S. Mamert
succéda à Simplice sur le siège épiscopal de Vienne. Il
fut dans le cinquième siècle une des plus brillantes lumières de
l'Église gallicane. Il joignait à une sainteté éminente un
profond savoir et le don des
miracles.
On doit à sa piété l'établissement des supplications publiques
connues sous le nom de Rogations. Voici quelle en fut
l'occasion.
Dieu, pour punir
les péchés des peuples, permit qu'ils fussent affligés par la
guerre et divers autres fléaux. Il les effraya aussi par un
grand nombre d'embrasements, par de fréquents tremblements de
terre et par la vue des bêtes sauvages qui venaient en plein
jour jusque dans les places publiques. Les impies attribuaient
ces événements au hasard ; mais les personnes sages les
regardaient comme les effets de la colère de Dieu, qui les
menaçait d'une ruine totale.
Au milieu de
ces calamités, le ciel accorda à la foi de Mamert une marque de
sa bonté. Un terrible incendie, que l'on ne pouvait arrêter,
menaçait la ville de Vienne d'un embrasement général. Le saint
évêque se mit en prières, et le feu s'éteignit tout-à-coup. Il
profita de ce miracle pour exhorter les pécheurs à cesser leurs
désordres, à les expier par la pénitence, et à désarmer le bras
de Dieu par toutes sortes de bonnes œuvres. La nuit de Pâque, il
arriva un second incendie, qui causa dans la ville de nouvelles
alarmes. Le saint pasteur eut recours à ses armes ordinaires; il
se prosterna devant l'autel, et les flammes s'éteignirent d'une
manière que S. Avit nomme miraculeuse
a.
Ce fut dans la même nuit qu'il forma le pieux projet d'établir
des supplications publiques, qui se feraient chaque année durant
trois jours. Elles avaient pour but d'apaiser le ciel irrité, et
elles consistaient dans le chant des psaumes, dans la confession
des péchés, et dans la prière accompagnée du jeûne, des larmes
et de la componction du cœur. Cette sainte institution ne fut
pas concentrée dans le diocèse de Vienne; celui de Clermont,
dont S. Sidoine Apollinaire était évêque, l'adopta avant l'année
474, et elle devint bientôt une pratique universelle dans
l'Église d'Occident.
Le saint avait un
frère plus jeune que lui, qu'il ordonna prêtre, et avec lequel
il partagea les travaux de l'épiscopat. Il se nommait Mamert
Claudien ; et S. Sidoine Apollinaire le regardait comme le plus
beau génie de son siècle. C'était un savant universel, en état
de répondre à toutes sortes de questions, et de combattre toutes
les erreurs. Mais sa modestie et sa vertu le rendaient encore
bien plus recommandable que son savoir. Il mourut vers l'an 474,
après avoir rendu d'importants services à son frère.
Quant au saint
évêque de Vienne, nous ne savons plus rien de ce qui concerne le
reste de sa vie. Il mourut en 477. Son nom se trouve dans le
Martyrologe romain.
Nous devons
regarder les afflictions temporelles comme les coups de la main
miséricordieuse du Seigneur. Ce sont des avertissements qui nous
sont donnés afin que nous renoncions à nos désordres, et que
nous nous tournions vers celui qui peut seul nous consoler et
nous sauver. Ce n'est pas qu'il faille négliger les moyens que
prescrit la prudence humaine; mais on ne doit point tellement
s'y appuyer, que l'on n'ait pas recours à Dieu, qui est le
souverain Être, et sans l'assistance duquel toutes les
précautions imaginables ne pourront jamais réussir. Nous
apprenons, par la vie de S. Mamert, de quelles conditions la
prière doit être accompagnée dans les malheurs publics ou
particuliers. Commençons par renoncer au péché, qui est le plus
grand des maux et la cause de tout ce que nous souffrons.
Demandons, non pas ce qui pourrait flatter nos passions et les
entretenir mais ce qui peut nous rendre agréables aux yeux du
Seigneur. Cherchons premièrement le royaume de Dieu, et le
reste nous sera donné comme par surcroît.
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |