7
Les agonies de Jésus
Comment Jésus
peut-Il être en agonie? Jésus voulait connaître toutes nos souffrances, tous nos
doutes, toutes nos misères, sauf le péché. Il était, Il est toujours le
Rédempteur, et Il sera en agonie jusqu’à la fin du monde. Mais comment?
Comment Lui, le Créateur, le Maître du monde, le Verbe de Dieu, le Fils du Père
avec qui Il n’est qu’UN dans l’Esprit-Saint, comment a-t-Il pu vivre ces
détresses terribles qui durent être aussi des détresses d’amour? Comment Celui
qui sait put-Il connaître ces expériences du néant, de l'ignorance, comme l’un
de nous qui ne savons pas? Comment a-t-Il pu être Celui qui ne sait pas, alors
qu'Il est Celui qui sait, et qui sait tout?
7-1-La nuit
de saint Jean
Un
jour, saint Jean l’Évangéliste dira à sainte Gertrude d’Helfta, moniale
allemande qui vécut au XIIIème siècle, que sa mission spécifique, à lui, Jean,
avait été de révéler le Verbe de Dieu. En effet le chapitre 14 de son Évangile
insiste beaucoup sur le Père, UN avec le Fils: “Qui M’a vu a vu le Père... Je
suis dans le Père et le Père est en Moi,” déclara Jésus à Thomas, le soir du
Jeudi Saint. Et presque immédiatement Il ajouta:
“Le Père vous donnera un autre Paraclet pour qu’Il
soit avec vous à jamais, l’Esprit de vérité...”
Ainsi, en
l’espace de quelques instants, une ou deux heures au maximum, avant de partir
pour sa Passion, Jésus se révèle entièrement et révèle la Sainte Trinité. Il ne
semble pas que les apôtres aient vraiment compris, et après un autre
enseignement, tout aussi dense, ils sortent tous pour aller au Jardin des
Oliviers, où ils avaient l’habitude de se rendre quand ils étaient à Jérusalem.
Jésus vient de dire à ses apôtres: “Veillez et priez, pour ne pas entrer en
tentation.” Mais ils vont tous dormir... Tous? Peut-être pas, car,
curieusement, Jean ne raconte pas ce qui s’est passé au cours de ces heures
atroces pour Jésus. Par contre Marc s’étend sur cette agonie, et il insiste sur
la première défection de Pierre: “Simon?
Tu n’as pas été capable de veiller une heure avec Moi...”
Nous savons que
Pierre a toujours insisté sur ses défaillances, et celle-ci, il ne pouvait pas
manquer de la raconter, alors que Jean, au contraire, ne voulait pas rappeler
les fautes du premier pape, mais au contraire, il s’effaçait toujours et ne
parlait jamais de ce qui le concernait directement. Revenons à notre sujet: qui
a pu assister à l’Agonie de Jésus, sinon Jean?
Nous
connaissons les habitudes de saint Jean: souvent, surtout tôt le matin quand les
autres dormaient encore, il se levait et, discrètement, se rapprochait de Jésus
qui s’était éloigné pour prier. Pourquoi durant ce soir-là n’en aurait-il pas
fait autant? Essayons d’imaginer:
Jean se
remémore les paroles de Jésus: “Qui me voit, voit le Père...” Qu’est-ce
que cela veut dire? Jean se souvient soudain que lorsqu’il a rencontré Jésus
pour la première fois au Jourdain, le ciel s’était ouvert et une voix venue du
ciel avait dit: “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-Le.” Et puis,
il y a moins d’une semaine, sur le mont Thabor, il avait encore entendu cette
voix... Jean est perplexe; il veut demander à Jésus des explications. Alors Jean
se lève doucement, quitte ses deux compagnons endormis, et s’approche de Jésus;
mais il ne va pas loin, car ce qu’il voit et entend le glace d’effroi.
