14
L'Amour de Dieu

 

14-1-Pardon-Merci 

Se peut-il que le péché puisse devenir un instrument de sanctification, du moins pour la partie strictement humaine du péché, et à condition que l'on fasse, momentanément, l’impasse sur le côté dramatique du péché: la blessure faite à l’Amour, blessure qui est la cause immédiate du Calvaire et du Sacrifice de la Croix, la mort de Jésus sur la Croix?

L’homme est un être extraordinairement complexe, et il ne faut pas s’étonner que certains actes humains puissent être insensés. Seules la simplicité de Dieu, et sa luminosité sont capables de nous étonner, car l’homme comprend difficilement cette extraordinaire clarté du Créateur et sa limpide unicité. Ainsi, l’homme est capable de faire cohabiter, sans s’en effaroucher, les contraires les plus incompatibles. N’allume-t-on pas des contre-feux pour éteindre des incendies?

Souvent, des parents ne voulant pas que leurs enfants connaissent les difficultés matérielles qui furent parfois leur pain quotidien, se sont attachés à leur donner la formation qu’ils pensaient être la meilleure pour eux: il fallait travailler dur pour réussir dans la vie, et être toujours premier, toujours avant les autres. C’était facile à comprendre, même si c’était très exigeant humainement parlant, et nécessitait beaucoup de travail et beaucoup de sacrifices. Mais ainsi ne risque-t-on de devenir très orgueilleux sans s’en apercevoir, sans même savoir que l’orgueil, non seulement n’est pas une qualité, mais est, pour un chrétien, une faute grave, et peut même devenir un péché mortel?

À Sainte Catherine de Sienne, le Seigneur a dit: “Si je te montrais l’étendue de tes fautes, tu mourrais.” Pourtant, à nos yeux, elle fut une très grande sainte... Alors de quelles fautes fut-elle coupable?

Pour nous aussi, parfois, le Seigneur ouvre la panoplie de nos péchés capitaux. Stupeur! Ce n’est pas possible! Aurions-nous ainsi flirté avec ces péchés que nous trouvions dégradants. Même la gourmandise, même le mensonge ou la jalousie... Tous ces péchés capitaux, nous les avons donc commis? Sans compter les manquements à la charité, à l’espérance, à la foi, les manquements à nos engagements, nos découragements, les jugements que nous portons sur autrui. Et les béatitudes du Seigneur, qu’en avons-nous fait? Et les conseils évangéliques!!!

Seigneur! qu'avons-nous fait de nos vies? Soudain notre orgueil est touché au vif, et nous nous sentons bien humiliés. Car nous comprenons que le Péché n’est jamais anodin, car les péchés qui le constituent sont tous des refus de l’Amour. Et refuser l’Amour est toujours grave, même si notre volonté n’est pas engagée à fond.

Et même les péchés, que nous, pauvres êtres si imparfaits, nous appelons petits péchés ou péchés mignons,... les péchés sont toujours une blessure à l’Amour, le péché blesse toujours l’Amour. Ce sont tous nos “petits” péchés, ajoutés aux petits péchés des autres, qui, constituant le Péché, ont conduit Jésus jusqu’à la Croix.

Pourtant, rien n’est jamais inutile lorsque le Seigneur veut notre sainteté, quand Il veut nous apprendre l’humilité, la douceur et l’humilité de son Cœur. Nous ne serons jamais complètement guéris de notre orgueil qui renaîtra sans cesse, comme malgré nous. Mais chaque fois que nous refuserons quelque chose à Dieu, notre confusion nous fera faire un pas vers l’humilité. Le Seigneur est un grand Maître de la psychologie humaine... C’est alors que nous pouvons nous demander: le péché serait-il un moyen, que le Seigneur tolérerait parfois, pour nous apprendre l’humilité? Serait-ce pour nous, comme l’écharde de Saint Paul?...

