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Les enseignements de Jésus

 

Jésus s'est réfugié dans la montagne pour rencontrer le Père et l’Esprit. Dans le Cœur à Cœur éternel de la Trinité sainte, son humanité s’épanouit dans le Verbe, dans le Père et dans l’Esprit. Fils de Dieu, le Fils de l’Homme se transfigure dans le secret de la nature... Voici que Jésus est heureux... Il retrouve sa famille divine; sa volonté est toujours une avec la volonté du Père, et l’Esprit L’emplit de l’Amour éternel. Jésus se nourrit de la volonté du Père; dans quelques instants il pourra aller retrouver ses apôtres, Il pourra leur donner l'enseignement solide dont ils ont tellement besoin. Il pourra aussi accomplir les grands miracles qui conforteront leur foi et dissiperont leurs doutes.

4-1-Les paraboles du bon Berger et de l'ivraie

Jésus pour nous expliquer les mystères du royaume des cieux a souvent utilisé des comparaisons. Il s'est également fréquemment appuyé sur des paraboles. Nous commenterons très rapidement ici quelques-unes de ces paraboles. Nous les compléterons, parfois... Et pour mieux méditer les paraoles du Seigneur, nous oserons même deviner la pensée de Jésus, en inventant d'autres paraboles, adaptées à nos mentalités contemporaines. Le Seigneur nous pardonnera certainement.  

4-1-1-Le bon berger

L'Évangile de la fête du Sacré-Cœur de Jésus rapporte la parabole de la brebis perdue. Le Bon Berger, le Bon pasteur abandonne quatre vingt dix neuf brebis sans histoire pour aller à la recherche d’une brebis perdue. Pourquoi perdue? Probablement parce qu’elle a désobéi, parce qu’elle n’a voulu n’en faire qu’à sa tête, négligeant les sages conseils de son Pasteur... Et naturellement elle est tombée dans un taillis de ronces ayant poussé sur le bord d'un abîme, et duquel elle ne peut plus sortir. Et avec cela, elle s’est blessée. Maintenant elle bèle plaintivement, mais elle est bien trop éloignée pour qu’on l’entende... Heureusement, le Cœur du Bon Berger a “senti” que sa brebis l’appelait, et, ayant toute confiance dans ses quatre vingt dix neuf autres brebis, qu’il sait attentives à ses enseignements, il part à la recherche de sa brebis blessée...

L’Évangile nous dit comment le bon Berger retrouva la pauvre bête, et comment il la ramena au bercail en la portant sur ses épaules. Il y eut grande joie dans le bercail, cat "il y a plus de joie au ciel, pour un seul pécheurs qui se convertit, que pour quatre vingt dix neuf autres qui n'ont pas besoin de pénitence."

4-1-2-L'ivraie

La scène étonnante du Bon Berger rapportant sa brebis blessée sur ses épaules nous montre l’Amour, le Créateur, Dieu infini, se penchant sur une seule brebis perdue, faisant confiance à celles qui sont restées fidèles. Cela nous émerveille... Mais bientôt des difficultés surviennent dans l'enseignement de Jésus, et nous comprenons moins. Ainsi, si nous pensons à l’ivraie qu'un l’ennemi sema, la nuit, dans le champ qui venait d’être ensemencé avec du bon grain, nous nous étonnons. Pourquoi, plus tard, quand les serviteurs virent apparaitre l’ivraie avec le blé, et proposèrent au maître d’aller tout de suite arracher cette ivraie bien dangereuse, pourquoi le maître répondit-il:

C’est mon ennemi qui a fait cela... Laissez-les croître tous deux ensemble; au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs de ramasser d’abord l’ivraie et de la lier pour la brûler, et ensuite, d’amasser le blé dans mon grenier.  (Mat 13; 28-30)

Voici que le maître, le Bon Semeur, le Bon Pasteur, veut laisser croître l’ivraie avec le bon grain, au risque de laisser l’ivraie contaminer le bon grain... Comment comprendre cela? Est-ce bien raisonnable? Quand on connaît la force de l’ivraie: les paroles de Satan dans les cœurs des hommes, on ne peut pas ne pas se poser cette question: oui, Seigneur, est-ce bien raisonnable? Tu connais la fragilité de tes enfants, Tu sais combien ils ont souvent envie de faire comme la brebis perdue, envie d’aller voir ailleurs, envie de se promener sur les chemins déconseillés, au risque de se blesser... Alors Seigneur, nous redisons: est-ce bien raisonnable de laisser l’ivraie pousser avec le bon grain? Jésus, il faut que Tu nous répondes...

