3
Vivre dans l'amour
3-1-Qu'est-ce qu'aimer l’Amour?
3-1-1-Un rêve étrange
Dans mon
rêve, j'allais mourir, je mourais... et je me précipitais bien vite dans les
bras de Celui qui m’appelait. Mais à peine avais-je esquissé le premier geste de
réponse, à
peine avais-je commencé à me précipiter dans les bras du Seigneur,
que je me sentis devenir de plus en plus petit, et tomber de plus en plus
profondément et à une vitesse folle, dans un abîme infini. Je me retrouvai tout
minuscule, tout adorant, tout aimant, mais si pauvre aux pieds de Jésus devenu
aussi immense que j’étais devenu petit. J’étais comme un frêle moucheron
voletant tant bien que mal autour des pieds d’un Être gigantesque mais pourtant
bienveillant.
Instantanément je ressentis une immense pauvreté, une impuissance totale.
J’étais baigné dans l’Amour, mais je voyais l’étendue de mon insignifiance et je
me sentais désemparé et pourtant de plus en plus adorant, perdu mais retrouvé
dans l’immensité de l’Amour.
C’est
alors que, dans mon vertige, je réalisai à quel point nous les hommes, nous
n’étions rien... mais aussi à quel point nous étions aimés. Aimés gratuitement
et sans raison compte tenu de notre insignifiance. Pauvre petit moucheron,
petite tache à peine visible sur le pied immense de l’Être infini dont le Corps
et la Tête se perdaient dans des brumes aussi lointaines qu’infinies
elles-aussi, je compris à quel point Dieu nous avait aimés pour envoyer son
Fils, son Unique, son Égal se faire l’un de nous, se mettre à notre portée en
entrant dans notre monde, et, ce qui est stupéfiant, en faisant siennes notre
vie et notre échelle de références.
Ô Jésus,
quel Amour avez-Vous donc eu pour nous, pour entrer dans notre monde, et
devenir, à nos yeux, un Moucheron, comme nous, mais un Moucheron de l’Amour?
Quel Amour que le Vôtre, Jésus!
Oui quel
Amour que l'Esprit d'amour! L'Amour rayonne autour de nous, nous prend en Lui,
nous fait comprendre que nous sommes faits pour Lui, pour L'aimer, pour Le
glorifier, mais à notre échelle, celle que Dieu a voulue pour nous, et qui ne
sera jamais celle de Dieu.
Soudain
nous réalisons l’énormité de la stupidité de ceux qui, s’appropriant une
étincelle de l'Amour qu'est Dieu, veulent en faire, pour eux seuls, un
instrument de leur puissance afin de dominer leurs frères. Nous réalisons la
monstruosité du blasphème de ceux qui veulent se mettre à la place de Dieu, ou
qui cherchent à mettre sa puissance, sa force, au service de leurs seuls
intérêts terrestres. Et nous devinons aussi le dépit de Satan qui, dans sa rage
contre Dieu, se retourne vers la nuée des moucherons que nous sommes, pour la
détourner de Dieu et de son Esprit-Saint. Quelle monstrueuse stupidité, quel
aveuglement: s’en prendre à des moucherons perdus dans l’Univers de Dieu pour
essayer de nuire à Dieu!
Seigneur
Jésus, nous ne sommes que des moucherons, de tout petits moucherons, faibles et
pauvres, un rien dans l’univers. Mais Vous êtes venu chez nous, Vous Vous êtes
fait Homme, Vous avez pris les mesures de notre échelle pour être près de nous,
pour nous montrer que nous ne sommes pas seuls, pas perdus dans l’Infini, que
nous avons un Père qui veille sur nous, paternellement, amoureusement, parce que
Vous nous avez faits pour Vous, et que Vous nous aimez.
Seigneur
Jésus, les petits moucherons Vous adorent et ils Vous aiment, ils Vous
contemplent, Vous l’Immense... Et quand vous venez dans nos cœurs, Votre cœur
nous enveloppe tout en étant en nous. Votre cœur est en nous... Vous absorbez
les moucherons tout en étant en ceux qui Vous accueillent... C'est comme si un
faible rayon d’Amour sortant de votre cœur arrivait jusqu’aux moucherons, et les
baignait dans sa Lumière. Un extraordinaire Cœur à cœur peut alors s’établir
entre le cœur d'un moucheron et votre Cœur de Dieu: le petit cœur du tout petit
moucheron se laisse aspirer par le rayon d’Amour, il est pris dans votre cœur,
il est pris dans votre Amour, votre Vie est la sienne...
3-1-2-Un merveilleux jardin
Comme à
tout le monde, il m'est arrivé de me promener dans des jardins multiformes.
Ainsi, je repense parfois à un merveilleux jardin de mes amis dans lequel j’ai
eu l’occasion de me promener: je contemplais, émerveillé, tout ce qui poussait
dans ce jardin. D’abord un verger débordant de fruits: pommes, poires, prunes...
La nature est rarement avare...
Et puis,
des pelouses, des fleurs à profusion, et surtout un extraordinaire potager
fleuri. Forcément, comme dans tous les potagers, il y avait des légumes de
toutes catégories; je fus surtout attiré et fasciné par le carré des potirons.
Ces gros légumes mûrissaient à terre, bien sûr, sauf l’un d’eux, encore petit,
qui croissait suspendu à près d’un mètre de hauteur. Dix fois par jour j’allais
le contempler et à mesure qu’il grossissait, il se rapprochait de la terre. Je
ne pouvais pas m’empêcher de penser à Newton et à la loi sur la gravitation
universelle; et comme Newton je m’extasiais devant la perfection de la nature.