Jésus est là, et Jean voit son Maître prosterné et tremblant. Il frémit même de
tout son être et semble vouloir chasser des visions obsédantes et terrifiantes.
Jean voit et entend et il reste là, comme paralysé. Il n’ose plus faire un seul
mouvement, il a peur... Cela dura longtemps, et soudain, comme s’il réagissait à
une vision d’horreurs, Jésus s’écria:
“Non Père! Non! Pas ça!... Ô Père, pardonne-leur! Ô Père aie pitié de nos
enfants!...”
Jean est
tétanisé. Il regarde Jésus de plus en plus intensément. Il voit Jésus se lever,
couvert de sang. Alors Jean revient à lui et se sauve pour retrouver les autres:
il ne veut pas que le Maître sache qu’il a été vu dans son immense détresse.
Quelques instants plus tard Jésus arrive près de ses disciples et dit:
“Pierre! Tu dors... Tu n’as pas été capable de veiller une heure avec Moi?
Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation, car Satan a obtenu de vous
passer tous au crible, cette nuit.” Pierre est confus et marmonne quelques
mots. Jésus s’éloigne de nouveau, Pierre se rassied, et se rendort
instantanément. Quant à Jacques, il ne s’était même pas réveillé.
Jean est de plus en plus inquiet: que se passe-t-il? Non, vraiment, il ne peut
pas laisser le Maître dans cet état: il doit faire quelque chose... Alors Jean
se lève de nouveau, et tout doucement s’approche de Jésus. À deux pas de Jésus,
il s’arrête terrifié: le Maître est de nouveau prosterné, frémissant, gémissant:
“Ô Père, si c’est possible, éloigne de Moi ce calice!...” Succède un long
moment pendant lequel Jésus semble se battre contre quelque chose d’effrayant,
puis Jean entend: “Père, si je dois
boire ce calice, que ta volonté soit faite!”
Jean est sidéré: ce qu’il contemple maintenant est surprenant au-delà de tout ce
que l’on peut imaginer. Voici qu’une grande lumière apparaît et un Ange brillant
comme le soleil s’approche de Jésus, et Lui tend une coupe. Jésus se relève
légèrement, et boit longuement puis dit:
“Père, Merci!”
L’Ange
s’éloigne, la lune brille à son maximum, et Jean contemple toujours son Maître.
Le voici qui se lève: il ne saigne plus; il a même retrouvé toutes ses forces et
toute son énergie. Jean se sauve de nouveau retrouver Pierre et Jacques.
L’apôtre que Jésus aimait s’assied et murmure: “Le Père et Jésus, Verbe de
Dieu, Fils de Dieu et Fils de l’Homme ne sont qu’un. Maintenant je comprends. Et
le Paraclet que Jésus nous a promis, c’est leur Esprit commun.”
Jean pleure, il ne sait pas pourquoi. Mais Jésus arrive:
“Levez-vous, vite, celui qui Me livre est tout
proche.”
Celui qui livre
Jésus est tout proche... Jean ne sait pas ce qui va arriver, mais, il le sait,
quoi qu’il arrive, il ne quittera pas son Maître... Plus tard, à tous ceux qui
l’entoureront, il racontera souvent et longuement les évènements de cette nuit
extraordinaire et terrible.
7-2-Les deux
agonies de Jésus
L'Évangile ne
le dit pas explicitement, mais Jésus a souffert deux agonies: la première à
Gethsémani, la seconde, sur la Croix, quand Il a crié sa soif des âmes.
À Gethsémani,
devant les visions atroces que Satan Lui présentait: ces multitudes d’âmes qui
veulent se damner, ces foules humaines qui refusent son Amour, ces masses qui ne
Le connaissent pas et ne Le connaîtront probablement jamais... devant ces
visions atroces, Jésus a sué le sang. Et Satan ne se gênait pas pour Lui
présenter l’inutilité de son Sacrifice: à quoi bon continuer? Il n’y aura jamais
rien à faire avec ces hommes stupides...
