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Quand la Trinité se révèle
L'Évangile nous montre
que la Trinité est présente dès le début de la vie publique de
Jésus, dès son Baptême, la Trinité se révèle: "Jésus
ayant été baptisé sortit aussitôt de l'eau, et voilà que les cieux
s'ouvrirent pour lui, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une
colombe et venir sur lui. Et voilà que des cieux une voix disait:
'Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes
complaisances.'" (Luc III,
16-17)
Au moment de sa mort Jésus dit: "Père,
en tes mains je remets mon esprit." Et en disant ces mots il
expira avec un grand cri. (Luc XXIII, 46)
D'une manière étonnante la Sainte Trinité
est constamment présente tout au long de l'Évangile. Les questions
directes de quelques apôtres ont même permis à Jésus de s'expliquer
clairement.
C'était pendant le dernier enseignement
de Jésus, pendant la dernière Cène. Soudain l'apôtre Philippe
s'écria: “Seigneur, montre-nous le Père; cela nous suffit!”
Jésus réagit instantanément, comme étonné: “Il y a si longtemps
que je suis avec vous, et tu ne Me connais pas Philippe! Celui qui
m’a vu a vu le Père!”
Seigneur, es-Tu vraiment aussi étonné que
Tu en as l’air? Tu affirmes souvent des choses incroyables qui
ressemblent, pour les gens instruits de ton époque, à des
blasphèmes, et Tu T’étonnes que Philippe Te demande de lui montrer
le Père? Tes apôtres ne connaissent pas encore très bien la sainte
Trinité. Certes, Tu leur parles fréquemment du Père comme d’une
personne que Tu rencontres souvent lorsque Tu pries. Tu parles de
Dieu comme étant ton Père, l'Être divin que Tu aimes. Tu leur parles
du Père qui s’est manifesté lors de ton Baptême et plus récemment au
moment de ton entrée triomphante à Jérusalem, alors comment
pourraient-ils imaginer que Tu es dans le Père et que le Père est en
Toi, que le Père demeure en Toi comme Tu demeures dans le Père?
Des siècles plus tard, le Père,
s’adressant à Saint Bernard lui dira: “Moi et le Fils, mon
Unique, nous sommes UN.” Intellectuellement, tout cela se tient
très bien. Mais pratiquement, dans la vie de tous les jours, notre
vie d’aujourd’hui? À part quelques âmes super-privilégiées qui
devront accomplir une mission spéciale, souvent très difficile, à
part ces quelques rares cas spéciaux, personne ne voit Jésus. Alors
comment pourrions-nous voir le Père?
Jésus, Tu comprends les hésitations de
tes apôtres; d’ailleurs Tu insistes: oui, “celui qui croit en moi
accomplira les mêmes œuvres que Moi.” Jésus, en ce moment Tu es
homme et tes miracles sont là pour affirmer ta divinité invisible.
Tes apôtres devront bientôt eux aussi affirmer ta divinité, après ta
Résurrection; ils prouveront la véracité de leurs affirmations en
renouvelant les œuvres que Tu fis?
Pauvre Philippe! Il Te regarde de plus en
plus étonné et perplexe, car voici, en effet, que Tu ajoutes:
“Celui qui croit en Moi accomplira de plus grandes œuvres que les
miennes puisque je pars vers le Père.” Voyons, Jésus, sois
raisonnable: es-Tu dans le Père, ou vas-Tu vers Lui? Comme les
choses de Dieu sont complexes! Comme la foi, si elle ne nous est pas
donnée par Dieu est difficile parfois, sinon impossible! Quel cadeau
incroyable: avoir la foi, croire en Dieu-Père, croire en Dieu-Fils,
dans l’unité d’un même l’Esprit...
Voici Dieu qui crée l'Homme... Dieu
“prend” un peu de la boue terrestre et commence à modeler l’Homme.
Dieu “fabrique” l’Homme, mais pas n’importe comment. Dieu façonne
séparément chaque petit homme qui doit une cellule vivante du grand
Corps de son Fils. Le Père modèle chaque petit homme avec amour,
avec précision, car chaque petit homme est destiné à occuper une
place spéciale et merveilleuse dans le grand Corps du Fils. Il ne
faut pas faire n’importe quoi, et le Père ne fait jamais n’importe
quoi: Il aime. Chaque petit homme aura donc sa place spéciale dans
le Corps, pour y remplir une mission particulière, essentielle,
place et mission très utiles, mais personnelles, car Dieu aime.
Dieu fabrique les petits hommes un à un,
avec un amour personnel, et décide que, pour qu’il soit vraiment
heureux à sa place, chaque petit homme devra aimer Dieu et ses
desseins d’amour comme Dieu l’aime, lui le petit homme. Alors Dieu
dit à chaque homme: “Je T’aime! Veux-tu M’aimer?” Et chaque petit
homme devra répondre individuellement et librement: “Oui, je
T’aime!”
Chaque petit homme devra répondre
librement, car l’amour n’est pas robotissable, l’amour est libre car
il vient de Dieu..
L’amour n’est pas robotissable car il
vient de Dieu; l’amour est libre, étonnamment libre. Étrange!
Étrange ou présence de l’Esprit d’amour? Dans le paragraphe 19 du
décret Dei Verbum, du Concile Vatican II, il est
écrit: “D’une façon ferme et constante, la sainte Mère Église a
affirmé et affirme que les quatre Évangiles énumérés, dont elle
atteste sans hésiter l’historicité, transmettent fidèlement ce que
Jésus le Fils de Dieu, pendant qu’Il vivait parmi les hommes, a
réellement fait et enseigné en vue de leur salut éternel, jusqu’au
jour où Il fut enlevé au ciel....”
L'Église affirme que l'Esprit-Saint
souffle sur les Conciles qui réunissent tous les évêques du monde
entier. Donc, à partir des faits historiques, on peut voir saint
Jean l’Évangéliste... Curieuse destinée! Il est, le premier avec
André, à rencontrer Jésus après son Baptême. Et c’est le Baptiste
lui-même qui les invite à suivre Jésus commençant sa vie publique.
André suivra son chemin jusqu’à sa croix et Jean sera le dernier
apôtre vivant. Il a beaucoup souffert, il a été emprisonné;
maintenant il est vieux et il rassemble ses souvenirs: aujourd'hui,
il est le dernier apôtre vivant. Il est le premier apôtre et le
dernier: le premier à avoir suivi Jésus avec André, et le dernier à
avoir témoigné du Christ et à avoir prêché sa Bonne Nouvelle. Tous
les autres sont morts...
Plongé dans une société de tradition
orale, Jean a passé des années et des années à raconter Jésus;
maintenant il est vieux, et il comprend qu’il doit écrire ses
souvenirs pour ceux qui viendront après lui. Alors il écrit, ou il
dicte ses souvenirs. Et tout ce que le Seigneur a dit lui revient en
mémoire. Mais "il y a tant de choses que le monde ne suffirait
pas à les contenir": Il faut donc mettre un peu d’ordre. Alors
Jean révèle Jésus Verbe de Dieu; et Jean révèle l’Amour. Et Jean se
souvient du dernier jour de la vie terrestre de Jésus: comme ses
enseignements furent denses pendant ce dernier soir étonnant et
dramatique!
Jean revit la dernière Cène de Jésus, sa
première Eucharistie à lui, Jean. Et Jean comprend soudain les
Paroles de vie de Jésus: “Je suis le pain de vie... Je suis le
pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain,
il vivra éternellement; et le pain que je donnerai est ma chair pour
la vie du monde... Qui mange de ce pain vivra pour toujours.”
Oui, Jean se souvient de ces paroles qui avaient tellement
déconcerté les disciples de Jésus. Beaucoup étaient partis... Jean
était resté avec les apôtres car Jésus “avait les paroles de la
vie éternelle...” même quand elles étaient obscures. Des
milliers de fois Jean avait célébré l’Eucharistie, et, rappelant la
mort de Jésus, il avait dit et redit ses Paroles: “Ceci est mon
Corps livré pour vous; ceci est mon Sang versé pour vous.” Mais
curieusement, aujourd’hui, il découvre dans son cœur le lien
invisible unissant les paroles de Jésus qui ont suivi la
multiplication des pains, à celles qui, à chaque fois que lui, Jean,
les redit, rend Jésus présent, vivant et nourriture des hommes
affamés.