Dieu avait bien fait les choses qui avait placé les pommes en hauteur et avait
mis à terre les grosses citrouilles!
Quelle
perfection, en effet, la nature! En esprit, je me revoyais me promenant dans ce
merveilleux jardin. Je m’arrêtai sur la pelouse pour y cueillir une toute petite
fleur, une minuscule fleur, probablement une légumineuse quelconque, une de ces
plantes qui constituent la base des pelouses. Je contemplais cette petite fleur,
d’un millimètre de diamètre, pas plus, et je vis qu’elle était parfaite, qu’elle
était complète. Rien ne manquait: ni les pétales, ni les sépales, ni le pistil,
ni les étamines si fragiles. Il y avait même de délicates peintures à
l’intérieur et des broderies finement travaillées pour orner les pétales.
Émerveillé, je n’arrivais pas à sortir de ma contemplation. Quelles merveilles,
Seigneur, Vous avez faites, pour nous, gratuitement, à notre service, parce que
cela plait à votre Amour. Pour nous rendre heureux, nous qui sommes si petits,
si impuissants, si démunis de tout! Pour nous!
Mon
Dieu, qu’est-ce donc que l’homme pour que Vous preniez tellement soin de Lui,
que Vous le placiez dans un monde si beau, si parfait, ce monde que Vous nous
demandez parfois d’arranger un peu pour que nous ne nous sentions pas tout à
fait inutiles. Que sommes-nous donc pour Vous pour que Vous preniez ainsi vos
délices parmi les enfants des hommes, quand ils répondent à votre Amour? Que
sommes-nous donc que Vous nous combliez ainsi? Sommes-nous un reflet de votre
regard, un reflet de votre Amour?
Ces
hommes que Vous avez mis sur la terre sont-ils, quand librement ils se tournent
vers Vous et répondent à votre Amour, sont-ils vraiment comme un reflet de votre
Amour? Sommes-nous un merveilleux reflet dans lequel Vous pouvez Vous
contempler, contempler vos merveilles, à condition que, nous aussi, nous Vous
regardions et répondions à Votre Amour? Étincelles d’Amour, reflets de l’Amour
de Dieu, pour la Gloire et le repos de Dieu. Mon Dieu, quelle perfection! Quelle
merveille que votre Amour!
3-2-L'eau vive
3-2-1-La source de vie
À la
Samaritaine, Jésus déclara: “Si Tu savais qui te demande à boire, c’est toi
qui Lui aurait demandé de l’eau, et Il t’aurait donné de l’eau vive.” Jésus
a dit aussi: “Qui mange ma chair et boit mon sang, n’aura plus jamais faim,
ni soif: car ma chair est une vraie nourriture, et mon sang est un vrai
breuvage.” Jésus a encore dit: “Venez à Moi, vous tous qui avez faim, et
vous serez rassasiés.”
Toutes
ces paroles expriment bien l’espèce de paradoxe qui existe dans les paroles de
Jésus: l’eau vive qu’Il nous donne et qui devrait nous désaltérer, et la soif de
plus en plus vive que nous avons de Dieu...
Jésus a
dit aussi, un jour où l’intimité qu’il vivait avec ses apôtres était très forte:
“Je suis venu allumer un feu sur la terre, et comme j’ai hâte qu’il prenne et
embrase le monde.” Certes, nous savons bien que ces paroles désignent
l’Esprit de Jésus que Lui seul pourra nous donner lorsqu’Il sera remonté vers le
Père: “Il vous est utile que je m’en aille vers le Père, sinon Je ne pourrai
pas vous envoyer l’Esprit Consolateur...”
Oui,
quand Il fut remonté au Ciel après l’Ascension, Jésus envoya son Esprit le jour
de la Pentecôte, sous la forme de langues de feu, ce feu qui devra embraser le
monde.
Jésus a
compris notre soif de Dieu. Jésus a compris notre faim d’amour. Jésus a voulu
rester parmi nous, ressuscité; mais comme Il devait respecter les lois de la
nature qu’Il avait Lui-même créées, Il institua l’Eucharistie et nous envoya son
Esprit, l’Esprit du Père, et son Esprit. L’eau pure du gemmail de Jésus, nous la
buvons, en buvant son Sang Eucharistique. Son Esprit, Il l’infuse en nous par
les sacrements qu’Il a institués: le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie.
Nous vivons du Corps du Christ, de son Amour qui est l’Amour du Père et du Fils,
c’est-à-dire de l’Esprit. Nous buvons à la source d'eau vive... Pourtant,
l’Esprit, nous le connaissons si peu... Il faudrait que Jésus Lui-même nous aide
à Le découvrir.
3-2-2-La
chute d’eau vive
Jésus a
parlé à ses apôtres de “la porte étroite” qu'il faut emprunter pour aller
vers la Vie en Dieu. Mais la "porte étroite" ouvre le plus souvent sur
des chemins ardus, et nous sommes parfois comme obligés de nous arrêter un
peu... Voyageurs fatigués, il nous faut pourtant continuer à marcher dans le
long tunnel, mais voici que nous découvrons la Vierge Marie, étonnante source de
fraîcheur, Porte du Ciel, Étoile de la mer... Il fait bon près de Marie, épouse
du Saint-Esprit, et il est temps, pour nous, de profiter, juste un moment, de la
douche bienfaisante de la chute d’eau vive, rafraichissante et purifiante que
Jésus a placée là pour nous désaltérer... Marie, merveilleuse chute d’eau vive,
source d’amour, source ménagée par l’Amour pour redonner du cœur à l’ouvrage au
voyageur trop las...
