Ceux qui osent parler
de Dieu disent: Dieu EST. Ou bien, Dieu existe, et il EST Quelqu'un.
Mais Dieu est le Tout Autre. Il est le Tout-Puissant par qui tout a
été fait. Sans Dieu nous n'existerions pas... Qui est véritablement
Dieu? Qui est ce Dieu Créateur que l'on ne sait pas nommer, que l'on
craint, que les premiers croyants du peuple hébreu ont souvent
cherché à apaiser? Qui est ce Dieu redoutable devant Qui Moïse dut
quitter ses sandales? Qui est ce Dieu redouté qui pourtant s'est
penché vers son peuple, qui a entendu ses cris de détresse? Qui est
ce Dieu qui vient au secours des hommes pécheurs, transgresseurs de
ses lois?
Qui est Dieu, si Grand,
si Puissant qui sait se faire si proche, si aimant? Qui est Dieu qui
créa les mondes par sa Parole. Qui est Dieu dont la Parole inventa
les anges et conçut tous les hommes? Qui est Dieu qui envoya son
Esprit régner sur les eaux et sur toutes les créatures? Qui est Dieu
dont l'Esprit emplit le cœur des hommes pour leur apprendre à aimer?
Dieu est le Tout Autre,
et par eux-mêmes les hommes ne peuvent pas Le connaître. Alors
peut-on vraiment parler de Dieu? Oui, parce que Dieu s'est révélé
aux hommes. Il s'est fait connaître, peu à peu, tout au long des
siècles, et pour que les hommes puissent Le connaître, Il a rendu sa
Parole visible, Il a permis que son Fils, sa parole, s'incarnât dans
un Corps d'homme, pour être près des hommes, pour vivre avec les
hommes, et pour leur révéler qu'Il est Amour, qu'Il est communion
d'Amour.
De nos jours Jésus
n'est plus visiblement au milieu de nous. Mais nous savons qu'Il est
présent dans son Eucharistie, et qu'Il demeure avec nous dans ses
tabernacles. C'est notre foi qui nous l'affirme, car nos sens se
taisent face à l'Eucharistie. Certains mystiques ont "senti" Dieu.
Qu'est-ce que cela veut dire, et faut-il sentir Dieu?
Très souvent, les
prêtres et les responsables de l'Église nous disent: “Nous n’avons
pas à sentir Dieu. Nous n’avons pas besoin de sentir, ce n’est pas
nécessaire, etc. ...” Bref il faut aimer Dieu que l’on ne voit pas,
que l’on n’entend pas, que l’on ne peut toucher, que l'on ne sent
pas... Pourtant l’Écriture nous rappelle parfois: “Goûtez et
voyez comme est bon le Seigneur!” Goûter le Seigneur, n’est-ce
pas Le sentir?
Réfléchissons un peu.
Pourquoi, depuis que le matérialisme a envahi notre monde,
avons-nous tellement peur de “sentir” Dieu. Pourtant tout dans notre
corps est fait pour sentir. On ne peut pas vivre sans sentir, depuis
le haut de notre crâne jusqu’à l’extrémité de nos pieds. Tout en
nous “sent”, car ce sont nos sens qui nous font connaître le monde,
qui nous guident dans nos actions, et qui nous protègent aussi, nous
mettant en garde quand il y a du danger. On parle parfois d’un
sixième sens, tout en s’en méfiant beaucoup, de crainte qu’on ne le
prenne pour un fruit de notre imagination. On a tellement fait
contre ce sixième sens qu’on ne sait même plus s’il existe encore...
Tout cela est bien
difficile à comprendre. Pourtant nous avons besoin de “sentir” Dieu.
Il nous a donné un corps et nous savons nous en servir. Il nous a
donné un cœur et, avec Lui, nous apprenons à aimer. Il nous a donné
une intelligence, et avec elle nous essayons de Le comprendre un
peu. Il nous a donné aussi quelque chose de difficile à définir, un
sixième sens qui devrait nous conduire à Lui, qui devrait nous Le
révéler. Il nous a donné un sixième sens pour que nous Le
“sentions”’. Ô Seigneur, fais que grâce à notre sixième sens nous Te
sentions, que nous T’entendions et que nous Te trouvions quand Tu
entres dans la chambre de notre cœur.
Il est des choses que
nous ne pouvons pas connaître; et cependant elles nous sont si
précieuses. Pour les entendre, pour les comprendre, il nous faut le
sixième sens, ce sens qui nous permet de voir l’invisible,
d’entendre l’inaudible, de sentir l’insensible et, enfin, de
comprendre l’incompréhensible. Nous avons tous, un jour ou l'autre,
entendu les paroles de Dieu et nous continuons à entendre ses mots
d’amour tout au fond de notre cœur. Mais d'une manière courante nous
ne savons plus utiliser notre sixième sens, et trop souvent nous
agissons comme ceux qui croient qu’on ne doit rien “sentir” de Dieu.
Au-delà d'une
parabole...
On met presque toujours
l’accent sur le fils prodigue. Bien sûr, il y a la Miséricorde de
Dieu qui ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse.
Jésus a dit aussi à la femme adultère: “Moi non plus, je ne te
condamnerai pas; va, mais désormais ne pèche plus.” Jésus nous a
fait comprendre également qu’Il ne retirait pas son amour à la
brebis perdue, et que pour la sauver Il n’hésitait pas à abandonner
provisoirement les quatre vingt dix neuf autres en qui Il a
confiance pour aller à sa recherche: c’est normal, car Il est
Miséricorde. Mais aujourd’hui?
Aujourd'hui, dans le
bercail du monde, les données sont inversées: il y a une brebis
juste, et quatre vingt dix neuf autres qui se sont perdues. Que
faire et comment faire pour les sauver toutes? Jésus ne va-Il pas
s’appuyer un peu sur la brebis juste, ne serait-ce que pour qu’elle
lave et soigne les pauvres blessées qu'Il va ramener? Jésus doit
être bien content de trouver cette pauvre petite brebis juste, qui
n’est peut-être pas meilleure que les autres, mais qui, L’aimant
vraiment, ne voulait pas Lui faire de peine. Et heureusement que le
fils aîné de la parabole n’était pas parti, lui aussi, en laissant
au bon Berger toute la tâche. Comment expliquer toutes ces pensées
complexes?...
Par manque d’amour, le
jeune fils délaisse son Père pour aller dans un pays lointain où,
personne ne le connaissant, il pourra se livrer à toutes les
fredaines qui lui passeront par la tête. Pendant ce temps le fils
aîné continue sa tâche, avec le Père et auprès du Père. Oh! bien
sûr, tout n’est pas très charitable dans ses jugements envers son
frère cadet. Parfois il en parle, pas content du tout, mais le Père
se tait. Alors le fils aîné retourne à son travail et à ses
occupations sans plus penser à son frère: il se donne à sa tâche
avec amour; il est gentil avec les serviteurs; de temps en temps il
va visiter quelques malades que le Père lui a recommandés.
Le fils aîné fait tout
cela de bon cœur car il aime son Père, et sa joie est de se
retrouver avec lui, aux repas. Le fils aîné se sent heureux chez
lui, chez son Père. Certes, il y a des périodes plus difficiles, de
mauvaises récoltes, mais le Père, prévoyant, a fait construire, il y
a bien longtemps les silos et les greniers nécessaires pour assurer
la subsistance de toute sa maisonnée: ce n’est jamais la famine chez
le Père raisonnable et prévoyant...
Le Père a grande
confiance en ce fils si sage, mais, depuis quelque temps, il semble
soucieux et parle moins à son fils aîné. D’ailleurs, avec lui, il
n’y a pas à s’inquiéter: tout sera correctement fait et il saura
prendre les initiatives qui conviennent. Cependant le fils aîné
regarde parfois son Père, mais il n’ose pas l’interroger car il sent
une douleur qu’il préfère ne pas exacerber. En silence, le fils aîné
retourne à ses occupations...
Et voilà qu’un jour il
y a une grande fête dans la maison du Père, et lui, le fils, n’a pas
été prévenu! Que se passe-t-il?
– C’est ton frère cadet
qui est revenu, lui dit-on, et le Père a demandé qu’on tue le veau
gras.
Le fils aîné est
complètement retourné:
– Quoi ? tuer le veau
gras pour ce fainéant, ce vicieux ! Terminé ! Je ne mets plus les
pieds à la maison...
Et le fils aîné s’en
va. Il s’éloigne, pas très vite cependant, car confusément, au plus
profond de lui, il sent une infinie tristesse, un immense chagrin:
non vraiment ce n’est pas juste. Donc le Père ne m’aime pas. Il ne
comprend donc pas que tout ce que je fais c’est pour lui. Et quand
son fils, ce paresseux, cet inutile revient... on fait la fête! Le
fils aîné pleure, douloureusement, le cœur envahi de détresse, mais
aussi d’orgueil et de rancune cachée et inavouée... De jalousie
aussi. Le fils aîné pleure, mais soudain il sent une main qui
s’appuie sur ses épaules:
– Mon enfant !
– Tiens ! se dit le
fils aîné, il m’appelle son enfant...
Le fils aîné lève un
peu la tête tout en maugréant:
– Non c’est trop
injuste ! Jamais tu ne m’as donné un chevreau pour faire la fête
avec mes amis, et quand ton fils, ce vaurien revient, tu tues le
veau pour lui.
– Mon enfant, insiste
le Père, reviens; tout ce qui est à moi est à toi. Mais ne
fallait-il pas se réjouir du retour de ton frère qui était mort et
qui maintenant est revenu à la vie.
Pas très convaincu le
fils aîné sèche ses larmes, se lève, et d’un seul coup se précipite
dans les bras du Père:
– Papa ! je croyais que
tu ne m’aimais plus.
Seigneur, nous sommes
tous les fils aînés du Père. Nous sommes tous si pauvres. Oui, comme
le fils aîné nous faisons tout notre travail, comme le Père le
désire: cependant, Il se manifeste si rarement... Pourtant nous
avons tellement besoin de sentir son amour, d’entendre sa voix, et
qu'Il nous dise, au moins de temps en temps qu'Il nous aime... Nous
avons besoin de "sentir" Dieu.
On peut lire dans
l’office de la 9ème semaine du temps ordinaire un petit texte qui
rappelle l'attitude de Job après que Dieu l'ait mis en face de son
impuissance. Job avoue:
Mes yeux T’ont vu,
Seigneur,
et je suis sans désir sur la terre.
J’ai peiné, peiné
pour comprendre,
jusqu’au jour où j’entrai dans ton mystère.
Je me tais, je
n’ouvre plus la bouche,
car c’est toi qui agis.