Le péché, un moyen pour nous faire devenir humble? Oui, peut-être! Mais cela ne supprime pas la blessure faite à l’Amour. Cela ne supprime pas la Croix de Jésus, ni ses souffrances, ni sa peine, ni Gethsémani, ni le fait que des âmes se sont peut-être perdues à cause de nous, à cause de nos petits péchés qui sont peut-être de grands péchés dans la mesure où ils sont autant de meurtrissures à l’Amour.

Alors, pleins de confusion mais éperdus d’amour et de confiance, pleins de reconnaissance aussi pour tout ce que le Seigneur a fait pour nous, pour chacun de nous, nous Lui demandons Pardon, pardon de tout notre cœur et nous Le remercions aussi de son Amour, et de sa Passion.

Pardon, merci! Oui, mais, comment réparer? Y a-t-il un effet rétro-actif dans la vie spirituelle? Nos actions neutres ou mauvaises, insignifiantes ou en tous cas faites sans amour, peuvent-elles, quand elles sont pardonnées et réparées, peuvent-elles devenir occasion ou source de notre salut?

 

14-2-Notre réponse d'amour à l'amour de Dieu pour nous

14-2-1-Brûler sa vie

 

Certaines prières des saints, entre autres choses, disent:

- Jésus, je veux brûler pour Toi, brûler d’amour avec Toi, en Toi, et pour Toi. Pour Toi et avec Toi, comme un cierge qui se consume, je veux brûler ma vie et me consumer pour Toi. Ton Amour et le mien, fondus ensemble éclaireront de plus en plus l’espèce de caverne intérieure dans laquelle je me trouve, et bientôt le voile, ou la tenture, qui cache ta lumière, tombera et je découvrirai que je suis déjà dans ton Jardin.

C’est merveilleux d’imaginer la mort de cette façon: tout d’un coup, sans crier gare, le voile tombe et l’on découvre qu’on se trouve dans le Jardin de Jésus, près de Lui, avec Lui, et on Lui dit: “Je T’aime!” Mais avant de mourir, il faut encore vivre et brûler son cierge pour éclairer ses frères et leur donner de l’amour, beaucoup d’amour. Il nous faut activer la combustion de notre cierge dont la flamme est souvent vacillante. Il faut d’abord devenir des saints pour sauver ses frères et aimer véritablement Jésus. Car brûler sa vie, ce n'est rien d'autre que brûler dans l’Amour, et d’amour, pour enfin, trouver Dieu.

Jésus, nous sommes des étincelles de ton Amour. Tu nous as fait jaillir du plus profond de ton foyer d'Amour pour brûler de ton Amour dans ta flamme d’Amour. Jésus, nous sommes au pied de ton tabernacle, petites flammes d’amour, comme nous pouvons être à Gethsémani, des petites fleurs de ta consolation. Ici, Tu pleures; là Tu brûles, mais c’est toujours Toi Jésus, présent et vivant ton Mystère Pascal. Ton Sacré-Cœur Eucharistique, c’est ton Cœur agonisant à Gethsémani. Ton Cœur qui brûle, c’est ton Cœur qui pleure. Mais c’est toujours Toi qui nous aimes et veut nous sauver.

Implorons l’Esprit-Saint, l'Esprit du christ, Celui que qu'Il envoya à ses apôtres après son Ascension au Ciel, et implorons-Le.

- Ô Jésus, donne-nous ton Amour et ton Intelligence, donne-nous ta Sagesse pour que nous puissions Te redire l’amour que nous avons pour Toi, cet Amour merveilleux que Tu nous as donné pour qu’à notre tour nous puissions Te dire: “Je T’aime! Et brûler de ton amour.