La chute
d’eau vive nous rafraîchit. Les pauvres voyageurs fatigués avaient bien besoin
d’un peu de détente, d’un peu d'eau de la vie, d’un peu de lumière aussi et
d'amour maternel. Seigneur, comment Te remercier? Comment Te dire notre
reconnaissance? Comment réparer aussi nos langueurs, nos tiédeurs passées. Ta
chute d’eau vive nous dit que Tu nous laves, que les heures difficiles Tu les
voulais pour chacun d'entre nous, Tu les avais préparées pour nous... Ta chute
d’eau qui nous purifie nous montre aussi les innombrables grâces dont Tu nous as
comblés, les protections incroyables dont Tu nous entoures. Sous la chute d’eau
vive de ton amour en la Vierge Marie nous reprenons des forces, nous revivons.
Dans
l’eau vive de ton amour nous pouvons contempler l’amour de Dieu pour nous, pour
chacun de nous en particulier et pour tous les hommes... Dans l’eau vive de ton
amour, ô mon Dieu, nous pouvons découvrir l’immensité de ta bonté, de ta
Miséricorde. Dans l’eau vive de ton amour nous pouvons découvrir toutes nos
lacunes, nos lâchetés, nos misères et nos péchés. Dans l’eau vive de ton amour
nous pouvons discerner les tentations qui nous troublent, nos chutes, mais aussi
ta grâce qui nous sauve, et la présence de l’ange gardien. Dans l’eau vive de
ton amour nous ne discernons pas forcément toute la vérité de nos misères, mais
nous savons que Tu nous as pardonnés.
Dans
l'eau vive de ton amour, Seigneur, nous voudrions Te dire toute notre
reconnaissance. Nous voudrions Te dire ce que Tu sais déjà, combien nous sommes
confus, combien nous sommes tristes d’avoir tellement manqué à ton amour, de
T’avoir oublié parfois, voire renié. Comme nous sommes pauvres, Seigneur! Comme
nous sommes pauvres, nous qui savons si mal aimer, si mal T’aimer. Mais nous
croyons à ton pardon, à ton eau vive qui vivifie, qui lave, qui purifie, qui
éclaire aussi, car l’eau diffuse doucement, sans éblouir la lumière divine que
les yeux de notre cœur ne pourraient pas supporter.
Seigneur
bien-aimé, nous nous baignons dans tes eaux vives; sous la chute d’eau vive nous
nous revivifions, et nous laissons nos cœurs exprimer, sans mot, toute notre
reconnaissance inexprimable. Nous laissons nos âmes chanter l’amour que Tu nous
donnes, et qu’éternellement Tu nous donneras. Ces choses-là on ne peut les dire
qu’à Dieu, avec des mots qui n’en sont pas, car ce sont des mots que nos
langages ne connaissent pas; ce sont des mots d’amour qui répondent à l’amour de
Dieu. Des mots d’amour sans mot, des mots jaillis de la chute d'Eau vive!
3-2-3-L’eau vive de l'apôtre Jean et du centurion romain
À la
Samaritaine, Jésus parle de l’eau vive, celle qu'Il donne à ceux qui la Lui
demandent. Car, pour obtenir cette eau vive, il faut la demander: “Seigneur!
donne-moi de cette eau pour que je n’aie plus jamais soif!”
Or,
curieusement, la plupart des saints ont déclaré que plus ils buvaient l'eau vive
promise par Jésus, et plus ils avaient soif... Et nous même, plus nous
connaissons Jésus et son enseignement, plus nous vivons à sa source d'eau vive,
et plus nous avons soif... soif de son eau vive. Nous avons de plus en plus soif
de sa vie, de sa lumière, de son amour, de sa chaleur, de sa bonté; nous avons
de plus en plus soif de Lui. Nous avons soif de Jésus et de son Esprit, de son
intelligence, de sa pensée, de sa sollicitude, de sa soumission au Père, de son
union au Père au sein de la Très Sainte Trinité. Plus nous buvons Jésus, plus
nous avons soif de Lui et de son Esprit...
Transportons-nous maintenant au pied de la Croix sur laquelle Jésus meurt. Les
soldats rient bêtement en tirant au sort sa tunique. Marie, sa douce Maman
pleure des larmes amères et elle ne voit rien d’autre que sa douleur grande
comme le monde qui meurt et la peine rédemptrice de Jésus qui meurt.
Marie-Madeleine sanglote fort et n’est absorbée que par sa peine à elle: elle ne
sait pas encore que Jésus ressuscitera dans trois jours. Quant aux deux larrons,
l’un continue à hurler ses blasphèmes, et l’autre, celui à qui Jésus vient de
pardonner les péchés, gémit sous ses deux douleurs: la physique qu’il a méritée,
et la douleur de son cœur pécheur qui vient de se convertir...
Au pied
de la Croix, seul Jean est resté complètement lucide: il le fallait. Il y a
aussi le centurion qui vient de recevoir la charge d’achever les condamnés.
Alors, le centurion s’approche du premier larron et lui brise, sans douceur, les
deux jambes. Un hurlement de haine, puis le silence: il est mort. Maintenant le
centurion s’approche du deuxième larron: il hausse les épaules; il hésite car il
a entendu le pardon que Jésus lui a donné. Il voudrait bien le délivrer, mais
les ordres, ce sont les ordres. Alors d’un coup de lance incroyablement violent,
il brise aussi les jambes du larron repenti qui jette un cri de douleur et
expire.