Sur la Croix, juste avant de mourir, Jésus voyait les haines et les guerres qui
ont traversé les siècles, nos guerres modernes, toutes plus atroces les unes que
les autres, les horreurs du XXème siècle, nos jeunes d'aujourd'hui laissés à
l’abandon, et les adultes sans foi, et les petits enfants livrés à eux-mêmes ou,
pire, à la télévision, et nos lois ignobles, et l’Asie non encore évangélisée,
et l’apparent triomphe de Satan, et le reste... Et Jésus crie:
"J'ai soif!"
7-2-1-Gethsémani
Gethsémani!
Jésus, dans son humanité, a d'abord dû connaître les grandes tentations pour
échapper à sa Passion. Puis, ce dut être aussi le désespoir en considérant
l’apparente inutilité de sa Passsion, de ses souffrances passées et à venir, et
la perte de tant d'âmes. Cette agonie fut terrible, tellement que son âme divine
et humaine tressaillit et trembla. Mais le Père vint secourir le Fils...
Le Père envoya
l’Ange consolateur qui Lui rendit ses forces. Et l’Ange consolateur, envoyé par
le Père, rendit à Jésus, l’espace d’un instant, la vue de sa divinité que le
Père avait masquée, car c’était l’Heure des Ténèbres. Et plongé de nouveau,
l’espace d’un instant, au sein de la Trinité sainte, l’Homme que Jésus était,
vit que la volonté du Père, c’était aussi la sienne, c’était sa décision, que
l’Heure terrible qu'Il vivait et qu'Il allait vivre pendant dix-huit heures,
c’était aussi la sienne, qu'Il l’avait voulue, désirée, d’un grand désir, car
c’était l’Heure de la Grande Opération qui allait guérir tout le Corps blessé.
Dès lors, Jésus
pouvait partir accomplir son destin, celui que de toute éternité Il avait désiré
au sein de la Trinité.
Cette agonie de
Jésus à Gethsémani semble avoir été essentiellement une agonie terrestre. Ses
pensées étaient surtout des pensées à taille humaine; certes, c'étaient des
pensées plus grandes, plus puissantes que les pensées des simples humains
puisqu'Il était Dieu aussi, mais enfin, elles restaient des pensées à taille
humaine. Mais voici Jésus sur la Croix.
7-2-2-L'agonie de Jésus sur la Croix
Si l'on veut
comprendre ce qui se passe en Jésus sur la Croix, il faut contempler le crucifié
non pas de l’extérieur, mais comme si nous nous trouvions à l’intérieur de Lui.
Sa souffrance est épouvantable; elle envahit son être tout entier, corps et âme.
Sa souffrance est telle qu’aucun homme “normal” ne pourrait la soutenir sans
mourir: d’ailleurs Jésus va bientôt en mourir... Il va bientôt mourir, mais Il a
encore des choses à faire... Il doit “faire” son Église en donnant Jean à Marie
et Marie à Jean. Il doit consoler le Bon Larron. Il doit encore... Mais quoi?
Voici que, dans notre esprit, Jésus et sa Croix qui Le soutient ne font plus
qu’un. Jésus et sa Croix grandissent, grandissent infiniment. Jésus aperçoit
comme de très loin, les minuscules petits hommes qui s’agitent au pied de la
Croix. Pour Lui, leurs actions actuelles sont dérisoires: ils ne savent pas ce
qu’ils font... Alors, se tournant vers le Père Il s’écrie: “Père,
pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font...” Du haut de la Croix
devenue grande comme l'univers, Jésus contemple la petite terre, les petits
hommes... Mais soudain Jésus “revient” sur la terre, Il retrouve sa douleur
grande comme l’univers, infinie comme Lui. Et Il crie:
“J’ai soif!”
