Sainte Marie Madeleine de Pazzi, l'une des fleurs les
plus
suaves qui aient embaumé les jardins du Carmel, naquit à Florence. Dès l'âge de
sept ans, à l'école du Ciel, elle était formée à l'oraison, et elle paraissait
presque un prodige de mortification. Toute une nuit elle porta une couronne
d'épines sur sa tête, avec des douleurs inexprimables, pour imiter son Amour
crucifié. Chaque fois que sa mère avait communié, l'enfant s'approchait d'elle
et ne pouvait plus la quitter, attirée par la douce odeur de Jésus-Christ.
A partir de sa Première Communion, elle fut prête à tous les
sacrifices, et c'est dès lors qu'elle fit à Jésus le vœu de n'avoir jamais
d'autre époux que Lui. Aussi, quand plus tard, son père voulut la marier : "Je
livrerais plutôt, s'écria-t-elle, ma tête au bourreau que ma chasteté à un
homme."
La sainte épouse du Christ entra au Carmel, parce qu'on y
communiait presque tous les jours. Dès lors sa vie est un miracle continuel;
elle ne vit que d'extases, de ravissements, de souffrances, d'amour. Pendant
cinq années, elle fut assaillie d'affreuses tentations ; son arme était
l'oraison, durant laquelle elle s'écriait souvent; "Où êtes-Vous, mon Dieu, où
êtes-Vous ?" Un jour, tentée plus fortement qu'à l'ordinaire, elle se jeta dans
un buisson d'épines, d'où elle sortit ensanglantée, mais victorieuse.
Elle avait tant de plaisir à proférer ces mots : "La Volonté
de Dieu !" qu'elle les répétait continuellement, disant à ses sœurs : "Ne
sentez-vous pas combien il est doux de nommer la Volonté de Dieu ?" Un jour,
ravie en extase, elle alla par tout le couvent en criant : "Mes sœurs, oh ! que
la Volonté de Dieu est aimable!" Il plut à Dieu de la crucifier longtemps par
des douleurs indicibles, qui la clouaient sur son lit, dans un état d'immobilité
en même temps que de sensibilité extraordinaire. Loin de demander soulagement,
elle s'écriait bien souvent : "Toujours souffrir et ne jamais mourir !"
Son cœur était un brasier ardent consumé par l'amour. Quinze
jours avant sa mort, elle dit : "Je quitterai le monde sans avoir pu comprendre
comment la créature peut se résoudre à commettre un péché contre son Créateur. "
Elle répétait souvent : "Si je savais qu'en disant une parole à une autre fin
que pour l'amour de Dieu, je dusse devenir plus grande qu'un Séraphin, je ne le
ferais jamais. " Près de mourir, ses dernières paroles à ses sœurs furent
celles-ci : "Je vous prie, au nom de Notre-Seigneur, de n'aimer que Lui seul !"
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours
de l'année, Tours, Mame, 1950.
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