Le
centurion semble ne pas se sentir très bien: il fait signe à Jean qui s’approche
en essuyant ses larmes. Que faire, maintenant? Jésus est déjà mort, mais lui, le
soldat romain, il doit s’assurer, à cause de Pilate et des membres du Sanhédrin
que la mort est réelle. Le soldat romain est sûr que Jésus est vraiment mort,
car il a entendu le grand cri du Crucifié, un cri qui n’était pas de la terre,
un cri qui semblait venir du fond des âges, un cri qui retournait à Dieu. De
cela, le centurion est sûr: d’ailleurs ce cri avait tellement envahi, et même
illuminé son pauvre cœur de romain païen qu’il n’avait pu s’empêcher de crier:
“Vraiment, Celui-ci était vraiment le Fils de Dieu!”
Le
centurion ne se sent pas bien; il hésite, comme si une force le retenait, à
briser les jambes de Jésus. Il fait signe à Jean qui s’approche, et qui, comme
désespéré, acquiesce à la proposition du centurion: “Inutile de lui briser
les jambes; il vaut mieux s’assurer de sa mort sans Le mutiler davantage.”
Et devant Jean brisé de douleur, il perce le Cœur de Jésus.
Et Jean
voit l’eau et le sang qui jaillissent du Cœur de Jésus. Les deux liquides
aspergent Jean et le centurion. Jean l’affirmera souvent car il sait qu’il dit
vrai. Oui, Jean a vu le sang et l’eau jaillir et couler du Cœur de Jésus. Mais
voici que, soudain, une lumière nouvelle l’inonde, une lumière étonnante naît en
lui. Jean pleure... Sa douleur est immense, mais une nouvelle lumière apaise sa
détresse... Jean pleure et voici que le centurion romain le console:
– Sois
fort, ne pleure plus. Jésus est le Fils de Dieu, Il est vraiment le Roi des
juifs. Il est aussi le Roi du monde. Sois fort, Jean. Bientôt on Le reconnaîtra
pour Roi. Jésus vient de rendre l’Esprit en même temps que son grand cri, ce cri
qui n’était pas un cri humain, mais le cri de Dieu.
Jean
étreint le centurion romain. Jean regarde le païen qui le console et le
remercie... Maintenant, sa tâche terminée, le centurion s’en va: ses soldats
sont déjà partis, depuis un long moment, terrifiés par les ténèbres et le
tremblement de terre. Jean retourne au pied de la croix; il s’approche de Marie
et l’entoure de ses bras. Il ne peut que pleurer avec elle malgré l’étonnante
espérance qui l’a soudain envahi. Car Jean vient de comprendre que la source
d’eau vive, c’est le Cœur transpercé de Jésus. Jean sait qu’il boira souvent à
cette source dont il aura toujours soif. De toutes les soifs humaines il n’aura
plus jamais soif. De toutes les faims humaines, il n’aura plus jamais faim. Mais
Jean sait qu’il aura toujours faim du pain de Jésus, ce pain que Jésus a donné
hier, à ses apôtres, à la Cène. Jean sait qu’il aura toujours soif de l’eau vive
qui sort du Cœur transpercé de Jésus. Et Jean comprend aussi que bientôt, dans
trois jours, comme l'avait dit Jésus en revenant de sa transfiguration, Jésus
ressusciterait...
Une
lumière nouvelle a empli le cœur de Jean. Sa douleur est toujours aussi grande,
mais une espérance étonnante s’est levée en lui. Les paroles de Jésus pendant sa
dernière Cène reviennent aussi à son esprit comme une eau qui coulerait et
laverait son cœur. Jean pleure des larmes lavées dans l’eau vive qui a jailli du
Cœur de son Maître. Jean console toujours la Maman désolée, et lui dit les
paroles d’espérance que le centurion lui a délivrées. Jean rassure la Maman:
Jésus ressuscitera comme Il l’a annoncé à ses apôtres. L’eau vive jaillie du
Cœur de Jésus inonde le cœur de Jean, mais Jean a de plus en plus soif: soif du
retour du Maître qui doit revenir: dans trois jours...
Cher
Jean, tu nous apprends que ceux qui boivent à la source d’eau vive, l’eau et le
sang jaillis du Cœur de Jésus, auront toujours soif, de plus en plus soif.
Pourtant, “Celui qui boit l’eau que je lui donnerai, dit Jésus, n’aura plus
jamais soif!... Celui qui mange ma chair et boit mon sang n’aura plus jamais
faim...”
Jésus,
il nous semble que Tu as oublié quelque chose: c’est vrai, celui qui boira à la
source de l’eau vive n’aura plus jamais soif des biens de ce monde. Mais ne
crois-Tu pas qu’il aura de plus en plus faim et soif de Toi? Cela, Tu aurais dû
le dire aussi. Oui, Jésus, car Tu sais bien que plus nous Te connaissons, plus
nous T’aimons. Plus nous buvons à ta source, plus nous avons soif. Plus nous
mangeons ta chair et plus avons faim de Toi. Car ton eau vive, c’est ton amour,
et Tu es la source la source de l’Amour. Cela, Jean l’a bien compris quand il
fut, avec le centurion romain, éclaboussé de ton sang.
Jésus,
Tu aurais dû dire aussi cela, car nous tous qui Te mangeons et Te buvons, plus
nous Te mangeons et plus nous avons faim, plus nous Te buvons, plus nous avons
soif, faim et soif de Toi.