Job viens de comprendre
que lui ne peut rien, que Dieu seul agit et que tout est pour
l’enseignement et la sanctification des hommes. Nous, nous savons
que Dieu existe: ce savoir est même une évidence, car notre
intelligence, qui existe, ne pourrait pas comprendre, et encore
moins admettre, qu’une intelligence même aussi petite que la nôtre,
puisse exister si l’univers n’est rien, s’il n’y a pas de créateur,
si le monde n’est que vide et néant: cela, la raison le refuse car
ce serait pour elle nier l’évidence.
Nous pouvons dire que
nous avons la foi en Dieu, que nous avons la foi en Jésus, notre
Sauveur; mais souvent notre pauvre petite foi semble défaillir,
souvent nous ne comprenons pas les façons de faire de Jésus, souvent
nous défaillons en Le contemplant à Gethsémani, et souvent nous
pleurons en contemplant notre monde qui se meurt d’inanition de
Dieu. Nous pleurons car nous ne comprenons pas tous ces hommes qui
peuvent vivre sans Dieu, qui peuvent refuser Dieu, qui semblent même
accepter le néant comme si cela leur était égal... Mais on peut se
dire aussi que cela ne doit pas leur être tout à fait égal quand on
constate le nombre de dépressions ou de suicides.
Ces choses ne sont pas
à notre taille: nous sommes trop petits pour les comprendre, ces
choses trop douloureuses, sans commune mesure avec nos pauvres
capacités intellectuelles si limitées. Vraiment, tout est trop
disproportionné... Alors, comme Job, nous nous taisons et nous
essayons de contempler Dieu en silence...
Moïse erre avec son
troupeau dans une région semi-désertique. Depuis déjà plusieurs
années il a dû fuir l'Égypte et aujourd'hui il s'ennuie; il revoit
son passé, son enfance chez la fille de Pharaon, ses études, très
poussées, avec les princes égyptiens. Il aurait pu devenir pharaon,
car il était incontestablement plus doué que le fils héritier. Mais
il y avait son peuple, le peuple des hébreux qui souffrait tellement
dans son esclavage indigne et immérité... Moïse soupire. A-t-il eu
raison de tuer un égyptien pour sauver un hébreu? Après tout,
qu'est-ce que cela lui a rapporté? Des ennuis de toutes sortes, puis
la fuite. Et pourquoi? Pour des gens qui ne lui en ont pas été
reconnaissants... et pour un Dieu qu'il ne connaît même pas. Qui
n'existe peut-être pas... Moïse est triste...
Moïse se sent soudain
très pauvre. Sa prière est pauvre, et pourtant voici que soudain
elle est comme un brasier ardent qui se révèle dans le désert du
Sinaï. Pourtant tout est désert à l’entour, tout est aride, sec,
sans vie. La terre crie sa détresse: elle a soif et il n’y a pas
d’eau. Il n’y a pas d’eau et aucun nuage n’est en vue, aucun espoir
de se désaltérer un peu à une source qui jaillirait si une pluie
d’orage se déversait enfin dans ce désert désespéré... Moïse a beau
scruter l’horizon: rien... Même les animaux assoiffés ne cherchent
même plus les quelques rares touffes d'herbe...
Dans le froid désert du
Sinaï, l’horizon est vide... La vie est morte et les dunes semblent
paralysées. Les montagnes, au loin, ne sont que des déserts de
pierres. Rien, absolument rien ne vit dans ce monde inerte. La soif
devient brûlante et multiple: soif d’eau et de vie, soif de
compagnie et d’amitié, soif d’espérance. Soif aussi de mouvements,
n’importe lesquels, mais du mouvement ! Inconsciemment, Moïse a
aussi comme soif de Dieu, mais de quel Dieu ?
La solitude totale, le
silence oppressant, la peur et l’angoisse absolues règnent dans
l’immensité du désert, dans le Sinaï. L’homme s’est assis; il ferme
les yeux car il n’y a plus rien à espérer que la mort dans le
brouhaha du silence de ce pays hostile. L’homme s’est assis: il
pleure... Il pense à sa famille, à ses amis; il pense à Dieu. Mais
Dieu, où est-Il ? Dieu entend-Il le cri d’appel de l’homme perdu,
découragé ?
Dans le désert du
Sinaï, Moïse s’est assis. Un profond soupir lui fait lever la
tête... Tiens! On dirait que quelque chose bouge là-bas!... Que se
passe-t-il? Pourquoi et comment le buisson brûle-t-il? Pourtant,
Moïse l’avait bien vu, tout-à-l’heure, ce buisson auquel il ne
restait plus que quelques brindilles incapables d’alimenter un feu,
surtout un feu comme celui-là, un feu brillant et qui ne s’éteint
pas... La curiosité pousse l’homme fatigué à se lever et à marcher
vers l’objet de son étonnement.
L’homme approche
lentement, avec précaution et curiosité... Il a oublié sa fatigue et
son découragement. De loin, il contemple le brasier ardent qui
réchauffe son corps las et son cœur désabusé. Le feu brûle
ardemment: pourtant rien ne paraît alimenter ses flammes joyeuses et
comme vivantes. Dans le rayonnement du buisson ardent, l’homme sent
qu’il retrouve sa joie, et l’espoir...
Bientôt, n’y tenant
plus, Moïse laisse là ses bêtes endormies, fait un long détour et
court vers le buisson ardent. Il n'est maintenant plus qu’à quelques
mètres de ce feu mystérieux. Il cherche à s’approcher davantage,
mais quelque chose le retient:
– N’avance plus, dit
une voix, ôte tes chaussures, car ce lieu est un lieu saint.
L’homme étonné
s’arrête. De nouveau il a peur... Il regarde le feu qui vit d’une
vie inconnue, merveilleuse. Il écoute la voix, mais il ne comprend
pas. Il ne sait plus ce qu’il désire: s’enfuir ou rester? Mais il
reste là, fasciné, et soudain sa crainte a disparu. L’homme sent sa
vie renaître, ses forces se refaire. Près du feu du buisson ardent
l’homme se sent heureux, étonnamment heureux... Il voudrait
s'asseoir, rester là, toujours, mais de nouveau la voix se fait
entendre:
– Ne crains plus. Tu
viens de rencontrer Dieu... Maintenant, va vers tes frères, et
porte-leur la chaleur du brasier, la chaleur de l’amour. Va
conforter tes frères et leur donner la vie, la vie que je Te donne,
la Vie de Dieu. Va, et prie, et aime, car la prière est amour, et
l'amour est vie.
Nous sommes souvent
étonnés par la bonté de Dieu, son immense bonté, son inconcevable
bonté. Quand nous pensons à la bonté ineffable et indicible du Père,
nous nous sentons pris de vertige. Nous pouvons avoir l’impression
de descendre dans un gouffre sans fond, dans une spirale infinie qui
s’alimente sans cesse. Alors, nous sommes comme enveloppés, dans la
bonté de Dieu, par l’Amour du Père et sa miséricorde infinie. Nous
sommes submergés, imbibés par l’Amour de Jésus et du Père, un amour
infini et créateur.
Alors que signifie
l'expression: humilité de Dieu, dont parlent tant de mystiques?
Pourquoi dit-on que Dieu est humble? Le Seigneur Jésus, homme sur la
terre nous a dit qu'Il était doux et humble de cœur. Cela se
comprend un peu, car Jésus devait être notre modèle. Mais l’humilité
de Dieu? Dieu n’a pas à se comparer à..., on ne sait d’ailleurs pas
à qui, puisqu’Il est Unique, et Maître de tout. Un seul Dieu,
créateur du ciel et de la terre. Et puis, étymologiquement, humilité
vient de humus, la terre. Et Dieu est infiniment plus que la terre,
sa créature, et bien plus que l’humus. Alors que peut bien signifier
cette expression: l’humilité de Dieu?
Un seul Dieu en trois
personnes, égales, de même nature et de même substance, s’aimant
infiniment d’un même amour, l’Amour. Le Père aime son Fils qu’Il
engendre, son Fils, son Unique. Et le Fils, Parole du Père, aime le
Père, depuis toute éternité. De cet Amour Créateur et bienheureux
pour donner du bonheur et de l’Amour, jaillit éternellement
l’Esprit, Spirale infinie de l’Amour éternel du Père et du Fils.
Tout vient de Dieu. Tout, absolument tout. Rien ne peut se faire
sans Lui, sans que sa volonté le veuille. Alors, l’humilité de Dieu?
Que peut signifier cette expression: l’humilité de Dieu?
Pour nous aider un peu,
nous allons utiliser quelques images. Les acariens sont parfaitement
adaptés. Laissons aller notre imagination.
Nous sommes chez nous,
dans la salle de séjour. La moquette est très propre. Pourtant notre
connaissons la présence du petit monde des acariens, ces minuscules
bestioles grouillant partout sur la surface de la moquette. Nous
savons que nous sommes près de ces bestioles, mais nous ne les
voyons pas. Tout au plus pouvons-nous imaginer un grouillement
anonyme d’êtres sans intérêt, indiscernables, sans individualité
apparente, nuisibles, peut-être. Et ce grouillement renferme
peut-être des milliards d’unités qu’un bon coup d'aspirateur ferait
disparaître à tout jamais. Il faudrait à ces minuscules animaux un
effort hors de leur portée, pour quitter leur monde encombré et
grouillant et commencer une ascension, d'un meuble, par exemple...
Encore un effort
d'imagination. Peut-être que ces milliards d’êtres minuscules,
grouillant sur une surface proche de nous, peut-être que ces êtres
anonymes, indiscernables, constituent un monde, et un monde
organisé... Et si, par rapport à Dieu, ce monde, c’était le nôtre,
si ces êtres étaient nous? Pour Dieu, nous ne sommes rien de plus
que les acariens sont pour nous. Nous, perdus dans le cosmos, dans
l’immensité de l’univers, à peine visibles, et même pas visibles du
tout... sommes-nous plus que les acariens? Quel vertige et quel
désespoir peuvent nous saisir alors! Pour Dieu, pour le Créateur,
nous sommes donc si petits?
Nous sommes donc si
petits, si fragiles? Pourtant il y a bien de l’amour dans nos cœurs,
oh! pas beaucoup, mais un peu tout de même. Et nous avions cru
comprendre que l’homme était aimé de Dieu, que l'homme était comme
au centre de l’univers pour faire le lien entre la matière inerte et
le monde des esprits. Nous sommes donc perdus dans un monde anonyme,
sans espoir de jamais pouvoir atteindre Celui que pourtant nous
voudrions tellement rejoindre. Nous sommes donc si petits, si
faibles, si fragiles, tellement livrés à une volonté aveugle qui
pourrait nous balayer d’un seul coup, sans même s’en rendre compte.
Oh! Seigneur!
