Louise de Marillac
religieuse,
fondatrice, sainte
1591-1660
Extrait
Biographique
Sainte Louise de
Marillac, nièce du chancelier Michel de Marillac[1]
et du maréchal Louis de Marillac
[2],
naquit le 12 août 1591, à Ferrières-en-Brie[3]
où elle fut baptisée avant que son père dont elle était la fille
naturelle[4],
ne s'installât à Paris. Après que son père se fut remarié[5],
avec Antoinette La Camus[6]
(12 janvier 1595), elle fut mise quelques temps en pension chez les
Dominicaines du monastère royal Saint-Louis de Poissy où Louis de
Marillac avait une tante religieuse[7]
(1602) ; elle fut ensuite confiée à un petit pensionnat, chez une
bonne fille dévote, avec d’autres demoiselles, où elle fut initiée
aux travaux ménagers et à la peinture. Une des premières Filles de la
Charité rapporta que Louise de Marillac lui avait dit que : « La
maîtresse étant pauvre, elle lui proposa de prendre de l’ouvrage des
marchands, et travaillait pour elle, encourageant ses compagnes à en
faire autant. Elle se chargeait même des bas ouvrages de la maison,
comme serrer le bois et s’acquitter de tâches ménagères confiées
d’ordinaire aux domestiques. »
Après la mort de son
père (25 juillet 1604), Louise de Marillac avait songé à devenir
capucine[8],
mais elle fut refusée par le provincial des Capucins, Honoré de
Champigny. Le 6 février 1613, on lui fit épouser, à la paroisse
Saint-Gervais de Paris, un secrétaire des commandements de Marie de
Médicis, Antoine Le Gras[9],
écuyer, homme de bonne vie, fort craignant Dieu et exact à se rendre
irréprochable, dont, le 18 octobre 1613, lui naîtra un fils,
Pierre-Antoine, qu'elle élèvera, à partir de 1619, avec les sept enfants
d'une de ses cousines défunte[10].
Mélancolique,
inquiète et scrupuleuse, Louise de Marillac était sans cesse agitée par
le doute sur elle-même que Jean-Pierre Camus, son directeur spirituel,
même aidé de saint François de Sales qui la visita chez elle, avait
beaucoup de mal à apaiser. Son angoisse grandit encore lorsque son mari
tomba malade d’un mal que l’on jugeait incurable et dont elle se croyait
la cause pour n’être pas entrée en religion. Le jour de la Pentecôte (4
juin 1623), elle était à la messe, à Saint-Nicolas-des-Champs, lorsque,
en un instant, elle fut libérée de ses doutes : « Je fus avertie que
je devais demeurer avec mon mari et qu’un temps viendrait où je serai en
état de faire vœu de pauvreté, chasteté et obéissance, et que ce serait
avec des personnes dont quelques-unes feraient le semblable. Je fus
encore assurée que je devais demeurer en repos pour mon directeur, et
que Dieu m’en donnerait un qu’il me fit voir alors, ce me semble, et je
sentis répugnance de l’accepter. Néanmoins, j’acquiesçai, mais il me
sembla que ce n’était pas pour devoir faire encore ce changement. Ma
troisième peine me fut ôtée par l’assurance que je sentis en mon esprit
que c’était Dieu qui m’enseignait ce que je venais de comprendre.
puisqu’il y avait un Dieu, je ne devais pas douter du reste. »
Jean-Pierre Camus était absent, il n’y avait guère d’apparence qu’il
revînt de sitôt, il lui conseilla de passer sous la direction de Vincent
de Paul, celui-là même que Dieu lui avait fait voir et pour qui elle
sentait de la répugnance. Vers la fin de 1624, elle se mit sous la
direction de saint Vincent de Paul qui s’était fait longtemps prier pour
accepter[11].
Après la mort de son mari (21 décembre 1625), elle fit vœu de viduité et
mena dans le monde une vie toute religieuse où elle conjuguait, avec un
règlement très strict, la prière et le secours des pauvres, sans cesser
d'être attentive à l'éducation de son fils. Elle s’installa rue
Saint-Victor, tout près du collège des Bons-Enfants que Mme. de Gondi
venait de donner à Vincent de Paul qui l’employait dans les Charités,
ces groupements de dames et de filles pour l’assistance des malades dans
les paroisses et les visites à domicile. En 1628, lorsque son fils fut
entré au séminaire Saint-Nicolas-du-Chardonnet, elle disposa de
davantage de temps pour se consacrer aux œuvres et Vincent de Paul la
chargea de surveiller les Charités[12],
de modifier leur règlement et de visiter celles des provinces. Elle
n’eut aucun mal à persuader Vincent de Paul que les Dames associées
ne pouvaient rendre aux malades les services pénibles qu’exigeait leur
état, et qu’il fallait songer à réunir des personnes zélées pour se
dévouer entièrement à l’œuvre sans autres devoirs et préoccupations au
dehors. C’est ainsi que naquirent les Filles de la Charité.