Le vieux Jean est stupéfait. Il oublie
d’écrire ce qui concerne les paroles eucharistiques, pour continuer
à rapporter les grands enseignements de Jésus. Jean revit le grand
discours après la Cène et entend dans son cœur les paroles par
lesquelles Jésus leur livrait son Testament: “Qui me voit, voit
le Père... Je suis dans le Père et le Père est en Moi... C’est le
Père qui demeure en Moi qui accomplit mes œuvres.” Jean voit de
nouveau les têtes effarées des apôtres: comment cela est-il
possible?
Mais Jésus continuait: “Je vais vous
préparer une place dans la maison de mon Père... Pour aller où je
m’en vais, vous savez le chemin.”
Cette fois, c’est trop et Thomas s’écrie:
“Seigneur, nous ne savons même pas où Tu vas, comment pourrions
savoir le chemin?” Il n’a pas tort Thomas: en effet quel chemin
emprunter pour suivre Jésus qui ne cesse de parler de sa mort, de sa
mort prochaine??? Il est clair que les apôtres n’ont rien compris,
pas même lui, Jean, que Jésus aimait. Même après la Pentecôte Jean
continuait à découvrir et à approfondir le mystère du Verbe de Dieu,
et c’est seulement maintenant que tout s’éclaire en lui: Jésus est
le Chemin, la Vérité, la Vie. Jean le savait déjà depuis longtemps,
mais aujourd’hui c’est avec une lumière nouvelle et plus parfaite
que Jean peut enfin écrire. Sa foi indestructible est devenue la foi
de tous les futurs disciples du Christ.
Merci, Jean, de nous avoir fait connaître
ta foi qui nous donne la foi!
Dieu est Quelqu'UN.
Dieu est UN, mais en trois personnes. Ce mystère est hors de la
portée de n'importe quel homme, quel qu'il soit. Pourtant, c'est
notre foi, et qui plus est, c'est Dieu Lui-même qui nous l'a révélé,
notamment lors du Baptême dans le Jourdain et au moment de la
Transfiguration de Jésus sur le Mont Tabor. Ces faits sont
authentiques, historiques, indéniables. Le Concile Vatican II nous
l'affirme. Nous avons donc, inévitablement, envie de connaître
chacune des Personnes divines ainsi révélées.
Jésus, nous le
connaissons bien. Il a vécu parmi nous, pendant une trentaine
d'années. Il s'est comporté comme un homme véritable, Il a appris
les bases de toute vie humaine, Il a eu une famille, Il a travaillé,
comme chacun d'entre nous. Puis, pour accomplir la volonté du Père,
Jésus a quitté sa petite patrie terrestre, et s'est mis à la
disposition des hommes qu'Il était chargé d'enseigner. Nombreux sont
ceux qui L'ont vu à l'œuvre, qui L'ont entendu, et qui ont bénéficié
de ses miracles. Et par-dessus tout, Jésus nous a révélé que le Père
ne voulait que notre bonheur.
Le Père ne veut que
notre bonheur… Il nous faut donc connaître le Père… Oui, mais dès
que nous connaissons le Père et le Fils, l'Esprit-Saint, l'Esprit de
leur amour, est forcément présent avec eux. Étrange!
Étrange! Jésus a dit à
Philippe: "Philippe, qui Me voit, voit le Père!" Donc,
lorsque Jésus est présent, il y a aussi le Père, et naturellement
l'Esprit Saint qui est leur amour. Impossible de Les séparer, ces
Trois-là! Car la Trinité est Une et indivisible. Le Père, le Fils et
l'Esprit sont UN.
Pensons au Père si bon, si parfait, si
tendresse et sollicitude dans sa toute puissance et sa munificence.
Pensons au Verbe, la Parole Créatrice.
Père, ta Parole, ton Verbe, c’est Toi,
mais c’est aussi Jésus. Le Père parle, et Jésus est présent. De
toute éternité, chaque fois que Tu parles, ô Père tout puissant, ton
Verbe, éternel comme Toi, est là, pour faire ta volonté qui est
aussi la sienne. Ton Verbe, c’est Jésus qui est venu chez nous pour
Te montrer à nous: “Qui me voit voit le Père...” dit ton
Verbe, incarné parmi nous, pour construire le Corps dont Il sera la
tête et le Cœur.
Jésus, le Verbe du Père a pris notre
chair et nous Le connaissons, au moins un peu. Et nous L’aimons,
bien que nous ne Le voyons pas et ne L’entendions pas...
Ô Père tout Puissant, tout Amour, Tu
engendres ton Verbe, ton Unique avec qui Tu es Un, puisque la
Parole, ta Parole, c’est Toi qui la prononces, et par Toi elle nous
crée. Père, ta Parole c’est Toi, ta Parole, ton Verbe, c’est le Fils
Bien-Aimé, Prince de l’Univers comme Tu en es le Créateur. Et ton
Verbe est si bon, si beau, tellement Toi, ô Père, qu’en L’engendrant
Tu L’aimes d’un Amour infini, d’un Amour éternel, d’un Amour qui,
enveloppant et le Père et le Fils d’une manière si étroite, ne fait
qu’un avec eux. L'Amour: Esprit du Père et du Fils, Esprit de
sainteté, c’est le Père et le Fils qui s’aiment infiniment de toute
éternité.
Père, nous ne Vous connaissons pas; nous
savons seulement que Vous êtes, depuis toujours et que Vous serez
éternellement, Amour et Créateur. Vous êtes si grand, Père!
Nous sommes dans votre main, humbles
petites créatures, perdues au milieu d’innombrables créatures que
Vous aimez aussi.
Nous sommes dans votre Grande Main,
pauvres atomes de vie, d’une vie qui Vous cherche car elle est faite
pour Vous. Nous voudrions bien Vous voir, mais Vous êtes trop grand,
et, perdus dans votre main au milieu de l’univers, nous ne pouvons
pas Vous voir, car nous ne pouvons rien voir que le monde qui nous
entoure, un monde peuplé d’êtres aussi petits que nous. Alors, nous
nous blottissons dans votre Grande Main, en essayant d’avoir
confiance, car tout est tellement mystère et misères et souffrances
autour de nous.
Père, nous ne Vous connaissons pas, et
pourtant nous voudrions Vous connaître, pour Vous aimer mieux, pour
Vous aimer comme on aime un papa, un papa tendre et bon, un papa qui
protège, un papa qui enseigne et montre le chemin. Père, nous
voudrions Vous connaître... Alors nous regardons Jésus. Il est votre
Verbe, Il est votre Fils, Il est UN avec Vous. Qui voit Jésus voit
le Père. Qui entend Jésus entend le Père car Jésus est Parole du
Père.
Père, pour mieux Vous connaître, nous
regardons Jésus et nous écoutons ses paroles, les paroles bénies de
sa Bonne Nouvelle: la Nouvelle que Dieu vient sauver tous les
hommes, vient bénir ses enfants, les garder du démon et les retirer
des pièges maléfiques. C'est la Bonne Nouvelle de Jésus, de Jésus
qui n'est qu’Amour... qui est mort pour sauver tous les hommes, les
hommes qu'Il aime tant qu'Il a livré pour eux sa propre humanité.
Trinité très sainte, si merveilleuse et
si mystérieuse, Vous n’êtes qu’obscurité pour nous si pauvres et si
petits, une obscurité qui pourtant n’est pas ténèbres, une obscurité
qui est étrange lumière, une lumière trop éblouissante pour que nous
puissions la voir. Trinité sainte de notre Dieu, Trinité-Amour Vous
donnez la vie, Vous donnez la joie, Vous donnez l'Amour. Trinité
sainte, nous venons de Vous, nous sommes en Vous et Vous êtes en
nous ce feu qui brûle, ce feu que nous sentons mais dont nous
ignorons tout car il est insaisissable.
Père, quand nous contemplons la Trinité
Sainte, nous Te découvrons. Nous Te découvrons, Père, engendrant ton
Fils unique, ton Fils Bien-aimé qui de toute éternité naît de Toi
comme suintant de tout ton Être, image et vraie essence de Toi,
autre Toi-même éternellement lié à Toi dans un resplendissement
d’Amour infini. Nous Te découvrons, Père, si étroitement uni au Fils
qu’Il est vraiment Toi tout en étant Lui-même, et nous Te
contemplons Père, parlant au Fils ton langage d’Amour pour que,
Verbe avec Toi, Il crée par sa Parole, ta Parole, la Création dont
Tu T’émerveillas car tout était très bon... Père, quand nous
contemplons la Trinité sainte, quand nous Te découvrons, nous
découvrons le Fils, ton Fils qui est UN avec Toi. Père, nous
contemplons le Fils, le Fils uni à Toi dans ton éternité d’Amour,
Créateur avec Toi et Amour avec Toi.
