Vincent
Ferrier est né à Valence, en Espagne, en 1350. Il entra
à 17 ans chez les Dominicains; il étudia à Barcelone,
puis à Toulouse et fut ordonné prêtre en 1378. Il fut
nommé aumônier du roi d’Aragon, et à ce poste, il fut
appelé à arbitrer de nombreux conflits. Par ailleurs, on
remarqua très vite ses talents de prédicateur.
Hélas!
Nous sommes en 1378, et c'est à ce moment que survint ce
que l'on a appelé le Grand schisme, ou encore le grand
schisme d’Occident. Il s'agit, en fait, d'une grande
crise pontificale qui toucha le catholicisme de 1378 à
1417, divisant pendant quarante ans la chrétienté
catholique en deux obédiences.
L'Europe
était en pleine Guerre de Cent Ans. Les mutations
économiques qui se manifestaient conduisirent à la
création d'États dits modernes et, sur le plan
politique, cela se traduisit par l'affrontement entre le
roi de France Philippe le Bel et le pape Boniface VIII.
En Italie, les luttes entre le pape et l'empereur
débouchèrent sur l'affrontement entre les Guelfes et les
Gibelins, du 12ème siècle au 14ème
siècle. Ces tensions aboutirent dans un premier temps à
l'installation de la papauté à Avignon, puis, en 1378,
au Grand Schisme, en fait à l'élection de deux papes:
l'un à Rome, Urbain VI, et l'autre à Avignon, Clément
VII qualifié d'antipape.
Cette
situation de l'église, marqua profondément Saint Vincent
Ferrier qui œuvra pour restaurer l’unité de l’Église. À
la mort de Clément VII, c’est Pierre de Lune, un ami de
Vincent qui sera élu pape sous le nom de Benoît XIII. Ce
dernier appela Vincent près de lui à Avignon. Vincent
aurait aimé que les deux papes, celui de Rome et celui
d’Avignon, se désistassent volontairement afin que
l’unité de l’Église fût restaurée. Il ne fut
malheureusement pas écouté et on aboutira à l’élection
d’un troisième pape en 1409. En 1414, un Concile se
réunit à Constance pour mettre fin au schisme. Comme
Benoît XIII refusait de se désister, Vincent condamna
l’entêtement de son ami qui finira sa vie seul. L’unité
de l'Église sera enfin restaurée en 1417.
Déçu par le
refus de Benoît XIII de se démettre de sa fonction,
Vincent avait décidé de se consacrer à l’apostolat: il
évangélisa la Provence, le Dauphiné, la Suisse,
l’Espagne; il essaya de rencontrer des juifs et des
musulmans. Il défendit avec ferveur le dogme de
l’Incarnation. Il passa les dernières années de sa vie
en France, particulièrement en Bretagne. Il se nommait
le « galérien de Dieu » et répétait, dans sa prière:
« je ne suis qu’un pauvre vieux brisé qui n’en peut
plus, qui ne sait rien ou plutôt qui ne sait que son
ignorance et sa lâcheté. Donnez-moi la grâce de me
rendre compte de plus en plus que je ne suis rien et que
vous êtes tout ».
Dans ses
déplacements, Vincent Ferrier était suivi par une
centaine de disciples; aux haltes, il prêchait,
confessait, célébrait la messe. Il passa par Albi, Lyon,
Dijon, Bourges, Angers et, appelé par le Duc de
Bretagne, arriva le dimanche des Rameaux à Vannes, en
Bretagne où la situation spirituelle était assez
désastreuse. Les anciens monastères bénédictins
déclinaient, tandis que les ordres nouveaux,
Franciscains et Dominicains, n'étaient pas encore
installés. On amena devant Vincent de nombreux malades
et des infirmes et plusieurs guérisons furent
constatées. Vincent alla ensuite à Rennes, à Caen, à
chaque étape on relatait des miracles. Il passa aussi
par Bayeux, Coutances, Avranches, des villes qui avaient
beaucoup souffert des luttes contre l’Angleterre. Il
revient en Bretagne à Vannes très malade et il y mourut
le 5 avril 1419.
Les
miracles se multiplièrent sur sa tombe. En 1451 s’ouvrit
le procès de canonisation et en 1455, Vincent Ferrier
fut déclaré "SAINT".
Paulette
Leblanc |