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Notre milieu vital

Nous vivons en Dieu, et Dieu nous imbibe complètement. Il convient pour chacun de nous de préciser un peu cette image étonnante. Dieu "me" pense, "me" crée, mais Il "me" garde en Lui, car mon milieu de vie, c’est Lui-même. Hors de Dieu, je meurs. Mais cela je ne peux pas le voir; c’est tellement “naturel”, tellement vital, que je "me" déplace dans ce milieu divin sans même m’en apercevoir. Nous sommes, en quelque sorte, imbibés de la substance divine et, si Dieu ne "nous" le révèle pas d’une manière ou d’une autre, nous ne le saurons jamais.

Nous ne saurons jamais que notre milieu de vie, c’est Dieu. Nous serons simplement heureux en Dieu, dans son Amour et dans sa volonté. Mais si des forces ou des volontés extérieures malveillantes, voire hostiles, nous sortent du milieu divin qui est notre vie, alors, nous mourons...

Tant de forces ont multiplié leurs efforts démoniaques pour nous sortir de Dieu! Mais Dieu ne voulait pas que nous mourrions car Il nous aime. Alors, Il a décidé de nous montrer que notre vie, c’est Lui-même, même si dans notre état de créature et dans l’humilité de Dieu, nous n’en avons pas spontanément conscience. Dieu s’est choisi un peuple, et peu à peu, lentement pour ne pas l’effaroucher (Dieu est trop grand pour nous) Il s’est révélé à lui. Puis, c’est Jésus, qui devait parachever l’Œuvre du Père. (Il n’était pas venu abolir, mais parfaire la Loi de Dieu...)

Essayons de comprendre. Comme un poisson dans son eau vitale, nous sommes en Dieu, nous vivons en Dieu, nous vivons de Dieu, mais nous ne nous en apercevons pas, nous ne voyons pas Dieu: c’est impossible, car hors de Dieu nous mourons. Mais Jésus est venu mettre le Feu sur la Terre, et Il a hâte que ce feu prenne et se répande... Il veut qu’on Le connaisse, que l’on connaisse le Père et l’Esprit, Il veut nous faire comprendre, et sentir dans notre être réel, que la créature exceptionnelle que nous sommes est vraiment en Dieu, vit de Dieu, et ne peut vivre que dans l’Amour. Et Jésus veut nous le faire comme expérimenter...

Jésus est Dieu, UN avec le Père et l’Esprit. Il est venu chez nous tout en restant dans la Trinité, et Il est toujours en Dieu quoique vivant et présent dans son Eucharistie. Il est le Feu brûlant de l’Amour, et ses rayons d’Amour, Il les concentre sur chacun des hommes qu'Il aime, Il les “cristallise” en une perle de feu. Les cristaux (les perles) de son Amour, de l’Amour de Dieu, nous les voyons, nous les sentons: ils rayonnent son Amour et sa joie. Ils révèlent Dieu, ils sont le Feu de Dieu qui embrase la terre, et qui brûle les cœurs. Et nous "voyons" Dieu sans quitter notre “eau” vitale... car l’homme qui se laisse faire devient cristal de Dieu rayonnant à son tour le Feu de Dieu apporté par Jésus...

Quelle merveille! Jésus, par son Esprit, Feu de l’Amour trinitaire, nous a transformés en cristaux de feu, en cristaux d’amour, en perle de joie... Il nous révèle Dieu... Il veut aussi, qu’avec Lui, nous rayonnions ce feu de son Feu, notre milieu vital, pour que tous ceux qu'Il aime Le connaissent et brûlent, à leur tour, de ce même feu pour embraser la terre...

1-1-Je veux voir Dieu

1-1-1-Nous ne pouvons pas voir Dieu sans mourir

Tous les saints, et tous les hommes après eux, ont voulu voir Dieu. Et tant d'hommes aussi ont déclaré: "Je ne croirai en Dieu que si je Le vois..." Mais comment voir Dieu puisque nous sommes en Lui? Prenons deux exemples concrets: l'air qui constitue notre atmosphère, et l'eau milieu vital des poissons. Nous ne voyons pas l'air que nous respirons et nous ne pouvons pas voir notre atmosphère sans mourir. Les cosmonautes, lorsqu'ils sont dans l'espace, voient notre atmosphère et ses remous. Mais, lorsqu'ils doivent quitter leur vaisseau spatial, par exemple pour faire des réparations, ils sont hermétiquement protégés, sinon, ils mourraient instantanément, car dans l'espace, il n'y a pas d'air.