 

14-2-2-Prière d'amour

 

Jésus! Nous T’aimons, nous T’aimons parce que Tu nous aimes, parce que Tu as rempli nos cœurs de ton Amour, de l’amour de ton Cœur. Tu nous as comblés de ton Amour, l’Amour merveilleux qui est Dieu, qui est Toi. Tu nous as demandé de vivre de ton Amour et de T’en rendre au moins un peu. Jésus! Tu nous demandes de Te rendre au moins un peu de l’Amour que Tu nous donnes. Au moins un peu, car Tu sais bien que ton Amour de Dieu, hélas! nous le gaspillons souvent. Tu sais, Jésus, que nous nous laissons entraîner par les choses merveilleuses de ta Création, ces choses que Tu fis bonnes, mais que nous avons souillées par nos péchés. Tu sais que nous ne résistons pas à toutes les tentations subtiles de notre ennemi mortel. Tu sais, Jésus, que nous ne sommes pas toujours fidèles, et que l’amour que nous Te rendons est souvent bien pâlot, bien déformé, bien défiguré... Mais Toi, Jésus, Tu nous aimes toujours, et toujours Tu nous suis, toujours Tu nous protéges, toujours Tu es près de nous, mais nous n'y prenons par garde...

Jésus! Nos cœurs T’aiment de tout l’amour dont ils sont capables; ils T’aiment avec l’Amour dont Tu les as comblés. Nos cœurs T’aiment, Jésus, et ils brûlent d’amour, ils brûlent au feu de ton Amour, ils brûlent dans le brasier ardent de ton Amour qui est feu. Nos cœurs brûlent de ton Amour, dans le brasier ardent de ton Amour. Et nos cœurs pleurent d'amour, dans le feu vivifiant de ton Amour vivant.

 

14-2-3-L'épouse du cantique

 

Quelle joie, quel bonheur pour elle lorsque l'épouse du Cantique entendit la voix de l'Époux. Le monde soudain se transforma et la création s’illumina. Alors, l’épouse se hâta de préparer sa maison, de tout nettoyer, de mettre des fleurs et de laisser pénétrer le soleil. Tout ce travail qui préparait la venue de l’Époux que sa voix avait annoncée, c’est déjà presque comme une présence. Le cœur de l’épouse palpitait et ne vibrait plus que pour la rencontre avec l’Époux, le cœur de l’épouse n’était plus qu’offrande en vue de la communion avec le Cœur de l’Époux. Cette attente, malgré l’épreuve d’être une attente, était presque délicieuse...

Enfin l’Époux arrive. Une joie étonnante gonfle le cœur de l’épouse, le bonheur de l’amour que l’épouse ne peut plus contenir; le bonheur toujours inconnu car toujours nouveau transforme l’épouse et la fait rayonner. Voici que l’Époux arrive, et l’épouse va Le servir, non par contrainte, mais avec toute la liberté et la force d’un amour qui se donne. L’Époux et l’épouse, l’espace d’un instant, ne font plus qu’un, mais très vite, comme mus par la puissance unifiante de leurs deux amours unis, ils vont regarder dans la direction que l’Époux indique: les frères à aimer, les frères à servir, le pauvre monde des pécheurs malheureux à sauver.

 

14-3-Comment aimer Dieu

 

Nous ne pouvons aimer Dieu que dans la mesure où Il nous donne d’aimer. Nous ne pouvons aimer que par Dieu, pour Dieu, avec Dieu et en Dieu. Dieu seul peut aimer en nous, pauvres petites créatures tout juste assez sensibles pour aimer nos semblables, Dieu seul peut nous permettre de Lui rendre un peu de l’Amour dont Il nous inonde.

Avec Jésus, Verbe de Dieu, chacun de nous peut dire: "Seigneur je Vous aime", mais nous ne pouvons pas expliquer cela. Nous savons que Jésus est en chacun de nous et qu'Il nous donne la vie. Nous savons qu'Il nous aime, qu'Il nous a aimés comme seul l’Amour pouvait aimer. Nous le savons, mais nous ne le comprenons pas. En fait, nous sommes complètement dépassés par tout ce que Jésus nous donne de Lui et de son Amour divin. Nous aimons Jésus, nous aimons Dieu, mais nous sommes totalement incapables de dire comment. Pourtant chacun de nous peut tenir le raisonnement suivant: Dieu nous aime parce qu'Il est l’Amour et Il nous a aimés le premier. Et Il veut que nous L'aimions de l'amour dont Il a d’ailleurs fait le premier de ses commandements: ”Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de toutes tes forces, et le prochain comme toi-même.”