Jésus, de quoi
ton être brisé a-t-il soif? Gardes-Tu dans ta mémoire torturée le souvenir de ce
que Tu viens de voir? Contemples-Tu encore, intérieurement, ton Corps mystique
qui commence à se construire? Du monde si petit mais sur lequel la Croix est
plantée, ton Cœur attire tous les hommes. Tu avais dit un jour à tes apôtres:
“Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à Moi.” Vois-Tu maintenant
ton Sacré-Cœur aux bras ouverts accueillir tous les hommes? Avant de mourir dans
l’horreur absolue, le Père Te donne-t-Il cette dernière consolation, ces
dernières forces dont Tu a encore besoin, car tout n'est pas accompli?
Sur la Croix,
le Sacrifice est sur le point de se consommer: Jésus a fait la Volonté du Père.
Tout est accompli: Jésus peut mourir. Il crie alors sa soif, sa soif de toutes
les âmes, sa soif éternelle des âmes qu’Il a créées et rachetées par Amour. Sa
soif des âmes qu’Il aime à la folie et pour qui Il meurt, à l’instant. Jésus
crie sa soif des âmes qui se perdent par le péché ou le découragement. Jésus
crie sa soif des âmes choisies, privilégiées qui ne répondent pas à son Amour.
Les âmes des chrétiens qui L’oublient, les âmes abandonnées, ignorantes, les
âmes des enfants avortés, les âmes des criminels et celles des indifférents.
Jésus voit ces grandes réunions de jeunes dont le bal est mené par Satan. Jésus
voit et Jésus meurt...
Contemplons
encore Jésus par l’intérieur. Il est sur la terre, dans son Corps torturé de
partout. La fièvre L’envahit. Satan est toujours là qui Lui présente encore
l’inutilité de ton Sacrifice. Jésus n’en peut plus: Il a tout raté dans sa
vie... Et voici que même le Père L’abandonne... car il fallait qu'Il connût
aussi, avant de mourir, la détresse suprême, la peine du dam dans son absolue
désolation. Dieu n’existe plus pour Lui. Son âme divine n’existe pas non plus.
Lui aussi n’est plus que néant. Pour Lui, c’est l’horreur absolue, le vide
total, le néant: la création n’existe pas, il n’y a rien d’autre que sa
souffrance infinie... Et Jésus crie: “Père, pourquoi m’as-Tu abandonné?”
Le Père ne répond pas, mais Jésus sait maintenant que tout est accompli.
Il peut retourner vers le Père, Il peut rendre l’Esprit. Dans un grand cri Jésus
expira...
Nous pouvons
maintenant contempler Jésus de l’extérieur. Il ne reste sur la Croix qu’un corps
d’homme, un corps de crucifié, mais son Cri parcourt la terre, parcourt le
monde, parcourt l’univers entier qui s’ébranle en transmettant à la terre un
étrange tremblement.
Jésus a été élevé de terre. Il est retourné au Père, mais Il ne laisse pas
orphelins les pauvres petits hommes qui sont les créatures aimées de Dieu. Déjà,
Il commence à les attirer à Lui car Il est le Fils de Dieu, et un soldat païen
s’écrie: “Vraiment, Celui-là était le
Fils de Dieu!”
Bientôt Jésus
ressuscitera!
7-3-Pour
comprendre Gethsémani.
Gethsémani!
Jésus est écrasé par l’apparente inutilité de son Sacrifice. Il voit défiler
toutes les âmes qu’Il aime et pour le salut desquelles Il va mourir dans
quelques instants, dans les atroces conditions que nous connaissons. Jésus voit
les difficultés de son Église, les persécutions qu’elle devra subir, les
victoires de Satan. Jésus voit la foi qui s’en va de la terre. Jésus ressent les
haines qui sourdent de toutes parts et les foules innombrables qui se détachent
de Lui, qui ne Le connaissent plus ou pas encore, les cultes rendus à son ennemi
dans ces monstrueuses "grand’messes" offertes aux forces du mal. Et les guerres,
et les tueries sans nom, et les petits enfants que l’on tue avant leur
naissance, et les mariages hors nature... Et les abandons, les défections, les
reniements, les trahisons de ses amis...