3-3-Vivre dans l'amour
3-3-1-Tourbillon d’amour
L'homme
est au sommet de la création. L’Homme, qui rassemble en lui tout ce qui est
matériel et spirituel est au sommet de la création. Mais si l’homme est au
sommet de la création, il en est aussi le centre!... Car pour Dieu, le sommet,
c’est aussi le centre...
Imaginons!... Dieu est partout, comme une Sphère infinie. Prenons un exemple
pour fixer les idées: de la surface de n’importe quelle sphère matérielle on
peut se diriger vers le centre, aller vers un sommet. Cela est visible si l’on
regarde deux rayons voisins partant de la surface vers le centre: ces deux
rayons convergents dessinent une “montagne” dont le sommet est le centre de la
sphère.
Mais
Dieu? Son centre est partout et sa surface est infinie, et Il est hors de
l’univers, sa création, tout en le gardant dans son Cœur. Dieu est hors de
l’univers jusqu’à l’infini, et en Lui est l’univers. Quel mystère! Et Dieu
envoie constamment des rayons d’amour vers l’univers, et plus spécialement vers
la terre... Et un rayon de cet amour divin, ou pour mieux dire, un cône de cet
amour divin, englobe tous les hommes de la terre; l’”épaisseur” de ce cône
rencontre aussi chaque homme en particulier... Quand un homme reçoit un rayon de
cet amour divin, il doit, -il devrait- s’il aime, renvoyer à Dieu cet amour.
Mais il n’y a aucune commune mesure entre l’infini de chaque cône de l’Amour de
Dieu, et les petits rayons d’amour que renvoient les hommes qui aiment et qui
répondent à l’amour de Dieu. Quand les hommes répondent à l’amour de Dieu et Lui
renvoient leurs petits rayons, les petits cônes d’amour humains, alors se met en
place un extraordinaire tourbillon d’amour, un peu comparable à l’infini
tourbillon d’Amour qui existe éternellement entre le Père et son Fils,
tourbillon d’amour, l’Esprit-d’Amour.
Mystère
incroyable, ineffable: les hommes sont dans ce tourbillon infini de l’Amour
infini, les hommes participent à l’Amour de Dieu, l’Amour qu’est Dieu, les
hommes deviennent “des dieux”, liés à Dieu dès qu’ils entrent dans ce Tourbillon
divin de l’Amour... Tout cela, c’est l’idéal, c’est le paradis sur terre, car
c’est l’amour. Hélas! Pourquoi les hommes, parce qu'ils n'aiment pas,
transforment-ils si souvent ce paradis en enfer?
3-3-2-Être
possédé par Dieu
Etre
possédé par Dieu! Bien sûr, au sens propre, c’est une évidence. Tous les êtres
vivants ou inertes, ayant été créés par Dieu, sont forcément sa propriété, donc
sont en sa possession. C’est encore plus évident pour les consacrés et les
prêtres qui se sont donnés plus spécialement à Dieu. Ainsi, Dieu peut prendre
possession d’une âme, c’est à dire l’envahir de son Esprit Saint, de telle sorte
que la pensée de cette âme devienne celle de Dieu Lui-même. L’âme alors, se
transforme en une sorte de canal par où Dieu peut s’exprimer au bénéfice de
tous les hommes, un peu comme les prophètes hébreux étaient possédés par
l’Esprit de Dieu, mais temporairement et seulement pour annoncer les messages de
Dieu.
Une âme
aimée de Dieu peut-elle devenir un instrument tellement docile entre les mains
de Dieu, et cela d’une façon permanente, pour qu’on puisse dire d’elle: “Elle
est possédée de Dieu”?
Une âme
possédée par Dieu, comme le fut sainte Thérèse de Lisieux, c’est d’abord une âme
en état de grâce. C’est donc une âme habitée par Dieu, mais c’est encore
beaucoup plus que cela. C’est une âme qui est devenue un instrument vivant et
intelligent entre les mains de Dieu, maniable, souple, qui ne fait que du bien
là où elle passe. Elle suit Jésus partout où Il va. Les obscurités de la vie se
comprennent alors plus facilement, elles deviennent plus claires, car le chemin
de Jésus passant par la Passion, c’est-à-dire par Gethsémani et ses angoisses
terribles, par la flagellation et le couronnement d’épines, par le Chemin de la
Croix et ses chutes jusqu’au crucifiement et au pardon, l’âme possédée par Dieu
suit forcément ce même chemin.
L’âme
possédée par Dieu est, de plus, totalement abandonnée à son amour et à sa
miséricorde puisque c’est pour répondre à cet Amour pressant qu’elle s’est
livrée à Lui. Ces choses sont trop hautes pour nous, trop hors de notre portée.
Et pourtant, n’est-ce pas ce que tous les chrétiens fervents devraient demander
à leur Seigneur? “Mon Dieu, possédez-moi, possédez-moi jusqu’au plus intime de
moi-même pour que rien de mon être n’échappe à votre vigilance. Inondez-nous de
votre vie, de votre Amour, jusque dans les plus petits recoins de nos âmes. Que
votre sang, Jésus, devienne la vie de nos âmes. Que votre Esprit, ô Père,
informe toutes nos pensées. "
Possédez-nous, Seigneur, pour que, en nous recevant, ce soit Vous que nos frères
reçoivent. Possédez-nous pour que nos paroles ne soient que des paroles de bien
et d’amour. Possédez-nous pour que nos chants ne chantent que votre Gloire et
que nos hymnes ne célèbrent que votre bonté, votre miséricorde et votre Amour.