Trinité sainte, Vous êtes insaisissable,
et jamais nous ne Vous aurions connue si Vous n’aviez pas donné le
Fils, à votre créature favorite: les hommes que nous sommes. Trinité
sainte, de toute éternité Vous contempliez votre création... De
toute éternité le Fils était Jésus, de toute éternité Jésus voulait
construire l’Œuvre parfaite de la création, son Corps mystique. De
toute éternité le Fils aimait les hommes et désirait son Corps
mystique, ce miracle étonnant de l’Amour de son Cœur, cette
merveille où tout serait amour.
Trinité Sainte, apprenez-nous à aimer le
Père comme le Père veut qu’on L’aime. Trinité Sainte, Dieu Amour,
apprenez-nous à aimer comme Jésus nous as aimés. Trinité Sainte,
ouvrez nos cœurs à votre Esprit.
Trinité Sainte de mon Dieu comment Vous
rendre grâces? Tout est si grand en Vous! Tout est si merveilleux,
tellement que nous ne pouvons le dire avec nos mots humains. Alors
nous disons merci au Père; nous disons merci au Fils et nous
laissons l’Esprit envahir nos cœurs pour qu’Il nous enseigne l’amour
que nous devons à Jésus. Trinité Sainte de notre Dieu, tout est
Amour en Vous, Vous n’êtes même qu’Amour, mais Amour incréé, infini,
éternel qui est Tout et comprend tout.
Trinité Sainte de notre Dieu, le Père
nous crée sans cesse; les hommes sont des milliards, mais chacun est
unique pour Lui, chacun est important pour le Père, comme si chacun
était unique. Père, nous ne pouvons qu’adorer une telle merveille.
Le Fils aussi nous aime, Il est même fou d’amour pour nous. Le Fils
nous aime à la folie, mais la folie de Dieu, une folie d’amour: la
Sagesse de Dieu. Il veut que nous L’aimions... Il est venu chez
nous, nous apprendre l’amour qu’Il désire de nous, car Il sait bien
que nous, souillés comme nous sommes par nos refus d’aimer, nous ne
pouvons pas répondre à son Amour divin. C’est peut-être pour cela
que nous, nous qui essayons d’aimer vraiment Jésus, nous ne pouvons
connaître qu’un Amour crucifié, qu’un amour douloureux, qu’un amour
d’agonie...
Trinité Sainte de notre Dieu,
envoyez-nous l’Esprit d’Amour pour qu'Il nous apprenne l’amour.
Trinité sainte que nous ne connaissons pas car votre lumière est
trop puissante, Trinité sainte, laissez-nous contempler le Fils.
Trinité sainte, laissez-nous nous perdre en Vous pour contempler le
Fils, pour adorer Jésus, et par Lui, avec son Esprit-Saint, vouloir
la volonté du Père, et Vous rejoindre enfin, Trinité que nous
adorons.
Nous sommes incapables d’imaginer la
Trinité. Il y a bien des idées qui viennent à l'esprit, mais elles
sont toutes insatisfaisantes, ce qui est normal. Mais, et cela est
bien gênant, ces intuitions s’en vont généralement avant que l'ait
pu en saisir quelque chose. Comment connaître la Trinité alors que
nous connaissons si peu le Père? Comment imaginer l’Esprit qui est
inimaginable? Comme Philippe, nous avons envie de dire à Jésus:
“Montre-nous le Père, et cela nous suffit.” Et comme à Philippe,
Jésus nous répond: “Depuis le temps que tu es avec Moi, tu ne Me
connais pas encore! Pourtant, qui Me voit, voit le Père.”
Qui voit Jésus, voit le Père! Jésus
regarde le Père, et le Père regarde le Verbe, son Verbe, son Fils,
son Unique; et le Père, regardant son Fils, se voit comme dans un
miroir. Le Père a dit un jour à Saint Bernard: “Mon Fils et Moi,
nous sommes UN.” Le Père regarde le Fils, L’aime infiniment, et
se complaît en Lui. Le Fils regarde le Père, et L’aime infiniment,
de toute éternité. Et le Fils dit éternellement, dans un acte
d’Amour éternel et puissant, infiniment donné: “Père, que ta
volonté soit faite.”
Le Père aime le Fils et ce que le Fils
fait. Le Fils aime le Père et tout ce que sa volonté aimante veut.
L’Amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père les enveloppe
tous deux dans un immense souffle éternel d’Amour, un Esprit d’Amour
infini, l’Amour que l’amour du Père et du Fils a personnifié. Le
Père, le Fils et leur Amour: l’Esprit Saint. C’est une petite et
bien faible idée que l’on peut se faire de la Trinité. Et cela reste
bien abstrait, et il faut faire un immense effort pour essayer de se
représenter ce qui, justement, ne peut pas être représenté.
Le Père parle une éternelle Parole, son
Verbe. De leur mutuel embrassement, de leur amoureuse étreinte
éternelle jaillit l’Esprit. Un seul Dieu et Père, un seul Dieu mais
trois personnes égales, identiques, une seule essence, une même
substance... Un unique Mystère...
Esprit-Saint Tu es louange d’Amour, Tu es
flamme d’Amour, Tu es touche d’Amour, Tu es parfum d’Amour.
Esprit-Saint ta flamme brûle en nos cœurs pour mieux aimer Jésus.
Esprit-Saint, ton Amour est le Feu qui embrasa Jésus quand, pour
rester parmi les hommes qu’Il aimait après son Sacrifice, Il nous
donna son Cœur dans son Cœur Eucharistie. Esprit-Saint Tu es un
Chant d’Amour, l’Éternel Chant d’Amour jailli du cœur de la Trinité
Sainte. Tu es ce Chant d’Amour qui embrase les cœurs pour accueillir
Jésus et répondre à la voix du Père, sa voix qui est son Amour
Créateur.
Viens Esprit-Saint, viens Esprit du Père,
viens Esprit du Fils, viens Esprit de l’Amour du Père et du Fils,
viens Esprit qui soude l’unité dans la Trinité. Viens Esprit de
sainteté, Esprit de la Sagesse de Dieu, Esprit de l’intelligence de
Dieu, viens Esprit d’Amour, viens emplir nos cœurs, viens prendre
toute la place en nous...
Trinité Sainte, apprenez-nous à découvrir
l’Esprit-Saint, l’Esprit du Père et du Fils, l’Esprit d’Amour qui
jaillit du Cœur du Père pour l’amour du Fils et unit en Lui le Père
et le Fils puisqu‘Il est leur Amour. Trinité Sainte faites-nous
connaître l’Esprit pour qu’Il chante en nos cœurs les louanges de
Dieu, de Dieu Un et Trine, Dieu-Amour, Dieu de Paix.
Seigneur, nous savons que Tu es Père,
notre Père... Mais nous ne Te voyons pas et nous ne pouvons pas
T’imaginer: Tu es trop grand pour nous. Père, nous T’aimons, mais
notre amour pour Toi, Dieu tout puissant, trop puissant pour nous,
trop loin, trop grand, notre amour pour Toi, Père, reste un peu
abstrait.
Seigneur, nous savons que Tu es Esprit,
Esprit-Saint, Esprit d‘Amour, Esprit qui emplit tout l’univers, Tu
es Esprit qui donnes la vie, qui donnes l’Amour. Esprit-Saint,
Esprit aux sept dons, Esprit de lumière, Esprit généreux, Esprit de
toute beauté et de toute bonté, Esprit de Dieu, Tu es trop subtil
pour nous, et Toi non plus nous ne pouvons pas Te saisir, ni
T’imaginer. Ô Esprit d’Amour, notre amour pour Toi demeure éthéré,
sans consistance, sans rien sur quoi nous appuyer car ta nature est
trop éloignée et trop différente de la nôtre. Alors, quand nous
disons: je T’aime! en fait, nous ne savons pas si nous T’aimons
vraiment, car il est difficile d'aimer ce que nous ne connaissons
pas. Ne T'a-t-on pas appelé le Grand Méconnu.
Esprit-Saint Tu es louange d’Amour, Tu es
flamme d’Amour, Tu es touche d’Amour, Tu es parfum d’Amour.
Esprit-Saint ta flamme brûle en nos cœurs pour mieux aimer Jésus.
