplit fidèlement sa règle, si elle entre dans l'esprit de son Ordre,, si elle travaille généreusement à sa perfection... procure à elle seule plus de gloire à Dieu que des milliers d'autres qui se partagent et se répandent dans des pratiques extérieures... Mais, seules les âmes vraiment intérieures comprennent ce langage... Jésus cherche la valeur et le poids des âmes, c'est-à-dire leur amour. Ô Verbe silencieux, ô Jésus au désert, révélez votre divin intérieur à vos épouses, que leur occupation soit de vous étudier et de vous approfondir humblement..."

  • Remarque:

Aujourd'hui on incite beaucoup trop les âmes religieuses à travailler pour le prochain, à aller constamment vers les plus pauvres (sans savoir généralement de quoi il s'agit). Cela c'est très bien, mais ne suffit pas, car Dieu seul peut convertir les âmes et les ramener à lui. La prière, l'oraison, la contemplation des merveilles de Dieu sont indispensables; et l'on peut être douloureusement étonné lorsque des prêtres ou des religieux osent déclarer que l'on doit savoir se passer de l'Eucharistie.

Merci, Sœur Marie-Aimée de Jésus pour votre équilibre. Force est de constater que seuls les vrais mystiques savent comprendre la nécessité de la vraie prière et surtout de l'oraison. Et nous, nous pouvons comprendre les réflexions qui suivent, de Marie-Aimée: "Qu'elle est ravissante votre beauté intérieure, ô Jésus, mes délices!... Plus on vous contemple, ô intérieur béni de mon Jésus, plus on découvre de richesses!... C'est un abîme d'amour, c'est une profondeur sans limite... Dans cette pureté, dans cette sainteté, dont rien n'approche, l'âme voit sa corruption, sa misère. Dans ce calme divin, elle entend le bruit sourd de ses petites passions. Cet intérieur à la fois si grand et si humble lui enseigne l'humilité. Cet intérieur qu'un feu pur et divin consume, embrase l'âme qui bientôt confond ses flammes avec celles de Jésus. Elle aime du même amour. Ô Seigneur! Comment se fait-il alors qu'on vous voit sans vous voir?... comment se fait-il que vous blessiez sans causer de douleur? Comment se fait-il que l'âme souffre et jouisse en même temps... Ô intérieur de Jésus, vous me transportez!..."


[1] Isaïe, XI, 7.

   

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