Lorsque nous
contemplons la vie de Jésus, nous remarquons tout de suite que
Jésus-Christ, Dieu et Homme mais unique personne, décide comme
Dieu, mais souffre comme homme. Comment comprendre un tel
mystère? L'Agonie de Jésus à Gethsémani est incontestablement un
des plus grands mystères de la vie du Christ Rédempteur. Certes,
le salut de l'humanité devait se faire par un homme possédant
toutes les qualités humaines et tout ce qui participe à l'homme
ayant refusé Dieu, c'est-à-dire la souffrance et la privation
d'une partie de sa liberté. Jésus, homme, devait rétablir les
liens rompus avec Dieu, donc, c'est l'humanité de Jésus et son
humanité seule qui devait nous sauver. Mais Jésus est une unique
personne, totalement unifiée en elle-même bien qu'elle soit à la
fois Dieu et homme, et le fait de Le voir, à Gethsémani et
bientôt sur la croix, sa divinité lui faisant "comme" défaut,
cela nous bouleverse.
Beaucoup de
saints ont souvent pensé à Gethsémani et se sont unis à la
souffrance de Jésus. Ils ont essayé de "Le consoler", mais leur
intelligence, comme la nôtre, peinait souvent à vouloir
comprendre l'incompréhensible. Parfois, les souffrances de
l'Église actuelle tellement persécutée nous font comme vivre
l'Agonie de Jésus. Oui, à Gethsémani, Jésus a "vu" toutes les
erreurs, les péchés, les déviations et les souffrances de son
Église. Il a même appelé le Père tant ses souffrances étaient
insupportables. Pourquoi, sa divinité l'avait-elle quitté? Cette
question, nous nous la posons fréquemment, et parfois Jésus nous
éclaire: mais non sa divinité ne l'avait pas quitté, mais seule
son humanité devait souffrir. Difficile à comprendre. Jésus
appelle le Père: "Père, que ce calice passe loin de Moi!"
Et immédiatement Jésus se reprend: "Mais que ta volonté soit
faite!" Alors, le Père envoie son Ange; le Père fortifie
l'humanité de Jésus, et l'Homme Jésus pourra aller jusqu'au bout
de sa Passion.
Tout cela
semble très abstrait. Mais dès que nous entrons dans le concret,
dès que nous nous apercevons que peut-être, aujourd'hui encore,
Jésus veut nous associer à son Agonie, alors, les choses
changent. C'est nous, c'est moi qui crions vers Dieu et qui
crions: "Non! Père! Pas ça!" Voir toutes les persécutions subie
par l'Église du passé, c'est dur, mais constater qu'elles
recommencent de plus belle, c'est insupportable. Pourtant il y a
bien pire: constater que souvent c'est notre Église, par ses
chefs, qui s'autodétruit, cela c'est insupportable. C'est vrai,
par moments nous ne pouvons plus supporter ces reniements, tous
ces péchés de nos consacrés, péchés qui trop souvent, sont
utilisés par ses ennemis pour démolir l'Église par des
médisances et des calomnies bien placées. Nous vivons dans le
satanique permanent. Alors nous hurlons à Dieu notre douleur et
associés à Jésus, nous appelons au secours. Et parfois Dieu
vient nous aider.
Parfois Dieu
nous aide. En réalité Il nous aide toujours, mais de temps en
temps Dieu se fait plus "sensible". Ainsi, au cours d'une
rémission récente de KTO, sur l'envie, la jalousie, un prêtre
avoua qu'il avait été pendant longtemps jaloux de la Sainte
Vierge. Elle, elle était immaculée; donc cela lui était bien
facile de supporter ses souffrances. Jusqu'au jour où ce prêtre
comprit que, au pied de la Croix, après la mort de Jésus, toute
l'Annonciation s'était pour elle, comme écroulé. À ce moment-là,
Marie aussi vivait la détresse extrême, son Gethsémani
effroyable qui mettait toute sa foi à l'épreuve terrible de la
mort de Dieu. Cette souffrance de Marie est pour nous
incompréhensible, mais elle peut, aujourd'hui, nous aider à
sortir parfois de nos ténèbres, non pas seulement intérieures,
mais également extérieures, les ténèbres causées par ce qui nous
est le plus cher, car fondée par Jésus Lui-même: son Église.