Pourtant, Jésus, le
Fils bien-aimé du Père est bien venu vivre chez nous, dans notre
monde minuscule, envoyé par le Père pour nous sauver! Pour nous
prendre avec Lui... Jésus! Comment avez-Vous fait pour venir parmi
nous qui sommes si petits, pour devenir l’un de nous? Dieu infini
envoie son Verbe, sa Parole qui prend la taille et la chair
humaines. Dieu infini se fait fini, Dieu infiniment grand se fait
infiniment petit pour être avec nous parce qu'Il nous aime. N'est-ce
pas cela l'humilité de Dieu? Nous ne pouvons qu'adorer...
Les choses de Dieu sont
inexprimables, c’est pourquoi nous les appelons “choses”. Souvent
nous nous plaignons: “Mon Dieu Vous êtes trop loin... Nous voudrions
tellement Vous voir... Mais nous savons bien que c’est impossible!”
C'est alors qu'une pensée peut surgir en chacun de nous: Dieu est
trop loin? Mais ne sais-tu pas qu’Il est en Toi, dans ton cœur? Ne
sais-tu pas que tu es destiné à être une "pierre" dans la
construction du Corps mystique du Christ?
Dieu le Père
"enveloppe" le Corps de son Fils, le Corps mystique du Christ, cet
étonnant Corps mystique que nous pouvons imaginer comme constitué de
la Tête et du Cœur de Jésus, et des milliards d’atomes vivants, les
saints, qui construisent les membres et les différentes parties du
Corps. Et le Père enveloppe le Corps du Christ, l’Église de Jésus,
d’un Amour extraordinaire. L’étreinte amoureuse du Père enserre le
Fils, inséparable du Corps, et l’ensemble de tous les univers. Le
Père contient le monde qu’Il a donné à son Fils. Et il n’y a que de
l’amour, que l’Amour devenu l’Esprit merveilleux de la Sagesse de
Dieu, dans cette étreinte éternelle et puissante.
Les hommes sont dans le
Cœur du Corps de Jésus. Ils font partie du Cœur de Jésus dont ils
doivent devenir inséparables, dont ils seront devenus inséparables
quand ils auront achevé leur pèlerinage terrestre. Les saints sont
dans le cœur de Jésus, greffés sur lui; son Amour les pénètre, son
Sang irrigue leur être. Et la Chair de Jésus qui les nourrit
quotidiennement, s'ils le veulent, les transforme peu à peu en Lui.
Nos yeux de chair ne
peuvent pas voir cela, car nous sommes encore, sur la terre, des
êtres de chair, d’os et de sensibilité. Nos yeux de chair sont
aveugles, et c’est bien gênant, c’est bien désagréable. Mais
parfois, Jésus, ouvre les yeux de notre âme. Alors nous sommes
comblés, émerveillés: nous voyons Dieu. Jésus remplit nos cœurs. Il
est là et son Amour nous emplit tout entiers.
Les choses de Dieu,
sont difficiles à comprendre. Les choses de Dieu, étranges et
merveilleuses, illuminent nos vies. Ces choses étranges qui
illuminent nos vies sont comme un révélateur de notre âme, de la
vérité de notre âme. L'Amour de Jésus emplit nos cœurs, sa vérité
nous dévoile nos péchés et nos manques d’amour. Son Cœur nous montre
aussi l’immensité de son Amour pour nous, sa Miséricorde et sa
sollicitude. Alors nous sommes confondus, et contrits; et nous
regrettons toutes nos fautes, nos misères, nos lacunes et nos
manques d’amour. Nous comprenons un peu la grandeur infinie de Dieu
et nous découvrons notre petitesse. Tout ce qu'autrefois nous
considérions comme de vraies valeurs prend soudain sa vraie place,
et nous comprenons que beaucoup de ces soi-disant valeurs, trop
humaines, ou pires, ne sont que des erreurs, en fait, l’ivraie que
l’ennemi sème dans le champ de nos âmes.
Nous comprenons, peu à
peu, que les vraies valeurs, nous ne les connaissons pas vraiment.
Nous sommes orgueilleux, mais sans nous en rendre vraiment compte.
Nous confondons modestie et humilité, cette vertu qui fut éminemment
celle de Jésus, doux et humble de cœur. Et voici que nous discernons
la vérité de son Cœur: sa richesse et sa grandeur, ce sont sa
douceur et son humilité.
Toutes ces choses de
Dieu nous dépassent, tant elles sont en dehors de nous tout en étant
en nous puisque nous sommes en Dieu. Ces choses qui sont celles de
Dieu sont trop grandes pour nous... Pourtant, ces choses de Dieu,
voici qu’elles sont en nous. Voici que nous contemplons encore le
Corps mystique du Fils. Nous sommes toujours dans le Cœur de Jésus.
Nous sommes greffés, entés dans le Cœur de Jésus qui est notre vie.
Notre sang, c’est le sien, son Sang qui circule dans nos veines. Son
Amour nous prend, nous enveloppe tout entiers. Nous devenons siens.
Nous sommes en Vous Jésus, émerveillés...
Jésus, doux et humble
de cœur, Vous nous enveloppez de votre Amour. Nous ne sommes plus
nous, nous sommes Vous. Votre humilité, qui est l’humilité de Dieu,
nous comprenons que c’est une des “choses” de Dieu. Jésus,
l’humilité que Vous voulez nous partager, c’est une des choses de
votre Amour... C’est une des “choses” de Dieu, de votre divinité,
c’est une chose, qui, déjà sur cette terre peut nous faire goûter
plus pleinement votre Amour et nous “diviniser”. Vraiment, les
“choses” de Dieu sont trop humbles, donc trop grandes pour nous!
Dieu est tellement
grand, tellement lumineux, tellement éblouissant que nous ne Le
voyons pas. Nous sommes éblouis par l’intensité de sa lumière que
nous ne pouvons soutenir, et nous marchons comme des aveugles. Il
faut dire que nous sommes dans la main de Dieu, enfouis dans son
Amour, et ce n’est pas une bonne situation pour avoir un bon
aperçu... Nous sommes certainement dans un nid douillet, mais notre
angle de vision n’est pas commode du tout...
D'où la décision de
Dieu le Père pour ses tout petits
Dieu, qui regarde au
creux de sa main nous voit nous agiter et nous tordre le cou pour
essayer de Le voir sans y parvenir. Alors Il a pitié de ses pauvres
petits, de ses tout petits, et Il envoie son Fils, son Verbe, son
Unique, pour prendre forme humaine, celle qu’Il aura d’ailleurs un
jour quand Le Corps mystique sera enfin achevé. Le Fils est venu
prendre forme humaine, à notre échelle, en attendant le Corps
mystique, ce pont merveilleux qui réunira les mondes spirituels et
matériels. Le Fils a bien compris que nous étions petits, si petits,
et il a compris aussi que nous ne pouvions pas comprendre. Comme le
prophète Il implore son Père: “Père, pardonne-leur! Ils ne savent
pas ce qu’ils font; ils ne peuvent pas comprendre, ils sont si
petits.”
Pour expliquer aux
hommes les merveilles de Dieu, ces merveilles qu’ils ne peuvent
voir, le Fils a décidé de rester avec eux, en se faisant tout petit
Lui aussi, sinon ils seraient restés encore aveugles devant trop de
lumière. Le Fils a inventé l’Eucharistie. Il a jeté sur la terre des
poignées de poussières d’or, ces Hosties qui sont sa chair, ces
Hosties qui Lui permettent d’être près de chacun de nous, si nous le
voulons bien.
Des millions d’Hosties,
des millions de poussières divines dans lesquelles le Cœur de Jésus
se fait présent à notre échelle, si petites comme nous, mais si
pleines d’Amour! Des millions de poussières d’or et de lumière qui
éclairent nos ténèbres sans nous éblouir. Merveilles de l’Amour!
Jésus, s'ajuste à la taille de ces poussières, Jésus nous prend dans
son Amour. Jésus a pitié de nous, Il nous pardonne nos fautes et nos
misères: nous sommes si petits!
Prière à
Jésus-Eucharistie
Jésus, souviens-Toi que
les adultes sont aussi des tout petits devant Toi, des tout petits
et des pauvres, mais des tout petits encombrés, encombrés de fatras
qui Te cachent. Jésus, souviens-Toi que nous ne sommes que des tout
petits qui se croient quelque chose alors qu’ils ne sont rien.
Jésus, Tu es tout près de chacun de nous, et nous Te prions. “Ô
Jésus! augmente notre foi en ton Eucharistie! Et si Tu vois que nous
avons trop de mal à sortir de nous-mêmes, à nous désencombrer de
tous nos savoirs terrestres, ô Jésus, par pitié, montre-Toi un petit
peu.”
Jésus, souviens-Toi que
nous ne sommes que des tout petits et des pauvres. Souviens-Toi,
Jésus, que malgré tout ce que nous croyons avoir ou savoir, nous ne
sommes que des pauvres démunis de tout et désemparés. Souviens-Toi
Jésus, que nous ne pouvons connaître que ce que nous entendons ou
voyons. Hélas! Si Tu nous parlais audiblement, nous serions
terrifiés. Que faire, Seigneur? Vois comme nous sommes pauvres, si
petits et si pauvres!
"Heureux les pauvres
de cœur, le Royaume des Cieux est à eux!" La pauvreté que Dieu
aime, c’est la pauvreté du cœur, c’est la pauvreté du cœur humble
qui sait que Dieu EST. L’humilité, dit-on, c’est la vérité, et
l’unique Vérité c’est de savoir que seul Dieu EST, et que les
créatures, toutes les créatures, ne sont rien, ou plutôt ne sont que
par le désir de l’ÊTRE qui veut les faire exister. De moi-même je ne
suis rien, je ne peux rien, tous mes efforts, même les plus grands
ne peuvent que me conduire à mettre mon néant et mon impuissance en
évidence. Je ne suis rien, Dieu seul EST, Dieu seul peut, Dieu seul
est QUELQU’UN par Lui-même.
Toutes nos pauvres
méditations humaines aboutissent toujours à cette même constatation:
je ne suis rien, par moi-même je ne peux rien; je n’existe que parce
que Dieu veut que j’existe, et je dépends entièrement de sa volonté
à LUI.
Quand nous pensons à
cela, nous sentons notre être se vider, nous nous sentons
disparaître, nous perdons complètement pied. Sensation étrange et
redoutable! Et parfois nous avons très peur... Nous nous redisons:
qui suis-je? Est-ce que j’existe vraiment? Et pourquoi? La mort
définitive et inévitable est-elle obligatoire? Dois-je disparaître à
tout jamais? Alors, que valent les œuvres des hommes, même les plus
belles, les plus parfaites, humainement parlant? À quoi bon 'faire
quelque chose', à quoi bon essayer de mieux faire, de devenir bon,
de se fatiguer, si tout cela doit disparaître définitivement, et
même, est-ce que tout cela existe, ou a jamais existé!”