Il en est des poissons comme des animaux terrestres: l’eau est leur milieu vital. S’ils voulaient quitter l’eau pour la voir, ils mourraient. L’air, l’eau, ne sont que des images, mais elles nous éclairent. Le milieu vital de nos âmes, c’est Dieu. Nous sommes plongés en Dieu. Si nous quittions Dieu pour Le voir, nous mourrions. Et pourtant nous voulons voir Dieu, et le Père connaît notre désir, d'autant mieux que c'est Lui qui l'a mis en nous. Mais c'est impossible... Alors, le Père qui est toute Bonté et toute Miséricorde nous a donné son Fils, son Verbe, qui s’est fait l’un de nous... Comme le Père et le Fils sont UN, dans l’Esprit-Saint, quand nous voyons le Fils, nous voyons le Père, nous voyons Dieu.  Et le Fils de Dieu, UN avec le Père, est venu sur la terre, incarné dans un corps d'homme; et Il a vécu parmi nous. Le Verbe de Dieu nous a dit son amour; Il nous as appris à L'aimer, à aimer Dieu, et Il veut que nous L'aimions.

1-1-2-Le témoignage de saint Jean qui a vu...

"Je veux voir Dieu!" répétait sainte Thérèse enfant. On veut toujours voir Celui que l’on aime. Même quand cela n’est pas possible. D’où la venue de Jésus chez nous. Mais... Dieu aurait-Il aussi voulu nous voir de près? Dieu aurait-Il voulu vivre avec nous, même lorsque nous étions encore pécheurs, même quand nous sommes toujours pécheurs?

Oui, car Dieu a pitié de nous, Il connaît notre faiblesse, notre petitesse, notre totale impuissance. Dieu sait aussi ce qu’Il y a dans l’homme, toute sa sensibilité, sa capacité d’aimance, et sa possibilité de faire des sacrifices pour ceux qu’il aime. Dieu sait ce qu’il y a dans l’homme car tout ce qu’il y a de bon, c’est Lui qui l’a mis. D'ailleurs l'apôtre de l'amour n'a-t-il pas écrit:

"Et nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé le Fils comme Sauveur du monde. Celui qui confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour; et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui."  (1 Jean,  4 - 14 à 16)

"Pour nous, nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier. Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? Et nous avons de lui ce commandement: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère."  (1 Jean,  4 - 19 à 21)

C’est un texte essentiel pour les chrétiens, le commandement de l’Amour mis en œuvre. Mais, il ne faut surtout pas oublier ce qui vient ensuite, car Jean dit aussi:

"Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu, et quiconque aime celui qui l'a engendré aime aussi celui qui est né de lui. Nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu, lorsque nous aimons Dieu, et que nous pratiquons ses commandements. Car l'amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles, parce que tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde; et la victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi."  (1 Jean,  5 - 1 à 4)

"C'est lui, Jésus Christ, qui est venu avec de l'eau et du sang; non avec l'eau seulement, mais avec l'eau et avec le sang; et c'est l'Esprit qui rend témoignage, parce que l'Esprit est la vérité. Car il y en a trois qui rendent témoignage: l'Esprit, l'eau et le sang, et les trois sont d'accord."  (1 Jean,  5 - 6 à 8)

1-1-3-Dieu se manifeste par le mystère du Christ

Étrange! En écrivant sa lettre, Jean se revoit en même temps au Cénacle et au pied de la Croix, quand le soldat romain transperça le Cœur de Jésus. Jean devait aussi repenser à la scène du Baptême de Jésus, dans l’eau du Jourdain. C’était la première fois qu’il rencontrait Jésus, et c’était dans l’eau. Et l’Esprit était là, qui rendait témoignage à Jésus; et le Père aussi qui révélait la Trinité sainte. Ainsi, lorsqu’il écrivait sa lettre, Jean revivait et revoyait le mystère de Jésus, le mystère de notre salut.

"Il y en a trois qui rendent témoignage: l’Esprit, l’eau et le sang." Cela est bien difficile à comprendre: comment l’eau et le sang peuvent-ils témoigner? L’Esprit, c’est plus facile. Le sang aussi, car le sang de Jésus versé pour nous, c'est sa vie humaine donnée pour nous sauver du péché: “Ma vie, on ne me la prend pas, mais c’est Moi qui la donne...” Le sang de Jésus versé pendant sa Passion et sur la Croix, c’est le témoignage de l’amour total, la Vision de Dieu. Mais l’eau?

L’eau apparaît de temps en temps dans l’Évangile: au Jourdain, et quand Jésus demande à boire à la Samaritaine: “Si tu savais le don de Dieu et Celui qui te demande à boire!... Il t’aurait donné de l’eau vive... Qui boira l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif, car elle deviendra en lui source d’eau vive jaillissant en vie éternelle.”

Le témoignage de Dieu est infiniment plus grand que le témoignage des hommes. Et "le témoignage de Dieu consiste en ce qu'il a rendu témoignage à son Fils. Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même; celui qui ne croit pas Dieu le fait menteur, puisqu'il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. Et voici ce témoignage, c'est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie.  (1 Jean,  5 - 9 à 12)

Comment expliquer ces paroles sublimes? C’est par son Fils que Dieu nous redonne la vie éternelle, car cette vie EST dans son Fils, c’est le Fils qui est la Vie pour nous. Et c’est le Fils qui nous donne sa Vie éternelle... Mais comment? Par sa Parole et par son Eucharistie. Jésus a donné librement sa vie pour nous, pour que nous ayons sa Vie éternelle. Sa mort est pour nous la Parole sublime qui donne la Vie. Mais il fallait un signe sensible, une nourriture visible pour les pauvres êtres que nous sommes.