7-3-1-Jésus
cherche des consolateurs
Jésus cherche
des consolateurs et n’en trouve pas: c’était prédit dans les Écritures. Jésus
sue le sang car cette souffrance morale, la souffrance de son cœur, de son cœur
amoureux des hommes est pire que la souffrance prochaine du Chemin de la Croix.
Alors le Père envoie la Coupe de consolation, la Coupe pleine de tous les sauvés
grâce à son Sacrifice, la Coupe contenant les âmes qui doivent, qui veulent Le
consoler.
Pour consoler
une grande souffrance, il faut avoir connu des souffrances comparables, il faut
avoir ressenti dans son cœur et dans sa chair la détresse des âmes touchées par
le péché. Il faut avoir expérimenté les souffrances de ceux qui voient souffrir
ceux qu’ils aiment, les souffrances sans forme et sans nom, les souffrances dont
on ne connaît pas vraiment les raisons. La souffrance de ceux voyant, sans
pouvoir y remédier, les âmes bien-aimées qui se perdent, qui ne connaissent pas
le Seigneur, qui refusent Dieu, qui s’enferrent dans l’erreur et le péché, les
souffrances du monde sans espoir et sans but.
Il faut avoir
pleuré pour l’Église, pour les consacrés qui apostasient, pour les prêtres qui
ne veulent plus l’être, pour tous ceux que le Seigneur a tant aimés et qui ne
veulent plus L’aimer, qui ne veulent plus aimer. Pour tous ceux qui ne peuvent
plus croire. Il faut avoir expérimenté la douleur de son impuissance,
l’inutilité apparente de ses prières, de ses sacrifices. Il faut avoir avoir
vécu, dans les larmes, le fait d’être incompris des siens, d’être méconnu des
hommes, d’être méprisé, oublié.
Il faut avoir
frôlé le découragement et connu la tentation de tout laisser tomber. Il faut
avoir flirté avec les tentations pernicieuses offertes par le monde à travers
ses médias. Il faut avoir connu le trouble qui accompagne les tentations les
plus subtiles, avec lesquelles on raisonne, et auxquelles on succombe. Il faut
avoir tremblé dans l’obscurité de la nuit, avoir crié: “Seigneur, au secours!”
Il faut avoir appelé en vain, avoir gémi dans le silence de Dieu. Il faut avoir
un jour senti l’amour de Dieu et avoir reçu la grâce de la conversion.
Alors seulement
on peut être mis dans la Coupe de Consolation, alors seulement on peut retrouver
Jésus, et Le consoler à Gethsémani. C’est le prix, mais quel prix, la nuit de
Gethsémani!
7-3-2-Vivre
les agonies de Jésus
Ô Gethsémani!
C’est là que Jésus a, dans son Cœur et dans son Corps, c’est-à-dire dans toute
sa nature humaine expérimenté vraiment l’Homme pécheur. C’est à Gethsémani qu’Il
a prié sa détresse pour que le Père Le délivre: “Père, si c’est possible...
que ce Calice passe loin de moi!” Ce n’était pas possible, le Fils de Dieu,
en Jésus-Christ était venu exprès pour cela: “expérimenter” toutes les peurs,
les angoisses, les détresses humaines. Jésus devait “porter” le péché du
monde jusqu’à la Croix...
“Ô Croix,
dressée sur le monde, ô Croix de Jésus-Christ!”
