L'UNION À DIEU

Mes chers amis, plus on travaille sur la vie des saints, qui furent tous, je tiens à le rappeler ici, de grands mystiques, plus on découvre l'intimité des saints, et plus on découvre ce qu'est, véritablement, ce que l'on appelle l'union à Dieu.

Ainsi, une constatation s'impose: tous les saints veulent rencontrer Celui qu'ils aiment, Celui qu'ils n'ont jamais vu mais en qui ils croient. Ils voudraient, surtout lorsque la mission qui leur est confiée s'avère très difficile, entendre les conseils de Dieu qu'ils aiment. Mais est-ce possible? Les saints savent que le Seigneur doit bien rire de leurs plaintes et de leurs gémissements, et de leurs sottises. Mais ils parlent à Dieu comme à Quelqu'Un qu'ils aiment. Ils restent pleinement naturels, ne font pas d'histoire, pas d'effet. Ils aiment Dieu… Et nous savons tous que lorsqu'on aime, on a besoin de Celui que l'on aime, et l'on a besoin de communiquer avec Lui.

Les saints, que nous devrions tous devenir, veulent être unis à Celui qu'ils aiment, à Dieu. L'union à Dieu, on en parlait souvent autrefois, mais au fond, qu'est-ce que c'est, et pourquoi n'en parle-t-on plus? Être uni à Dieu, c'est vouloir toujours tout ce que Dieu veut, c'est se confier en Lui, essayer de Lui faire plaisir, de vivre selon ses commandements. C'est aussi vivre selon ses appels qui se manifestent par des impulsions intérieures. Ainsi, être uni à Dieu, c'est Le glorifier en chacun de nos actes et Le suivre en tout ce qu'Il nous demande pour le salut de tous nos frères. Être uni à Dieu, c'est n'aspirer qu'à Lui, c'est travailler pour les autres, dans l'amour, donc pour Lui. Être uni à Dieu, c'est croire en Lui et Lui faire confiance. Or, croire en Dieu c'est mettre en œuvre les trois actes de foi, d'espérance et de charité, c'est donc croire en la vie éternelle à laquelle nous sommes tous appelés.

Être uni à Dieu, c'est aspirer à la vie, c'est vivre de la vie de Dieu même dans la souffrance. On voit ici toute l'aberration du suicide, et la nécessité d'avoir des modèles, des gens qui nous montrent le chemin, c'est-à-dire, les saints. Pour des raisons très curieuses, pendant plus de quarante ans on a chassé les saints de nos églises. Pour justifier ces actes, on a dit que beaucoup de personnes venaient parler aux saints, mais qu'elles n'allaient pas jusqu'au saint Sacrement. Mais si les gens agissaient ainsi, c'est qu'ils ne savaient plus que Dieu Lui-même était dans le Saint–Sacrement. Peut-être faudrait-il de nouveau parler de l'Eucharistie et de la présence réelle de Jésus.     

On ne peut aimer que ce que l'on connaît, et c'est parce que les saints connaissent Dieu qu'ils sont unis à Lui. Or, que voyons-nous dans notre monde d'aujourd'hui, monde qui nous épouvante parce qu'il est trop malheureux? Que constatons-nous? Au nom du Concile, on a fait faire aux catholiques le contraire de ce que ce Concile demandait. C'est absolument incroyable! Quant au catéchisme, on l'a oublié… Nos contemporains ont perdu la joie, car ils ne sont plus unis à Dieu. Car la joie, c'est aussi l'union à Dieu, et inversement, l'union à Dieu donne la joie.

Oui, une vie unie à Dieu c'est une vie pleine de joie, même dans les plus grandes souffrances. Cela toutes les vies de saints nous le prouvent. Dieu est le bonheur des hommes: Il les a créés pour cela, pour être heureux; Il leur a donné sa Loi, pour qu'ils puissent vivre toujours heureux. Malheureusement, cela on l'a oublié… Il faut revenir à l'union à Dieu; nous devons vivre avec Dieu, tous les jours, chaque heure et même chaque minute. Pour que notre Église revive, pour que les hommes retrouvent Dieu, et pour que Jésus ne pleure plus, pour que Dieu nous redonne sa joie, chacun d'entre nous doit être uni à Dieu, à tous les instants de notre vie. Seigneur, aidez-nous!

Nous sommes parfois incroyablement étonnés. Nos amis et nous-mêmes aimons le Seigneur, et dès que nous le pouvons, nous le lui disons. Nous essayons de vivre sa volonté, mais souvent nous pensons ne pas connaître cette volonté de Dieu et nous Lui demandons qu'Il nous la fasse connaître. Puis un jour nous comprenons que durant toute notre vie le Seigneur nous avait préparés, individuellement, pour que nous puissions accomplir le travail qu'Il nous demande aujourd'hui. Cependant, nous ne sommes pas toujours sûrs de nous, et souvent nous L'appelons: "Oh! Seigneur, de grâce, parle-moi, montre-Toi, j'ai tellement besoin de Toi. Seigneur ne me quitte pas, je ne peux pas vivre sans Toi." C'est comme un refrain quotidien.