Il nous semble sombrer
dans un horrible vertige métaphysique: “Vanité des vanités, et tout
est vanité!” Et nous avons mal d’un mal indéfinissable, d'un mal
métaphysique qui n’existe peut-être même pas... Dans notre esprit,
notre extrême pauvreté se tourne encore vers le Seigneur, et nous
contemplons la "Grande Main de Dieu". Nous contemplons le Père,
contemplant sa Création. Elle est tout entière dans sa Main, comme
blottie dans le creux de sa Main. Le Père Créateur la contemple, et
l’aime. Le Père aime sa Création tout entière, Il l’aime tout
entière, dans ses grandes merveilles, dans ses grandes galaxies, et
dans ses univers infiniment petits...
Contemplons le Père
contemplant sa Grande Main qui contient l’univers entier. Dieu aime
cet univers qui contient et protège une petite planète et ses
habitants, presque invisibles, sauf de Lui. Dieu aime les hommes
qu'Il fit avec Amour, un Amour infini, car Il les a tous prédestinés
à être les cellules constitutives du Corps mystique de ton Verbe. Le
Père Infini, hors du temps, hors des choses, Amour créateur, aime
les hommes, ces merveilles qu'Il créa pour son Fils, ces merveilles
dont il fait ses délices.. Mais comment fait-Il pour nous voir? Nous
sommes si petits et si pauvres, si démunis, si impuissants, et pire,
nous ne savons pas aimer, nous ne savons pas répondre à l'Amour qui
nous aime. De nouveau nous nous perdons dans le vertige
métaphysique.
Vraiment, chacun de
nous peut se dire: mon Seigneur, je suis l’un de ces hommes
tellement petits que Toi seul peut savoir qu’ils existent vraiment.
Tu nous vois, et moi, je cherche ta face... Tu m’as fait pour
T’aimer, et je T’aime; mais comprends-moi, Seigneur, je voudrais Te
voir, je voudrais T’entendre, je voudrais T’aimer, mais je ne sais
pas faire. Je sais que Tu nous as envoyé ton Fils, ton Bien-Aimé, et
Il nous aima tellement! Mais nous L’avons tué, nous L’avons
crucifié... Et nous sommes tellement malheureux...
Seigneur, laisse-nous
Te regarder, un peu, depuis l’infiniment petit que Toi seul peux
voir. Laisse-nous Te contempler un peu, Seigneur, car nous ne sommes
que de pauvres petits êtres sensibles qui avons besoin des sens que
Tu leur as donnés pour qu’ils puissent T’aimer. Seigneur, dans notre
extrême petitesse, nous crions vers Toi; entends notre prière,
entends nos voix, entends nos plaintes, entends l’angoisse de nos
cœurs qui Te cherchent...
Nous sommes si pauvres
et si finis. Et nous sommes dans la Main de Dieu, dans le Cœur de
Dieu, le Cœur de l’Amour. Notre esprit se perd quand il a
l’intuition fugitive qu’il est dans la Main de l’Être qui seul EST,
et qui est sans avant et sans après, car Il est tout simplement
éternel PRÉSENT. Nos cœurs et nos esprits sont bouleversés quand ils
réalisent que le seul ÊTRE sans avant, sans après, l’ÊTRE qui est
QUELQU’UN, l’ÊTRE éternel qui est AMOUR connaît chacun de nous
personnellement et l’aime.
Soudain nous ne savons
plus rien, et pourtant nos cœurs savent qu’ils aiment cet ÊTRE qui
nous aime. Quoi faire d'autre maintenant que d'adorer Dieu et Le
prier?
Prière d'adoration
Je T’adore, mon
Seigneur, Toi le seul ÊTRE, l’ÊTRE unique et tout-puissant, l’ÊTRE
Créateur, mais créateur parce qu’Amour. Tu es AMOUR, mon Seigneur,
Tu nous dépasses infiniment, nous ne pouvons pas Te saisir, nous ne
pouvons pas comprendre, mais nous croyons. Nous sommes dans un
vertige épouvantable, mais nous prions. Seigneur Dieu, comment es-Tu
Amour? Comment es-Tu un Père? Comment es-Tu à la fois tout-puissant
et toute Miséricorde? Comment es-Tu ÊTRE, infini, tout puissant, et
en même temps AMOUR qui se penche avec une sollicitude infinie sur
les pauvres petits êtres que nous sommes, qui ne sommes même pas
capables d’obéir à ton mode d’emploi d’amour, ta Loi merveilleuse,
reflet de ton Amour.
Je T’adore, mon
Seigneur. Je T’adore et je T’aime, mais d’un amour tellement petit
que je n’arrive pas à saisir que Tu puisses me connaître
personnellement, que Tu puisses demeurer près de moi, que Tu puisses
m’aimer, et m’aimer tendrement. Tu m’aimes tendrement, mon Seigneur,
comme QUELQU’UN d’affectueux, de tendre, plein d’attentions et de
délicatesses. Tu es vraiment QUELQU’UN mon Seigneur, Tu es
QUELQU’UN, toujours près de moi, Tu m’accompagnes sur tous mes
chemins, Tu me guides, comme Tu guides chacun de tes enfants. Ton
Cœur étreint le mien pour le conserver près de Lui. Tu es toujours
avec moi, mon Seigneur, et mon cœur fond d’amour.
Tu es vraiment
QUELQU’UN Seigneur, QUELQU’UN de vivant, d’infiniment vivant qui
nous donnes la vie. Tu es notre seule vie, et nous T’aimons. Nous Te
parlons, Seigneur; nous ne comprenons pas toujours tes réponses car
le langage d’amour ne s’apprend que lentement. Mais parfois nous
comprenons que Toi qui ES, Toi qui es VIE, Tu nous fais entrer dans
ta Vie, dans ton ÊTRE. C’est étonnant, inexprimable, il n’y a pas de
mot pour le dire, et pourtant nous savons que Tu es QUELQU’UN, que
Tu nous aimes, et que Tu nous fais entrer dans ta vie, ta vie
éternelle, sans avant, sans après, dans ta Vie Trinitaire.
Seigneur, Tu nous
laisses sans parole, sans mot, mais seulement dans la paix, l’amour,
l’adoration et l’abandon...
Dieu est l’Intelligence
infinie, suprême. Dieu peut contempler, d’un seul regard, toute sa
Création, tous ses enfants, même les plus petits, et parmi ces plus
petits, les hommes que nous sommes. Dieu peut nous regarder
individuellement, et nous aimer les uns et les autres, chacun étant
unique. Et là est un nouveau mystère qui nous échappe complètement:
qu’est-ce que l’Homme pour que Dieu l’aime ainsi...
Dieu est Amour, Dieu
est l’Amour, et c’est l’Amour qui nous pense, nous crée et nous
aime. L’Homme est l’Œuvre de Dieu, son Chef-d’Œuvre. Quand les
hommes, pécheurs mais rachetés par la Croix du Christ, contemplent
la Création, ils contemplent le Père très saint, ils contemplent
aussi son Fils Bien-Aimé, son Unique. La Croix et le Sacré-Cœur ne
font qu’un et c’est le Corps du Christ, le Corps mystique du Fils.
Le Sacré-Cœur et la Croix ouvrent leurs bras pour accueillir les
mondes, tous les mondes spirituels et matériels, toute la Création.
Le Corps mystique du Christ semble jaillir de la terre et être au
centre de la Création. Tout baigne en Dieu et dans son Silence...
Ô Seigneur! Votre
Silence nous effraie et pourtant il nous parle. Votre Silence a fait
les mondes, avec leurs forces de cohésion ou d’extension. Votre
Silence a créé les ondes sonores, et la gravitation universelle, et
les ondes électromagnétiques, et toutes les forces qui régissent
l’univers. Et toutes ces forces de l’univers, ces forces qui créent
l’univers, qui sont la structure même de l’univers et qui assurent
son équilibre, ces forces, quand elles parviennent à nos oreilles
sont bruits, ou lumières, ou ténèbres, ou joie, ou douleur...
C’est seulement par ces
forces que nos sens peuvent capter, que nous connaissons l’univers.
Mais quand cela fait trop de bruit, ou trop de lumière, ou trop
d’autres choses que nous ne savons pas nommer, nous sommes
assourdis, ou aveuglés, ou effrayés. L’univers et les mondes qui
nous entourent nous effraient ou nous séduisent. Et quand ils nous
séduisent trop, ils nous éloignent de Dieu. Car le Seigneur est
Silence, et son silence ne peut pas s’entendre dans le bruit... Pour
que nous puissions entendre Dieu, il faut que nous fassions silence.
Comme nous voulons
entendre Dieu et Le voir, nous essayons de faire silence en nous;
mais souvent, dès que nous nous mettons en sa présence, un cinéma
infernal naît en nous et obscurcit notre intelligence qui s’affole.
Notre cœur crie vers le Seigneur, mais Il semble se taire. Pourtant
nous aimerions tellement pouvoir dialoguer un peu avec Lui, au moins
de temps en temps. Mais nous sommes si peu adaptés aux choses de
Dieu, que nous ne savons pas nous diriger, que nous ne savons pas
vivre cette vie qu'Il a mise en nous.
Oui, Vous êtes Silence,
Dieu tout-puissant. Tout est bruit en nous et autour de nous, et
votre Silence, nous ne savons pas le lire. Alors nous Vous prions
de nous faire entendre et comprendre votre Silence.
Ô Dieu puissant, nos
pauvres oreilles d’homme ne peuvent pas entendre votre Silence. Nos
yeux humains ne savent pas voir votre Lumière, nos sens terrestres
ne sont pas faits pour Vous sentir... seul le cœur nous reste pour
pouvoir y “lire” ce que votre Silence y inscrit quelquefois? Mais
alors, ce ne sont pas des paroles humaines; cela n’a ni forme, ni
couleur, ni son. C’est indéfinissable, et pourtant c’est Vous qui
voulez nous dire quelque chose, quelque chose que ne savons pas
toujours lire. Alors, de notre cœur, jaillit cette prière étonnante:
– Vous voyez bien,
Seigneur, qu’il faut que Vous les inscriviez plus fort vos paroles,
au fond de nos cœurs pour que nous les entendions. Et il faudrait
aussi que Vous les traduisiez en nos langages humains. Seigneur,
parlez-nous, si Vous le voulez, par votre Silence, mais donnez en la
traduction...