Esprit-Saint, ton Amour est le Feu qui embrasa Jésus quand, pour
rester parmi les hommes qu’Il aimait après son Sacrifice, Il nous
donna son Cœur dans son Cœur Eucharistie. Esprit-Saint Tu es un
Chant d’Amour, l’Éternel Chant d’Amour jailli du cœur de la Trinité
Sainte. Tu es ce Chant d’Amour qui embrase les cœurs pour accueillir
Jésus et répondre à la voix du Père, sa voix qui est son Amour
Créateur.
Pour nous révéler le Père, Jésus ne
pouvait qu'utiliser des paraboles. Nous allons maintenant réfléchir
longuement sur la Parabole du Père et de ses deux fils, symboles de
l'humanité.
Un père avait deux fils, deux fils si
différents, mais deux fils qu’il aimait tant. L’aîné ressemblait à
sa mère, et pour lui, le père, c’était une grande consolation. Quand
le père regardait son fils aîné, il aimait toujours plus son épouse
bien-aimée. Car c’était quelqu’un cette femme forte, solide,
équilibrée! Ah! Elle ne ménageait pas sa peine pour que chacun dans
la famille ait chaque jour, tout ce qui était nécessaire. Levée de
bon matin, elle veillait à ce que tout soit en ordre dans la maison.
Elle distribuait, avec soin et justice, la tâche des serviteurs et
des servantes... Puis elle réunissait la famille autour d’un petit
déjeuner qui baignait dans l’amour. Ensuite, elle s’occupait à
filer, tisser... personne ne manquerait jamais de rien dans sa
maisonnée. Ah! oui, le père était fier de son fils ainé qui
ressemblait de plus en plus à l’épouse qu’il chérissait...
Quand le père évoquait son fils aîné, il
ne pouvait pas cacher sa fierté. En tout il pouvait compter sur ce
garçon intelligent, travailleur, sérieux et même dur à la tâche. Le
père pouvait compter sur ce garçon courageux, fidèle, entreprenant,
allant toujours jusqu’au bout de sa tâche. Le père était tranquille:
quand il serait malade, ou disparu, son entreprise pourrait
continuer à tourner, à prospérer, et à nourrir les nombreux
serviteurs qui travaillaient sur ses terres, et qu’il faisait vivre
confortablement. Oui, le père était fier de son fils aîné!
Le père pensait souvent aussi à son fils
cadet, et il s’inquiétait un peu, car c’était un rêveur, comme
lui... Il était si gentil, ce garçon doux et câlin, il avait
tellement bon cœur. Il savait si bien consoler ses amis, il savait
aussi partager ce qu’il possédait. Malgré tout, le Père ne pouvait
s'empêcher de penser que cela ne lui coûtait pas trop d’argent
puisque c’étaient ses biens à lui, le Père, que son fils
distribuait. Mais le père ne s’en offusquait pas: ses biens étaient
immenses et devaient servir à tout le monde. Et puis, souriait le
père, lui aussi il agissait souvent avec prodigalité: il ne pouvait
donc pas en vouloir à son petit enfant...
Un père avait deux fils qui le rendaient
heureux. Mais un jour le fils cadet vint le trouver: il en avait
assez de travailler avec son aîné. Il y avait toujours quelque chose
à faire, ou à parfaire... Il ne pouvait jamais prendre le temps
qu’il désirait pour composer sa musique, peindre les fresques pour
la maison, chanter, danser et se réjouir avec ses amis. Son frère
aîné était beaucoup trop exigeant; après tout, il y avait assez de
serviteurs dans la maison: ils pourraient faire le travail pendant
que lui se laisserait aller à ses travaux d’artiste; ces travaux
aussi étaient nécessaires pour rendre belle la vie de tout le
monde!...
Le père soupira. Il comprenait un peu son
fils cadet, mais il savait que pour être pleinement heureux il
fallait développer un juste équilibre dans ses activités. Quelques
mois passèrent, mais le père semblait préoccupé, et si triste... Le
père soupira encore plus tristement quand son petit enfant lui
demanda la part des biens qui devaient lui revenir en héritage: il
avait l’âge de vivre selon ses goûts et ses désirs.
Le père n’insista pas. Il partagea ses
biens, et le fils cadet s’en alla... Le père pleura longtemps car il
aimait son petit, et il savait que son petit enfant s’en allait vers
le malheur; mais, lui, son père, ne pouvait pas l’en empêcher:
c’était sa liberté... Le père pleura beaucoup, mais son cœur
espérait car il savait que ce petit, un peu bohême, avait besoin de
faire son expérience de la vie... Le père savait que son petit
reviendrait, un jour, et que son cœur contrit et repentant
l’aimerait davantage.
Le père pleura beaucoup. Le fils aîné
maugréait: il allait avoir encore plus de travail, juste au moment
de la moisson! Et après, ce seraient les vendanges: on manquait déjà
tellement de bras. Et il ne pouvait pas demander plus à son
personnel déjà bien chargé. Le fils aîné n’était pas du tout content
de son frère... et il pestait contre son père qu’il jugeait beaucoup
trop faible. Mais il ne s’étonnait pas trop... Après tout, il
l’avait bien dit qu’on ne pouvait pas compter sur ce rêveur, sur ce
garçon qui ne pensait qu’à son plaisir. Mais le père n’avait pas eu
l’air de le comprendre, lui, le fils raisonnable...
Des années passèrent. Le fils aîné avait
travaillé un peu plus: il s’était donné corps et âme à sa tâche.
L’entreprise tournait bien; le père se reposait de plus en plus sur
lui, et lui était très fier. Il aurait bien voulu, le fils aîné, se
reposer un peu, parfois, mais ce n’était pas possible: il y avait
toujours trop de travail, et il ne pouvait pas se permettre le
moindre laisser-aller: trop de gens attendaient leur subsistance de
son travail.
Des années passèrent, et un jour survint
une grande famine. Le fils cadet, qui avait dépensé tous ses
biens... commença à ressentir la faim. Il demanda bien de l’aide à
ses amis, mais quand un riche devient pauvre, il n’a plus d’ami.
Alors le fils cadet se mit à réfléchir: c’est vrai; il avait fait de
grosses sottises, et surtout il avait profondément blessé le cœur de
son père. Il pourrait rentrer à la maison: là, au moins, on lui
donnerait à manger, car le père, et même son frère aîné, savaient
donner à manger à ceux qui avaient faim, et vêtir ceux qui étaient
nus. Oui il devait rentrer chez son père: il demanderait simplement
à être traité comme le dernier des domestiques, et il irait même
jusqu’à accepter les remarques acerbes de son frère aîné... Au fond,
il l’avait bien mérité.
Le fils cadet rentra à la maison:
“Père, je ne suis plus digne d’être traité comme l’un de tes
fils...” Mais le père se précipita vers son fils et l’embrassa
longuement: vite, préparez le veau gras...
Le fils aîné, en apprenant ces choses se
révolta violemment:
– Comment ! Tuer le veau gras, celui que
j’ai soigné avec tant d’attentions! Tuer le veau gras pour ce
gredin, ce malappris, ce fainéant, ce... Si par malheur il se trouve
sur mon chemin, je lui dirai ce que je pense de lui.
Le fils aîné laissa là son travail et
s’enfuit avec sa colère.
Le père et la maman fêtèrent le retour de
l’enfant prodigue. Mais au bout de quelques jours, ne voyant pas le
fils aîné, le père s’inquiéta. Il s’inquiéta, mais au fond, il
comprenait bien ce qui s’était passé dans le cœur de son grand
garçon. Il fallait qu’il le retrouve pour le consoler, et pour lui
faire comprendre que la miséricorde passe avant la justice.
Le père retrouva le fils aîné dont la
colère n’était pas encore apaisée. Il le prit dans ses bras et le
serra sur son cœur: “Mon enfant bien-aimé, tout ce que j’ai est à
toi. Pourquoi cette colère contre ton frère malheureux? Il était
mort, il est vivant de nouveau: il fallait bien pardonner ses
fautes, ses erreurs, et se réjouir de son retour au père et à son
frère... Car il t’attend aussi, il attend ton pardon.”
Le fils aîné grommela entre ses dents,
mais il suivit le père, tout en traînant ses pieds... Le père
parfois, se retournait et lui souriait. Peu à peu le fils aîné
sentait sa colère fondre. Le père avait peut-être raison. Il savait
mieux les choses, et il était si bon, si généreux...
Le fils aîné, peu à peu, sans même s’en
rendre compte se rapprochait du père... Bientôt il sentit que sa
main touchait celle de son père, et il laissa la main du père serrer
la sienne...
Ils arrivèrent ainsi à la maison. La mère
avait préparé un somptueux repas de fête, juste pour eux quatre.