Possédez-nous, Seigneur, pour que votre joie soit notre joie et qu’elle déborde
sur tous nos frères, vos enfants que Vous aimez. Possédez-nous pour que votre
sainteté nous transforme et rejaillisse sur tous vos fils prêtres. Possédez-nous
pour que nos actions soient toutes sanctifiées par votre présence, pour qu’elles
soient, en fait, vos actions elles-mêmes effectuées par les instruments vivants
et dociles que Vous voulez bien utiliser.
Possédez-nous, Jésus, pour que votre humilité et votre douceur nous imprègnent
en profondeur, pour que les instruments intelligents que nous sommes, que Vous
avez modelés à votre image et que nous avons salis par notre orgueil, notre
égoïsme, notre sensualité, notre jalousie et le reste, deviennent un peu humbles
et dociles, doux comme l’Agneau sans tache que Vous êtes, Jésus, immolé pour nos
péchés.”
Possédez-nous Jésus pour que nous soyons tout amour pour Vous, et pour que votre
Amour, l’Amour dont Vous nous inondez pour que nous Vous le rendions, pour que
votre Amour et notre pauvre amour deviennent complices pour aimer tous ceux que
Vous aimez.
3-3-3-Le Rayon d’Amour du Saint-Esprit
Parfois
le Seigneur, pour nous faire comprendre l’incompréhensible, inscrit dans notre
esprit des images étonnantes quoique floues. Ainsi, l'univers qui est en Dieu,
n'est qu'une toute petite chose naissant à chaque instant de la seule volonté
créatrice de Dieu. Dans l’univers il y a la terre et tous ses habitants. Et la
terre est immergée dans un unique rayon d’Amour, l'Esprit jaillissant du Cœur
de Dieu qui est aussi le Cœur mystique du Corps mystique du Christ, le Pont qui
relie tous les hommes à Dieu.
Le Rayon
d’Amour touche la terre et la baigne, la caresse dans une incroyable lumière de
vie et d’amour. Ce rayon de lumière d’Amour aspire les âmes vers l’Amour pour
les faire remonter vers le Père, vers l’Amour. Tout est bonheur, tout est joie,
tout est paix sur ce chemin de vie qui mène vers la Béatitude de l’Amour. La
Terre semble heureuse, elle aussi, de préparer les âmes à triompher de l’épreuve
qui leur fera choisir librement l’Amour qui les désire.
Dieu est
joie, le Cœur de Dieu est joie. Minuscules fleurs de la terre les hommes peuvent
contempler la joie du Cœur de Dieu. Le Rayon de l'amour est d’une éblouissante
beauté de Lumière et de Feu. Dans l'Esprit nous contemplons le Père et Jésus.
Comme Il est beau, Jésus, dans la Lumière de l’Amour. Son Cœur uni au Cœur du
Père vibre de l’Amour infini de la Vie trinitaire, et les vibrations de
l’étreinte divine et éternelle se transmettent au rayon de Lumière et d’Amour
qui vient toucher la terre. Et ce rayon de Lumière et d’Amour, c’est Dieu qui se
donne. Car, l'Esprit est l'Amour partagé, l'Amour donné, l'Amour vivant, l'Amour
qui est Personne, Amour tellement intense du Père pour le Fils et du Fils pour
le Père qu’Il est la troisième Personne de la sainte Trinité. Ainsi, Jésus Fils
du Père est aussi Don pour nous, un Don vivant.
Seigneur, aide-nous à recevoir ce rayon de l’Amour, ce rayon qui est don, qui
est Dieu donné aux hommes créés par ce don. Nous aspirons ce rayon de l’Amour,
ce souffle de la vie, de la beauté. Nous aspirons ce rayon merveilleux qui brûle
et purifie par son Feu créateur. Nous aspirons ce rayon de Feu qui nous embrase
et pourtant nous rafraîchit, comme si un vent frais et léger emplissait les
poumons de nos âmes. Oui, Seigneur, nous aspirons ce rayon, souffle de Dieu, et
nous nous perdons en Lui.
Seigneur
notre Dieu, grâce à ce rayon de ton Esprit d'amour, nos cœurs s’élèvent vers
Toi, essaient de Te rejoindre, de monter jusqu’à Toi grâce au souffle léger mais
si plein de l’Énergie d’Amour. Nous avons souvent du mal à nous envoler, à
quitter cette terre car quelque chose semble nous retenir: ce n’est pas encore
l’heure. Il faut que nous travaillions et souffrions encore à cause des dégâts
qui déforment la terre souillée, blessée, meurtrie et tant défigurée par
l’abject Ennemi. Il faut, tant que ce n'est pas notre heure de rejoindre Dieu au
ciel, que nous demeurions encore retenus à la terre, pour mieux contempler
l’immensité de sa Miséricorde.
Sur la
terre, il n'est pas facile de contempler la joie de Dieu, pour nous émerveiller
de sa beauté, pour apprécier son Don, pour recevoir sa Lumière et vivre de son
Amour, pour connaître sa Miséricorde. Mais le Rayon d'Amour de la Trinité sainte
nous a donné Jésus qui nous a laissé son Eucharistie. Et Jésus, qui vit toujours
dans son Cœur Eucharistique est comme l’extrêmité éblouissante du rayon d’Amour
que nous ne pouvons contempler qu'en nous, quand nous aimons vraiment.
Vivre
dans le Rayon d'Amour, c'est cela vivre de l'Esprit
3-3-4-Fais-nous vivre de ton Esprit
Une
prière de l'Office divin fait dire à l'Église qui prie:
Au
matin du monde, ton Esprit sur les eaux éveillait la vie.
