Notre sainte
est une descendante de la célèbre Mathilde de Canossa, toute
dévouée à la cause du pape, qui reçut en
son
château de Canossa le futur empereur Henri IV allant…“à
Canossa”, pour faire amende honorable devant le pape Grégoire
VII (“querelle des investitures” - 1077).
Maddalena
(Madeleine) de Canossa naît en 1774 à Vérone. Dès son enfance
les épreuves ne lui manquent pas: mort de son père, remariage de
sa mère, traitements rudes de la part d’une gouvernante
française, maladie. À partir de 17 ans, elle fait deux essais
chez les Carmélites, mais ce n’est pas sa vocation. De retour
chez elle, elle se montre une excellente administratrice de sa
maison. Un jour, elle reçoit Napoléon en son palais de Vérone.
La pureté de sa vie comme la modestie de son allure font grande
impression sur celui-ci et il parle d’elle comme d’un ‘ange’.
(Elle obtiendra de lui la cession d’un ancien couvent pour son
institut). La période révolutionnaire et les troubles de
l’époque engendrent bien des malheurs sociaux ; elle-même,
chassée de chez elle, aboutit à Venise. Elle y visite les
hôpitaux. De retour à Vérone, elle continue les mêmes visites et
c’est pour elle un choc.
Dans l’homélie de
canonisation, Jean-Paul II déclare : «Lorsqu’elle se rendit
compte des plaies effrayantes que la misère morale et matérielle
répandait parmi la population de sa ville, elle comprit qu’elle
ne pouvait aimer son prochain “en grande dame”, c’est-à-dire en
continuant à jouir des privilèges de son milieu social, se
limitant à distribuer des biens, sans se donner elle-même. La
vision du crucifix l’en empêchait… Des choix s’ensuivirent,
paraissant à ses proches comme des “scandales” et des “folies”
(1Co 1,23). À qui se montrait surpris, elle répondait : “Le fait
d’être
née
marquise m’empêcherait-il d’avoir l’honneur de servir
Jésus-Christ dans ses pauvres ?”»
Son activité
caritative s’étend à toutes sortes de pauvretés, économiques
tout autant que morales, liées à la maladie ou à l’ignorance.
Poussée par la charité, cette jeune femme, avec toute son
énergie ainsi qu’avec tous ses biens, aide de nombreuses
familles dans le besoin, assiste des enfants abandonnés et de
jeunes délinquants, reçoit les pauvres qui frappent tous les
jours à la porte de son palais, et rend visite à ceux qui vivent
dans des masures et des baraques. Cette fièvre de charité qui la
dévore est due à son amour brûlant pour Jésus et Jésus crucifié.
Puis, avec quelques compagnes, elle part de chez elle, malgré
l’opposition de son milieu, pour aller vivre
dans
les faubourgs les plus pauvres de Vérone. Le 8 mai 1808, elle
fonde les Filles de la Charité. Leurs activités embrassent cinq
domaines : scolarisation gratuite des enfants pauvres,
catéchèse, visite des hôpitaux, spécialement des femmes malades,
soutien du clergé (par exemple: organisation de retraites),
‘exercices spirituels’ pour les dames de la noblesse, afin de
les inciter à la charité, et ensuite pour toutes celles qui le
désirent. Le 23 décembre 1828 elle obtient l'approbation
pontificale de l'Institut des Filles de la Charité, lesquelles
étaient déjà présentes également à Venise, Milan, Bergame et
Trente. La fondatrice mène une vie très mortifiée, exemple
vivant pour ses sœurs. Pour compléter la famille canossienne,
l'Institut des Fils de la Charité commence le 23 mai 1831 à
Venise, car dès le début, elle avait conscience que cette
branche masculine était nécessaire. Elle prépare d’autres
implantations de son institut, quand la mort la surprend en
1835. Après elle, l’institut continuera de s’accroître et de
s’étendre. «En Madeleine de Canossa, la loi évangélique de la
mort qui donne la vie trouve ainsi une nouvelle et lumineuse
réalisation» (Jean-Paul II).