Chacun s’assit à sa place, sans rien dire, mais l’amour qui régnait
était presque palpable. Le dessert arriva... La mère semblait
tellement heureuse: jusqu’ici elle avait pleuré en silence, pour ne
pas alourdir la douleur du père. Mais aujourd’hui, toute sa famille
était réunie, et elle pouvait contempler, en souriant, ses deux
enfants penchés, tous les deux, sur la poitrine du père.
La maman souriait tout en essuyant des
larmes indiscrètes. La joie de la maman s’éclatait dans ses larmes,
car maintenant elle contemplait le miracle: les deux frères étaient
couchés sur le cœur de leur père, ses deux enfants étaient là,
réunis, et ils se donnaient la main.
Le regard de la mère rencontra le regard
du père. Ils ne dirent rien, ils ne voulaient pas rompre ce moment
d’éternité.
Le regard de la mère rencontra le regard
du père. Regardant leurs enfants s’aimer, ils s’aimèrent encore
davantage...
Nous venons de rappeler une des paraboles
de Jésus, dans laquelle Il présente le Père très aimant accueillant
avec beaucoup d'amour paternel son fils cadet qui s'était très mal
conduit. Ce pauvre garçon avait quitté le Père en emportant une
partie de son bien. Il avait méprisé son amour, il avait déchiré son
Cœur, lui préférant une vie de plaisirs. Puis, ayant tout dépensé,
seul et désormais sans ami, très malheureux, il s'était dit qu’il
serait quand même mieux chez son Père, même en simple serviteur...
Et le fils prodigue revint à la maison. Le Père, qui attendait son
enfant, qui l’avait vu, de loin, revenir enfin, l’accueillit avec
joie, l’embrassa, et tua pour lui le veau gras. Tout cela, c’est
très réconfortant pour les pécheurs que nous sommes: nous savons que
le Père nous ouvrira ses bras et son cœur quand nous reviendrons à
Lui, ayant pris conscience que le péché ne conduit qu’au malheur.
Tout cela, Seigneur, c’est ta
Miséricorde. Mais quelque chose demeure troublant: parfois il nous
semble que le père de la parabole oublie son fils aîné, celui qui
durant de longues années avait suivi ses conseils, avait travaillé
beaucoup, s’était très bien conduit, et s'était même donné beaucoup
de mal pour Le satisfaire. Il ne faudrait tout de même pas faire les
quatre cents mauvais coups pour être accueilli et aimé par Dieu!
Alors, qu'est-ce que Jésus a voulu nous enseigner?
Beaucoup d'hommes parmi nous, font partie
de la catégorie des fils aînés. Pendant nos années d’enfance et
d’adolescence, nos éducateurs nous ont appris à bien faire notre
travail, à étudier sérieusement, à ne pas perdre notre temps. Et
nous avons essayé de vivre comme on nous l’avait conseillé, parce
que nous voulions aussi faire plaisir à ceux qui nous aimaient. Ce
n’était pas toujours facile. Parfois nous aurions bien aimé avoir un
peu de bon temps... mais il fallait continuer, penser à son avenir
et aussi, penser aux autres, à son prochain qu’un jour nous devrions
aimer et servir... Et puis, nous voulions aussi servir notre
famille.
Et voilà que Jésus semble dire que celui
qui compte dans son cœur, c’est le prodigue, celui qui se moquait
pas mal du Père? Et les prédicateurs de toutes sortes trouvent plein
de bonnes raisons pour accabler le fils aîné: non, là, c’est trop!
C’est vraiment trop! Il y a sûrement quelque chose de caché dans
l'enseignement de Jésus. Mais quoi?
Regardons le fils aîné: ce n’est pas très
difficile car beaucoup d'entre nous lui ressemblent. Il est soudain
fâché, vraiment révolté... et il s’éloigne. Il ne comprend pas le
Père. Cela, c’est trop injuste, oui trop injuste! Et le fils aîné
marche sans savoir où il va. Soudain il voit une grotte: il entre;
il s’assoit, et il pleure. Pauvre fils aîné qui ne comprend pas le
Père: pourtant il a toujours fait ce que le Père lui demandait,
toujours, sans récriminer, sans se plaindre, et souvent avec
amour... Et maintenant le Père le délaisse au profit de ce
mécréant!!! C’est trop injuste...
Réfugié au fond de sa grotte, le pauvre
fils aîné pleure, il sanglote très fort, et dans sa détresse sans
même s’en rendre compte, il appelle sa maman, il appelle le Père. Et
voici que le Père est là. Mais le fils aîné remue la tête et gémit:
– Depuis si longtemps que je Te sers, Tu
ne m’as jamais donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Tu
n’as jamais semblé apprécier mon travail. Tu ne m’as jamais pris
dans tes bras. Faut-il faire comme l’autre, se conduire comme un
fainéant, gaspiller tes biens pour que Tu sois content, pour que?...
Mais avant que le fils ait achevé sa
phrase, voici que le Père prend son grand fils dans ses bras
maternels et paternels; et Il le berce et le caresse... Et voici
qu’il dit à son grand fils les paroles d’amour que ce dernier
attendait:
– Mon enfant, Tu sais bien que je t’aime.
Tout ce qui est à Moi est à toi; tu n’as qu’à prendre ce dont Tu as
besoin, et je sais que Tu ne t’en prives pas... Mais ton pauvre
petit frère... Ce pauvre petit pécheur et malheureux d’avoir été
pécheur, ne fallait-il pas que je lui pardonne et que je
l’accueille?
Le Père caresse le fils aîné dont les
sanglots s’apaisent car une lumière nouvelle, la lumière du Cœur du
Père, pénètre dans son cœur. Oui, il avait raison de travailler avec
ardeur pour le Père: d’ailleurs, c’était avec les outils du Père
qu’il travaillait, sur les terres du Père, pour son bonheur à lui,
le fils du Père. Pourquoi n’avait-il jamais pensé à cela?
Le Père murmure des paroles étranges aux
oreilles du fils aîné:
– Mon enfant chéri, je te voyais
travailler et je t’aimais; mais mon inquiétude était grande pour ton
frère: je le voyais écouter tant de mauvais conseils. Je le voyais
se vautrer dans sa paresse, et je devais tout faire pour le sauver.
Avec toi, mon fils, mon enfant, j’étais tranquille: je pouvais
t’abandonner quelques instants, je savais que tout se passerait
bien. Ton attitude travailleuse me permettait de m’occuper du pauvre
petit. Aujourd’hui, sans le savoir, tu travaillais toi aussi, pour
le salut de ton pauvre petit frère.
Le fils aîné n’en revient pas. Le Père
l’appréciait donc tant que cela, lui son fils aîné! Il lui faisait
ainsi tellement confiance! Le fils aîné regarde le Père avec un
regard neuf, émerveillé, stupéfait. Il comprend qu’une nouvelle vie
va commencer pour lui, avec le Père, et avec le petit frère qu’il
devra aider et protéger. Le fils aîné se lève et se précipite dans
les bras du Père. Et voici que des larmes d’amour coulent des yeux
de l’enfant tout à l’heure révolté:
– Père, pardonne-moi, je ne savais pas
que tu m’aimais tellement. Moi aussi je t’aime; aide-moi à t’aimer
davantage et à mieux te comprendre.
Et nous ?
Nous sommes tous des prodigues qui
gaspillons les dons de Dieu, sans même nous en rendre compte: nous
puisons dans ses trésors, mais cela nous semble si naturel que nous
ne pensons même pas à Lui dire “merci!” Et puis un jour, nous
trouvons que nous n’en avons pas encore assez: nous ne pouvons plus
supporter sa prudence et sa sagesse... Alors, nous demandons tout ce
qui nous revient, oubliant que rien ne nous appartient, que rien ne
nous revient de droit. Mais nous faisons comme si: après tout, on
verra bien!
Et le Père nous laisse une partie de son
héritage, et nous partons mener la grande vie... Nous voulons le
plaisir, le bonheur, la liberté, tout de suite...
Nous sommes tous aussi des fils aînés.
Nous aussi nous puisons abondamment dans le trésor du Père; nous
travaillons suffisamment, n’est-ce pas, nous méritons bien notre
salaire. C’est tout simplement justice. D’ailleurs, ne sommes-nous
pas des gens intéressants: nous faisons tant de choses avec les
biens du Père, pour les autres, ceux qui en ont besoin. Car, outre
notre intelligence, notre courage, nos compétences, nous avons aussi
beaucoup de cœur et nous savons rendre service, gratuitement...