4-2-La parabole du semeur: le talus et les fontaines

4-2-1-La parabole du talus

Parfois il nous arrive de vouloir compléter les paraboles de Jésus. Est-ce sa façon à  Lui de nous répondre? Est-ce pour cela qu'Il semble ne pas toujours achever sa pensée? Pour nous obliger à réfléchir? Peut-être... Ainsi, prenons comme exemple l’Évangile du bon grain qui ne tombe pas seulement sur la bonne terre, mais s'éparpille aussi dans les ronces, sur le bord du chemin, dans les pierres. Ceux qui connaissent un peu la campagne se disent immédiatement: Seigneur Jésus, n'auriez-vous pas oublié le talus?

En effet, tout ce que le Seigneur crée, tout ce qui sort de ses mains est bon, et même très bon; cela c’est Lui qui nous l’a dit. Donc, quand Dieu crée un homme, cet homme fait partie de ce qui est bon; et Dieu nous jette sur la terre, comme une semence que lance un semeur: mais où sommes-nous tombés? Faisons un examen de conscience.

Sommes-nous tombés dans la bonne terre au milieu des âmes bonnes, des âmes d’élite, qui savent pousser et croître sans cesse en amour et en vertu, même au milieu de l’ivraie que Dieu laisse croître aussi... Sommes-nous de ces âmes d’élite qui rapportent cent, soixante, ou trente pour un? Malheureusement, notre misère, nos fautes, nos faiblesses et nos erreurs nous disent que nous ne sommes pas tombés dans la bonne terre...

Sommes-nous tombés dans les ronces? Non, car, honnêtement ce que Dieu nous a donné de bon n’a pas été, à cause de sa grâce, complètement étouffé par nos péchés ou les soucis du monde. Alors, sommes-nous tombés dans les pierrailles du chemin, là où il n’y a pas d’eau, où l'on se dessèche et où l'on meurt? Non, car nous avons été abreuvés quand c’était nécessaire: Dieu fait pleuvoir sur les bons et sur les méchants... Nous voyons-nous alors sur le bord du chemin à la merci des gros oiseaux voraces? Ah! Non! Alors où sommes-nous?

Nous ne sommes pas dans le champ de bonne terre, nous ne sommes pas dans les ronces, nous ne sommes pas sur le chemin caillouteux. Serions-nous tout près du fossé, de l’un de ces nombreux fossés qui bordent les routes et les chemins? Réfléchissons! D’un côté du fossé il y a les chemins pierreux; nous ne sommes pas de ce côté. De l’autre côté du fossé, du côté champ, il y a un talus. Sur ce talus, il y a un peu de bonne terre, mais aussi des ronces, des herbes folles, de l’ivraie égarée là, et des cailloux. L’endroit n’est pas très confortable car les paysans passent souvent par là, et ne font guère attention où ils mettent leurs pieds. D’ailleurs, sur ces talus qui bordent les fossés on a l'impression qu'il n’y a rien de bon, sauf parfois une petite fleur rare, mais qui la voit? Alors les paysans écrasent tout.

Ne serions-nous pas sur ce talus, sur la pente du talus qui borde le fossé?  Évidemment, c’est un peu pierreux, et c’est très dangereux car on peut glisser et tomber dans le fossé. On a parfois un peu soif, mais dans le fossé il y a toujours un peu d’eau qui n’a pas eu le temps de s’évaporer. Ce n’est pas l’idéal, mais ça permet de vivre car les racines peuvent aller se fixer très profondément. Sur ce talus, il y a aussi toujours un peu de bonne terre, car, lorsque les laboureurs passent pour soigner leurs champs, ils envoient,  inévitablement, un peu de bonne terre ou d’engrais sur le talus. Et c’est bien utile pour la petite graine qui peut trouver la nourriture indispensable, la nourriture qui lui permettra de germer, de croître un peu, et surtout de s’enraciner solidement malgré les cailloux et les pierres.