Mon Dieu ! Vous êtes
Silence et Amour. C’est votre nature, c’est votre Être. De toute
éternité Vous êtes, de toute éternité dans votre Famille Trinitaire
qui est Vous, Vous aimez, car Vous êtes Amour. Et votre Amour est
Silence, mais Silence créateur. Ces choses, nous ne pouvons les
comprendre que dans le silence de la contemplation, et en utilisant
quelques images humaines.
Pour expliquer ce que
nous ne savons pas dire, nous allons utiliser une parabole.
Regardons une photographie sur laquelle nous voyons un paysage, des
animaux et quelques personnages. Tous ces éléments sont indépendants
les uns des autres, et pourtant nous pouvons les regarder soit d’une
manière globale, soit nous arrêter quelques instants sur chacun
d’eux. Nous contemplons les sommets d’une montagne splendide : comme
c’est beau ! Nous regardons un enfant qui joue : comme c’est
touchant et comme le regard de la maman qui le surveille est plein
d’amour et d’émerveillement !
Voici un petit animal
plein de drôlerie : nous sourions. Et voici le torrent qui irriguera
la vallée; et les herbages nourrissants que le bétail broute, et
quelques fleurs qui colorent le tout... Nous ne voyons qu'une seule
chose à la fois, et pourtant nous voyons aussi l’ensemble. Si nous
fermons les yeux, nous voyons encore l’image car elle est dans notre
cœur et dans notre mémoire, et même si le temps passe, son souvenir
ne s’estompera pas, elle fait partie de nous. Oui, nous aimons cette
photo, elle nous plaît beaucoup, tellement que nous la rangeons
soigneusement: nous aurons plaisir à la regarder de temps en
temps...
Mon Dieu, voici que
nous Vous contemplons comme nous pouvons contempler une photo, mais
cette fois, c'est la photo de votre Création, de votre l’univers,
que nous regardons, et Vous aussi, Seigneur, Vous contemplez votre
Création. Seigneur, votre création, c’est comme cette photo. Tout
l’Univers est en Vous et Vous l’enveloppez. Votre Cœur qui
l’enveloppe voit, aujourd’hui, à cet instant précis, le Big-bang
d’où jaillit tout le reste, ce reste qui est dans votre Cœur et que
Vous contemplez aussi. Et vous voyez tous les anges à qui Vous
confiez la garde de tout ce qui se fait ou se fera, mais qui est
déjà là, sous les “yeux” de votre Cœur créateur et aimant, votre
Cœur éternel pour qui tout existe déjà dans l’éternel présent de
votre éternité. Car le Big-bang d’hier, est toujours aujourd’hui
pour Vous. Pourtant c’est aussi l’univers d’aujourd’hui et de
demain, mais toujours votre aujourd’hui à Vous, votre aujourd’hui
qui ne passe pas car Il est pour Vous éternel présent.
Père, il y a beaucoup
de ce que nous appelons: bruit, dans votre univers en formation que
les anges surveillent: mais, Dieu et notre Père, dans votre silence
éternel, Vous voyez en même temps l’ensemble et les détails, Vous
voyez le passé et l’avenir de tous ces mondes, vos œuvres, car toute
la Création est comme une photo placée dans la “main” de votre Cœur,
une photo en relief, et animée, et d’un seul regard Vous voyez tout,
Vous aimez tout. Vous voyez tout, Seigneur, même ce que l’on
pourrait appeler: invisible, car tout vient de Vous, et Vous savez
parfaitement ce que Vous faites, puisque tout est dans votre pensée
éternelle.
Ô Dieu, venez à notre
aide: c’est tellement difficile de “nous mettre comme à votre
place”, de nous abstraire, et d’imaginer le monde dans une immense
main bienveillante, d’imaginer ce monde en mouvement, mais dans
votre main hors du temps, tandis que nous, placés dans ce monde en
mouvement, nous sommes soumis au temps qui se crée dans votre main,
mais qui est associé à la Création que Vous contemplez constamment
dans son ensemble.
Trinité de Dieu,
éternelle et Créatrice, hors du temps Vous contemplez notre temps.
Et nous, avec nos “yeux”, et comme Vous, nous contemplons l’univers
que les anges dirigent, et nous “voyons”. Nous “voyons” la terre, et
les hommes dessus. Vous les aimez beaucoup car vous les destinez à
être les pierres du Corps de votre Fils. Et nous “voyons" comme
avec vos “yeux”. Voici Adam, et Ève... et Caïn, et leurs sottises
que Vous voyez aussi en ce moment: les pauvres petits! Ils se
préparent de mauvais jours, mais Vous ne Vous inquiétez pas trop,
car Vous voyez la suite. Vous voyez Abraham que Vous choisissez
maintenant, comme prémice pour votre peuple qui deviendra l’Église
du Fils... En regardant Abraham, Vous regardez aussi Moïse, et Élie,
et David, et tous les prophètes. Vous regardez leurs tâtonnements
maladroits pour se rapprocher de Vous, dans leur liberté hésitante
que Vous leur avez donnée pour apprendre à aimer, à Vous aimer. Ils
sont bien hésitants, mais Vous voyez comment ils apprennent l’amour
que Jésus, votre Fils, perfectionnera bientôt pour eux, aujourd’hui,
en ce moment, sous vos “yeux”, en ce présent éternel de votre
éternité. Seigneur, Vous voyez tous vos enfants, et toute leur
histoire, l’histoire que leur liberté façonne malgré les
imperfections dues au temps dans lequel Vous les avez placés.
Nous voyons tout cela,
nous aussi, et nous nous voyons. Nous sommes sur la terre, et nous
nous plaignons de votre Silence. Pourtant nous sommes en Vous,
Seigneur notre Dieu, nous venons de Vous, nous participons à votre
Être et à votre vie. Mais nous hésitons toujours sur la route du
temps, ce temps que Vous avez créé pour nous apprendre à vivre dans
votre liberté, et surtout dans l’amour et de l’Amour. Nous savons
aussi, seigneur, que nous construisons le Corps de votre Fils, le
Corps du Fils unique qui doit rassembler en Lui toute la création,
pour Vous la présenter et l’unir à la Très sainte Trinité.
Nous sommes dans le
temps, dans le bruit... Mais nous savons que la Création est déjà
terminée, que Vous la voyez tout entière dans son évolution. Nous
savons qu’hier, aujourd’hui, et demain sont déjà là pour Vous,
qu’ils l’ont toujours été, et que nous aussi, mais si
mystérieusement, nous sommes déjà finis, déjà dans votre Amour, dans
votre Silence d’Amour. Quoique encore dans le temps, nous sommes
déjà dans votre éternité...
"Contemplons” encore la
grande main de Dieu. Nous la ”voyons” contenant notre univers et
tous les univers, le nôtre et peut-être les autres; mais au fond,
c’est sans importance puisque, s’ils existent, ces autres univers,
nous ne les connaîtrons jamais... En réalité c’est tout le cosmos,
toute la Création que nous “contemplons” dans la grande Main de
Dieu.
Seigneur, quand nous
disons: je “contemple” Dieu, en réalité nous ne voyons rien. Nous
arrivons à imaginer les cosmos, mais la Main de Dieu est hors de
notre portée. Pourtant Dieu contient toute sa Création, mais Il est
le Tout Autre, indéfinissable, hors de nous et cependant en nous,
infiniment puissant tandis que nous ne pouvons rien. Alors que
sommes-nous? Quand nous venons de communier, c'est Jésus-Christ,
Fils du Père, Verbe de Dieu qui est en nous. Nous contenons Celui
qui nous contient et que nous ne pouvons contenir. Et nous vivons
dans le mystère le plus total, le plus profond. Nous ne sommes rien
et nous sommes. Nous ne pouvons rien, et pourtant nous devons
agir... mais pour quoi faire?
Nous “contemplons” Dieu
contemplant la Création qu’Il contient, qu’Il tient dans sa main.
Nous disons “la main”, mais Dieu n’a pas de main; alors où et
comment nous contient-Il? Et voici que Dieu “se penche” sur sa
Création. Voici que Dieu contemple une petite terre et des petits
hommes insignifiants et pourtant grands, car Dieu a décidé de
construire avec ces hommes-là le Corps mystique de son Christ et
d’en peupler la Jérusalem nouvelle. Dieu aime son Christ, son Verbe,
la deuxième personne de sa Trinité glorieuse. Le Père aime le Fils
qui L’aime, et de cet Amour jaillit l’Esprit. Mais cet Amour infini
aime aussi sa création, émanation de son Amour. Et pour que la
Création puisse répondre par un amour à l’Amour, il fallait des
êtres intelligents et sensibles, libres et capables d’aimer. Mon
Dieu, que ces choses sont difficiles!!!
Les anges peuvent
aimer, mais ils ne sont qu’esprits: c’est insuffisant, car Dieu aime
aussi la matière qu’Il a faite. Dieu voulait des êtres matière et
esprit, alors Dieu fit les hommes. On dit que l’univers chante,
crie, hurle la gloire de Dieu. Mais cette gloire est sans amour:
l’univers obéit à ses lois qui gèrent son chaos, mais ce sont des
lois sans connaissance, sans amour, des lois aveugles. Dieu-Amour
veut davantage. Dieu veut une libre réponse d’amour, venant à la
fois de l’esprit et de la matière... Pour cela il a fait les hommes,
les hommes capables d’aimer comme ils sont capables de penser. Dieu
a donné des lois aux hommes, des lois de bonheur, des lois d’amour
pour être aptes à être les pierres vivantes de la finale de sa
Création: la Jérusalem nouvelle.
Seigneur, Vous êtes
hors du temps, Vous êtes immuable. Le temps, les temps devrions-nous
dire, les milliards de temps nés des divers mouvements des milliards
de galaxies, ces temps ne concernent que les créatures matière.
Donc, nous, les hommes, nous sommes à la fois dans notre temps
terrestre, et peut-être dans d’autres temps galactiques, tout en
étant en Dieu qui est hors du temps. Seigneur, où sommes-nous? Et
surtout comment avons-nous pu nous détacher de Toi en transgressant
ta Loi d’amour? Seigneur viens vite à notre aide. Nous avons mangé
le fruit défendu de l’Arbre de la connaissance, nous avons voulu
être comme Toi, alors que nous ne sommes rien... Et nous le payons
bien cher. Aie pitié de nous, Seigneur!
Et cependant, malgré
notre péché,... Dieu “se penche” sur ses créatures, Dieu ”écoute” et
“entend” le cri de ses enfants, de son peuple. Dieu “écoute”, Dieu
“entend”, Dieu “voit”... Dieu se penche comme une mère se penche
vers son petit enfant qui pleure... Comme une mère aimante, Dieu
panse les petits bobos de son petit qui est tombé... Comme une mère
aimante, Dieu console ses enfants. Dieu, Père et Mère à la fois,
s’intéresse à ses enfants malheureux quand ils L’appellent. Dieu
aime tous ses enfants, car Il est l’Amour. Mais Dieu aime d’un amour
plus spécial les enfants qui L’aiment et qui sont heureux, car ils
font sa volonté... Dieu les aime, ces petits qui L’aiment, et Dieu
s’émeut dans sa tendresse divine.