Jésus nous ouvre chaque jour son Cœur, de
plus en plus grand, et nous puisons, sans compter, sans nous dire
que tout vient de Lui, et de Lui seul. Alors, parfois, Il nous place
devant un grand vide; alors vite, nous nous tournons vers Lui
tellement nous avons peur. Et Il nous fait connaître son amour, et
nous nous émerveillons, et nous n’avons plus de mot... Et voici que,
comme le pauvre fils aîné, baignés de son amour, nous découvrons nos
propres prodigalités, nos imperfections, nos misères et nos péchés;
et nous nous précipitons dans ses bras pour pleurer nos pauvres
larmes qui sont aussi des larmes d’amour, car même nos larmes sont
un don de Dieu.
Nous voudrions aujourd’hui dire merci à
notre Seigneur, Lui dire des mots de reconnaissance liés à nos mots
d’amour. Comme le fils aîné blotti au fond de sa grotte, nous levons
les yeux vers Lui. Nous n’osons plus dire:
– Depuis si longtemps que je Te sers, et
Tu ne m’as jamais donné un chevreau pour festoyer avec mes amis...
Non, nous ne pouvons plus dire cela, car
nous voyons maintenant que nous disposions de tous les chevreaux
dont nous avions envie. Et nous avions, en prime, l'amour, et la
sécurité.
Et nous voyons que nous sommes toujours
avec Dieu, que tout ce qui était à Lui, était à nous. Aujourd’hui
nous comprenons que tout ce qui est à Dieu est à nous. Quelle
merveille! Quelle extraordinaire merveille! Quelle contemplation!
Seigneur, nous sommes debout devant Toi. Nous regardons le monde
avec tes yeux, tes yeux qui aiment tellement notre pauvre monde que
Tu as envoyé ton Fils, Jésus qui est mort, il y a deux mille ans,
sur une croix pour nous sauver tous. Et voici que le Père se penche
vers chacun de nous. Il nous prend par la main et Il nous dit:
– Courage, mon petit! Crois à mon amour
pour toi, car Je t’aime autant que j’aime chacun de tes frères, tous
mes pauvres enfants. Je vous aime tous, car Je suis Amour.
Nous ne savons pas à quel point Dieu est
Père... Nous disons “Notre Père” tous les jours, un peu par
habitude. Nous nous adressons au Seigneur, comme au Créateur de
toutes choses. Nous connaissons sa puissance, sa grandeur, son
infinie immensité. Mais nous ne savons rien de sa réalité. Nous
contemplons sans voir, tout en croyant bien voir. En fait nous ne
voyons que des choses à notre échelle, à notre portée, donc bien
petites, même si nos esprits essaient de les faire très grandes.
Nous contemplons sans voir, sans comprendre, en quémandeurs
permanents qui ne veulent pas comprendre qu’il faut aussi donner
pour pouvoir recevoir.
Nous parlons au Seigneur, ou du moins
nous essayons, car nos pauvres mots humains apparaissaient vite
vides de sens. Sans cesse nous Le questionnons, pour essayer de
comprendre, pour nous étonner du monde dans lequel Il nous a mis,
pour Lui montrer le monde, ses besoins, et nos besoins aussi. Nous
ne sommes pas toujours contents, et même il nous arrive de faire la
leçon à Dieu. Seigneur! que de questions nous Te posons, et jamais
de réponse. Ou plutôt, jamais nous n’entendons tes réponses car nous
n’écoutons pas ta voix. Entre nous, Seigneur, il faut bien
reconnaître que Tu n’es pas toujours facile à comprendre! Tu parles
certainement, mais nos oreilles sont mal adaptées à ton langage. A
moins que nous ne veuillons pas entendre tes réponses. A moins que
les oreilles de nos cœurs ne soient pas ouvertes...
Pourtant, Père, parfois nous entendons ta
voix, et nos cœurs s’ouvrent un peu, et nous découvrons à quel point
Tu es Père. Oui, Seigneur Dieu, Trinité sainte et infinie, vous êtes
Père et pas seulement Créateur. Vous êtes Père car Vous êtes Amour.
Et nous découvrons un Père, un Père plein de bonté et de
sollicitude, un Père attentionné qui voit tout, comprend tout, et à
qui rien n’échappe. Vous avez fait le monde, Vous avez fait les
anges, Vous avez fait les hommes... oui Vous avez tout fait, mais
pas d’un seul coup, surtout pas à la louche car vous ne manipulez
pas des masses. Oui, Vous avez tout fait, Père, mais voici la
merveille, Vous avez tout fait un par un.
Vous avez tout créé ô Père, mais une
chose à la fois. Et quand le temps fut venu, le Temps éternel de
votre Éternité, Vous avez créé l’Homme, et chaque homme un par un.
Chaque homme était pour Vous, et chaque homme est pour Vous un
enfant bien-aimé, un enfant précieux. Chaque homme nouveau qui vient
sur terre, est pour Vous, Père, un être merveilleux créé à votre
image. Un être unique qui a sa place bien prévue dans le grand Corps
du Christ, le Verbe, votre Fils, votre Unique dans la Trinité
Sainte.
Chaque homme est un être unique que Vous
avez pensé pour une mission précise, un être façonné avec amour par
Vous, un être aimé de Vous, destiné au bonheur, au bonheur infini de
votre immensité, au bonheur éternel de votre Éternité. Un être
prédestiné au bonheur de son Dieu, préparé avec soin pour le rôle
qui sera le sien.
Père, Vous nous avez vraiment faits pour
Vous, tout spécialement pour Vous, avec une perfection amoureuse et
parfaite. Vous n’avez rien laissé au hasard dans nos êtres. Vous
savez tout de nous, de chacun de nous, Vous avez tout prévu. Vous
avez tout voulu. Mais Vous nous vouliez libres, libres de Vous
aimer, libres pour le bonheur, libres pour votre Amour.
Vous savez tout de nous, Père. "Que je
me lève, que je me couche, Tu le sais." Tu sais quand je vais
bien, Tu sais quand je vais mal. Devant ton regard nous sommes
transparents. Pour ton Amour, chacun de nous est l’enfant prédestiné
que Tu as conçu pour ta gloire et pour notre bonheur...
Père! Nous ne sommes pas seuls. Dans le
monde pécheur dans lequel Tu nous as mis, car il le fallait bien,
nous ne sommes pas seuls, car Tu es là, toujours. Tu es là, Père,
avec chacun de nous, et Tu nous dis : “Je T’aime, ne crains rien !”
Père, avons-nous bien entendu ? Tu nous aurais donc parlé ? Et nous
T’aurions entendu et compris ? Notre cœur s’est-il ouvert enfin à
ton Amour ? Que s’est-il donc passé ?
Père, nous ne savions pas à quel point Tu
nous aimes. Non, nous ne savions pas que Tu étais un Père, le Père
plein d’amour et de sollicitude, le Père plein de bonté, le Père
présent, le Père proche du cœur de ses enfants. Le Père qui nous a
donné Jésus, ton Fils, ton Unique, le Verbe incréé de l’Amour
éternel. Père, garde-nous dans le Cœur de ton Fils, dans le Cœur de
Jésus.
Père, laisse-nous dans le Cœur de Jésus.
Tu nous as faits pour Toi, Tu nous as faits pour Lui. Nous savons
que nous sommes siens, Tu l’as voulu ainsi. Père nous T’adorons. Et
nous T’aimons.
Dieu nous a donné la vie pour que nous
L'aimions et pour qu'avec nous, le Fils puisse construire son
Royaume, le Royaume de Dieu. Car, seul l’amour peut construire le
Royaume, le Corps entier du Christ, qui, avec l'Esprit, chantera
éternellement la Gloire éternelle du Père. C'est la merveille de
l'Œuvre de Dieu. C'est la merveille du Père et du Fils qui veulent
créer et façonner l'unité de leur Œuvre en utilisant ses composants
minuscules que sont les êtres humains.
Que chacun médite un instant sur cette
merveille de la Trinité révélant la tendresse de Dieu...
La tendresse du Père! La tendresse du
Père me pense de toute éternité; elle me crée, me façonne, m’aime,
me reprend si je m'égare, m’éduque, m’enseigne, me pardonne, me
rachète, et va jusqu’à me donner son Fils, son Unique. À moi, à
nous... À moi petit grain de sable perdu dans l’univers, sans
consistance, sans aucun pouvoir. À moi, toute petite âme incapable
de rien quand elle est livrée à elle-même, et entièrement dépendante
de Dieu qui doit la penser sans cesse pour qu’elle continue à
exister. Moi, petit grain de sable, j'ai ma place au milieu de
milliards d’autres petits grains; je suis sans valeur marchande et
pourtant tellement important pour Dieu, car destiné à être un
élément dans la construction du Corps Mystique du Christ: un grain
de sable... une pierre... une note d’amour dans la partition
éternelle de l’Amour, de la Gloire de Dieu.