– Éveille-nous à ta louange, pour ton service.
À
l’aube du salut, ton Esprit en Marie formait le Messie.
– Forme-nous à l’obéissance, pour ton règne.
Au
jour de la Pentecôte, ton Esprit parlait par la bouche des Apôtres.
– Mets sur nos lèvres la parole qui sauve.
Au
matin de ce jour, l’Esprit travaille en nous.
– Qu’il habite nos prières et féconde nos efforts.
Le
Chrétien, s’il le veut, peut vivre constamment de l’Esprit, -c’est-à-dire dans
la Trinité-, de l’Esprit d’Amour qu’est Dieu. D’ailleurs, l’Esprit de Sagesse,
présida, préside toujours l’Œuvre de la Création. Éternellement l’Esprit-Saint
poursuivra, dans son éternel présent, la réalisation de sa pensée créatrice.
L’emploi du futur est ici inapproprié, mais il faut bien s’exprimer, non
seulement avec nos mots humains, mais avec la nette conscience que nous sommes
dans le temps, et que, pour nous les hommes, ce que nous ne percevons pas encore
est un futur, bien que pour Dieu, ce soit déjà réalisé.
Seigneur
Tout-Puissant et Bien-Aimé, fais-nous vivre de ton Esprit! Mais d’abord, éveille
nos tout petits esprits d’hommes charnels à la réalité de ta présence, pour que,
peu à peu, nous Te connaissions, et que Tu ne sois plus pour nous, le Grand
Méconnu, mais au contraire, l’Esprit vivant et toujours présent de Jésus le
Bien-aimé. Travaille en nous, habite nos prières, féconde nos efforts, et
fais-nous comprendre, puis accomplir, les desseins d’amour de Dieu sur nous. Que
notre seul désir soit de faire toute la volonté de notre Seigneur adoré! Et fais
que toujours et partout, nous Te louions, nous Te bénissions, nous chantions ton
amour, nous proclamions tes merveilles, ta douceur et tous tes dons
merveilleux... Transforme notre louange en action de grâce et en instrument
efficace d’apostolat.
3-4-Vivre
Dieu
Une
théologienne allemande, Dorothée Sölle, a écrit: “L’important n’est pas de
croire en Dieu, l’important c’est de vivre Dieu.” Étonnant! Vivre Dieu,
qu’est-ce que cela veut dire? Nous savons que les saints qui étaient à Dieu, ont
tous vécu en Dieu et pour Dieu. De tous les saints on peut dire:
– ils ont
vécu de Dieu puisque Jésus, Verbe de Dieu, les a nourris chaque jour de sa
chair, de sa Parole, de son Eucharistie.
– ils ont
vécu en Dieu puisque qu'ils étaient dans le Cœur de Jésus, d’une manière très
concrète puisque c’est Jésus Lui-même qui les y avait mis: ils étaient donc dans
le Cœur de leur Bien-Aimé.
– en
conséquence ils ont vécu avec Lui, puisque, étant dans son Cœur, là où Il
allait, ils allaient. Ils vivaient avec Lui, ils marchaient avec Lui, et quand
Il agissait, ils Le contemplaient et souvent ils ressentaient ses peines et ses
douleurs.
– ils
vivaient pour Dieu puisque Dieu les avait faits pour Lui, façonnés pour Lui, en
vue d’une construction extraordinaire: son Corps mystique. Et cela ne concerne
pas seulement quelques personnes, mais tous les hommes.
– ils ont
vécu par Dieu, puisque c’est Lui qui les a tous créés, et que leur vie, celle de
la terre et celle du ciel, ils l'ont reçue et la reçoivent à chaque instant de
Lui.
Mais
“vivre Dieu”, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire?
Pensons
à la création, cette création qui fut et est toujours hors de tous les temps,
car Dieu qui n’est pas créature, n’est pas lié aux temps qu’Il a créés en
façonnant chaque système galactique, et encore moins au temps terrestre. Donc
Dieu est, et Il est hors du temps, et pourtant Il a voulu une Œuvre grandiose,
merveilleuse, qu’Il destinait à la fois à des créatures intelligentes, purs
esprits comme Lui, et à des créatures sensibles, intelligentes aussi, mais
rassemblant, unifiant en elles-mêmes et en même temps, toutes les créations
matérielles et spirituelles. Dieu Créateur créa l’Homme à son image d’Esprit
pur. Cependant, Dieu Esprit pur, pouvait créer aussi des mondes qu’Il voulait
seulement matériels et inertes, quoique animés par des forces qu’Il voulut
dociles à des volontés spirituelles.
Recueillons-nous en Dieu. Dieu éternel, Sagesse infinie, crée par son Verbe, sa
Parole: son Fils. L’Esprit de Dieu règne sur la Création. La Trinité éternelle
et infinie fait jaillir les mondes vivants, tous les mondes vivants: spirituels,
sensibles, capables d’aimance... L’Homme est dans ce jaillissement, mais les
hommes, comme les anges, sont destinés à entrer dans la construction de l’ŒUVRE
de Dieu: le Corps Mystique du Fils, ce Corps incroyable qui unira en lui toute
la création. Le Verbe Créateur, Verbe Fils du Père uni indissociablement, et
indéfectiblement, au Père dans l’Esprit crée l'Œuvre de Dieu. Et nous,
“contemplant” cette grande ŒUVRE, nous comprenons un peu.
