Ce saint, né
dans la ville d'Agde, reçut au baptême le nom d’Adjuteur.
Ses parents, qui
avaient de la piété, le mirent sous la conduite du saint abbé
Sévère, qui ne négligea rien pour lui inspirer de grands
sentiments de
piété.
Le maître ne perdait jamais son disciple de vue ; il lui
répétait souvent que sur la terre tout est rempli de pièges et
de tentations, que nous devons veiller continuellement sur
nous-mêmes, que le démon ne cesse de nous livrer mille assauts,
et qu'il nous est impossible d'éviter ses surprises si nous
n'avons soin de nous tenir toujours sur nos gardes.
Adjuteur profita
des leçons de Sévère, et sut préserver son âme des souillures du
péché. Le bruit de sa sainteté ne tarda pas à se répandre, et on
lui donnait de tous côtés les plus grands éloges.
Les
applaudissements des hommes lui firent craindre le poison de la
vaine gloire. Pour éviter le danger dont il se croyait menacé,
il prit la fuite et se retira dans un lieu inconnu. Ce ne fut
qu'au bout de deux ans que ses proches et ses amis le
retrouvèrent et le ramenèrent dans sa patrie; mais il n'y resta
pas longtemps. Il redoutait tellement l'estime des hommes, qu'il
prit la fuite une seconde fois. Il alla dans le Poitou, y
changea son nom en celui de Maxence, et se mit sous la conduite
d'un saint abbé nommé Agapit. Les religieux du monastère furent
frappés d'admiration lorsqu'ils virent jusqu'à quel point il
portait l'humilité, la mortification, la charité et la
connaissance des voies intérieures du salut. Tant de vertus les
déterminèrent à le choisir pour supérieur.
Dans ses exercices,
Maxence paraissait posséder l'esprit dont David était animé en
composant ses Psaumes, comme il retraçait dans ses instructions
le zèle et la charité de Jean-Baptiste. Dur à lui-même, il
montrait en tout qu'il recherchait uniquement cette nourriture
qui ne périt point. A l'exemple d'Agapit, il se défit de sa
charge le plus tôt qu'il lui fut possible, pour aller se
renfermer dans une cellule écartée. Les moines ne consentirent
cependant à sa retraite qu'autant qu'il continuerait de les
gouverner par ses conseils.
Clovis, roi des
Français, était alors en guerre avec Alaric, roi des Visigoths,
qui avait sous sa domination l'Espagne, le Languedoc et
l'Aquitaine. La présence du saint arrêta une armée de Barbares
qui était sur le point de piller le monastère. Un soldat ayant
couru l'épée à la main sur Maxence, sentit tout-à-coup l'effet
de la vengeance céleste. Son bras, déjà levé, s'engourdit, et il
n'en put faire usage jusqu'à ce que le saint abbé l'eût guéri.
La nature, dit S. Grégoire de Tours, se montra docile à sa voix
en plusieurs occasions.
S. Maxence mourut
vers l'an 515, et il est nommé en ce jour dans le Martyrologe
romain.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |