Thomas Becket, ou Thomas de Londres comme on l'appelait,
naquit à Londres, le 21 décembre 1117. Sa famille, de la
bourgeoisie londonienne, aurait été originaire de
Normandie, plus précisément de la région du Calvados.
Thomas fit d'excellentes études à l’école cathédrale de
Cantorbéry, complétées par des études à Bologne,
important centre occidental de la science juridique.
De retour en Angleterre, il
attira l’attention de
Thibaut du
Bec,
archevêque de Cantorbéry
qui lui confia plusieurs missions importantes à
Rome,
de 1151 à 1153, et le fit nommer archidiacre de
Cantorbéry et
prévôt
de Beverley. Thomas se montrant particulièrement
efficace, l'archevêque Thibaut du Bec le recommanda au
roi
Henri II
Plantagenêt, qui régna en Angleterre de 1154 à 1189,
pour occuper, vers 1155, le poste de
chancelier
devenu vacant.
Maintenant, nous devons faire un petit retour en
arrière. Henri II d'Angleterre désirait
être le maître absolu, non
seulement de son royaume mais également de l’Église.
Quand il voulut se débarrasser des privilèges du clergé
anglais qui gênaient son
autorité, Thomas Becket lui parut comme l’instrument
adapté pour accomplir ses desseins. Thomas Becket se
montra tout de suite entière-ment dévoué aux intérêts de
son maître et une grande amitié lia le roi Henri II à
son chancelier qui participa beaucoup à l'éducation du
jeune futur roi qu'on appela Henri le Jeune.
Nous
sommes en 1161. L’archevêque
Thibaut du Bec décède le
18 avril.
Le chapitre se ralliant à l’avis royal, élit, en mai
1162, Thomas Becket archevêque de Cantorbéry. En deux
jours Thomas Becket reçut l’ordination sacerdotale et le
sacre épiscopal; il fut consacré archevêque de
Cantorbéry le
3 juin 1162.
Immédiatement, et contre toute attente, Thomas abandonna
sa charge sécu-lière, changea sa vie du tout au tout, et
se voua sans réserve, à la stupéfaction générale, à la
défense des droits de l'Église.
Le
courtisan amant des plaisirs fit place à un prélat
ascétique en robe de moine, prêt à soutenir jusqu’au
bout la cause de la hiérarchie.
Petite remarque: l'archevêché de Cantorbéry réunissait
alors dix-sept des dix-neuf diocèses anglais. La tâche
de l'archevêque de Cantorbéry était
donc immense. Il lui fallait
aussi régler une autre situation particulièrement
délicate. En effet, en 1159, un schisme avait été
provoqué par l'empereur Frédéric Barberousse. Thomas
Becket se déclara en faveur du pape
Alexandre III
qui lui remit le
pallium
au
concile de Tours
de 1163.
À
son retour en Angleterre, Becket voulut libérer l’Église
d’Angleterre des limitations qu’il avait lui-même
contribué à faire appliquer. Son but était double:
exempter l’Église de toute juridiction civile, et
assurer la sécurité de ses propriétés. Le roi
comprit rapidement le
résultat inévitable de l’attitude de Thomas et convoqua
le clergé à
Westminster
le
11 octobre 1163.
Le haut clergé se montra disposé à consentir
aux exigences royales, que l'archevêque refusait. Rien
ne put être résolu et la question resta ouverte.
Mais, le 30 janvier 1164, Henri II d'Angleterre convoqua
une autre assemblée à Clarendon. Les Constitutions de
Clarendon qui en sortirent avaient pour but de placer
tous les sujets du roi, y compris les clercs, de plus en
plus nombreux, sur un pied d’égalité judiciaire. Le roi
voulut obtenir l’accord du clergé. Apparem-ment il
obtint toutes leurs signatures, sauf celle de Thomas
Becket, l'archevê-que de Cantorbéry.
Henri essaya de se débarrasser de Becket par la voie
judiciaire et le convoqua devant un grand
conseil à
Northampton
le
8 octobre 1164
pour répondre de l'accusation de contestation de
l'autorité royale et
malfaisance dans son emploi
de chancelier. Becket fit appel au pape et dut s'exiler.
Il alla à
Sens,
où était réfugié le pape
Alexandre III,
exilé. Thomas Becket resta presque deux ans dans l'abbaye
cistercienne de Pontigny
depuis la fin de 1164 jusqu'en 1166.
Après de très nombreuses tergiversations, le
22 juillet 1170,
la paix entre les deux hommes: Henri et Thomas Becket
fut conclue dans une commune française située dans ce
qui devint le département du Loir et Cher,
Fréteval.
Thomas rentra en Angleterre, à Cantorbéry. Hélas!
Henri, incité par ses par-tisans, refusa de rendre les
propriétés ecclésiastiques qu'il avait saisies. La
ten-sion entre les deux hommes était devenue intenable.
C'est alors qu'Henri II aurait prononcé la phrase qui
lui fut plus tard attribuée: "N'y aura-t-il person-ne
pour me débarrasser de ce prêtre turbulent?" Cette
phrase fut interprétée comme ordre par quatre chevaliers
anglo-normands qui projetèrent immédia-tement le meurtre
de l'archevêque. Le meurtre eut lieu le 29 décembre
1170, près de l'autel de la cathédrale de Canterbury.
Thomas Becket avait 53 ans.
Des
documents racontent qu'avant de le tuer, les assassins
auraient crié: "Sauve-toi, autrement tu es mort!"
À quoi Thomas répondit: "Je n'ai garde de
fuir; tout ce que je demande, c'est de donner mon âme
pour celles en faveur desquelles mon Sauveur a donné
tout son sang. Cependant, je vous défends, de la part de
Dieu tout-puissant, de maltraiter qui que ce soit des
miens." Ne pouvant réussir à le traîner dehors, les
quatre assassins le frappèrent dans l'église. Thomas
murmura avant de mourir: "Je meurs volontiers pour le
nom de Jésus et la défense de l'Église."
Thomas Becket fut immédiatement révéré par les fidèles
de toute l'Europe comme martyr. Henri II se résolut
alors à faire une pénitence publique en 1172, et à
revenir sur les décisions entérinées dans les
Constitutions de Clarendon. Ce que Thomas Becket n'avait
pu obtenir de son vivant, il l'obtint par sa mort. Des
miracles ayant attesté la glorification de Thomas Becket
le pape Alexandre III le canonisa le 21 février 1173.
Paulette
Leblanc |