Aimer Dieu, c’est un commandement. Pourtant l’Amour, ça ne se commande pas. L’Amour, ça naît comme malgré soi, ça jaillit, puis ça se constate. Chaque homme qui aime Dieu peut Lui dire: Je sais que je Vous aime mon Dieu, mais pour moi, ce n’est pas vraiment un commandement: je Vous aime, c’est tout; c’est comme ça. Parce que c’est Vous, parce que c’est moi, moi qui ne suis rien, rien qu’un tout petit si petit, un tout petit être vivant que Vous avez aimé parce que Vous êtes l’Amour et que Vous voulez être aimé. Je Vous aime Jésus, et au fond de mon cœur, dans la fontaine de joie, il y a la fontaine d'Amour. Mais peut-être est-ce la fontaine de joie elle-même qui est aussi fontaine d’Amour.

Au fond de chacun de nos cœurs d'hommes il y a la fontaine d’Amour, cette fontaine que Dieu fait jaillir Lui-même, car vraiment, dans tout ceci, nous les hommes, nous n’y sommes pour rien. C’est par Dieu que nous vivons, et c’est par Dieu que nous aimons. Et tous ceux qui aiment Dieu, et qui s'aiment, partagent leur fontaine de joie, c’est à dire, la fontaine d’Amour. Ils partagent leur fontaine d’Amour, l'amour du Seigneur qu'ils essaient de donner. Mais savent-ils qu'en aimant leurs frères ils donnent l'Amour qu'ils ont reçu de Dieu? Et savent-ils que c’est Dieu qui les aime à travers eux?

 

14-3-1-Vivre avec Jésus et L'aimer

 

Voici une chose extraordinaire: un petit enfant peut aimer Dieu, comme çà, sans se poser de question, parce que Jésus est là, c’est tout. Mystère de l’Amour qu’est Dieu... Et chacun de nous peut se dire: Pourquoi est-ce que j’aime Jésus? Généralement nous ne savons pas répondre, et nous nous disons: j’aime Jésus parce que c’est Lui, parce que c’est moi, parce qu’Il m’aime et parce qu’Il m’a demandé un jour, et qu’Il ne cesse de me le redemander: “Je t’aime! Veux-tu m’aimer?”

Pourquoi aimons-nous Jésus? Nous L’aimons parce que c’est Lui. L’amour que nous avons pour Lui ne vient pas de nous, mais de Lui. Il l’a voulu ainsi, et nous n’y sommes pour rien. En réfléchissant bien, nous pouvons trouver de bonnes raisons, mais l’amour ne naît pas de nos bonnes raisons. L’amour est un mystère, le plus étrange des mystères, car l’amour vient de Dieu. C’est Dieu qui nous aime d’abord, et qui nous dit: “Aime-Moi!” Et nous, nous n’y sommes pour rien.

Pourquoi est-ce que aimons Jésus? Nous aurions tant de raisons de L’aimer, d’excellentes raisons: Il est notre créateur et Il est notre Sauveur. Il nous a donné la vie et nous a comblé de biens. Il a fait tous les univers pour nous, pour notre joie, et pour notre bonheur. Nous avons la vie que Dieu nous donne,  nous aimons ses dons, nous aimons la joie et nous aimons être heureux. Nous aimons tout ce que Dieu a fait, et nous aimons sa beauté. Nous aimons aussi sa bonté et sa miséricorde... Mais est-ce seulement pour cela que nous aimons, Dieu, que nous aimons Jésus?

