Mamert de Vienne
Évêque, Saint
+ 477

S. Mamert succéda à Simplice sur le siège épiscopal de Vienne. Il fut dans le cinquième siècle une des plus brillantes lumières de l'Église gallicane. Il joignait à une sainteté éminente un profond savoir et le don des miracles. On doit à sa piété l'établissement des supplications publiques connues sous le nom de Rogations. Voici quelle en fut l'occasion.

Dieu, pour punir les péchés des peuples, permit qu'ils fussent affligés par la guerre et divers autres fléaux. Il les effraya aussi par un grand nombre d'embrasements, par de fréquents tremblements de terre et par la vue des bêtes sauvages qui venaient en plein jour jusque dans les places publiques. Les impies attribuaient ces événements au hasard ; mais les personnes sages les regardaient comme les effets de la colère de Dieu, qui les menaçait d'une ruine totale.

Au milieu de ces calamités, le ciel accorda à la foi de Mamert une marque de sa bonté. Un terrible incendie, que l'on ne pouvait arrêter, menaçait la ville de Vienne d'un embrasement général. Le saint évêque se mit en prières, et le feu s'éteignit tout-à-coup. Il profita de ce miracle pour exhorter les pécheurs à cesser leurs désordres, à les expier par la pénitence, et à désarmer le bras de Dieu par toutes sortes de bonnes œuvres. La nuit de Pâque, il arriva un second incendie, qui causa dans la ville de nouvelles alarmes. Le saint pasteur eut recours à ses armes ordinaires; il se prosterna devant l'autel, et les flammes s'éteignirent d'une manière que S. Avit nomme miraculeuse a. Ce fut dans la même nuit qu'il forma le pieux projet d'établir des supplications publiques, qui se feraient chaque année durant trois jours. Elles avaient pour but d'apaiser le ciel irrité, et elles consistaient dans le chant des psaumes, dans la confession des péchés, et dans la prière accompagnée du jeûne, des larmes et de la componction du cœur. Cette sainte institution ne fut pas concentrée dans le diocèse de Vienne; celui de Clermont, dont S. Sidoine Apollinaire était évêque, l'adopta avant l'année 474, et elle devint bientôt une pratique universelle dans l'Église d'Occident.

Le saint avait un frère plus jeune que lui, qu'il ordonna prêtre, et avec lequel il partagea les travaux de l'épiscopat. Il se nommait Mamert Claudien ; et S. Sidoine Apollinaire le regardait comme le plus beau génie de son siècle. C'était un savant universel, en état de répondre à toutes sortes de questions, et de combattre toutes les erreurs. Mais sa modestie et sa vertu le rendaient encore bien plus recommandable que son savoir. Il mourut vers l'an 474, après avoir rendu d'importants services à son frère.

Quant au saint évêque de Vienne, nous ne savons plus rien de ce qui concerne le reste de sa vie. Il mourut en 477. Son nom se trouve dans le Martyrologe romain.

Nous devons regarder les afflictions temporelles comme les coups de la main miséricordieuse du Seigneur. Ce sont des avertissements qui nous sont donnés afin que nous renoncions à nos désordres, et que nous nous tournions vers celui qui peut seul nous consoler et nous sauver. Ce n'est pas qu'il faille négliger les moyens que prescrit la prudence humaine; mais on ne doit point tellement s'y appuyer, que l'on n'ait pas recours à Dieu, qui est le souverain Être, et sans l'assistance duquel toutes les précautions imaginables ne pourront jamais réussir. Nous apprenons, par la vie de S. Mamert, de quelles conditions la prière doit être accompagnée dans les malheurs publics ou particuliers. Commençons par renoncer au péché, qui est le plus grand des maux et la cause de tout ce que nous souffrons. Demandons, non pas ce qui pourrait flatter nos passions et les entretenir mais ce qui peut nous rendre agréables aux yeux du Seigneur. Cherchons premièrement le royaume de Dieu, et le reste nous sera donné comme par surcroît.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

 

 

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