Aujourd'hui,
nos ténèbres extérieures sont très épaisses: que va devenir
notre Église. La foi va-t-elle renaître dans notre monde possédé
par Satan? Qui allons-nous avoir comme nouveau pape? Un digne
successeur de Benoît XVI, ou quelqu'un qui va de nouveau
propager le faux concile. Alors, si nous nous tournons vers
Marie, nous retrouvons un peu d'espérance. Regardons Marie au
pied de la Croix. Elle est écrasée de douleur, elle, la sans
tache. Et soudain nous comprenons pourquoi ce sont ceux qui sont
les plus purs qui souffrent le plus. Marie Immaculée, sans
péché, doit être associée à la Passion de son Fils. Sa
souffrance est immense car la résurrection de Jésus n'est encore
pour elle, comme pour l'apôtre Jean d'ailleurs, qu'une
espérance, l'espérance de la Résurrection.
Allons-nous vers
une nouvelle mystique?
Tous les
hommes doivent apprendre pour connaître, car connaître est
indispensable pour aimer Dieu, vivre dans la joie de ses
commandements et de sa volonté si pleine de sa miséricorde;
c'est quand nous connaissons que nous découvrons le bonheur de
Dieu, bonheur qu'Il nous donne à flots, en même temps que sa
vie. Certes, vivre avec Dieu ne supprime pas la souffrance, ni
les incompréhensions, ni les épreuves; mais aucune douleur ne
peut nous ôter la joie que Dieu nous donne, joie que tous les
martyrs de tous les temps, ont tellement manifestée.
Aujourd'hui,
un phénomène nouveau semble se manifester: l'apparition d'une
nouvelle mystique. Autrefois, les saints venaient le plus
souvent des familles chrétiennes: dès leur plus jeune âge, ils
connaissaient Dieu. Aujourd'hui les familles sont athées ou
indifférentes, l'enseignement est faussé, les sectes, œuvres de
Satan, se multiplient, l'hédonisme, le pouvoir et l'argent
règnent en maître. Et soudain, pour quelques personnes, c'est
comme si le ciel s'ouvrait. Comment expliquer cela?
Imaginons
que nous sommes emprisonnés dans une grande pièce toute noire.
Nous ne voyons rien et nous sommes très tristes, déprimés… Et
soudain les fenêtres s'ouvrent; la lumière pénètre à flots: elle
n'aveugle pas car cette Lumière vient de Dieu. Nous sommes en
Dieu, heureux et nous voudrions que tout le monde reçoive cette
lumière: que faire? Tout simplement témoigner, témoigner, et
encore témoigner, tout en fortifiant sa foi, donc en apprenant,
c'est-à-dire en recevant des enseignements. Pour donner Dieu, il
faut découvrir Dieu, mais quel Dieu?
Il est un
autre point de la nouvelle mystique que les "vieux" chrétiens
ont du mal à comprendre. Les nouveaux convertis, utilisant leur
langage courant, parlent généralement de "sensations", de
ressenti". Ils ont un impérieux besoin de "sentir" Dieu, qu'ils
aiment vraiment. Ils feraient, disent-ils, n'importe quoi pour
continuer à "sentir" Dieu, mais bientôt surgissent des
difficultés imprévues. Il faut obligatoirement sortir des
plaisirs, de son confort, de ses péchés, mais aussi de son
égoïsme, du sexe, de toutes ces choses mortelles que l'on
enseigne dans nos écoles comme étant les nouvelles et vraies
valeurs.
La
mystique et les moyens modernes
À partir d'ici, il
est difficile de poursuivre cette réflexion sans juger ceux qui
ont participé à la dégradation dramatique de notre civilisation.