Pourtant nous savons que nous n'avons pas besoin de voir Dieu, d'ailleurs ce n'est pas possible. On n'a pas besoin de sentir Dieu. Cela, que de fois nous l'avons entendu depuis 50 ans! Et nous étions troublés; mais maintenant nous sommes certains que c'était une erreur.  Les vies des saints nous étonne car, eux aussi, ont souvent eu besoin de "sentir" Dieu, de L'écouter; cela est tout à fait normal puisque seuls nos sens nous permettent de connaître: nous sommes bâtis comme ça…  Les fidèles contemporains se tournent de plus en plus vers le Seigneur, et parfois ses réponses, le plus souvent cachées dans des textes qui arrivent inopinément, les surprennent. Parfois, même, le Seigneur fait très fort.

Oui, le Seigneur fait parfois très fort; ainsi, récemment, une personne très éprouvée m'a raconté qu'un texte de saint Pierre Chrysologue sur l'Incarnation, lui fut envoyé par un ami. Elle put lire, entre autres: "L'amour désire voir Dieu. Dieu, voyant le monde ravagé par la crainte, agit sans cesse pour le rappeler à lui avec amour, le solliciter par la grâce, le soutenir par la charité, et l'envelopper de tendresse… Voilà pourquoi il a purifié la terre… il appelle Noé à engendrer un monde nouveau… Voilà pourquoi il appelle Abraham à sortir du paganisme, il anoblit son nom, il en fait le père de la foi… Voilà pourquoi il réconforte par des songes Jacob fuyant son frère… Voilà pourquoi il appelle Moïse dans sa langue maternelle, il l'interpelle avec la tendresse d'un père…

Mais à cause de tous ces faits que nous avons rappelés, où la flamme de l'amour divin embrase les cœurs, où l'ivresse de l'amour de Dieu se répand dans tous les sentiments de l'homme, certains, de leur âme blessée, ont voulu voir Dieu par leurs yeux de chair. Dieu que le monde ne peut contenir, comment le regard humain, si étroit, pouvait-il le saisir ? Mais le code de l'amour ne considère pas ce que celui-ci peut être, ce qu'il doit et ce qu'il peut faire. L'amour ignore le jugement, il manque de raison, il ignore la mesure. L'amour ne se laisse pas consoler par l'impossibilité, il n'admet pas que la difficulté soit un remède. L'amour, s'il n'obtient pas l'objet de ses désirs, détruit celui qui aime, et c'est pourquoi il va là où il se laisse entraîner, non là où il doit aller. L'amour engendre le désir, s'enflamme d'ardeur, son ardeur le porte au-delà de ce qui lui est accordé. À quoi bon insister? Il est impossible que l'amour ne voie pas ce qu'il aime; voilà pourquoi tous les saints ont jugé sans valeur tout ce qu'ils avaient obtenu, s'ils ne voyaient pas le Seigneur. Voilà pourquoi l'amour qui désire voir Dieu, s'il manque de jugement, a pourtant une piété ardente. Voilà pourquoi Moïse ose dire: si j'ai trouvé grâce à tes yeux, montre-moi ton visage. Et le psalmiste: Montre-moi ton visage. Enfin, c'est pour cela que les païens ont fabriqué des idoles: afin de voir de leurs yeux, au milieu de leurs erreurs, ce qu'ils adoraient."

Évidemment nous sommes secoués en lisant ce texte qui semble reprendre chacune de nos prières. Oui, Dieu veut que nous L'aimions, mais à la manière des hommes. Pas dans l'abstrait, intellectuellement, mais dans la tendresse. Et cela, Dieu nous le montre parfois. Chaque homme pieux peut se dire: je ne suis qu'un homme, une toute petite poussière perdue dans l'univers. C'est vrai, je ne suis rien; mais, aussi incroyable que cela paraisse, Dieu m'aime. C'est incompréhensible, inexplicable, voire déconcertant: comment cela peut-il se faire? Nous, nous ne savons pas, mais Dieu qui connaît bien ses œuvres préférées, les hommes, et qui veut les sauver toutes, ses œuvres vivantes, Dieu s'est incarné et s'est fait l'un de nous. Et Jésus a montré son amour à Marie, à Joseph, à tous ses amis, puis à ses apôtres. Son amour, sa tendresse sont même allés si loin qu'Il a pleuré sur Jérusalem, et qu'Il a pris sur Lui toutes nos souffrances…

Puis Jésus s'est fait Eucharistie pour rester tout près de nous… Il savait bien que nous avions, que nous aurions toujours un grand besoin de Lui. Parfois, Il est tout près de nous, parfois Il nous parle, mais nous ne savons pas L'écouter: oui, nous devons apprendre à écouter le Seigneur, à Le comprendre, pour mieux Le servir et mieux L'aimer. Merci Seigneur. S'il Vous plaît, venez vite près de nous, parlez-nous Jésus, et surtout faites que nous vous comprenions bien, que nous comprenions bien votre langage, parfois déconcertant… C'est cela aussi l'union à Dieu. Comprendre la Volonté de Dieu pour mieux Le servir et servir notre prochain, enfant de Dieu lui aussi.

Paulette Leblanc – Février 20104

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