Pourquoi est-ce que aimons Jésus? Nous ne pouvons pas répondre avec précision. Nous L'aimons, tout simplement. Nous aimons être près de Lui, avec Lui. Nous aimons être en accord avec Lui, avec tous ses désirs, sa Sainte Volonté. Nous aimons Le contempler, nous aimons vivre avec Lui, même à Gethsémani... Mais pourquoi est-ce nous aimons Jésus? Nous ne le savons pas vraiment.

Nous aimons Jésus parce qu'Il nous a aimés le premier, parce qu'Il  a mis en nos cœurs une étincelle de son Amour. Et quand nous aimons Jésus, c’est cette étincelle d’Amour qui, d’abord, se retourne vers Lui. C’est son Amour que nous Lui rendons. L’ennui, c’est que nous ne le rendons pas intact cet Amour qu'Il nous a donné: il est bien souvent estropié, défiguré. L’étincelle d’Amour que Dieu a mise dans nos cœurs est parfois un peu tiède. Ou bien, quand les vents soufflent un peu fort, l’étincelle d’Amour risque bien de s’éteindre. Mais elle renaît toujours l’étincelle d’Amour, car Dieu veille sur elle, pour qu’elle ne s’éteigne pas. Pour qu’elle conserve toujours un peu de son éclat.

Parfois Dieu l’avive beaucoup, l’étincelle d’Amour qui brûle dans nos cœurs, et il nous semble que nous L'aimons davantage. Mais c’est toujours Dieu qui agit le premier. C’est toujours Lui qui infuse l’Amour. Alors, nous aimons Dieu parce qu'Il nous aime. Nous aimons Jésus parce que c’est Lui qui met l’Amour en chacun de nous. Quand nous aimons Jésus, nous Lui rendons simplement ses dons. Nous Lui offrons simplement l’Amour qui est le sien, l’Amour qui est Lui. 

 

14-3-2-Nous voulons chanter l'Amour

 

Un chant peut s'élever dans le cœur de chacun des hommes qui aiment Dieu, qui aiment Jésus, son Verbe et Fils Bien-Aimé... et chaque homme peut chanter pour le Père et pour Jésus:

- Jésus, je chante ton Amour, je chante mon bonheur et je chante ma joie. Ton Amour me comble de ta joie, et cette joie je voudrais la donner, la partager à tous mes frères, leur dire que Tu es bon, que Tu les aimes tous. Je voudrais, Jésus chanter ton Amour en unisson avec tous ceux que Tu aimes et qui sont si nombreux. Tu vois, nous avons fort à faire, car ils sont si nombreux les frères que Tu aimes, leur nombre est infini... Il nous faudrait des millénaires pour leur apprendre la partition de ton Amour, et nous ne serions pas encore arrivés au bout de l’hymne inépuisable de l'infini de ton Amour.

Car ton Amour, Jésus est infini puisqu’Il est Dieu: Dieu Père, Fils et Esprit, Dieu Trinité infinie, éternelle, Trinité-Amour, Amour parfait, Amour vivant, éternellement vivant car Amour-ÊTRE. DIEU, TU ES, éternellement, et TU ES AMOUR, éternellement. Et Tu es Vie, et Tu es partage, et nous, nous ne savons plus rien dire. Tu es trop grand pour nous Seigneur, Trinité que nous adorons en silence.

Seigneur, nous voulions chanter l’Amour. Et nous avons chanté la Vie. Nous voulions chanter l’Amour, et nous avons trouvé la Trinité, la Trinité-Amour. Nous voulions chanter l’Amour que Tu nous donnes dans une étincelle d’Amour, et nous avons trouvé des frères, tous tes frères, Jésus, pour partager l’Amour. Mais ils sont si nombreux, Jésus, les frères que Tu nous donnes: alors aide-nous à les aimer comme Tu veux que nous les aimions!

Seigneur, nous voulions chanter la joie et le bonheur, le bonheur de T’aimer, mais Tu nous dis: “Vois mes frères qui me cherchent. Aime-les!” Jésus, nous ne savons pas bien faire cela, car nous sommes trop petits, trop limités, sots, et bien trop égoïstes. Alors, nous nous tournons vers Toi, un peu désespérés et le cœur lourd. Nous nous tournons vers Toi, sans parler, car nous sommes si petits et si pauvres... Mais Tu nous dis, Jésus: “Laissez-moi faire!”