Ô Croix de Jésus-Christ! Dieu
“expérimente” la douleur humaine, et l’expérience est à son comble. Jésus
connaît l’abandon du Père, ou plutôt la tristesse de Dieu quand l’homme à cause
de son péché a abandonné Dieu. Cette détresse que l’homme se donne à lui-même,
Jésus l’”expérimente” dans son abjection, sa déréliction. Jésus, comme tous les
hommes, ne sait plus que c’est à cause du péché qu’il a abandonné Dieu et que
Dieu ne peut momentanément rien faire, sinon attendre le retour de l’enfant
prodigue. Jésus ne le sait plus car Il doit “expérimenter” l’Homme dans son
péché, et Jésus a pris sur Lui tous les péchés des hommes, donc toutes leurs
souffrances, toutes leurs abjections, toutes leurs détresses.
Comme tous les
hommes pécheurs vivant sur la terre, Jésus croit que Dieu L’a abandonné. Et
comme tous les pécheurs qui ont abandonné Dieu, Il croit que c’est Dieu qui L’a
abandonné: “Père, Père, pourquoi m’as-Tu abandonné?” Jésus a
“expérimenté” la misère infinie de l’Homme. Jésus a tout connu des détresses
humaines dues aux péchés des hommes. Jésus se croit abandonné du Père donc de sa
propre divinité. Mystère étonnant! Mystère déroutant, inaccessible aux
intelligences humaines, donc probablement inaccessible à l’intelligence de Jésus
devenue à Gethsémani momentanément seulement humaine. Jésus est infiniment seul,
délaissé, oublié, méprisé, outragé, méconnu des hommes, et de Dieu... Jésus peut
mourir dans un grand cri...
Les hommes
abandonnent de plus en plus Jésus, les hommes ne veulent plus de Dieu qu’ils ont
abandonné, Lui préférant les péchés détestables de la haine, de l’argent et du
sexe. Les hommes crient contre Dieu qu’ils ont abandonné, oubliant que Dieu les
attend, mais personne ne leur dit plus cette vérité consolante. Personne ne dit
plus l’Amour de Dieu, l’Amour de Dieu qui ne peut se manifester vraiment que
dans l’obéissance à sa volonté et à sa Loi, seules sources de notre bonheur. Et
les hommes vivent dans le désespoir, et ce malheur des pécheurs, c'est pour
Jésus, Gethsémani... Qui consolera Jésus?
7-3-3-La
souffrance de ceux qui veulent consoler Jésus
Il est presque
impossible de comprendre ce qui s’est passé dans notre monde, depuis ses
origines jusqu'à aujourd'hui. Il est difficile de comprendre les pensées des
hommes du XXIème siècle, et la souffrance de ceux qui voudraient consoler Jésus
est immense... Et pourtant cette souffrance n’est qu’une petite goutte bien
finie de sa souffrance infinie de Gethsémani, de son Agonie rédemptrice de
Gethsémani, et de sa souffrance infinie sur la Croix, son Agonie mortelle sur la
Croix; la souffrance de ceux qui voudraient consoler Jésus n'est qu’une infime
goutte de la sienne, mais quelle goutte!...
Leur cœur a mal
dans le Cœur de Jésus. Leur cœur saigne avec le sien. Leur cœur pleure ses
larmes de sang car les hommes ne veulent plus L’aimer car ils ne croient plus en
Lui. Ils ne croient plus en Lui car ils L’ont abandonné! Et ceux qui voudraient
consoler Jésus ne comprennent plus rien... Alors, ils Le “regardent”, et ils
crient vers Lui, et ils Lui redisent toujours la même prière:
- Jésus, nous
Te supplions, viens nous sauver, viens délivrer tes enfants de l’emprise du
démon. Rends à tes enfants la sainte liberté qu’ils ont perdue en se faisant les
esclaves du péché. Ô Jésus, viens vite à notre secours! Jésus, regarde notre
cœur, et vois combien nous avons mal, car nous avons mal à cause de Toi qui n’es
plus aimé, qui es abandonné, délaissé, oublié, méprisé, outragé, et dont l’amour
est méconnu...
Jésus, c’est de
ta souffrance que souffrent ceux qui veulent Te consoler, et quelle souffrance!
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