Car Dieu est Dieu, le
Tout-Autre, et cependant Il est aussi QUELQU’UN, QUELQU’UN de
personnel, qui connaît chacune de ses créatures capables d’aimer. Il
les connaît même mieux et plus qu’elles ne se connaissent
elles-mêmes. Et voici que nous "touchons" un nouveau mystère: Dieu,
le Tout-puissant, le Tout-Autre, l’Infini, est aussi QUELQU’UN qui
se tourne vers le fini, le regarde, l’aime, et l’enveloppe de toute
sa tendresse divine.
Dieu est QUELQU’UN,
quelqu’un qui nous connaît, qui connaît chacun de nous, qui nous
aime, et même tendrement. Dieu, le Tout-Autre nous aime tendrement.
Dieu est le Tout Autre,
l’Unique, le Tout Puissant, Infini, Éternel, sans dimension, hors du
temps. Dieu est le Tout Autre, mais Il est cependant QUELQU’UN qui
porte sa Création dans sa Main, qui regarde sa Création et qui
l’aime. Cependant Dieu a comme une "cote d’amour" spéciale pour les
hommes, car chaque homme rassemble en lui comme un échantillon des
divers éléments de toute la création, chaque homme est une sorte de
synthèse de l’œuvre de Dieu, et chaque homme sera, et est peut-être
déjà, une des innombrables pierres qui constitueront le Corps du
Fils dans la Jérusalem céleste. Quel mystère incroyable!
Pouvons-nous maintenant
"imaginer" la Trinité. Sa Substance emplit l’infini. Sa substance
est aussi dans le Corps mystique, fini mais pourtant infini puisque
le Fils est l’égal du Père, UN avec Lui. Toute la substance de la
Trinité est Dieu. De la même façon que nos intelligences bornées
peuvent comprendre qu’une miette d’hostie vaut une hostie tout
entière, Jésus étant intégralement présent dans la miette comme
l’hostie entière, une “miette” de la Substance divine c’est toute la
Substance divine, c’est Dieu tout entier.
Alors le miracle peut
se produire. La Trinité “prend” une parcelle de sa Substance et la
parcelle-Fils peut s’incarner. La parcelle de Dieu-Fils peut
“pénétrer”, “envahir” un corps d’homme et devenir
Jésus-Christ-Messie. Le Christ est tout-à-fait homme: nous le
voyons. Il est aussi tout-à-fait Dieu. Le Christ peut alors
constituer son Corps mystique, et grandir avec Lui jusqu’à ce qu’il
ait atteint la taille que Dieu désire. Le Corps de Jésus est le
Corps du Fils, Un avec le Père et l’Esprit. Son Cœur est le Cœur de
la Trinité. Quand nous sommes dans le Cœur de Jésus, nous sommes
dans le Cœur de Dieu.
Jésus vit dans son
Corps mystique, et le Cœur de Jésus vit donc dans son Corps
mystique. Le Cœur de Jésus-Fils de Dieu, Verbe de Dieu vit dans son
Corps mystique dont il est le Cœur. Le Cœur mystique du Christ vit
donc dans le Cœur de la Trinité. En conséquence, les créatures les
plus saintes qui sont dans le Cœur du Corps mystique sont dans le
Cœur du Verbe de Dieu, donc dans le Cœur de la Trinité. La très
sainte Vierge est donc dans le Cœur de la Trinité. Ainsi ceux qui
disent que Marie est dans le Cœur de la Trinité ne se trompent pas.
Le raisonnement est logique; encore faut-il prendre la peine et le
temps de faire ce raisonnement.
Dieu est le Père, Dieu
est le seul Être, l’unique Être, l’Être infini dont nous ne
connaissons rien. Ceux qui veulent parler de Dieu le Père, l’ÊTRE
unique et infini, utilisent des analogies, des comparaisons
humaines. Ces analogies peuvent nous faire comprendre quelques
bribes de ce qu’est Dieu, mais elles sont insuffisantes et
incontestablement elles sont fausses. Dieu est le Tout-Autre. Alors
comment faire? Dieu veut que nous L’aimions, mais comment aimer un
amour abstrait, un Amour inconnu qui ne peut être, dans la pensée
humaine, qu’une vague analogie avec le seul pauvre amour d’un cœur
d’homme, le seul amour que l’homme connaisse.
Dieu,
Père-Fils-et-Esprit, nous ne Le voyons pas, nous ne L’entendons pas,
nous ne Le touchons pas, nous ne Le sentons pas. Comment en effet,
voir l’Invisible, entendre l’Inaudible, sentir Celui qui est sans
odeur, et toucher l’Intouchable. Et nous ne pouvons saisir Celui qui
est insaisissable... Il nous semble soudain détecter quelque chose
d’impalpable, quelque chose d’infiniment ténu et pourtant réel. Et
voici que “nous imaginons” l’inimaginable...
Voici que Dieu se
"présente" comme une nuée immense, illimitée, sphérique mais en
expansion partout et pourtant toujours à l’intérieur de son ÊTRE.
Dieu EST, et Dieu est partout et nulle part puisque en dehors de la
création, son œuvre, il n’y a rien d’autre que Lui. Et Dieu crée...
et de l’ÊTRE INTELLIGENCE suprême, naissent des particules nées de
Lui seul, des particules qu’aucun œil créé ne pourra jamais voir,
car elles sont à la fois infiniment petites et infiniment grandes...
Mystère insondable de
la Pensée Créatrice! Ces particules sont en Dieu, de Dieu, et
pourtant indépendantes de Dieu qui leur confie une goutte de sa
"force", son "énergie" créatrice d’une puissance extraordinaire
puisque née de Dieu même. Et sous l’action de cette force émanée de
la Force de Dieu, voici que ces particules, ces forces jaillies de
Dieu, s’organisent, se mettent en place pour se préparer à
accueillir l’Œuvre magistrale: la vie.
Voici aussi les
esprits. De la même façon que Dieu a préparé des lieux d’accueil
pour la vie confiée à la matière, ne peut-on supposer que pour les
esprits Il ait agi ainsi. L’INTELLIGENCE suprême n’aurait-elle pas
pu faire naître d’Elle, et en Elle, des “particules” d’intelligence,
des “gouttes” d’intelligence pour lesquelles Elle aurait préparé des
lieux d’accueil, des lieux où il ferait bon vivre et où ces gouttes
spirituelles seraient heureuses, pleinement heureuses, et
suffisamment libres pour se détacher d’eux et aimer le SEUL qui soit
aimable: Dieu.
Cette contemplation
nous stupéfie. Dieu crée... Et voici que naissent des esprits
accueillis dans les lieux d’accueil spirituels faits pour eux, pour
les béatifier. Quelles béatitudes merveilleuses que celles destinées
aux esprits angéliques! Quelle joie pour ces intelligences pures de
découvrir les trésors de l’Intelligence suprême! Quelle extase pour
elles que la découverte de l’Amour, et de l’amour qui les liera
entre elles! Joie éternelle de l’amour pour Dieu, en Dieu et entre
elles! Merveilles infinies que Dieu seul connaît! Merveilles que les
mondes des anges qui aiment et qui découvrent les merveilles de
Dieu, leur Créateur! Quelle perfection aussi! Et quelle pureté!
Dieu-Père contemple sa
Création et partage sa joie éternelle au Fils qui est UN avec Lui et
que leur Amour-Esprit-Saint unit dans une union éternelle
trinitaire: Dieu UN et TROIS personnes à la fois.
Dieu-Père-Fils-et-Esprit contemple sa création: les mondes
angéliques et les mondes vivants, matériels et sensibles, qui se
développent admirablement. Son Esprit éternel s’étonne soudain: dans
les temps qui se sont constitués en même temps que les multiples
mécaniques dont ils sont nés, là où les vies si multiples ont pu
jaillir à l’appel du Verbe-Fils, et être accueillies dans les lieux
spécialement préparés pour elles, quelque chose manque encore: un
être réalisant la fusion entre les vies sensibles mais Matière, et
les vies spirituelles, les esprits. Dieu vit cela et Dieu parla par
son Verbe, son Fils bien-aimé. Et Dieu créa la merveille des
merveilles: l’Homme. Dieu dit, et l’Homme fut. Et l’Homme était très
bon.
L’Homme fut! Alors Dieu
contempla son œuvre: tout était bon, incroyablement bon, et Dieu
était content, Dieu était heureux. L’éternité de Dieu était
heureuse, éternelle et présente dans les temps qui s’étaient établis
pour faire “tourner” la mécanique des mondes. Dieu était content,
immensément content... Mais quand Il contempla l’Homme, Dieu
s’émerveilla Lui-même: oui, c’était vraiment très bon!
Oui, Dieu était très
content... et Dieu se dit que pour expérimenter la plus belle de ses
créatures, celle qui concentrait en elle toutes ses merveilles
spirituelles et matérielles, Il devrait s’incarner et prendre un
Corps d’homme. Et le Père “imaginait” déjà son Fils bien-aimé vivant
une heureuse vie humaine, une vie humaine sensible et pleine d’amour
pour son Dieu Créateur. Et Dieu le Père, en son Fils et par son Fils
“expérimentait” les joies étonnantes des hommes faits pour le
bonheur car faits pour L’aimer, pour aimer Dieu...
C’était si bon que Dieu
le Père, pour remercier le Verbe, son Fils bien-aimé, et afin de
gérer en même temps les mondes angéliques et les univers que sa
Force divine avait si bien mis en œuvre, Dieu, éternelle Pensée
divine, décida l'Incarnation. Dieu incarné dans un homme, ce serait
l’Œuvre sublime du Fils. Alors tout serait en Dieu, la Création tout
entière deviendrait Une elle aussi, une dans le Corps du Christ-Fils
de Dieu réunissant en Lui tous les mondes créés et Dieu-Lui-même.
Ô Jésus, dans le Père
et l’Esprit, Toi dont la Parole est Créatrice, Tu “compris” que les
hommes, ces microcellules qui devraient construire ton Corps pour
réaliser l’unité dans la Création, et l’unité de la Création en
Dieu, Tu “compris” que les hommes, malgré l’étincelle d’intelligence
que Dieu confiait à chacun d’eux, ne pourraient jamais ni comprendre
Dieu, ni L’aimer comme ils le devaient et comme Dieu devait être
aimé. Tu Te fis homme pour "comprendre" les hommes et être compris
d'eux.