Les
anges sont aussi dans la Grande Œuvre de Dieu. Tous les anges occupent la place
que leur Seigneur leur a destinée: d'abord adorer Dieu, puis protéger les êtres
vivants que le Père leur confie. Les hommes seront, et sont déjà, grâce à la
communion des saints, dans le Corps Mystique du Verbe. Dans ce grand Corps,
chaque créature a sa place, chaque créature unie à la volonté de Dieu vit “sa
vie” de bonheur à sa place, à son “travail”, en vue de faire fonctionner tous
les rouages du grand Corps.
Merveille! Mais “vivre Dieu”, qu’est-ce que cela veut dire?
Recueillons-nous en Dieu, dans son Cœur. Nous "voyons" non seulement les mondes
cosmiques infinis, mais également tous les constituants plus ou moins
microscopiques qui, malgré leur infinie petitesse, ont, eux aussi, un rôle
essentiel à jouer. Et tous ces constituants infiniment petits, mettent en œuvre
des forces que nous commençons seulement à détecter, des forces qui animent,
comme de l’intérieur et même aux niveaux les plus infiniment petits, tout
l’ensemble du Corps du Christ.
Étonnant! Ainsi, chaque créature, aussi immense soit-elle, est totalement
dépendante des créatures infiniment petites qui les font être. En chaque être
vivant, en chaque homme, il y a ces créatures infiniment petites, et ces forces
mues et protégées peut-être par des anges
qui vivent la volonté de Dieu, leur Seigneur bien-aimé... De même, notre corps
gère, sans que nous nous en apercevions, toutes les cellules qui le constituent.
Et, chose extraordinaire, notre petit esprit, fait pour Dieu, a besoin de ces
minuscules créatures pour trouver Dieu et se construire, tout en étant
étroitement et infiniment lié à Dieu, à son Esprit, à son Amour. La matière, en
chaque homme, est indéfectiblement liée à l’Esprit dont elle vit. Et chaque
homme peut ainsi affirmer: en moi, matière, vit l’Esprit qui me fait vivre, et
moi, je vis Dieu.
Chaque
homme peut dire: Je vis Dieu... Je suis en Dieu et je me nourris de Dieu. Mais
Dieu a mis en moi, au plus profond et au plus intime de moi, au plus profond de
la plus infime de mes cellules constituantes, Dieu a mis en moi sa vie dont je
vis. Dieu est en moi, au plus profond de moi, invisible mais seul garant de ma
vie. Dieu est en moi, Dieu me fait vivre, et moi je vis de la vie même de Dieu
qui a voulu qu’il en fût ainsi. Moi, je vis Dieu. Découverte étonnante: je vis
Dieu, je vis de la vie même de Dieu que je vis avec Lui, en moi.
Abstraction! diront certains; abstraction ou réalité tellement vraie, tellement
nécessaire, tellement “naturelle” que nous l’avons oubliée. Nous vivons Dieu
avec Dieu, et nous découvrons que notre vie elle-même, la vie qui nous anime et
fait que nous vivons, c’est Dieu; et nous vivons en Dieu, avec Dieu et pour
Dieu. Chacun de nous vit Dieu en lui, avec Dieu et pour Dieu...
Malheureusement, tous les hommes ne vivent pas de cette réalité divine; abusant
de leur libre arbitre ils deviennent pécheurs, voire même hérétiques en péchant
contre l'Esprit.
Seigneur
Jésus, nous Te contemplons. Nous nous tournons vers Toi, nous Te disons et
redisons notre amour qui, en fait, n’est que l’amour que Toi, Tu nous as donné,
l’Amour qui est en chacun de nous et dont nous vivons, l’Amour que nous vivons.
Tout cela est bien difficile à “sentir” et à dire. Jésus, laisse-nous réfléchir
un instant pour comprendre ce qu’est notre vie en Dieu, avec Dieu et pour Dieu,
et ce qu’est notre vie qui vit Dieu...
Jésus,
nous Te contemplons, et voici que soudain nous comprenons que lorsque nous Te
disons: “Je T’aime!” c’est Toi qui dis ces paroles merveilleuses. En moi,
en ma vie qui vit Dieu, qui Te vit, Jésus, en moi je Te vois vivre et préparer
ma vie, et vivre ma vie qui Te vit... Et nous comprenons que de toute éternité,
Tu as amoureusement préparé tous les évènements qui feraient notre vie à chacun
de nous, ces évènements qui manifesteraient une petite goutte de ta vie à Toi,
dans toutes les circonstances de ta vie terrestre, une petite goutte de ta vie à
Toi, de l'Annonciation à Gethsémani. Et nous comprenons comment nous T’avons
vécu, tout au long de notre vie, et comment encore aujourd’hui nous Te vivons.
Tout, dans chacune de nos vies, n’était hier et n’est aujourd'hui, que ta vie,
ou plutôt une infinie petite fraction de ta vie que Tu nous faisais vivre, que
tu nous fais vivre...
Jésus,
nous devrions Te vivre. Nous devons toujours Te vivre. Nous devons tous vivre
une fraction de ta Vie à Toi sur notre terre, avec l'Esprit Saint qui nous fait
vivre en Toi et de Toi. Car c'est alors que nous Te vivons, que nous vivons
Dieu.
Tous les
saints et saintes de Dieu ont vite compris, et vécu cela, surtout ceux qui sont
morts jeunes. Ta patience, Seigneur nous étonne souvent... Mais heureusement que
Tu es patient avec nous... Et que Tu nous laisses beaucoup de temps, non
seulement pour Te comprendre, mais aussi pour vivre ta volonté, ton Amour, pour
Te vivre, Dieu d’Amour et de Miséricorde.
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