1-1-4-Qui voit le Fils, voit le Père, donc voit Dieu

Le Fils a la Vie, et celui qui a le Fils a sa Vie. Pour rester avec nous, Jésus, avant de retourner au Père, nous laissa son Corps en nourriture, et son Sang en breuvage. Chaque jour nous pouvons nous nourrir de la Vie... et, ensuite seulement, aller vers les frères que nous aimons parce que Dieu les a, comme chacun d’entre nous, aimés le premier. Dieu fait les premiers pas vers nous; c’est vers Dieu que nous devons d’abord nous tourner, car Dieu doit toujours être le premier servi. Alors seulement nous serons préservés du péché; alors seulement nous aimerons vraiment... C’est encore saint Jean qui nous le dit:

"Quiconque est né de Dieu ne pèche point; celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas. Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin. Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu'il nous a donné l'intelligence pour connaître le Véritable[1]; et nous sommes dans le Véritable, en son Fils Jésus Christ. C'est lui qui est le Dieu véritable, et la vie éternelle." (1 Jean,  5 - 18 à 21)

Pour que nous puissions "voir Dieu", le Père nous a envoyé son Fils. Le Fils s'est incarné et a vécu parmi nous, puis, quand l'Heure fut venue, Il est retourné au Père et nous a envoyé l'Esprit.

1-2-La venue de Jésus chez les hommes

Jésus, Tu es notre Secours, car Tu es le Fils Bien-Aimé du Père, le Fils unique qui ne fait qu’UN avec le Père. Et Tu T’es fait homme, Fils de l’Homme, Tu es venu chez nous, parmi nous, pour vivre avec nous, comme nous; Tu voulais nous sauver, nous ramener au Père, car Tu savais que nous n’étions que des pauvres, infiniment petits et incapables de rencontrer Dieu. Nous étions pécheurs, souvent de grands pécheurs, mais Tu savais, Jésus, que, pauvres êtres charnels que nous sommes, nous ne pouvions comprendre que ce qui entre en nous par l’intermédiaire de nos sens. Et le Père est hors de nos sens, Il est le tout Autre... Il fallait que Tu viennes, Toi Dieu, Verbe de Dieu, Fils unique et Bien-Aimé du Père, UN avec le Père, il fallait que Tu nous “montres” Dieu.

Jésus, Tu es venu, Tu as vécu parmi nous, mais tous les jours ta divinité rencontrait Dieu le Père dans une étreinte d’Amour tellement infinie qu’elle était devenue ta nourriture. “J’ai une nourriture que vous ne connaissez pas. Ma nourriture, c’est de faire la volonté du Père.” as-Tu dit un jour à tes disciples qui s’inquiétaient de Te voir rester sans manger. Ta prière, Jésus, ta prière qui Te faisait T’unir à la volonté du Père, retrouver et vivre un instant de ta nature divine, une avec la divinité du Père, ta prière était si forte et si puissante en Toi, qu’elle Te nourrissait. Car Jésus, homme sur la terre, homme parmi les hommes et Fils de l’Homme, Tu étais Dieu, Fils unique du Père et UN avec Lui; Toi, Tu le savais, mais nous, nous ne le savions pas...

Le Père et Toi, Vous êtes UN: vos deux Cœurs n’en sont qu’UN. Tu nous aimes, donc le Père nous aime; nous sommes dans ton Cœur, donc dans le Cœur du Père. Quand nous T’aimons, nous aimons le Père. Dans ton Cœur circule le Sang créateur et vivificateur du Cœur de Dieu. Ce Sang nous purifie comme il purifie tous ceux que Tu as mis à l’abri dans ton Cœur. Ton Sang nous purifie, et emporte toutes nos misères, nos péchés,  et nos manques d’amour. Puis, ton Sang traverse le Jardin de ton Cœur qui est aussi le Jardin du Cœur du Père, du Cœur de Dieu.

Et nous, pauvres tout petits que Tu es venu chercher, que Tu as mis dans ton Cœur, nous tes petits enfants chéris, nous sommes, avec Toi, Fils Bien-Aimé du Père, les fils bien-aimés du Père...

1-3-Le Fils parmi nous

1-3-1-La vie cachée de Jésus

Seigneur, pourquoi Vous cachez-vous tellement? Vous savez bien Jésus que ce n’est pas facile de parler avec quelqu’un qu’on ne voit pas. Vous l’avez expérimenté lors de votre Passion quand le Père se dérobait à votre vue, à vos oreilles, quand Il semblait Vous abandonner. Et Vous aussi, Jésus, vous avez appelé “Au secours!” Vous aussi Vous avez vécu l’apparent abandon du Père, ce bizarre délaissement quand tout semble se dérober sous nos pieds, quand tout s’enfuit de notre intelligence, quand nous ne comprenons plus et que nous nous mettons à avoir peur. Vous nous avez dit que Vous étiez en agonie jusqu’à la fin du monde... Alors, Vous aussi Jésus, Vous connaissez nos doutes, Vous savez combien il est parfois difficile de vivre de la foi pure.

