Malo d’Aleth
Évêque, Saint
† ca. 565

Notre Saint vint au monde dans la vallée de Lann-Carvann, au comté de Glamorghan. Sa mère y était venue dans le dessein de visiter le monastère qui y avait été fondé par saint Cadoc, et dont saint Brendan était le troisième abbé. Il avait succédé depuis peu à Ellénius dans cette dignité.

Saint Malo fut baptisé par saint Brendan, qui se chargea dans la suite de le former aux sciences et à la piété. Le monastère de Lann-Carvann était devenu une école célèbre, surtout après la mort de saint Illut. Saint Malo reçut les ordres sacrés, auxquels il fut présenté par saint Brendan. Il était prêtre lorsqu'il passa dans l'Armorique. On dit même qu'il fut sacré évêque régionnaire, avant de quitter sa patrie. Il aborda dans une petite île qui n'était qu'un rocher, et où vivait un saint ermite nommé Aaron, qui était venu aussi de la Grande-Bretagne. C'est en cet endroit qu'a été bâtie la ville de Saint-Malo[1].

Quoique la ville d'Aleth fût soumise aux princes bretons de Domnonée et aux rois de France, qui professaient le christianisme, la plupart des habitants étaient encore idolâtres dans le temps dont nous parlons. Saint Malo, brillant de zèle pour leur conversion, quitta sa solitude, et vint prêcher la foi aux infidèles du pays, et au petit nombre de chrétiens, qui s'y trouvaient. Il se proposait d'éclairer les uns et d'instruire les autres du véritable esprit de l'Évangile. Il commença sa mission sur la fin du règne de Judual, prince de Domnonée. Après la mort de Judual, la principauté fut partagée entre ses enfants. Judhaël, l'aine, fut père de saint Judicaël, depuis roi de Domnonée. Haëloch ou Haëlou, le second, devint comte d'Aleth.

Saint Malo eut d'abord beaucoup à souffrir de ce prince, mais il vint à bout de dissiper les préventions qu'on lui avait inspirées, et il éprouva sa protection dans la pieuse entreprise dont il s'était chargé. Sa sainteté, soutenue par le don des miracles, triompha de l'opiniâtreté des pécheurs les plus endurcis. Il gouverna quarante ans l'église d'Aleth en qualité d'évêque. Jamais il ne cessa d'instruire par ses discours et ses exemples. Il travaillait également à sa propre sanctification par l'exercice d'une prière continuelle, ainsi que par la pratique des veilles, du jeûne et de la pénitence. Il savait mettre tous ses moments à profit. Dans ses voyages mêmes, il parlait de Dieu, ou récitait des psaumes à sa louange. Il convertit presque tous les païens de son diocèse, et fit bâtir plusieurs églises. Après la mort d'Aaron, il se chargea du gouvernement du monastère qui s'était formé dans l'île, et qui était devenu fort nombreux.

Haëloch, comte d'Aleth, étant mort, quelques hommes méchants excitèrent contre lui une violente persécution. Il fut même obligé d'avoir recours à la fuite pour échapper a leur fureur. Le vaisseau sur lequel on le reçut, aborda sur la côte d'Aquitaine. Saint Malo gagna la ville de Saintes, où Léonce, qui en était évêque, lui donna de grandes marques de respect. Ayant été rappelé à Aleth peu de temps après, il prit des mesures pour se démettre de l'épiscopat. Il désigna saint Gudwal [2] pour son successeur, et retourna à Saintes, dans la vue de se préparer au passage de l'éternité. Il y mourut le 15 novembre vers l'an 565.

Ses reliques ont été longtemps déposées dans une église de son nom, située hors des murs de Saintes. On les transféra à Saint-Malo, dans le neuvième siècle. La crainte des Normands les fit porter à Paris le siècle suivant ; elles furent successivement déposées dans les églises du palais et de Saint-Magloire. Présentement elles sont en grande partie dans l'abbaye de Saint-Victor. Il y en a aussi quelques portions au séminaire de Saint-Magloire à Paris, ainsi qu'à Saint-Malo, à Saintes, à Rouen, à Pontoise, etc.

Le monastère de l'île d'Aaron fut changé en cathédrale, que desservirent des chanoines réguliers , lorsque le B. Jean de la Grille, évêque d'Aleth, y transféra le siège épiscopal, en 1141. Anne de Bretagne fortifia l'île, qui est aujourd'hui la ville de Saint-Malo, celle d'Aleth ayant été entièrement détruite.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.


[1] Elle était séparée au sud-est de l'ancienne ville d'Aleth, par un canal qui est à sec lorsque la marée est retirée, et à l'ouest et au nord par la rivière de Rance, qui vient là se jeter dans la mer. La ville de Saint-Malo est présentement jointe au continent par une petite langue de terre appelée “Sillon”. La plus large des petites îles qui sont auprès, est nommée Sezembre.
[2] Saint Gudwal était aussi originaire du pays de Galles. Il est honoré le 6 Juin. Ses reliques furent portées , au dixième siècle, dans le monastère de Saint-Pierre de Gand, et elles s'y gardent avec une singulière vénération.

 

 

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