« Le
roi Otton premier ou le Grand, dit Adam de Brème, ayant
échappé par le secours de Dieu aux poursuites de ses frères, fit
rendre justice pleine et entière à son peuple. Ayant ensuite fait
rentrer dans leur devoir les états qui s'étaient insurgés après la
mort de Charles, il tourna ses armes contre les Danois, que son père
déjà avait soumis autrefois, et qui s'étaient maintenant révoltés,
en faisant mourir à Heideba les ambassadeurs d'Otton, ainsi que le
margrave, et en détruisant toute la colonie des Saxons. Pour tirer
vengeance de cette insulte, le roi fit aussitôt une irruption dans
le Danemark, passa près de Schleswig les frontières danoises, et mit
à feu et à sang tout le pays jusqu'à la mer, qui sépare les Danois
des Normands, et qui, en mémoire de cette victoire, s'appelle encore
aujourd'hui Olleusunt. » Lorsqu'il fit sa retraite, Harold s'avança
contre lui jusqu'à Schleswig, et lui livra bataille. On se battit
vaillamment des deux côtés, mais les Saxons furent vainqueurs, et
forcèrent les Danois à chercher leur salut dans leurs vaisseaux.
Harold, qui était disposé à la paix, se soumit donc à Otton, reçut
la couronne de sa main, et s'engagea à donner accueil au
christianisme dans ses états. Peu de temps après, Harold lui-même
fut baptisé, de même que son épouse Gunhuld et son jeune fils, que
le roi Otton tint sur les
saints fonts
qu'il nomma Suenotton. A cette époque la partie du Danemark qui est
située de ce côté-ci de la mer, et que les habitants appellent
Jutland, fut divisée en trois évêchés subordonnés à l'archevêché de
Hambourg. Dans l'église de Brème on conserve les ordonnances
royales, desquelles il en ressort que le roi Otton a été chef de
l'empire d'Allemagne, et qu'il y a même placé des évêques. Les
privilèges, accordés par la cour de Rome, font voir que le pape
Agapet, après avoir félicité l'église de Hambourg de la conversion
des gentils, confirma aussi à Adaldag toutes les concessions, que
Grégoire, Nicolas, Sirice et ses prédécesseurs avaient faites à
l'évêché de Brème. Il lui accorda aussi, en vertu de son autorité
apostolique, le pouvoir d'ordonner les évêques du Danemark et des
autres peuples du Nord. Notre archevêque d'heureuse mémoire fut donc
le premier qui donna des évêques au Danemark, en envoyant
Harold à Schleswig, Liafdag à Ripen (Riga), et Reinbrand à Aarhus,
et en leur confiant en même temps les églises de la Finlande, de la
Seelande, de la Scanie et de la Suéonie situées au-delà de la mer.
Ces mesures datent de la douzième année de l'épiscopat d'Adalgar. Ce
commencement dû à la miséricorde divine s'accrut tellement dans ta
suite, que, depuis cette époque jusqu'à ce jour (la fin du onzième
siècle), les nombreux fruits des églises du Danemark se
manifestèrent visiblement chez les peuples du Nord. »
Tout ce que nous
savons touchant les premières années du saint évêque, c'est qu'il
naquit dans la Frise, selon le rapport de Vastov. Adam dit qu'il fut
élevé à la dignité épiscopale dans l'année 948. Car ce fut vers le
milieu du mois de septembre de l'année 936, qu'Adaldag succéda sur
le siège de Hambourg à l'archevêque Unnon, et ce fut douze ans après
cette exaltation que notre Saint fut sacré évêque de Riga.
Adam de Brème
fait ainsi l'éloge de son zèle pastoral : « Parmi tous les évêques
de l'antiquité aucun ne se distingua aussi avantageusement que
Liafdag, qui s'illustra aussi par des miracles, et » prêcha
l'Évangile aux peuples qui habitent au-delà de la mer, savoir aux
Suéones et aux Normands. »
Son zèle, qui
convertit à la foi une foule de gentils, le rendit odieux aux
infidèles, qui vengèrent dans le sang du saint évêque la perte dont
ils l'accusaient. Il souffrit vers l'année 980. Sa fête est marquée
au 3 février.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-Fran-çois Godescard. |