Jésus, Vous savez que le cœur de l’homme crie souvent vers Dieu, vers Vous, pour Vous dire son amour, pour Vous dire que Vous êtes sa vie, son chemin, sa paix, que Vous êtes sa joie. Le cœur de l'homme crie souvent vers Vous et Vous supplie de lui répondre. Répondez-nous Jésus, répondez à nos appels. Ne soyez pas sourd: tant de gens ont besoin de Vous. Tant de gens ont besoin de Vous connaître pour Vous aimer. Tant de pauvres gens auraient besoin de Vous voir Jésus, pour croire en Vous, pour Vous aimer... car tant de voix discordantes, bien sensibles celles-là, ne cessent de leur affirmer que Vous n’existez pas, que Dieu est mort, ou s’Il n’est pas mort, qu’Il se soucie bien peu de nous.

Pourtant c’est vers la Croix que regardent tous les hommes que Jésus a sauvés, que Jésus sauve encore aujourd’hui. Que Jésus sauvera toujours! C’est vers la Croix que regardent ceux qui étaient présents à Gethsémani, ceux qui sont toujours présents, aujourd’hui comme hier, dans le cœur du Christ au Jardin des Oliviers.

Parfois nous sommes tristes, mais notre tristesse n’est pas pour nous, elle est pour Jésus. Ses paroles nous reviennent: “Comme ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront!” On pourrait dire aussi: comme ils m’ont rejeté, ils vous rejetteront. Comment cela peut-il se faire: persécuter Dieu, Le rejeter?

Contemplons Jésus... Le voici sur le point de naître: on Le rejette. Seule une pauvre crèche pourra L’accueillir. On Le présente au Temple: le pauvre vieillard Siméon annonce qu'Il sera un signe de contradictions, et que le cœur de sa Maman sera transpercé d’un glaive. Cela se vérifia pendant la Passion... Et puis, Jésus est tellement gênant pour Hérode qu’il veut Le tuer, le plus rapidement possible. Pour être sûr qu’il sera bien débarrassé de cet importun, tous les petits innocents devront aussi périr sous le glaive des soldats. Ainsi, on ne Le ratera pas. Mais c’était oublier les anges qui prévinrent Joseph, et avec lui Jésus prit la fuite et se réfugia en Égypte.

Puis Jésus resta silencieux pendant des années à Nazareth. On ne sut rien de Lui jusqu’au jour où Il se mit à enseigner les docteurs. Tout le monde admirait la science de ce jeune garçon. Mais ce n’était pas encore l’Heure, et Il retourna dans le silence de Nazareth, pour n’être plus que le fils du Charpentier. Cela dura dix-huit ans. Dix-huit ans de silence, d’oubli, d’humbles occupations, car Il devait redonner leur pleine valeur à nos actes quotidiens voulus par le Père.

Jésus, le Maître du monde, se cache... Il vient sauver le monde, et comme Il sait que le monde est mal dirigé et qu’il Le rejettera, Il reste dans l’ombre. Jésus se cache en attendant la seule Heure pour laquelle Il est venu, celle de la dériliction totale et de sa mort sur la Croix...

1-3-2-Jésus incompris

Maintenant l’Heure est venue. Jésus doit quitter la Maman, se faire reconnaître de Jean le Baptiste; Il doit dévoiler -enfin!- sa vraie filiation et révéler la sainte Trinité. Puis ce fut Cana, et "ses disciples crurent en Lui!" Ils Le suivirent et vécurent avec Lui, ils connurent son Amour et commencèrent à être méprisés à cause de Lui dont on ne voulait rien savoir, que l’on ne voulait surtout pas entendre car vraiment, ses Béatitudes, c’était inacceptable!... Et plus le temps passait, plus ceux qui auraient dû L’accueillir Le rejetaient. “Heureux serez-vous quand on vous persécutera et qu’on dira toutes sortes de mal à cause de Moi! Réjouissez-vous alors, et exultez de joie, car votre récompense sera grande dans le Ciel.” La récompense de ceux qui suivent Jésus sera peut-être grande dans le Ciel, mais nous, nous sommes sur la terre. Connaissant notre misère et notre faiblesse, Jésus nous a donné son Eucharistie pour être toujours avec nous. Pour être toujours notre vie, notre milieu vital.

1-4-Les choix de Jésus

Il est une chose que l’on ne remarque pas du premier coup: ce sont les choix de Jésus qui semblent souvent aller à l’encontre des choix humains. Ainsi, quand Jésus doit commencer sa mission, Il commence par s’abaisser publiquement en demandant le baptême de Jean. Oui, celui qui est sans péché demande à recevoir un baptême de pénitence!!! En réalité, ce baptême de Jésus, c’est l’instant étonnant où l’homme Jésus va recevoir l’effusion du Saint-Esprit et où le Père révèlera la filiation divine de l’homme Jésus de Nazareth, le fils du charpentier.