Seigneur, nous voulions chanter l’Amour. Nous voulions chanter la joie, nous voulions Te dire notre bonheur de Te connaître et de T’aimer. Tu nous as fait rencontrer des frères à aimer... des frères pas très heureux, des frères qui Te cherchaient, souvent sans le savoir. Et comme devant nos frères, nous ne savons pas toujours quoi dire, ou que faire... Tu nous dis, Jésus: “Laissez-moi encore faire! Toi, espérez et priez.”

Nous Te laisserons faire, car nous savons que Te laisser faire, Te laisser nous regarder sans rien dire, c’est aussi un chant d’amour.

Oui, nous avons chanté l’Amour... Oui nous T’aimons, Seigneur. Nous Vous aimons Trinité Sainte créatrice. Nous Vous aimons Père que Jésus appelait Abba! Nous Vous aimons, Dieu d'amour et de miséricorde, et nous ne savons pas pourquoi, nous ne savons pas comment, mais c’est ainsi et nous ne pouvons pas faire autrement, car Vous nous avez aimés le premier, et ce faisant, Vous avez dit à chacun d'entre nous:

Je t’aime. Toi aussi, aime-Moi.

Et nous T’aimons Seigneur. Oui, nous T’aimons Jésus, Verbe de Dieu incarné pour nous faire comprendre l’Amour de Dieu pour nous. Oui nous T’aimons Seigneur, car Tu es notre vie, Tu es tout notre amour. Ce mystère nous dépasse, et pourtant, Seigneur bien-aimé, nous T’aimons! Chose étonnante, stupéfiante, irréelle et pourtant réelle, insensée, et pourtant authentique... Chose si grande pour les êtres si petits que nous sommes.

 

14-4-Comment l'amour est-il aussi douleur?

 

Nous aimons Jésus, et souvent, dès que nous pensons à l’Amour qu'Il a pour nous, et que nous essayons d’avoir pour Lui, dès que nous disons: “Jésus, je T'aime!” immédiatement notre cœur pleure. Notre cœur pleure avec le Cœur de Jésus devant la souffrance de tous les hommes d’aujourd’hui, ces hommes qui ont peuplé son Agonie du Jardin des Oliviers. C'est vrai, nous ne pouvons jamais nous réjouir totalement car tout de suite nous pensons à ceux qui ne se réjouissent pas, qui ne connaissent pas Dieu, qui se perdent, qui Le font pleurer...

Voici que nous contemplons l'apparente impuissance de Jésus. Nous contemplons son Amour, nous contemplons sa douleur. Car Jésus nous a aimés, jusqu’à la Croix, jusqu’à l’extrême limite de la souffrance humaine, Il nous a aimés jusqu’au bout, jusqu’au bout, sur la terre, car son Amour divin est sans limite, et c’est d’un amour illimité qu'Il nous aime, et c’est jusqu’à l’extrême limite illimitée de la souffrance d’un Dieu-homme qu'Il nous a aimés.

Jésus, une nouvelle fois nous contemplons l’infini de ton Amour, l’infini de ton Amour qui T’as conduit jusqu’à l’infini de la souffrance, de la détresse, de l’abandon du Père. Jésus, Tu es allé jusqu’à l’infini de l’Amour souffrant, de la souffrance de l’Amour, jusqu’à la Croix. Car l’Amour est souffrance... Mais Jésus, l’Amour dont Tu nous aimes n’est pas que la souffrance infinie de la Croix, l’Amour dont Tu nous aimes, c’est aussi ta gloire, c‘est aussi ta Résurrection, c’est ta Victoire sur la souffrance, c’est ta gloire, c’est l’immensité infinie de ton Amour, dans la gloire. 