Ô Verbe du Père, le
Père Tout-puissant! L’infini de ton immensité prit place dans
l’infini de l’infiniment petit et, miracle incroyable, dans le fini
de la Création. Tu Te fis Homme, Fils de l’Homme, pour que le fini
rejoigne l’infini, pour que nous comprenions Dieu, au moins un
peu... Toi, Dieu unique avec le Père et l’Esprit, Toi, infiniment
puissant et infini, Tu Te fis fini et contingent, Tu Te fis un tout
petit fini parmi de multiples tout petits finis, pour sauver tous
les petits et les faire participer à la Vie de l’Infini divin.
Jésus, comment voudrais-Tu que nous comprenions?
Le Fils Incarné serait
la bienheureuse et merveilleuse Merveille dans laquelle pourraient
cohabiter la vie humaine et la vie angélique. Le Fils Incarné, Dieu
et Homme à la fois, Dieu assimilant toute sa création, l’ÊTRE
faisant être le non-être... Alors, à ses anges, Dieu le Père
présenta son Fils Incarné, le Verbe son Fils, UN avec Lui dans leur
commun Esprit.
Les anges se turent,
muets de stupéfaction et d’adoration.
Tous les anges se
turent et adorèrent, et cela dura longtemps. Les anges adorèrent
l’ÊTRE qui les faisait être; et, ce faisant, les anges adoraient le
Verbe Incarné, l’ÊTRE assumant sa création, le Fils de Dieu entrant
dans sa création... Oui, cela dura longtemps, jusqu’au jour où...
Mais cela est une autre histoire.
Le Père était vraiment
heureux dans son Cœur bienheureux, toujours heureux de par son Être
même. Et le Père “voyait” aussi le Fils construisant son Corps
mystique, ce Corps rassemblant tous les hommes aimés en un unique
monde, le monde de l’Amour et du bonheur. Le Corps mystique du Fils
émerveillait le Père: quelle merveille extraordinaire! Oui Dieu
était content, très content. Et dans sa joie, Dieu ne pouvait
s’empêcher de parler à la plus belle de ses créatures, à cet esprit
de lumière dont Il faisait parfois son confident, à Lucifer...
Le Cœur du Père, c’est
aussi celui de Jésus puisque le Père et Lui sont UN. Donc le Cœur du
Père et le Cœur du Fils, c’est le même Cœur. Et l’Amour qui lie
leurs deux Cœurs, l’Esprit d’Amour, a le même Cœur que le Cœur du
Père et le Cœur du fils. Leurs trois Cœurs qui n’en font qu’UN,
c’est le Cœur de Dieu... C’est l’Amour, c’est le Bonheur divin,
c’est la Louange éternelle que “chaque Cœur” de la Trinité rend à
son unique Cœur, le Cœur de Dieu, Cœur divin et Trine. C’est
l’action de grâce éternelle de la joie éternelle de la famille
divine, c’est Dieu...
“Contemplons” le Cœur
de Dieu... Le Cœur de Dieu englobe toute la création qu’Il ne cesse
de créer. Cette création est une perfection et Dieu l’aime. Parmi
toutes les créatures, il en est une qui dépasse toutes les autres,
en pureté, en amour, en désir de ne répondre qu’à l’amour de Dieu et
à ses desseins. Cette créature est tellement unie à Dieu que son
cœur “touche” le Cœur de Dieu. Marie contemple le Cœur de la Trinité
et sa beauté totale n’est qu’un fiat à la beauté de Dieu, un fiat à
l’amour de Dieu, un fiat à la volonté de Dieu. Marie est unie à
Dieu, d’une union si totale que rien ne peut séparer son cœur du
Cœur de la Trinité.
Comment avons-nous pu,
nous les hommes, quitter le Cœur de Dieu, et Lui préférer ce dont Il
ne veut pas, ce qui n’est pas dans ses desseins? Comment avons-nous
pu quitter le Cœur de Dieu et préférer le mal? Quand nous
“contemplons” le Cœur de Dieu et quand nous voyons le mal qui
détruit les sociétés humaines, nos cœurs se brisent comme le Cœur de
Jésus s’est brisé à Gethsémani. Et nous pouvons "voir" encore le
Cœur de Dieu se “brisant” en voyant les hommes de la terre.
Et voici le miracle
suprême: le Cœur de Dieu envoie son Verbe dans un rayon d’amour. Et
le rayon d’amour touche la terre...
Sur la terre, Jésus
est, pour nous les hommes malheureux car pécheurs, Jésus est comme
un rayon de l’Action de grâce éternelle que chaque Cœur de chacune
des trois personnes divines de la Trinité sainte: Dieu unique, rend
aux deux autres Cœurs. Jésus est un rayon d’Action de grâce pour la
merveille qu’est Marie, la douce et merveilleuse Maman. Jésus est le
rayon d’Action de grâce éternelle qui révèle sa présence dans son
Eucharistie... Jésus est le rayon d’Action de grâce éternelle mis à
notre portée dans son Eucharistie. Son Cœur Eucharistique, c’est un
Rayon d’Amour de la Trinité qui vient demeurer avec nous pour nous
apprendre l’Amour. Quand nous adorons le Cœur Eucharistique de
Jésus, c'est la Trinité UNE que nous adorons? L'Eucharistie, est le
Cœur de Dieu, le Cœur UN de Dieu UN qui vient à notre rencontre.
Prière au Cœur de
Dieu dans sa Trinité sainte
Ô Dieu Trinité, je Vous
adore et je Vous aime... Je Vous adore et je Vous aime Cœur du Père,
Cœur aimant du Père, qui ne faites qu’UN avec le Cœur du Fils, votre
Unique, le Cœur de Jésus. Je vous adore et je Vous aime Cœur de
Jésus uni au Père dans un jaillissement d’Amour éternel,
l’Esprit-Saint. Je Vous adore et je Vous aime, ô Cœur aimant de
notre Dieu!
Cœur de mon Dieu, je
Vous adore et je Vous aime. Et j’aime chanter le Cœur de mon Dieu,
son Cœur qui est l’Amour. Nous aimerions chanter le Cœur de
Jésus-Cœur du Père, Cœur de la Trinité, nous aimerions Vous chanter,
mais nous n'avons pas de mot. Pas de mot pour Vous dire notre amour
et notre reconnaissance; pas de mot pour exprimer notre joie et
notre félicité, immenses l'une et l'autre; pas de mot pour chanter
notre adoration et notre vénération.
Pas de mot ô
Seigneur-Dieu, car nous somme trop petits et Vous êtes trop grand.
Parce que seul Vous êtes, et nous ne sommes rien, nous ne sommes que
par Vous. Pas de mot ô Seigneur Dieu, car l’Amour est trop grand et
nous qui sommes pécheurs, nous ne savons pas aimer, nous ne savons
pas Vous aimer comme il le faudrait, comme Vous voudriez que nous
Vous aimions. Et pourtant, ô Jésus, nous croyons Vous aimer, d'un
amour à notre taille, mais un amour quand même...
Parfois, ô Cœur de
Dieu, Cœur de Jésus, nous avons tant d’amour pour Vous. Et nous
avons alors envie de le dire, envie de le crier, envie de le
chanter. Nous aimerions chanter pour Vous Dieu que nous adorons,
chanter le Cœur du Père, chanter le Cœur du Fils, chanter l’Amour du
Bien-aimé. Vous dire et Vous redire: ô Seigneur je Vous aime... Mais
nous sommes si petits!... C'est alors que Jésus nous dit: "Ayez
confiance, Je suis toute miséricorde, Je me suis fait petit comme
chacun de vous, pour vous; ayez confiance, je suis Miséricorde."
Maintenant Jésus adoré
nous pouvons sans crainte chanter votre Amour qui nous aime. Nous
pouvons chanter votre Amour qui illumine votre regard. Ô le regard
de Jésus! Nous nous confions à votre Amour et nous nous abandonnons
à votre tendresse. Comme un tout petit enfant nous nous perdons dans
vos bras, nous nous blottissons tout contre votre Cœur. Nous nous
blottissons contre la poitrine, Seigneur Jésus, comme le fit Jean,
et nous sentons battre ton Cœur... Et notre cœur, le cœur de notre
âme essaie de battre au rythme de ton Cœur, Jésus, c’est-à-dire au
rythme de l’Amour.
Jésus, sur votre Cœur,
nous nous perdons dans la confiance, une confiance totale. Car nous
n’avons plus de peur, plus de frayeur, plus de crainte. Vous avez
pris nos angoisses et nos détresses, Vous avez pris sur Vous nos
péchés et nos peines, Vous avez pris sur Vous nos chagrins, nos
misères, nos lâchetés et nos lacunes. Vous avez pris nos pleurs pour
nous rendre la joie. C’est pourquoi nous Vous chantons, Jésus, nous
Vous chantons Trinité Sainte, avec le Père et dans l'Esprit, ô Dieu,
Trinité bénie notre joie et notre bonheur, notre paix et notre
repos, notre route, notre chemin et notre but.
Jésus, vous avez
compris combien nous sommes petits, si petits... Nos pauvres mots
humains ne peuvent pas Vous dire l’amour que nous avons pour Vous,
pour le Père, pour l'Esprit. Mais Vous nous connaissez, car l'amour
que nous avons pour Vous, c’est Vous qui nous l’avez donné. L’amour
que nous avons pour Vous, Vous nous l’avez donné, à profusion, plein
nos cœurs, nos pauvres petits cœurs finis qui cherchent l’Infini.
L’amour que nous avons pour Vous est aussi pour nos frères que Vous
aimez autant que Vous nous aimez. Aidez-nous, ô Seigneur à dire
l’amour que nous avons pour Vous, que nous ne savons ni vivre, ni
exprimer, car nous sommes trop petits.
Jésus nous ne pouvons
plus que nous taire et Vous regarder, Vous regarder et Vous sourire,
et Vous louer, et Vous bénir, en silence, sans bruit, car nous
n'avons pas de mot... nous sommes si petits.
Le Père, on ne peut pas
L’imaginer. Il est trop grand, trop puissant, trop hors de notre
portée. C’est Dieu, le Seigneur tout Puissant, invisible, que l’on
ne peut saisir et que l’on adore sans vraiment Le comprendre. On dit
qu’Il est Amour, mais comment le savoir, comment le vérifier,
comment l’expérimenter ? Dieu est le Tout Autre... Mystère de la
grandeur et de l’ineffabilité de Dieu. Dans ces conditions, et bien
qu’Il nous ait tous créés, comment pouvons-nous être ses fils
chéris, nous qui avons crucifié son Fils Bien-aimé ?
