LETTRE À DIOGNÈTE

Écrits patristiques
Lettre à Diognète

  • Mes chers amis, surtout ne soyez pas scandalisés par les N° 3 et 4 de la Lettre à Diognète. Pour comprendre ce texte qui peut nous révolter, il faut se replacer à l'époque où il fut écrit, probablement aux 1er ou 2ème siècles après Jésus-Christ, comme pourrait l'indiquer la fin du paragraphe 3. Nous savons combien les apôtres et surtout saint Paul ont dû lutter pour empêcher certains chrétiens d'origine juive d'imposer la circoncision et l'interdiction de certaines coutumes, dont le refus de certains aliments considérés comme impurs, entre autres.

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3-Je vais maintenant te dire en quoi notre culte diffère de celui des Juifs: c'est encore un point sur lequel tu désires ardemment t'instruire, si je ne me trompe.

Les Juifs, il est vrai, n'adorent pas ces idoles stupides, ils ne reconnaissent qu'un Dieu, ils le regardent comme le maître, l'arbitre de l'univers. Si cependant ils lui rendent un culte semblable à celui dont nous venons de parler, n'est-il pas évident qu'ils sont dans l'erreur? Car les offrandes que les Grecs font à leurs dieux sourds et insensibles, offrandes folles et absurdes, les juifs les présentent à ce Dieu unique, s'imaginant qu'il en a besoin. N'est-ce pas de leur part une extravagance plutôt qu'un hommage digne de la majesté divine? Est-il croyable que celui qui a fait le ciel et la terre et tout ce qu'ils renferment, que celui qui fournit à tous ce dont nous avons besoin [nos besoins], ait besoin lui-même de ce qu'il accorde à ceux qui ont la prétention de lui en faire une sorte d'aumône? Or, ceux qui par ce sang, cette fumée des victimes et leurs holocaustes pompeux, s'imaginent offrir à Dieu des sacrifices qui lui soient agréables et qui l'honorent, et venir au secours de celui qui n'a besoin de rien, en quoi voulez-vous que je les distingue de ceux dont la folie rend avec tant de soin de semblables honneurs à des statues insensibles, qui ne comprennent rien à ces honneurs.

  • Remarque: il semblerait donc, à la lecture de ce texte, que la Lettre à Diognète ait été écrite avant la destruction du temple, donc avant l'an 70, puisque après, les sacrifices sanglants avaient cessé. Mais nous n'en avons pas la preuve. Continuons la lecture de la lettre à Diognète. L'auteur poursuit son réquisitoire:

4-Te parlerais-je des précautions minutieuses que prennent les Juifs sur le choix des viandes, de leur superstition sur l'observance du sabbat, de leur jactance à cause de leur circoncision, de l'hypocrisie de leurs jeûnes et de leurs cérémonies au retour des nouvelles lunes; tout cela est si absurde, si peu digne d'être raconté, que tu peux te dispenser de l'apprendre, et je crois pouvoir t'en faire grâce.

Dans cette multitude d'êtres que Dieu a faits pour l'usage de l'homme, admettre les uns comme portant le caractère de la sagesse de leur auteur, rejeter les autres comme inutiles et superflus, n'est-ce pas un crime?

Se glorifier de la circoncision comme du sceau de l'élection divine, comme d'un signe qui atteste de la part de Dieu une prédilection toute particulière, n'est-ce pas une folie des plus ridicules? Que dirai-je de cette attention continuelle à suivre le cours de la lune et des astres pour observer les jours et les mois, arranger à sa manière les plans de la sagesse divine, les révolutions des saisons, distinguer des jours de joie, des jours de deuil; est-ce faire preuve de piété et non pas de délire?

Je t'en ai dit assez, je pense, pour vous montrer que c'est avec raison que les Chrétiens s'éloignent de l'imposture et de la vanité des idoles, de la superstition et de la jactance des Juifs; mais le sublime mystère de leur culte tout divin, n'espérez pas l'apprendre d'une bouche mortelle.

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L'auteur de la lettre à Diognète trace alors un tableau de la vie des chrétiens de son temps, et fait ressortir le rôle de la religion chrétienne qui était alors nouvelle. L'auteur veut montrer que "ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde"

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