La terre, nous le
savons, est dans le Cœur de Dieu, car Dieu a mis les hommes qu'Il
aime, sur la terre, ces hommes que Dieu avait trouvés "très bons"
lorsqu'Il les eut créés. Mais le Cœur de Dieu, c’est le Cœur de la
Trinité; nous ne pouvons donc pas exprimer le Cœur de Dieu, le Cœur
de la très Sainte Trinité. Le Cœur de Jésus est là, uni au Cœur du
Père, dans l’étreinte éternelle de leur Amour brûlant d’où jaillit
l’Esprit qui est Cœur du Père et du Fils, Cœur de Dieu, Cœur de la
Trinité, Dieu unique mais pas seul car Famille éternelle dont
l’Essence est l’Amour. Comment imaginer cette image étonnante de la
terre des hommes vivant dans le Cœur de la Trinité Sainte?...
Essayons cependant en imaginant la Trinité comme une fleur.
Voici la Fleur divine,
Trinité sainte, d'où sort comme un pistil. La Fleur, Cœur de Vie,
Cœur d’Amour. C’est le Cœur de Dieu, le Cœur palpitant de la Vie de
l’Amour, le Cœur d’où naît la création... Et, effleurant presque le
pistil, comme un grain de pollen qui doit bientôt y pénétrer pour
faire germer la vie créée, il y a la terre. Plus besoin d’échelle de
grandeur. La terre, comme un grain de pollen, se serre contre le
Stigmate divin, le Cœur de son Seigneur Créateur et Maître. Et il
n’y a plus que de l’Amour, et les tout petits hommes se nourrissent
d’amour, de l’Amour du Seigneur.
Laissons l'image
évoluer en nous. La fleur que nous devinons est toujours la même,
une fleur d’un seul pétale, le Père et son Verbe, formant une grande
corolle, mais le pistil a disparu: il n’est pas nécessaire puisque
Dieu unique, éternel et tout-puissant n’a pas à se reproduire. Son
utilité, pour nous, est de montrer combien la terre est proche du
Cœur de Dieu qui ne désire que la rapprocher de Lui et de son Cœur
de Dieu. Et de montrer aussi que seul Dieu peut satisfaire un cœur
humain.
Nous comprenons
maintenant que Dieu a un désir inouï, impensable, stupéfiant:
prendre en Lui, tout au fond de son Cœur, tous les hommes de la
terre pour en faire le Corps mystique du Verbe, son Verbe, et le
placer au centre de sa Création. La terre est dans le Cœur de Dieu,
le Corps mystique se construit avec tous les hommes qu’Il aime et
dont Il veut être aimé, car Dieu est Amour.
Jésus nous aime. Il
nous a mis dans son Cœur pour que nous vivions au rythme de son Cœur
divin, au rythme de ses désirs, de ses volontés, de son Amour; pour
que sa volonté devienne la nôtre, pour que nous ne voulions que ce
qu'Il veut. Mais qu'est-ce que cela veut dire?
Nous ne sommes pas
"soumis" à une volonté arbitraire. Nous ne sommes pas "soumis" à
Dieu, car, se soumettre, cela veut dire: se mettre sous, et quand on
aime, on ne peut pas être “sous”. On ne peut que vouloir ensemble.
Nous ne sommes pas bêtement "soumis" à Dieu car Dieu n'impose
jamais. Sa volonté est amour et bonheur. Quand la volonté de Dieu
est devenue la nôtre, ses désirs sont aussi les nôtres. Ce qu'Il
veut nous le voulons librement. Nous sommes toujours sur la terre
des hommes, mais la terre est dans le Cœur de la Trinité, dans le
Cœur de Dieu, dans le Cœur de l’Amour, de l’Esprit d’Amour. Donc
tous les hommes sont dans le Cœur de la Trinité sainte...
Ô Seigneur, Dieu UN et
trine, comme Tu nous aimes!
La joie, c'est une
prise de conscience de l’immensité de l’Amour de Dieu, et du miracle
qu’est chaque homme. Déjà le psalmiste s’étonnait et s’émerveillait
en contemplant “l’être étonnant qu’il était”, l’être étonnant qu’est
chaque homme en particulier. Car un homme, c’est un vrai miracle, et
un miracle permanent. La vie humaine, -on pourrait d’ailleurs en
dire presque autant de la vie animale- la vie est un vrai miracle.