Jésus connait le Cœur
du Père, Il le connait d’autant mieux que le Père et Lui sont UN,
donc ils ont un seul et unique Cœur dans l’Esprit-Saint, et le Cœur
de Jésus, c’est le Cœur de Dieu. En Jésus, le Cœur de Dieu s’est
fait son Cœur, et dans son Cœur d’homme battent, dans l’Amour qu’est
l’Esprit, le Cœur du Père, le Cœur du Verbe, en un mot, dans le Cœur
de l’homme Jésus, bat le Cœur de Dieu. Et nous, en Le contemplant,
nous contemplons le Cœur du Père.
Essayer de contempler
le Cœur de Dieu est chose bien difficile; alors, laissons encore
aller notre imagination... Dieu, un jour étonnant de son éternité,
de son éternel présent, “vit” l’Homme qu’Il voulait créer. Il le
voyait homme et femme, et Il le pensait à son image, c’est-à-dire à
l’image de l’Amour. Et Dieu pensait au Christ, son Verbe incarné, et
Dieu “voyait” le Corps mystique de son Fils Bien-Aimé, ce Corps dont
les cellules vivantes seraient l’humanité. Dieu aimait déjà le Corps
de son Fils, Dieu travaillait déjà à la construction du Corps du
Fils incarné, Dieu voulait déjà le bonheur de ce Corps
merveilleux...
Dieu “voyait” déjà le
Corps du Christ... Alors, le Père, UN avec le Fils et l’Esprit, “se
mit au travail”. Il créa les anges, tous les anges qui sauraient Le
louer comme il faut, et qui accompagneraient les hommes dans leur
difficile course terrestre, car Dieu “voyait” aussi la terre. Alors
Dieu créa les mondes matériels. Il leur donna des lois terribles et
exigeantes afin de canaliser les forces monstrueuses qu’Il mettait
en œuvre pour qu'elles aillent dans le sens qu’Il désirait.
Dieu contemplait ces
mondes matériels et ces forces monstrueuses qui obéissaient à ses
ordres, sans broncher. Et Dieu était content! Et Dieu souriait déjà
au monde très particulier auquel Il pensait aussi. Dieu voyait la
terre. Dieu voyait la terre sur laquelle Il placerait les hommes
pour qu’ils apprennent l’amour. Et Dieu concentra quelques-unes des
forces gigantesques de la matière naissante. Il fallait qu’elles
s’adoucissent, se polissent, apprennent à vivre ensemble, à se
supporter, à s’aider, à se compléter, à collaborer, à s’harmoniser,
à s’unir, à s’interpénétrer, afin de réussir un chef-d’œuvre de
l’Amour pour que les hommes apprennent l’amour. Peu à peu la terre
se faisait, et c'était merveilleux! Et Dieu "s’amusait" bien, et
Dieu était heureux!
Dieu façonnait la
terre, Il traçait le lit des rivières, Il imaginait les volcans, les
sources, les cascades, les geysers... Il modelait les montagnes et
les vallées, et Il plaçait les plaines qui seraient productives...
Oui, il fallait des plantes, toutes sortes de plantes pour la joie
des yeux, et pour les repas des animaux qu’Il allait inventer. La
joie de Dieu faisait plaisir à voir: le Père laissait son Cœur
déborder de bienveillance, le Cœur du Fils se réjouissait en pensant
qu’un jour Il vivrait dans ce Paradis.
Dieu se plaisait
beaucoup au milieu de ses créatures: Il admirait les fleurs, Il
sentait les odeurs agréables, Il écoutait les chants du vent, de la
tempête. Il était satisfait des jeux de la foudre et des éclairs.
Dans ce paradis délicieux, Dieu mit les animaux: les petits et les
grands. Mais surtout, en créant tous les êtres vivants, Dieu
inventait aussi le cœur des pères et des mères. Et Dieu était en
joie quand Il regardait les papas et mamans oiseaux s’activant
auprès de leurs petits. Vraiment le cœur des papas et mamans animaux
était une réussite. Déjà un peu de véritable amour naissait dans la
création matérielle jusque là inerte... Mais cet amour animal était
insuffisant pour le Cœur de Dieu. Il fallait davantage: il fallait
des cœurs à l’image de son Cœur. C’est ainsi que Dieu le Père,
assisté de Dieu le Fils, inventa le cœur des pères et des mères des
hommes. Le Cœur de Dieu voulait se refléter dans le cœur des hommes,
pères et des mères, à l’image de Dieu.
Dieu le Père, par son
Verbe, créa l’Homme: homme et femme Il le fit. Dieu créa l’Homme:
père et mère Il le fit. Et c’était beau, c’était merveilleux, et
Dieu s’extasiait devant la créature qui refléterait son Amour. Homme
et femme s’aimeraient l’un l’autre, et l’Homme deviendrait père et
mère; et les pères et les mères aimeraient leurs fils et leurs
filles comme en Dieu s’aimaient le Père et le Fils. Dieu fit l’Homme
à son image... C’était très bon... et Dieu “voyait” déjà le Corps
mystique du Fils rassemblant en lui-même la création tout entière.
Hors du temps, hors de
notre temps. Dieu a créé l’Homme, Dieu a aimé l’Homme, Dieu a semé
l’Amour dans le cœur des hommes. L’Amour crée le bonheur et l’Homme
était heureux...
Les siècles ont défilé
et aujourd'hui l’Homme n’est pas heureux, et ce n’est pas la faute
de Dieu. Encore une fois nous nous trouvons devant un mystère
insondable qui donne le vertige. Pourquoi l’Homme n’est-il pas
heureux? À cause du mal. Mais qu’est-ce que le mal, et pourquoi le
mal que Dieu n’a pas voulu, ne pouvait pas vouloir, car l’Amour
qu'est Dieu est hors du mal?
Père, où est ta
vérité ? L’amour que Dieu a mis dans l’Homme exige la liberté.
L’Homme n’est pas un robot programmé à l’avance : on ne peut pas
informatiser l’amour. Car l’amour suppose toujours un choix initial
et une réciprocité: nous t’aimons parce que Tu es toi; Tu nous aimes
tous individuellement, chacun comme il est. On ne pourra jamais nous
forcer à aimer ce que nous ne voulons pas aimer. Car nous pouvons
refuser l’amour. L’Homme peut même refuser l’amour de Dieu: il est
libre.
Contemplons encore la
création: elle est belle et bonne. Contemplons le monde des hommes:
il est de plus en plus laid et méchant. Père, pourquoi le monde
a-t-il refusé ton Amour? Pourquoi le mal s’étend-il sur le monde
comme une tache d’huile qui ne peut que s’étendre. L’Homme est
atrocement malheureux sans Toi, Seigneur, car il ne peut vivre sans
Toi, et pourtant il ne veut pas de Toi. L’Homme ne peut vivre sans
Toi, et pourtant, sans cesse il Te refuse. Et le malheur, comme des
ténèbres épaisses, recouvre notre terre. Le malheur envahit le monde
des hommes... et Toi, Père, Tu sembles Te taire, Tu sembles ignorer
notre détresse... Père, qu’as-Tu fait de ta tendresse ?
Père, c’est vrai, Tu
nous as envoyé ton Fils: mais nous L’avons crucifié. Jésus-Christ,
ton Fils Bien-Aimé, est ressuscité car ton dessein, Père, ne devait
pas échouer: le Corps mystique du Fils devait absolument se faire
pour unifier toute la création. Et Jésus ressuscité a envoyé ses
disciples pour sauver le monde entier: “Allez, enseignez
toutes les nations; baptisez-les au nom du Père, et du Fils et
du Saint-Esprit.” Cela, c’est écrit dans l’Évangile. Pourtant
des peuples entiers ne connaissent même pas ton Nom, Père, ou ne
savent pas que Tu es Père. Et cela ne semble soucier ni émouvoir
personne, ou si peu de gens. Pire, ceux qui se font de la peine à
cause de cela, on les prend pour des fous ou des illuminés. Père,
nous as-Tu abandonnés ? As-Tu oublié ta tendresse ? Ô Père,
souviens-Toi que Tu es Père, et que ton Fils est venu chez nous pour
nous faire découvrir ton Amour. Et qu’Il est mort pour nous. Ô Père,
souviens-Toi de ton Amour de Père, souviens-Toi que Tu es notre
Père!
Pourquoi Te caches-Tu,
Père, et pourquoi Jésus semble-t-Il absent? Père, Jésus, pourquoi Te
cache-Tu? Nous sommes dans ton Cœur, Père, alors, de quoi
aurions-nous crainte? Oui, Père, ton Amour nous émerveille qui nous
a donné Jésus, ton Fils Bien-Aimé, ton Unique, avec qui Tu ne fais
qu’UN. Père, c’est tellement merveilleux d’être dans le Cœur de
Jésus, le Cœur de Jésus qui est aussi le tien, c’est tellement
merveilleux d’être dans le Cœur de Dieu! Alors de quoi avons-nous
crainte?
Ô Dieu, très sainte
Trinité, regardez votre grande main: dedans, il y a toute la
création. Il y a les anges, les mondes matériels, les mondes
vivants, et l’Homme, l’Homme que Vous aimez et que Vous êtes venu
visiter personnellement. Ô Dieu, regardez votre création: votre
Amour l’englobe tout entière. Votre Amour, aime toute la création,
mais, parce que telle fut votre volonté, Vous aimez particulièrement
la Terre. Et avec un Amour infini, prévenant, Vous l’avez
amoureusement modelée, ciselée, pour en faire la maison d’accueil de
l’Homme, votre préférence.
Père bien-aimé, quand
la Trinité eut créé la Terre et y eut mis les hommes, Tu l’aimas, et
Tu la caressas, et Tu rêvas du jour où ton Fils viendrait la
visiter. Tu aimais aussi l'humanité, ton œuvre merveilleuse, car
capable d’amour. Et Tu voyais aussi les grands bras de ton Fils
largement étendus pour accueillir tous les hommes que Tu aimais
tant.
Hélas! Il y eut la
chute! Trompés par l’Ennemi, les hommes ont péché, et leur péché est
grand, mais Dieu les aime toujours. Et en ces jours douloureux où
nous péchons encore, Jésus nous montre la grande Miséricorde du
Père. Jésus regarde la Grande Main qui contient la création. Du Cœur
de Dieu, partent les rayons d’Amour qui baignent tous les mondes.
Mais, parmi tous ces rayons, il en est un qui brille plus que les
autres et qui atteint une minuscule fraction de la création, la
terre. Jésus regarde la terre, Jésus, regarde tous les hommes qu'Il
aime d’amour mais qui ne le savent pas. Jésus, dans son éternité,
regarde déjà l’humanité qu'Il chérit et se souvient de sa prière au
Père quand Il mourait sur la Croix: “Père, pardonne-leur, ils ne
savent pas ce qu’ils font.” |