Jean le Baptiste a vu le Saint-Esprit descendre sur Jésus, sous la forme d’une colombe, et il a entendu la voix du Père: “Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui J’ai mis toute ma complaisance: écoutez-Le!” Et Jésus, le Fils de Dieu le Père, "poussé par l’Esprit, va s’en aller dans le désert, pour y être tenté par le diable". En réalité, Jésus va au désert pour trouver le Père et, en union avec Lui, faire ses choix, les choix de l’Homme-Messie de Dieu, pour sauver tous les hommes, en les ramenant à Dieu dont ils s’étaient séparés. La vie publique du Messie va commencer; et comme n’importe quel  homme, Jésus doit d’abord réfléchir aux moyens qu’Il va devoir employer pour faire réussir sa mission.

On peut être surpris par les choix de Jésus lors de ses grandes tentations au désert. Jésus ne sera ni un chef d’état, ni un grand seigneur puissant, ni un financier qui mène le monde grâce à son pouvoir et à son argent. Jésus ne fera rien de sensationnel que la science future pourrait mettre en cause. Non, Jésus sera humble, doux, sans argent, sans pouvoir. Jésus sera contredit, méconnu, critiqué, méprisé... Et quand l’Heure sera venue, Jésus choisira la Croix qu’Il avait désirée d’un si grand désir.

C’est clair, lumineux, sans appel: Dieu-Amour ne peut pas être un tyran, ni un riche, ni un grand seigneur. Dieu amour est bon, juste, humble... Dieu est Père. Et son Fils, son Unique avec qui Il ne fait qu’UN, ne peut qu’être doux et humble. Quelle merveille la douceur de Dieu, la douceur de Jésus! La grandeur de Dieu, son immensité, son infinitude, c’est sa douceur, c’est son humilité. C’est sa puissance qui est pour nous miséricorde...

1-4-1-Jésus et la volonté du Père, dans la Trinité

C'est l'aube... Jésus se lève doucement pour ne pas éveiller ses apôtres et Il se dirige vers la colline voisine dont le calme appelle au recueillement. Jésus s'asseoit sur un rocher et contemple la vue qui s'étend à ses pieds. Le paysage est superbe, et Jésus loue le Père qui a donné tant de merveilles aux hommes. Là-bas, au loin, Jésus imagine le serpent d'airain que Moïse donna aux Hébreux pour les protéger des morsures brûlantes et mortelles des serpents du désert. Tout est paix autour de Jésus... mais soudain une pensée terrible le fait pâlir. Une autre montagne s'impose à son esprit: la montagne du Calvaire; un autre serpent d’airain surgit, un signe élevé vers le ciel pour que les hommes soient sauvés. Jésus contemple une croix sur laquelle meurt un homme atrocement torturé... et cet homme, c’est Lui. Et sa nature humaine, secouée de douloureux frémissements, se révolte et dit: “ Non! Non Père! Non Père!...”

La nature humaine de Jésus, crie non! de toute sa puissance, mais en Lui, en même temps, une autre voix s’élève:

― Ô mon Fils Bien-Aimé, mon Unique, Tu sais bien que c’est notre choix, notre volonté divine. Souviens-Toi comment Toi, le Verbe, mon Verbe, me proposa la Croix pour guérir tous nos enfants. Souviens-Toi, mon Fils, Toi, mon Verbe et Fils Unique, mon Christ, souviens-Toi comment Tu proposas pour Toi, le Chemin de la Croix pour sauver tous les hommes. Ta proposition devint notre volonté trinitaire, devint aussi ta volonté...

― Oui, Père, j’accepte ma volonté divine, mais aujourd’hui ma nature humaine se révolte. Donne-Moi, Père, la force de continuer le chemin décidé pour devenir le Nouveau Serpent d’airain, la Croix bienheureuse vers qui se tourneront, pendant les siècles des siècles, les regards angoissés des hommes qui cherchent la paix, des hommes qui nous cherchent.

Cet étrange combat dans le Cœur de Jésus dura longtemps. Très longtemps. Jésus-homme se débattait, Jésus-Dieu s’apaisait. Des larmes ruisselaient sur les joues de Jésus... Mais l’Amour fut le plus fort. Jésus se releva, et rempli de la force du Père et de son Esprit, Jésus, homme, mais Un dans la Trinité sainte, retourna vers ses apôtres, vers les hommes.

1-4-2-L'Agneau de Dieu

À Jérusalem quelques jours avant la passion.

Jésus est parti très tôt ce matin là, pour rejoindre le Père, et les apôtres L’ont suivi discrètement: ils ont besoin de Lui. Jean s’est avancé tout près de Jésus; les autres sont un peu plus loin: Pierre n’ose pas “toucher” sa divinité qu’il a devinée hier. Et puis, il se souvient de la transfiguration, et il est de plus en plus intimidé.