Pensons aux tentations de Jésus au désert. Jésus savait qu’Il devait délivrer l’Homme de toutes ses concupiscences. Satan le savait aussi qui sut faire miroiter l’efficacité des moyens humains, des manifestations qui attirent, des pensées qui éveillent la sensualité et l’orgueil. Heureusement, les choix de Jésus vont toujours à l’encontre des choix humains. Les choix de Jésus ne sont pas nos choix car ce sont des choix d’amour.

Aujourd'hui, tant de familles, même parmi les familles chrétiennes ont à pleurer sur l’un ou l’autre de ses enfants égarés... C’est la drogue, le divorce, l’union libre, le désespoir, le chômage, les détresses innombrables qu’ils se sont créées eux-mêmes sans s’en rendre compte, se contentant d’accuser la société, cette société athée qui ne crée que du malheur. C’est la maladie, ce sont les infirmités, les haines, les sectes, et parfois le suicide...

Oui, Jésus, nous Vous aimons et nous pleurons avec Vous. Mais personne ne peut connaître la souffrance cachée dans les fontaines de joie, les fontaines d’Amour. Nous essayons de consoler Jésus, mais nous sommes de piètres consolateurs qu’il faudrait d’abord consoler, et à qui il faudrait sécher les larmes. Quand nous venons à Vous, Jésus, nous ne sommes jamais seuls: nous venons toujours avec les détresses du monde, celles que nous connaissons, et toutes les autres... Nous venons Vous apporter ce que Vous connaissez bien mieux que nous, et nous venons gémir et pleurer près de Vous. Notre cœur se gonfle parfois d’Amour jusqu’à en éclater, puis soudain il déborde de larmes. Jésus, nous Vous aimons, mais nous ne savons pas comment Vous dire notre amour, notre pauvre amour, notre pauvre petit amour qui ne sait pas oublier, même pas avec Vous, même pas quand il faudrait se réjouir avec Vous, notre pauvre petit amour qui ne sait pas oublier la détresse du monde. Jésus, comme notre amour est pauvre! Faut-il donc être pauvre aussi pour aimer vraiment? et pour savoir aimer? 

Jésus, nos cœurs brûlent dans le tien et nos cœurs pleurent avec le tien. Nos cœurs pleurent, Jésus, parce que Toi aussi Tu pleures, et c’est là notre douleur. Avec Toi nous pleurons car Tu n’es pas aimé. Nous pleurons avec Toi, Jésus, comme lorsque Tu pleurais sur Jérusalem qui refusait ton Amour. Nous pleurons avec Toi, Jésus, qui pleures sur tous les hommes qui ne veulent plus de ton amour. Avec Toi, Jésus, nous pleurons de ta peine infinie, avec Toi, nous pleurons et nous Te supplions de changer tous nos cœurs, pour qu’ils sachent T’aimer...

Le véritable amour est toujours douleur sur notre terre blessée par nos péchés. Jésus, Toi qui es Amour, Tu sais par expérience que, dans le monde des hommes mortels, des hommes du temps de l’épreuve, l’amour est aussi souvent douleur, car l’amour est un choix, et un choix qui désire une réponse, un retour d’amour. Et si l’aimé ne répond pas à l’amour qu’on lui tend, ou si l’être aimé est malheureux, alors l’amour devient douleur. Cela, Toi, Jésus, Tu l’as bien connu. Tu l’as connu tout au cours de ta vie, Tu l’as connu quand Tu guérissais les malades, quand Tu soulageais les souffrances, quand Tu guérissais les cœurs des pécheurs, quand Tu pleurais sur Jérusalem, quand Tu voulais ouvrir les cœurs fermés des pharisiens trop riches de leur savoir. Jésus, Tu vécus, à son paroxysme, la douleur de l’amour à Gethsémani et sur la Croix. Mais en souffrant ta douleur infinie, Tu nous sauvais en répandant sur nous des fleuves d’eau vive, des fleuves de pardon, des océans d’amour et de miséricorde.

   

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