Il y a aussi les ronces. Mais sur le bord du talus, les ronces n’envahissent pas tout l’espace, et les plantes qui se côtoient réussissent tant bien que mal à vivre ensemble...

Les plantes qui sont sur ce talus réussissent à vivre, et à émerger un peu. Elles peuvent respirer et même commencer à porter quelques graines, pas beaucoup, mais jolies et joyeuses, comme des graines d’avoine sur un épi échevelé... En passant, le paysan dit: “Tiens, qu’est-ce qu’il fait ici, celui-là?” C'est vrai, Seigneur, pourquoi avez-vous oublié de mentionner le talus dans votre parabole? Ne pensez-vous pas que beaucoup de vos enfants vivent sur ce talus où ils peuvent trouver un peu de bonne terre, la terre de votre Amour dans laquelle ils ont pu germer, grandir un peu et s'enraciner grâce à votre protection et la protection de la Maman du Ciel.

Sur le bord d’un fossé, notre situation n’est pas toujours très confortable et nous avons absolument besoin de protection, voire d’une protection très efficace. Car, seuls de notre espèce au milieu de toutes ces plantes étrangères, hostiles, ou pire, indifférentes, que de fois nous nous sentons tomber. Et que de fois, juste au moment où nous allons glisser dangereusement, voire irrémédiablement, se présente une intervention inopinée: la main de Jésus qui nous remet correctement en place, sans rien dire, mais avec tant d’amour, une main qui nous fait découvrir la vertu d'espérance et qui nous invite à nous laisser faire par Dieu. Oui, dorénavant, sur le talus où nous sommes tombés, nous laisserons le Seigneur poursuivre son œuvre, et nous laisserons jaillir les fontaines d’Amour, les fontaines de larmes et de peines, les fontaines de joie et de reconnaissance, les fontaines de repentir et de paix.

4-2-2-Les fontaines

Nous laisserons jaillir nos fontaines de larmes: larmes de repentir, larmes de reconnaissance, larmes d’Amour aussi. Fontaines de larmes, fontaines qui lavent, fontaines qui purifient et qui fortifient.

Nous laisserons jaillir les fontaines d’espérance, les fontaines de paix, les fontaines de la foi... Oh! les fontaines de la foi, ces fontaines de force qui nous redonnent vie quand tout s’écroule en nous, quand tout semble mourir autour de nous. Ces fontaines de la foi qui disent: ”Dieu est là: n’aie pas peur. N'aie pas peur des civilisations pécheresses qui ont rejeté Dieu... N’aie pas peur de la Création si grande et si terrible: elle est faite pour l’homme, elle faite d’Amour. N’aie pas peur, ne crains pas, viens dans le cœur de Jésus, dans le cœur de ton Dieu, retrouve son Amour et retrouve la paix.”

Oui nous sommes si peu de choses dans l’immensité de l’univers! Si peu de choses qu’en fait nous ne sommes rien. Et ces riens, Dieu les aime!... Et le Fils s'est incarné pour ces riens, Jésus est mort pour ces riens, pour délivrer ces riens de leurs péchés et leur donner la vie, Jésus est mort pour nous...

Alors Jésus, si vraiment nous sommes, et cela, nous ne pouvons pas le nier, alors Jésus, laisse jaillir en nous tes fontaines d’Amour, tes fontaines d'espérance, tes fontaines de vie.

Laissez jaillir Seigneur vos fontaines de joie, vos fontaines d’Amour... Mais s’il vous plait, Seigneur, faites que nous les voyions ces fontaines d’Amour, que nous les entendions ces fontaines de joie, et que nous les sentions vos fontaines de vie. Nous sommes des enfants, des enfants capricieux, des enfants souvent désobéissants. Mais nous avons tellement besoin de Vous. Pour nous, Seigneur, faites jaillir et ruisseler vos fontaines de vie.

4-2-3-Nous ne sommes que des serviteurs

Lorsqu’elle fête certains grands saints, notamment Saint Joseph, l’Église chante: “Heureux! le serviteur fidèle, Dieu lui confie sa maison.”

Dans plusieurs de ses paraboles Jésus célèbre les serviteurs fidèles et consciencieux, tout en laissant entendre parfois qu’ils n’ont fait que leur devoir. “Heureux! le serviteur que le Maître, à son retour, trouvera veillant." Et dans la parabole des talents: “C’est bien bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur.”