Jésus parle avec le Père. Jésus est complètement absorbé dans sa contemplation. La divinité de Jésus-Verbe de Dieu a rejoint le Père, et l’Esprit semble planer au-dessus de Lui. Jésus est merveilleusement beau: les apôtres retiennent leur souffle... Jean pleure... Pierre est comme en adoration.

Jésus sait que ses apôtres sont là, près de Lui. Il ne leur cache pas l’intensité de sa prière car ils doivent apprendre l’oraison qui unit à Dieu.

Jésus, s'est assis sur un rocher placé là, sur le bord du pré. Il regarde les petits agneaux dont beaucoup seront bientôt sacrifiés à l’occasion de la Pâque. Une brebis et son agneau se sont approchés de Lui... Il prend l’agneau dans ses bras et l’embrasse. Le berger a reconnu Jésus et il Le laisse faire. Jésus berce doucement le petit agneau contre son Cœur, Il le caresse affectueusement et Il lui dit comme des mots d’amour:

― N’aie pas peur, tout petit, n’aie pas peur. Le Père n’abandonne jamais ceux qui L’aiment, mais Il les reçoit dans ses demeures éternelles, là où la mort n’existe pas, là où les hommes peuvent s’aimer. N’aie pas peur, mon tout petit, bientôt les hommes ne sacrifieront plus des milliers de petits agneaux comme toi pour le pardon de leurs péchés. Les animaux ne peuvent pas effacer les péchés des hommes; seul l’Agneau de Dieu, le véritable Agneau Pascal peut effacer tous les péchés, et Il va bientôt les prendre sur Lui. Il va se livrer au Père et accomplir la volonté divine. Il va être livré aux mains des méchants qui feront sur Lui tout ce qu’ils voudront, et ils Le crucifieront. Mais le troisième jour Il ressuscitera.

1-4-3-Jésus persécuté

Jésus fera toute la volonté du Père, jusqu'à la croix, jusqu'à Gethsémani... À cette pensée Jésus pleure car Il est incompris: incompris des pharisiens, des prêtres du temple, de ses contemporains, de sa famille, de ses amis, et même de ses apôtres! Ses ennemis l’accusent de vouloir se faire Roi et de prendre le pouvoir... C’est normal: on juge les autres comme l’on est soi-même. Mais ses disciples, ses apôtres... L’un d’eux est sur le point de Le livrer aux chefs des juifs. Les trois, Pierre, Jacques et Jean,  dorment... Les huit autres dorment aussi, mais après avoir longuement discuté entre eux sur “les idées bizarres de leur Maître qui ne cesse de parler de sa mort prochaine... alors que tout est si calme ce soir...”

Jésus est seul, incompris de tous ceux qu’Il aime. Il est et sera toujours incompris, non seulement des pécheurs qui ne veulent pas s’ouvrir à l’amour de Dieu, mais incompris de ses amis, de ceux qu’Il aime le plus, de ses privilégiés et de ses consacrés. L’Amour de Jésus pour les hommes est incompris. Jésus se recueille encore plus. Uni au Père Il renouvelle son choix divin, Il ira jusqu'à la Croix.

Très Sainte Trinité nous ne pouvons comprendre; avec Jésus nous cherchons la volonté du Père. Nous voudrions Te chanter des hymnes de louange, des mélodies d’amour, des cantiques de gloire, mais nous restons avec notre pauvreté et toutes nos souffrances, avec notre ignorance, avec notre faiblesse et notre impuissance à aimer Dieu véritablement. Nous voudrions Te louer Très Sainte Trinité, mais nous n’avons pas de mot, pas de musique, pas de rythme... Nous  ne pouvons que tendre vers Toi pour T’accueillir en nous, en accueillant Jésus.

1-4-4-Gethsémani

Gethsémani ! Quel mystère! Le Fils de Dieu, la Parole de Dieu incarnée qui ploie sous le fardeau des péchés du monde. Le Fils de l’Homme écrasé par la haine des hommes, par l’incompréhension des hommes et la trahison des siens. Gethsémani! “Père, si c’est possible, éloigne de Moi ce calice!” implore Jésus accablé, terrassé, détruit par nos divisions, nos hérésies, nos guerres, nos manques de foi, nos manques d’amour. “Quand le Fils de l’Homme reviendra, trouvera-t-Il encore la foi sur la terre?”

Gethsémani ! “Mais, Père, pas ma volonté, la tienne!” Gethsémani! Le Fils se soumet au Père. Le Fils se soumet à la volonté de Dieu, donc sa volonté à Lui aussi, le Fils; le Fils de Dieu se soumet à la volonté de la Sainte Trinité, un seul Dieu: Père, Fils et Esprit. Jésus, Parole du Père, Dieu-Fils incarné pour le salut de toute l’humanité, Jésus se soumet à la volonté de la Très Sainte Trinité, Dieu unique dont Il est une des trois personnes. La seconde Personne de la Trinité Sainte se soumet à la volonté divine, mais Jésus incarné est homme et souffre l’horreur de Gethsémani. Mais Jésus-homme se soumet. Dieu le Père Lui envoie l'Ange de sa consolation. Et Jésus se redresse...