La tendresse du Fils! La tendresse de
Jésus qui nous aime et que nous aimons, que nous sommes tous appelés
à aimer! La tendresse du Fils Bien-Aimé qui est notre vie, tout
notre amour, toute notre joie, tout notre bonheur! La tendresse de
Dieu nous émerveille, nous réjouit, nous comble de ses grâces,
dilate notre cœur, nous apprend la bonté, l’indulgence, le pardon,
le véritable amour qui fait fondre nos cœurs. Réfugions-nous dans la
tendresse de Jésus, confions-nous en elle, abandonnons-nous en elle
comme un enfant dans les bras d’une mère.
La tendresse de l’Esprit! Ô l’Esprit du
Père et du Fils, l’Esprit du Bien-Aimé en qui nous nous perdons,
pour qui nous vivons, Ô Esprit de Jésus... Esprit d’Amour, Esprit de
vie, Esprit de l’Époux!...
La tendresse de Dieu nous donne confiance
et nous apaise; elle nous construit, nous fortifie, nous apprend
l’Amour, nous apprend le don et nous apprend l’offrande. Tendresse
de la Trinité sainte, prenez-nous avec vous et gardez-nous.
Gardez-nous avec le Père, gardez-nous avec le Fils bien-aimé,
gardez-nous dans votre Esprit, l'Esprit de l'Amour du Père et du
Fils. Et nous pourrons regarder Dieu.
Parfois nous disons que nous regardons
Dieu. Bien sûr, nous ne voyons pas Dieu avec nos yeux de chair Que
signifient alors ces paroles : "Je regarde Dieu." ?
Nous disons parfois à Jésus: je Vous
regarde; je regarde votre face. Ou encore, votre regard me pénètre,
et me dit votre Amour. Le regard de Jésus nous aide à vivre, car
vraiment, nous nous sentons tellement rien et si impuissants quand
nous pensons à l'extraordinaire histoire que Dieu nous fait vivre,
l’histoire de notre monde, de sa Création. En effet, à ce moment-là,
l’échelle des grandeurs change et nous revoyons l’univers dans la
Main de Dieu. Dans l’univers immense, il y a la terre, mais la terre
n’est pas perdue au milieu des mondes matériels et sans âme. Non! la
terre est comme suspendue juste au-dessus du "Doigt" de Dieu. Sa
force créatrice est comme matérialisée par une force magnétique qui
la maintient en place. Son Amour la baigne de sa sollicitude. Dieu
regarde la terre, Dieu regarde les hommes dont Il fait ses
délices... Dieu regarde chacun des hommes qu’Il aime et Il s’attarde
sur ceux qui L’aiment.
Dieu regarde chacun de nous! Dieu regarde
la terre, Dieu regarde l’univers. Dieu contemple tous les détails de
sa création et de ses créatures. Les yeux de son Amour sont comme
des instruments d’optique: tantôt des jumelles grossissantes, tantôt
des télescopes puissants, ou bien encore des microscopes doués de
propriétés exceptionnelles qui Lui permettent de pénétrer jusqu’au
plus profond des cœurs. Et nous, nous sentons le regard de Dieu qui
nous baigne de son amour. Comme il est doux, alors, de découvrir le
Père, de découvrir ses merveilles, de découvrir sa bonté, son Amour,
sa puissance, sa tendresse, de Le découvrir, Lui...
Quelle merveille! Nous sommes comme sur
l’extrémité du Doigt de Dieu, du Doigt du Père. Nous sentons le
regard du Père que pourtant nous ne voyons pas. Tout est ténèbres
autour de nous, et pourtant tout est tendresse et Amour et nous
"sentons" le Doigt de Dieu s’approcher de nous et nous envelopper de
sa tendresse, de son Amour, de sa bienveillance.
Père Saint! Trinité du Dieu Amour! Nous
vous adorons.
Seigneur, notre Dieu, Dieu unique, Tu es
Fils aussi. Dans la Famille trinitaire, le Père engendre le Fils, le
Fils qui de toute éternité regarde le Père, et L’aime. Le Fils,
Parole de Dieu, dans la sainte volonté du Père et dans l’Amour
qu’est l’Esprit, crée les univers, et la vie, cette merveille. Et
pour que la création et la Vie puissent connaître leur Créateur, le
Fils s’est fait chair, le Fils s’est fait Homme, le Fils s’est fait
l’un de nous, le Fils nous a aimés.
Jésus, Toi, nous Te connaissons. De nos
jours, nous ne Te voyons plus avec nos yeux de chair, nous ne
T’entendons plus avec nos oreilles mortelles, mais, il y a quelques
siècles, certains hommes T’ont vu, T’ont entendu, T’ont touché,
T’ont aimé. Ô Jésus, Tu nous as même laissé tes paroles, ta Bonne
Nouvelle. Et Tu nous as aussi, Jésus, laissé ton Visage, ta Sainte
Face! Tu nous as laissé ta Face douloureuse, tuméfiée, blessée,
déchirée, mais ta Face pleine d’Amour.
Père très aimant, nous T'aimons. Nous
T’aimons, Esprit d’Amour. Mais surtout nous T’aimons, Fils unique du
Père, Parole de Dieu, nous T’aimons Jésus, et nous pouvons T’aimer
avec toutes les puissances de nos êtres de chair, car Toi Jésus, Tu
T’es fait l’un de nous, si proche de nous.
Dieu est... Comme c’est facile à dire,
mais comme c’est difficile à expliquer! Et quand on pense que Dieu
est unique, mais qu’Il est aussi Amour parce qu’Il est Trinité,
alors là, on se perd un peu. Dieu est... Mais qui est-Il? On peut
passer des heures à énumérer les attributs de Dieu, ses actions, sa
création, son amour, sa puissance, son imagination, sa bonté, sa
miséricorde, sa beauté, son infinitude... on ne débouche sur rien.
Dieu est, c’est tout.
Oh! Seigneur! Nous contemplons ton
infinitude, tes infinitudes si l’on considère tes deux
infiniment grands: l’infiniment grand de ton immensité, et
l’infiniment grand de l’infiniment petit... Nous essayons de Te
contempler, Seigneur, mais nous restons toujours sur notre faim.
D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement: l’homme est si
petit en Dieu, et pour Dieu. Si petit, et si aimé! Si aimé ? Est-ce
possible ?
Imaginons une sphère, une sphère infinie,
mais une sphère de feu. Ce feu mystérieux emplit l’infini qu’est
Dieu Unique; et pourtant ce feu paraît comme dédoublé: un même feu,
de mêmes flammes, une même unité. Un seul Être, un seul feu, et
pourtant la première sphère de feu semble en engendrer une autre
identique qui ne fait qu’un avec elle. L’Amour brûlant étreint les
deux sphères. Un feu d’amour brûlant emplit la double sphère de feu
et l’entraîne dans le mouvement éternel d’un tourbillon sans fin.
Comme ces choses simples sont pourtant
difficiles à exprimer! Un seul Feu, une seule sphère double, un
seul Amour, un seul Dieu, mais trois personnes indissociablement
liées dans et par l’Amour éternel du Feu divin. Nous ne pouvons pas
comprendre. Nous savons seulement que Dieu EST. Jésus est
éternellement Fils avec le Père, Il est Fils et Verbe de Dieu dans
le Feu de l’Amour. Et Jésus brûle de ce Feu avec le Père, dans ce
même Feu de l’Esprit du Père et du Fils...
Une flamme d’amour,
mais d'amour inquiet
Viens Esprit-Saint, viens emplir nos
cœurs de ta flamme d’Amour. Viens Esprit-Saint, fais-nous brûler au
feu de ton Amour. Viens Esprit en nos cœurs, pour qu’ils brûlent de
Toi, qu’ils brûlent de ton Feu, le brûlant Feu d’Amour de Jésus et
du Père. Viens Esprit, viens dans nos cœurs pour qu’ils chantent les
louanges de Dieu, les louanges du Feu, du Feu qui est l’Amour. Viens
Esprit-Saint chanter en nous tout l'amour de Jésus.