Nos contemporains "anciens", ou bien ont tout perdu de leur foi
chrétienne,
ou bien, ils ne comprennent plus rien à ce qui s'est passé et
continue de se passer: alors, quelle souffrance! Pourtant il
faut revenir à Dieu. Mais que donner nos jeunes foyers qui
reviennent un peu l'Église? Comment donner Dieu aux hommes qui
Le cherchent? À travers les moyens techniques modernes?
Certainement, mais nous avons pris tellement de retard par
rapport aux actions de Satan: la télévision est infestée, la
radio, sauf dans les voitures, est peu écoutée, et son niveau
intellectuel et spirituel n'est pas très élevé. Il reste
Internet. Mais Internet est déjà infecté. D'où un autre sévère
constat.
Revenons
quarante ans en arrière. Que de responsables religieux disaient
que les fidèles devaient, pour mieux évangéliser… suivre la
mode, au moins un peu, pour être dans le monde, sans être du
monde. En fait la mode s'arrêtait aux vêtements, au superficiel,
et l'essentiel a été oublié: l'enseignement a été négligé; le
concile a été tordu; les moyens techniques, méprisés. Ce fut
partout une véritable invasion diabolique, "pour une durée de
1000 ans", conformément aux prédictions de l'Apocalypse
(chapitre 20). Alors, aujourd'hui, comment l'Église peut-elle
retrouver son unité, réinvestir les médias, rééduquer les
peuples? La tâche est immense et Dieu seul peut la réaliser. Et
nous, nous devons prier, espérer. Oui, espérer, mais pas en
demeurant inerte; il faut espérer, mais en témoignant, en
aimant, en servant, en priant. Que tous ceux qui le peuvent
témoignent, se convertissent et fassent pénitence, selon les
conseils de la Sainte Vierge Marie dans toutes ses nombreuses
apparitions. Les chrétiens doivent tous redevenir des mystiques.
Et puis, il
faut recommencer à enseigner, dans les familles, dans les
écoles, et par l'intermédiaire des moyens modernes de
communication: télévision, radio, internet. Que de travail! Les
chrétiens doivent aussi retrouver leur unité et soutenir les
communautés nouvelles et traditionnelles, les seules qui aient
des vocations. Ils doivent aussi convertir les prêtres; non, ce
n'est pas une exagération... Presque tous nos prêtres sont âgés:
plus de 70 ans, voire 75 dans de nombreux diocèses. Ces pauvres
prêtres ont dû traverser tant d'épreuves, surtout depuis 1968.
Cependant on peut se demander parfois, s'ils ont encore la foi?
Quelques jeunes prêtres arrivent, pleins de joie et de foi. Nous
les aimons beaucoup, mais souvent leur manque de formation nous
étonne. Les quelques séminaires où ils ont été préparés, ont-ils
été infestés, eux aussi? Comment faire retrouver Dieu et Le
faire aimer? Satan a tellement tout envahi… et en plus, il y a
maintenant l'islamisme… Et comme notre Église, en France, a
oublié d'enseigner le catéchisme depuis plus de 50 ans, nos
enfants et nos adolescents qui cherchent Dieu se convertissent à
l'islam, même les filles, ce qui est tout de même surprenant!
Mais quand on cherche Dieu, on va là où l'on peut Le trouver.
Seigneur,
hâtez-vous de revenir! Apprenez-nous à enseigner la foi, Dieu et
la morale, ce pauvre mot que l'on a banni et remplacé par
l'éthique… Seigneur, redonnez la foi à tous nos contemporains.
Faites qu'ils vous connaissent et qu'ils vous aiment! Faites que
nous nous convertissions tous, et que nous vous aimions
vraiment: alors seulement nous aimerons notre prochain. Car il
faut d'abord aimer et servir Dieu avant d'aimer et de servir
notre prochain. Et surtout, Seigneur, apprenez-nous à vous
chercher, à vous rencontrer, à vivre avec vous, pour mieux vous
connaître, mieux vivre vos commandements d'amour, et être de
vrais mystiques, donc des chrétiens heureux.
Paulette
Leblanc
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