Jésus peut aller vers sa Passion...

1-5-Jésus révèle la Trinité

1-5-1-Jean contemple Jésus transfiguré

Un jour, Jésus a dit: “Je Te bénis, ô Père, d’avoir révélé ces choses aux pauvres et aux petits, et de les avoir cachées aux riches et aux savants.” Les pauvres dont Jésus parle, ce sont, bien sûr, ceux dont le cœur est pauvre, humble, ouvert, prêt à recevoir ses enseignements et à les aimer, sans immédiatement les décortiquer dans tous les sens comme ceux qui remettent sans cesse en cause ses Paroles, ces riches qui ne peuvent pas les comprendre.

Entrons dans la Transfiguration de Jésus. Il est monté sur le Thabor avec les trois disciples qu'Il choisissait souvent pour assister à des événements exceptionnels: Pierre, Jacques et Jean. L’évènement qui va survenir est en effet exceptionnel...

Nous sommes sur le mont Thabor. Voici que Jésus se transfigure. Avec Lui, il y a Moïse et Élie. Moïse et Élie ont eu le privilège de rencontrer Dieu de leur vivant sur la terre. Moïse dans le Buisson ardent, et plus tard quand Dieu lui parlait face à face. Élie, dans la brise légère... Jésus, Dieu et Homme, est le Pont qui relie Dieu avec les hommes. Le Père d’ailleurs va l’annoncer clairement: “Voici mon Fils en qui je mets toutes mes complaisances, écoutez-Le!”

Jean écoute; il est perplexe. Où a-t-il déjà entendu ces paroles?

Soudain Jean se souvient: Oui, c’était tout au début; j’étais avec André. Nous ne connaissions pas encore le Maître, mais Il nous attirait. Nous regardions le Baptiste, et soudain ces paroles, et la colombe... Puis le Baptiste nous fait signe de suivre Jésus. Nous avons suivi l’Agneau de Dieu, et nous avons passé la journée avec Lui... Et nous avons senti pour la première fois l’immensité de son Amour. Je savais déjà que je suivrais toujours cet homme, jusqu’à la fin de ma vie.

Jean contemple, avec une intensité nouvelle, Jésus transfiguré. Jean entend les Paroles du Père, et son amour pour son Seigneur se trouve soudain décuplé. Jean est en extase.

Jean est en extase et se meurt d’amour. Jean voudrait lui aussi demeurer là éternellement... Mais Jésus appelle ses trois amis:

― Surtout, ne racontez à personne ce que vous venez de voir. Vous ne le direz que plus tard, quand je serai resuscité d’entre les morts.”

Jean regarde Jésus. Il ne comprend pas très bien, mais il se tait. Jean écoute de nouveau Jésus qui parle de sa passion toute proche: “Je serai arrêté; Je serai mis à mort, crucifié!”

― À Dieu ne plaise! s’écrit Pierre.

Jésus se fâche comme jamais Jean n’avait vu Jésus se fâcher. Jean regarde Jésus, regarde Pierre, regarde Jacques qui lui aussi semble stupéfait. Jean se rapproche de Jésus et se serre contre Lui, très fort. Pauvre Jean, il ne comprend pas, mais il sait que sa sécurité, c’est Jésus, et Jésus seul.

Et nous ? Qu'aurions-nous fait si nous nous étions trouvés dans la même situation? Contemplons Jésus dans la Très Sainte Trinité. Le Père et Lui sont infiniment heureux parce qu'Ils baignent dans l’Amour, qui est leur milieu vital; en fait ils sont eux-mêmes leur milieu vital. Le Père et le Fils, UN dans l’Amour, sont infiniment heureux parce que rien ne peut venir troubler l’Amour qui les unit, l’Amour qui est Dieu Trinité. Oui, le Père aime le Fils qui aime le Père, infiniment, éternellement, sans aucune faille, sans aucun manque, sans rien qui puisse venir troubler leur Béatitude dans l’Amour.

L’Amour du Père et du Fils dans la Trinité est infinie Béatitude. L’Amour qui unit le Père et le Fils ne sera jamais douleur: cela ne se peut pas. La Béatitude de Dieu ne peut donc jamais être touchée par la douleur car cette Béatitude reste éternellement dans son milieu vital, l’Amour. Pourtant, après sa transfiguration, Jésus parle de sa mort. Jean ne comprend pas, mais il se tait.

1-5-2-Méditation : pourquoi seulement trois apôtres?

Jésus, Tu emmènes avec Toi, Pierre, Jacques et Jean. Pour qu’ils soient forts pendant ta Passion, et qu’ils se souviennent de cette vision. Mais pourquoi eux seuls? Les autres aussi auront besoin d’être forts. Jésus, Tu emmènes avec Toi, Pierre, Jacques et Jean. Ils sont fatigués car il fait chaud, et le sentier qui monte au sommet de la colline est bien raide... Mais Tu veux qu’ils découvrent la joie de Te suivre, malgré l’effort que cela demande parfois. Mais pourquoi ces trois seuls? Les autres aussi auraient pu faire cet effort et connaître ta joie. Pourquoi toujours ces trois? N’est-ce pas injuste?