Et pourtant... Que de fois Jésus laisse entendre que faire simplement son devoir, cela ne suffit pas: “Le serviteur n’est pas plus que son Maître. S’ils ont rejeté le Maître, ils rejetteront le serviteur... Dites-vous que lorsque vous aurez accompli toute votre tâche, vous n’êtes que des serviteurs inutiles.”

Plus tard Saint Paul renchérira: “Paul a planté, Apollo a arrosé, mais c’est le Seigneur qui a fait pousser.”

Toutes ces citations extraites de l’Écriture semblent contradictoires. Comment Jésus peut-il féliciter le serviteur fidèle qui a fait fructifier ses talents, lui donner le commandement de plusieurs villes et le faire entrer dans la joie de son Seigneur, et dire ailleurs: “Vous n’êtes que des serviteurs inutiles”?

Jésus est le Serviteur souffrant, la Grande Victime rejetée par Dieu et les hommes. Ses amis, ses serviteurs, ne seront pas plus que Lui:

        - Jésus est la Grande Victime. Ses amis seront aussi des victimes.

        - Il a été rejeté, humilié, méprisé des hommes. Ils seront eux aussi rejetés, humiliés, méprisés des hommes.

        - Il est le Serviteur souffrant. Ils seront voués à la souffrance.

Dieu a fait l’homme pour qu’il L’aime, Lui son Créateur et Seigneur, Lui le Maître, mais aussi l’Amour. Et dans son Amour, Dieu a voulu associer l’homme à la finition de sa Création. Dieu n’a besoin de personne pour accomplir sa tâche, mais Dieu a voulu que l’homme, sa créature aimée, faite à son image, participe en quelque sorte à son œuvre: Dieu a voulu avoir besoin des hommes, afin que librement, ils deviennent les pierres vivantes qui construiront le Corps mystique du Fils unique, ce Corps mystique dont Jésus est la Pierre d’angle. La Pierre d’angle qui fut d’abord "la pierre qu’avaient rejetée les bâtisseurs". Car les hommes, préférant le péché, ont, dès l’origine, refusé l’Amour et dit: “Non!” à Dieu. Mais Dieu veut toujours avoir besoin des hommes pour construire le Corps mystique du Fils qui réalisera le Pont entre tous les éléments spirituels et matériels de sa Création, ce Pont qui fera l’unité du Monde de Dieu.

Dieu veut avoir besoin des hommes pour achever sa création sur la terre. Dieu veut des serviteurs intelligents, dévoués, fidèles et pleins d’amour. Mais comme l’homme est pécheur, comme sa tendance naturelle est de tout ramener à lui dans son orgueil insensé, le Dieu d’Amour, le Dieu humble, veut montrer à ses créatures humaines qu’elles ne sont que des serviteurs et, qui plus est, des serviteurs inutiles. Cela n’est pas bien difficile à constater. Quand l’homme s’est donné beaucoup de mal pour construire une grande œuvre, il suffit de pas grand’chose: un peu de pluie, un tremblement de terre, des cataclysmes ou des maladies imprévisibles et impossibles à maîtriser, pour détruire en un rien de temps une œuvre que l’homme croyait immortelle. Tout le mal qu’il s’est donné n’a servi à rien. L’homme n’est qu’un serviteur, un serviteur inutile, et Dieu veut parfois le lui rappeler pour le ramener à un peu plus d’humilité, à un peu plus d’amour, pour le ramener à Lui, le Dieu puissant et bon que l’homme orgueilleux et insensé avait oublié, pour son propre malheur.

Dieu aime toujours ses serviteurs inutiles, et dans toutes ses œuvres Il continue à vouloir avoir besoin d’eux. Même dans son Œuvre Suprême, l’œuvre de Rédemption, l’Œuvre du Fils Unique, Dieu veut des collaborateurs, des consolateurs. Jésus, pendant sa Passion a cherché des consolateurs et n’en a pas trouvé...  Comme sa Passion durera jusqu’à la fin des temps dans l’éternel présent de Dieu, Jésus qui a toujours besoin de collaborateurs continuera à les chercher. Des consolateurs à qui Il confiera sa Croix pour que les hommes soient pleinement associés à leur propre salut.

   

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