On est tellement habitué à la vie qu’on n’y porte presque plus
attention... Et pourtant!
Quand on médite un peu
sur la vie, on reste en admiration devant une telle merveille. Par
quel miracle une petite cellule microscopique a-t-elle pu grandir
seule, et se différencier avec une telle précision et une telle
perfection? Toute seule, sans qu’aucun être terrestre intelligent
n’intervienne! Jamais! Et comment, l’homme une fois formé, mais
petit, peut-il se développer, grandir, acquérir des qualités
physiques, et surtout des qualités d’intelligence et de cœur? Tout
ceci, encore tout seul, sans que l’intéressé n'ait à intervenir!
Puis la vie continuera.
L’homme devra manger pour entretenir sa vie, mais la digestion et
l’assimilation se feront toutes seules. Toutes seules se feront les
fonctions vitales... Et toutes seules, les nouvelles vies se
développeront...
Et surtout l’homme sera
sensible: au beau, au bon, au bien, au mal. Il pourra choisir le
bien et rejeter le mal. Il pourra aimer! D’ailleurs il est fait pour
l’Amour, l’Amour de Dieu et du prochain, bien sûr! Contemplant la
vie, la vie que Dieu nous donne à chaque instant, malgré nos refus
de L’aimer, contemplant la vie et l’Amour, nous nous émerveillons:
qu’est donc cet être étonnant que je suis? Oui, l'homme est une
merveille, une merveille qui nous donne comme le droit -le droit, ou
le devoir?- d’ajouter de nouvelles béatitudes à celle que Jésus nous
a proposées:
– Bienheureux ceux dont
le cœur s’émerveille car ils seront heureux, éternellement heureux,
et leur émerveillement n’aura pas de fin.
– Bienheureux ceux qui
s’émerveillent des œuvres de Dieu, leur éternité ira
d’émerveillement en émerveillement.
– Bienheureux ceux qui
s’émerveillent de l’Amour, Dieu les aime et leur fera la grâce de
pouvoir L’aimer toujours davantage, d’un Amour inépuisable et
toujours renouvelé.
– Heureux ceux qui
s’émerveillent de Dieu, ils seront appelés les ravis, enfants de
Dieu.
– Heureux ceux qui
s'émerveillent des merveilles de Dieu, de Dieu Père, de Dieu Fils,
de Dieu Esprit, Esprit d'Amour!
Nous sommes émerveillés
de Vous, de Vous Père, de Vous Fils, de Vous Esprit d’Amour, Esprit
de l’Amour du Père et du Fils. Nous sommes émerveillés de Vous
Trinité Sainte, Dieu Puissant que nous adorons, mais aussi
Dieu-Amour que nous aimons.
Votre cœur, ô Jésus,
nous émerveille: comment pouvez-Vous nous aimer tellement ? Jésus,
votre cœur nous émerveille, nous sommes bienheureux, car
émerveillés...
Poursuivons notre
méditation sur la très sainte Trinité. Dieu est unique, bien qu’Il
soit trois Personnes puisqu’Il est Amour. Dieu est unique en trois
Personnes en relations constantes et éternelles. Si l’on considère
le Cœur de Jésus qui nous est naturellement si accessible, nous
découvrons forcément le Cœur du Père puisque les Deux ne font qu’Un.
Le Père engendre le Fils et les Deux s’étreignent d’une étreinte
d’Amour infinie et d’une telle intensité que de cette étreinte
jaillit l’Esprit.
Et l’Esprit s’épanouit,
en Dieu d’abord, puis dans ce qu’Il crée, enfermant tout en
Lui-même, puisqu’Il est l’Amour dont s’aiment le Père et le Fils,
puisqu’Il est l’Amour et qu’Il inonde la création de cet Amour,
création qui est elle-même extériorisation et manifestation de cet
Amour.
Tout ceci nous dépasse
infiniment. Heureusement Catherine de Sienne nous fait pressentir le
Cœur du Père dans ses "Dialogues". Curieusement, quand on cherche à
découvrir comment cette mystique a compris l’Amour de Jésus au cours
de ses révélations, c’est le Cœur du Père que nous découvrons: le
Cœur du Père parlant de son Fils. C’est en écoutant le Père nommer
sans cesse le Fils comme un Autre Lui-même, le Fils dans lequel Il
se complaît et qu’Il admire, que nous sentons l’Amour ineffable qui
unit le Père et le Fils. C’est une intuition extraordinaire, c’est
une complaisance amoureuse sans faille et pleine d’admiration: oui,
le Père est en admiration devant le Fils dont Il est comme amoureux.