Jusqu'à sa mort (15
mars 1660), elle gouverna les Filles de la Charité[13]
pour qui elle rédigea trois règlements successifs. La cause de Louise de
Marillac fut introduite sous Léon XIII (18 juin 1896) et l’héroïcité de
ses vertus fut proclamée sous Pie X (1911) ; elle fut béatifiée par
Benoît XV (9 mai 1920) et canonisée par Pie XI (11 mars 1934) ; Jean
XXIII la proclama patronne de tous ceux qui s'adonnent aux œuvres
sociales chrétiennes (1960).
* *
* * *
Lettre à Saint Vincent de Paul
Le petit chapelet est la dévotion que j’ai demandé la permission à votre
charité de faire, il y a trois ans et que je fais en mon particulier.
J’ai dans une petite cassette quantité de ces petits chapelets, avec les
pensées écrites sur ce sujet, pour laisser à toutes nos sœurs après ma
mort, si votre charité le permet ; pas une ne le sait. C’est pour
honorer la vie cachée de Notre-Seigneur dans l’état d’emprisonnement aux
entrailles de la Sainte Vierge, et la congratuler de son bonheur durant
ces neuf mois, et les trois petits grains pour la saluer de ses beaux
titres de Fille du Père, Mère du Fils, Épouse du Saint-Esprit. Voilà le
principal de cette dévotion que, par la grâce de Dieu, très indigne que
je suis, je n’ai point discontinuée, depuis le temps marqué, et que
j’espère quitter, aidée de la même grâce de Dieu, si votre charité me
l’ordonne. Et ce petit exercice, en mon intention, est pour demander à
Dieu, par l’Incarnation de son Fils et les prières de la Sainte Vierge,
la pureté nécessaire à la Compagnie des sœurs de la Charité et la
fermeté d’icelle Compagnie selon son bon plaisir.
Sainte Louise de
Marillac
[1]
Frère de son père.
[2]
Demi-frère de son père.
[3]Gobillon,
premier biographe de Louise de Marillac, dit qu’elle naquit à Paris,
mais le curé de Ferrières-en-Brie, en dressant son acte de Baptême
écrivit qu’elle naquit à Ferrières-en-Brie.
[4]
Nul ne sait qui fut sa mère dont aucun acte ne donne le nom.
[5]
Louis de Marillac, coseigneur de Ferrières-en-Brie, puis de
Farinvilliers, enseigne d’une compagnie de gendarmes aux ordonnances
du roi, avait épousé, en premières noces (1584), Marie de la Rozière
qui mourut en 1588 ou 1589, sans lui avoir donné d’enfant.
[6]
Le mariage fut célébré à l’église parisienne de Saint-Paul ; Antoinette
Le Camus, veuve de Louis Thiboust, était mère de trois garçons et d’une
fille ; elle était la tante du fameux Jean-Pierre Camus, futur évêque de
Belley et ami de saint François de Sales dont il répandit les œuvres. Du
mariage de Louis de Marillac et d’Antoinette Le Camus, naquit Innocente
(17 décembre 1601).
[7]
Cette cousine, aussi nommé Louise de Marillac, était une religieuse
pieuse et cultivée qui avait traduit en vers français l’Office de la
Sainte Vierge et les sept psaumes de la Pénitence ; elle vait aussi
composé des méditations sur toutes les fêtes de l’année et un
commentaire du Cantique des cantiques.
[8]
Le 2 août 1606, la duchesse de Mercœur établit un couvent de Capucines
au faubourg Saint-Honoré : les
Filles de la Passion.
[9]
Antoine Le Gras n’étant pas noble, Louise de Marillac ne portera pas le
titre de Madame, mais, comme une bourgeoise de ces temps-là, sera
toujours appelée Mademoiselle.
[10]
Valence, sœur du maréchal de Marillac et demi-sœur du père de Louise de
Marillac, avait épousé Octavien Doni d’Attichy, surintendant des
Finances de Marie de Médicis, qui mourut en 1614. Valence mourut en
1617.
[11]
Tâchez à vivre contente parmi vos sujets de mécontentement et honorez
toujours le non-faire et l'état inconnu du Fils de Dieu. C'est là votre
centre et ce qu'il demande de vous pour le présent et pour l'avenir,
pour toujours. Si sa divine Majesté ne vous fait connaître, de la
manière qui ne peut tromper, qu'il veut quelque autre chose de vous, ne
pensez point et n'occupez point votre esprit en cette chose-là
(Lettre de saint Vincent de Paul à Louise de Marillac). Au nom de
Dieu, Mademoiselle, corrigez cette faute et apprenez une fois pour
toutes que les pensées amères procèdent du démon, les douces et aimables
de Notre-Seigneur là (Lettre de saint Vincent de Paul à Louise de
Marillac).
[12]
Fondées le 8 décembre 1617.
[13]
Louise de Marillac réunit chez elle (au n° 21 de l’actuelle rue Monge)
une douzaine de bonne filles de village (29 novembre 1633).
http://missel.free.fr/Sanctoral/03/15.php
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