Jésus! Nous savons que nous sommes dans
ton Cœur, que Tu nous as placés dans le brasier ardent de ton Cœur
plein d’Amour ? Et Tu nous brûles le cœur dans le Foyer ardent de
ton Cœur amoureux ? Est-ce Toi, ô Jésus qui enflammes nos cœurs dans
les flammes incandescentes de ton Être d’Amour ?
Jésus, Tu nous as mis dans ton Cœur et
nos cœurs se blottissent dans le tien, et nous nous sentons bien,
noyés dans ton Amour, protégés par ta paix. Jésus, Tu nous as fait
entrer dans la sécurité de ton Amour, mais la sécurité inquiète de
ton Cœur qui craint pour ses enfants. Tu nous as fait entrer dans
ton Cœur, ô Jésus, dans ton Cœur amoureux de nous, mais dans ton
Cœur inquiet, inquiet pour tous ceux que Tu aimes et qui ne trouvent
pas le chemin de ton Cœur. Tu nous partages Jésus l’inquiétude
amoureuse des amants, l’inquiétude de tous ceux qui attendent le
retour de l’Aimé, de l’Aimée...
Jésus, les flammes de ton Amour ont
investi nos cœurs. Nous devrions jubiler... Jésus, ton Cœur qui
brûle des flammes de l’Amour, l’Amour-Feu de ton Père et de Toi,
Jésus, ton Cœur qui brûle nous a accueillis en Lui, dans son refuge
sûr, le havre de l’Amour; et nos cœurs brûlent dans tes flammes
d’Amour, dans le Feu consumant de l’Amour trinitaire. Jésus, nous
brûlons dans tes flammes d’Amour. Nous devrions jubiler, exalter,
chanter et glorifier ton Nom, nous perdre dans ta joie... Jésus,
nous devrions mourir d’amour, exulter de bonheur... Nous devrions...
Jésus, nos cœurs brûlent à ton Feu, dans
tes flammes. Nos cœurs se perdent dans ton Feu qui est Dieu, qui est
Père, qui est Fils et Esprit. Jésus, nous Te contemplons et nous
T’aimons: nos cœurs brûlent de l’Amour que Tu nous as partagé.
Jésus, dans le brasier ardent de ton Cœur amoureux nous devrions
exulter d’allégresse... Dans ta sécurité nous devrions nous reposer
en paix...
Oui, nous devrions, Jésus, mais nous ne
le pouvons pas. Tu nous as mis Jésus, dans le brasier brûlant de ton
Amour inquiet. Tu nous as mis, Jésus, dans la fournaise de ta
sécurité amoureuse mais inquiète. Tu nous attends, Jésus, Tu attends
tes enfants, ceux qui sont loin de Toi. Tu attends tes enfants qui
s’égarent, tes enfants qui ont froid, qui ont faim, faim de paix,
faim d’Amour et de Dieu, et aussi faim de Toi.
Tu nous as mis, Jésus, dans la fournaise
ardente de ton Cœur plein d’amour. Nous devrions être en paix, mais
nous ne pouvons pas, Jésus, nous ne pouvons pas, car Tu souffres,
car Tu es inquiet, inquiet pour tes enfants. Jésus, notre cœur brûle
du Feu de ton Amour, mais avec ton Amour Jésus, avec le Feu de ton
amour... Et, avec le Feu de ton Amour, Tu nous as aussi donné
l’inquiétude d’Amour, l’inquiétude terrible qui fut et est toujours
celle de ton agonie, et avec ton Amour, avec son Feu brûlant, Tu
nous as aussi partagé l’inquiétude terrible de tes deux agonies,
celle de Gethsémani et celle de la Croix, quand Tu mourus, Jésus, en
disant “J’ai si soif!”.
Flamme de joie, flamme de vie, flamme de
Feu, flamme d’Amour, brûle nos cœurs dans ton Feu merveilleux.
Flamme de vie, flamme de Dieu, embrase-nous de ta chaleur et
brûle-nous de ton Amour.
Ô flamme de Dieu, ô Amour de Jésus,
délicate douceur, ô flamme de l’Amour rends nos cœurs amoureux. Nous
voulons brûler en Toi, merveilleuse Lumière, nous voulons vivre pour
Toi, ô Amour de Jésus, flamme de Jésus, feu de Jésus brûlant
d’Amour. Ô flamme de Jésus, viens brûler en nos cœurs, viens brûler
en nos vies, et que nos vies deviennent, pour Toi et avec Toi, un
encensoir d’Amour.
Ô flamme de Jésus, ô flamme de
Dieu-Trinité, Esprit d’Amour, Esprit divin, viens embraser nos
cœurs, viens embraser nos vies, viens embraser nos âmes et tout ce
que nous sommes; que nous vivions pour Toi, ô divin Amour. Que nous
vivions pour Toi et la consolation du Fils. Et fais de nous,
Seigneur, des flammes d’Amour, des flammes de ton Amour. Esprit de
l’Amour de Jésus, viens embraser nos âmes, viens embraser nos cœurs.
Esprit de l’Amour du Père et du Fils, fais de nos cœurs des flammes
de ton Amour...
Contempler Dieu c'est contempler l'Amour,
car Dieu est Amour. Contempler Dieu, c’est contempler la Joie! C’est
contempler, c’est toucher le Bonheur. Car Dieu est Joie, Dieu est
bonheur! Ô Dieu, notre Joie, notre contemplation, notre bonheur...
Dieu est bonheur car Il est Trinité: cela nous le savons car Dieu
nous l'a révélé Lui-même
Laisse-nous Te prier, Dieu-Trinité, Toi
qui es l’Amour, Toi qui es Plénitude, Toi qui es l’Être-Bonheur, l’Être-Joie,
l’Être-Don car l’Amour. Nos pauvres paroles nous conduisent toujours
vers l’Amour, car l'Amour, est l'Essence même de Dieu. L’Amour du
Père et du Fils est tellement intense, vivant, glorieux, joyeux,
qu'Il es Dieu Lui-même. Le Père et le Fils sont tellement unis
qu’Ils ne sont plus qu’UN, un seul Amour: l’Esprit généré de
l’Amour, uni dans l’embrassement infini et éternel du Père et du
Fils au sein de la Trinité que nous ne pourrons jamais atteindre,
que nous ne pourrons jamais comprendre, jamais saisir et jamais
dire. L’Esprit d'Amour jaillit du sein de la Trinité dans un bonheur
éternel et une joie indicible, la joie du Père et du Fils unis dans
l'Amour.
Ô Seigneur-Dieu, nous contemplons ton
Bonheur, ta joie et ta félicité... Ton Éternité, Seigneur est une
éternité de délices et de félicité, un bonheur tellement grand, un
Amour si puissant qu’Il devient Créateur! La Création qui naît de
l’Amour, qui naît du Bonheur, ne peut être que joie, plénitude,
allégresse infinie!.
La Création est bonheur!... Dieu-Bonheur,
Dieu-Amour nous a faits pour la joie, pour l’Amour. Nous sommes
faits pour entrer dans la spirale infinie de l’Amour, de la
Plénitude, du Don de l’Être aux petits êtres destinés au Bonheur, à
la joie, à l’Amour. Dieu-Trinité est Amour, est bonheur!
Dieu-Trinité crée pour faire du bonheur... Nous Vous contemplons
Dieu-Trinité qui nous destinez à vivre en Vous pour partager votre
bonheur. Mais nous sommes si petits... et Vous, Vous êtes si
grands... Comment pouvons-nous Vous joindre, et comment pouvez-Vous
nous joindre? Alors, Père, Vous avez eu cette trouvaille
extraordinaire, tellement insensée que les anges rebelles n’ont pas
voulu l’accepter, Vous avez demandé à votre Fils, votre Unique,
infini comme Vous, de prendre un corps d’homme fini, de devenir
Jésus, pour qu’en voyant son visage les hommes voient le visage du
Père: pour nous, par amour, Vous avez rendu possible ce qui ne
l’était pas.
Trinité très sainte, nous Vous adorons.
Nous Vous adorons et nous Vous aimons. Nous Vous aimons avec tout
notre cœur, avec tout notre être. Nous Vous aimons Seigneur avec
l’Amour dont Vous nous avez comblés, que Vous Vous nous avez donné,
pour que nous ayons quelque chose à Vous rendre: car l’amour suppose
l’échange. Nous Vous aimons Dieu très saint, parce que c’est Vous,
Vous qui avez tout fait et qui nous avez aimés le premier.
Nous Vous contemplons Seigneur, et voici
que nous sommes muets, car nous n’avons rien à dire devant un tel
mystère, devant un tel Amour, plongés dans votre joie et dans votre
bonheur. |