Nous contemplons
vraiment la Trinité de Dieu. Nous ne savons plus qui est le Père,
qui est le Fils, ni qui est l’Esprit. Mais au fond peu importe
puisqu’Ils ne sont qu’Un. Puisque leur Amour c’est l’Amour qu’Ils
nous donnent. Puisque leur Amour, c’est l’Amour de Jésus, l’Amour
Rédempteur, l’Amour qui pardonne, l’Amour miséricordieux, l’Amour
qui apaise et guérit, l’Amour-Tendresse, l’Amour qui aime sans
compter, l’Amour qui nous poursuit, l’Amour que nous aimons car Il
nous aime, car Il nous a toujours aimés, car Il nous a aimés le
premier, quand nous étions encore pécheurs. Pécheurs, nous le serons
toujours, mais pécheurs pardonnés, pécheurs purifiés, pécheurs aimés
à la folie par Celui que nous cherchons toujours, même sans le
savoir.
Ô Seigneur! Comment
pouvez-vous nous aimer tellement? Seigneur Jésus, gardez-nous à
l’abri, dans votre Cœur, votre Cœur de Dieu Un avec le Cœur du Père,
Un avec le Père et l’Esprit... Votre cœur qui veut nos cœurs, votre
cœur de Crucifié qui nous attend dans votre Cœur. Gardez-nous Jésus!
Faites grandir en nous cette espérance qui est la vie, si nous
restons avec vous, dans votre Cœur, dans le Cœur de la Trinité.
Alors la mort ne nous
concerne plus, car mourir c'est entrer dans la Vie, c'est entrer
dans l'Amour trinitaire.
Certains commentateurs
de l'Évangile font parfois une étrange remarque: sur la Croix, Dieu,
qui meurt de la main des hommes, nous pardonne en nous donnant le
Sacrement qui nous réconcilie avec Lui, Dieu toujours vivant,
Éternelle Trinité de l’Amour. Sommes-nous en présence de la Trinité
sur la Croix?
Sur la Croix de
l'église de San Damiano à Assise, celle du haut de laquelle Jésus
parla à Saint François d’Assise et lui demanda de réparer son
Église, sont dessinés, en haut, les apôtres. Autour du Cœur de
Jésus, voici Marie, des Saintes femmes et d’autres grands saints.
Tout en bas de la Croix, et en tout petit, nous sommes là aussi avec
tous les autres hommes. Sur la Croix, Dieu ne meurt pas: au
contraire, la Trinité, plus vivante que jamais, se manifeste aux
hommes dans une clarté tellement vive qu’on a bien du mal à la
distinguer.
Sur la Croix, Dieu ne
meurt pas, c’est l’Homme Jésus, le Fils de l’Homme qui meurt en
libérant l’Esprit, lequel révèle la présence du Père puisque
l’Esprit-Saint c’est l’Amour du Père et du Fils, c’est la spirale
éternelle et infinie de l’Amour. Ainsi, sur la Croix, au moment
précis où Jésus meurt, le Verbe de Dieu, nature divine de Jésus,
après avoir prononcé ses dernières paroles, rejoint le Père qui,
quoique toujours présent, était momentanément caché aux sens de
l’Homme Jésus mourant. Jésus, en mourant, libère le Verbe qui
rejoint le Père, faisant ainsi jaillir l’Esprit.
Miracle des miracles!
La Trinité, dans sa Vérité, est là, près des hommes “qui ne savent
pas ce qu’ils font.” Comment le pourraient-ils, d’ailleurs? Mais
Dieu Créateur sait ce qu’il y a dans l’homme, de faiblesse, de
petitesse, de fragilité, mais aussi de capacité d’amour puisqu’Il
l’a fait à son image... Dieu pardonne l’immense péché des hommes,
car Il sait aussi que le plus grand coupable, le seul vrai coupable,
c’est l’Ennemi invisible qui ne cesse de rôder, “comme un lion
rugissant, cherchant qui dévorer.”
Jésus, Dieu et homme a
vaincu Satan, et sur la Croix de Jésus, la Trinité est triomphante.
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