Jésus, Tu emmènes avec Toi, Pierre, Jacques et Jean. Tu as un enseignement important à leur délivrer, car ils devront, plus tard, fortifier leurs frères dans la foi... Mais pourquoi eux seuls? Les autres aussi devront plus tard fortifier leurs “ouailles” dans la foi... Jésus, Tu emmènes avec Toi, Pierre, Jacques et Jean. Tu dois avoir une vraie raison pour n’avoir choisi que ces trois-là.

Jésus, Tu emmènes avec Toi, Pierre, Jacques et Jean. Vous voici au sommet. Pourquoi ces trois seuls? Jacques[2] sera le premier évêque de Jérusalem, et le premier évêque martyr: c’est une très grande grâce, mais une grâce redoutable... Pierre, bientôt Te reniera; Tu le sais. Mais Tu sais aussi que Pierre a besoin, plus encore que les autres, d’apprendre l’humilité: c’est une vertu si rare et si difficile, l’humilité...

Jésus, Tu emmènes avec Toi, Pierre, Jacques et Jean. Soudain paraît une grande lumière qui T’enveloppe tout entier. Et voici Moïse et Élie... Et une “une nuée les recouvrit, et une voix vint de la nuée: celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, écoutez-Le.” (Marc, IX, 2-10) Jean se souvient: il a déjà entendu cette voix et ces paroles. C’était au bord du Jourdain, quand le Baptiste invitait la foule à recevoir un baptême de pénitence. La voix désignait Jésus, le Fils Bien-Aimé. Jean se laisse remplir d’amour, lui qui sera plus tard l’apôtre de l’Amour.

Jésus, Tu emmènes avec Toi, Pierre, Jacques et Jean. Voici que de nouveau Tu es seul. Seul avec tes trois apôtres à qui Tu devais apprendre l’humilité. Tu devais enseigner Pierre qui sera le chef: et Pierre devait apprendre de son Maître bientôt crucifié, que le disciple n’est pas plus grand que le Maître, et que, si le maître a été humilié, le disciple le sera aussi. L’humilité, c’est la grandeur des forts, c’est la force des responsables.

Jésus, Tu emmènes avec Toi, Pierre, Jacques et Jean. Tu es seul avec les trois que Tu aimais. Tu devais enseigner Jacques et le préparer, déjà, à ce qui sera son sacrifice suprême: “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour Celui que l’on aime.” Mais un tel sacrifice suppose que l’espérance habite le cœur de celui qui va mourir. Surtout quand celui qui doit faire ce sacrifice est choisi pour être le premier d‘une longue liste.

Jésus, Tu emmènes avec Toi, Pierre, Jacques et Jean. Toi, le Bien-Aimé du Père, Tu dois mettre au cœur de l’apôtre que Tu aimais, tout l’Amour dont il saura devenir l’apôtre infatigable.

Jésus, Tu emmènes avec Toi, Pierre, Jacques et Jean. Voici que ton humilité dévoile maintenant la splendeur de ta divinité.

Dans le Livre du Père Galot, intitulé Le Cœur du Père, on peut lire : “Le Père, quand Il voulut se manifester aux hommes, dans son humilité, se cacha, d’abord derrière le Fils, puis, derrière l’Esprit, quand le Fils dut rejoindre le Père... Car le Père est humble.”

Humilité de Dieu-Tout-Puissant, difficile à comprendre par des hommes faibles et orgueilleux. Humilité de Dieu qui se cache dans la confiance qu’Il suscite en nous pour que nous n’ayons pas peur de venir à Lui. Humilité de Dieu qui, lorsqu’elle vient à nous, s’appelle confiance ou espérance! Oh! humilité de Dieu, es-tu dans ce fétu de paille que Dieu nous tend et qui nous permet de nous hisser vers la lumière divine que les saints ont reconnue? Humilité de Dieu qui nous invite à l’espérance, qui nous tend la confiance, est-ce toi, ce fétu de paille que Tu tends, discrètement, aux pauvres fourmis humaines qui voudraient bien aller dans la lumière, ta lumière, mais dont les pattes sont encore trop empêtrées dans la boue du chemin?  

Humilité de Dieu, humilité du Père, humilité du Fils, vous nous donnez l’Esprit, vous nous donnez l’Amour, l’Amour baigné dans l’espérance! Humilité de Dieu qui se transforme en fétu de paille pour ne pas effaroucher les fourmis humaines qui sont ses délices, les fourmis qu’Il aime, car Dieu fait ses délices dans la compagnie des hommes. Humilité de Dieu manifestée dans l’espérance qu’Il nous tend!


[1] Le Véritable, c'est-à-dire le seul vrai Dieu.
[2] S'il s'agit de l'autre Jacques, celui qui n'est pas le frère de Jean de Zénédée. L'Évangile ne précise pas.

   

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