Saint Louis de Gonzague
naquit en l'an 1568, d'une famille princière d'Italie. Avant sa
naissance, sa mère, en danger
de mort, avait fait vœu de consacrer
son enfant à Notre-Dame de Lorette, si elle obtenait une
heureuse
délivrance. Encore au berceau, s'il se présentait un pauvre, Louis
pleurait jusqu'à ce qu'on lui eût fait l'aumône; son visage
respirait un tel air de vertu, que ceux qui le portaient dans leurs
bras croyaient tenir un Ange.
A l'âge de cinq ans, il
avait retenu et répété quelques paroles grossières qu'il avait
entendues sortir de la bouche des soldats de son père, sans les
comprendre; il en fut repris et en montra tant d'horreur, qu'il
pleura cette faute, la plus grande de sa vie, et qu'il en fit
pénitence jusqu'à la mort. Le père de Louis, qui songeait à la
fortune de son fils, l'envoya successivement chez plusieurs princes,
en qualité de page; mais Dieu, qui avait d'autres vues, voulait
ainsi montrer ce jeune Saint aux cours d'Europe, pour leur faire
voir que la piété est de toutes les conditions, et l'innocence de
tous les âges. Dans ces milieux mondains où il vivait comme n'y
vivant pas, ses progrès dans la sainteté furent surprenants.
A huit ou neuf ans, il
fit le vœu de virginité perpétuelle; sa délicatesse était si
angélique, que jamais il ne regarda une femme en face, pas même sa
mère; jamais il ne permit à son valet de chambre de l'aider à
s'habiller, et sa pudeur était si grande, qu'il n'osa même pas lui
laisser voir le bout de ses pieds nus. Vers l'âge de onze ans, il
fit sa Première Communion des mains de saint Charles Borromée.
A seize ans, il se
décida à entrer dans la Compagnie de Jésus. Peu de vocations ont été
aussi éprouvées que la sienne: son père fut pour lui, pendant
quelques temps, d'une dureté sans pareille; mais il dut enfin céder
devant la Volonté de Dieu, et Louis entra au noviciat des Jésuites,
à Rome. Il y parut dès les premiers jours comme un modèle digne
d'être proposé aux plus parfaits; on vit en lui un prodige de
mortification, un ange de pureté, une merveille d'amour de Dieu. La
seule vue de Louis dissipait chez les autres les plus violentes
tentations de la chair. Jamais il n'avait ressenti la concupiscence
charnelle, et malgré cela il était cruel pour son propre corps à
l'égal des Saints les plus austères.
Obligé par ses
supérieurs, pour cause de santé, à ne pas se laisser absorber dans
la pensée de Dieu, il devait s'écrier souvent, emporté par l'amour
au-delà de l'obéissance: "Éloignez-Vous de moi, Seigneur!" Louis
reçut du Ciel l'annonce de sa mort et fut bientôt victime de sa
charité pendant la peste de Rome, l'an 1591.
Son premier miracle
après sa mort fut la guérison de sa mère, à laquelle il apparut
souriant et resplendissant de gloire. Ce fut le signal d'une
dévotion qui fut récompensée par de nombreux prodiges.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |