Thierry de Mont d’Hor
Ermite, Saint
V-VI siècles

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JUILLET

La vie de saint Thierry est assez compliquée. Comme le développement de la région où il vécut lui doit beaucoup, je vous parlerai également du développement de cette région.

Thierry du Mont d'Or serait né vers la fin du V siècle, ou au début du VI siècle. Il serait mort vers 533. Ce qui est plus sûr, c'est qu'il naquit à Auménancourt, petite commune située dans le département de la Marne. On sait aussi que son père, le seigneur Marcard, était un bandit de grand chemin, un brigand et un voleur… Aussi l'éducation de Thierry fut-elle un peu particulière. Et Thierry fut même obligé de se marier. Pourtant, à partir du jour de son mariage, il renonça à suivre son père et sa mauvaise vie, et, après avoir rencontré saint Rémi, l'évêque de Reims, il choisira une vie de sainte solitude. Mais que se passa-t-il donc le jour du mariage de saint Thierry?

Le mariage de Thierry venait d'avoir lieu lorsque, brusquement, Thierry découvrit qu’il devait avoir une vocation monastique. Aussi décida-t-il, contre l’avis de sa femme, de consulter l’archevêque de Reims, saint Rémi; Thierry devait, en effet, commencer par "défaire" son mariage avant de s'engager dans une vie d'ermite. Nous sommes aux alentours de l'an 500. Saint Rémi "défit" le mariage non consommé de Thierry et commença à enseigner la science et la piété à notre jeune homme qui se retira dans un ermitage lequel, peu à peu, devint un monastère. Et Thierry devint clerc. Cependant, sa vie cachée, imprégnée par le mystère de Dieu, par sa grandeur et la proximité de son divin amour, attirait des frères autour de lui, et ceux qui venaient vers lui étaient si nombreux, que bientôt, il dut fonder un monastère au milieu d'une grande forêt située sur une colline, le Mont d'Hor autour duquel se forma un village, le bourg de Saint Thierry.

Mes amis, vous aimerez savoir que Thierry était un homme à l'esprit pratique, rationnel et très organisé. Malgré son côté terre-à-terre, dû en grande partie à son éducation, il aimait méditer. Il avait besoin de sécurité, tant affective que financière, mais il avait un idéal auquel il ne renonça jamais. De plus, Thierry aimait beaucoup ses amis et cherchait toujours à les conduire vers Dieu.

Il faut signaler que Thierry, devenu moine, ne se contentait pas d’accueillir de futurs moines, mais il se vouait constamment à prier et à  faire vivre sa communauté; de plus, il se consacrait également à la prédication de l’Évangile dans les villages d'alentour et gagnait de nombreuses âmes au Seigneur. C'est ainsi que Thierry qui, malgré sa vie solitaire ne quittait pas son Père spirituel et le suivait souvent dans ses déplacements et dans sa vie d'oraison et de prière, remarqua bientôt l'existence d'un lieu de débauche nommé Cédrius, où vivaient, dans des grottes un peu éloignées, quarante femmes prostituées, lesquelles attiraient les passants pour les faire pécher. Thierry attira l'attention de son évêque Saint Rémi qui demanda à Thierry de faire détruire ce lieu maudit et de le remplacer par une communauté de 40 veuves, afin qu'elles "offrent nuit et jour, leurs larmes et leurs prières, pour les péchés des quarante prostituées."

Thierry fut évidemment, le premier abbé du monastère du Mont d'Hor; mais bientôt il fut rejoint par son père qui s'était converti. Ce fut sa plus grande conquête, car Marcard, impressionné par l’exemple de son fils, touché par sa piété et remué par ses remontrances, renonça à sa mauvaise vie, entra à son tour au monastère du Mont d’Hor et devint un parfait religieux…

Le bourg de Saint-Thierry accroissait sa population en raison de la renommée de l'abbé Thierry qui guérissait les corps et les âmes bien au-delà de la Champagne; ainsi, la popularité de Thierry parvint jusqu'aux oreilles du roi d'Austrasie, l'un des fils de Clovis. Souffrant d’une grave maladie des yeux qui menaçait de le rendre aveugle, le roi d'Austrasie fit appeler Thierry du Mont d'Hor. Et la tradition rapporte que Thierry le guérit; il aurait même ressuscité sa fille en imposant ses mains sur le corps inerte de l'enfant.

C'est pourquoi les rois de France prirent l'habitude de se rendre, après leur sacre à Reims, à l'abbaye du Mont d'Hor pour y prendre un repas, rite qui dura longtemps. Après avoir fait beaucoup de bien, Thierry décéda saintement vers 533. On parle parfois du 1er juillet 533. Saint Thierry est fêté le 1er juillet.

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Parlons maintenant de l'histoire du bourg Saint Thierry. Au début, ce n'était qu'une ferme nommée Gaugis. Puis, le roi d'Austrasie, Thierry 1er, fils de Clovis, et disciple de Saint Thierry, lui-même disciple de Saint Rémi, la donna au monastère de Saint Thierry. Mais, en 716, Charles Martel ravagea la région dont les habitants des provinces qui la constituaient étaient en révolte constante. Même les moines prirent la fuite. Nous sommes au Xe siècle, et en 937, les Hongrois, ou Magyars, des païens redoutables envahirent la région et brûlèrent le monastère. Il ne resta que les murailles. Vers 941, à 2 kilomètres de là, au lieudit "Bois du Pré", une source surgit miraculeusement. Captée par les moines, cette source alimenta l'Abbaye et le village.

En 972, les moines bénédictins firent revivre l'abbaye et le village. Des fêtes en l'honneur de Saint Thierry attirèrent de nombreux visiteurs et des rois: Saint Louis en 1248, Louis XI en 1461, Louis XIII et Anne d'Autriche.

En 1778, Monseigneur l’Évêque de Reims fit détruire l’Abbaye pour y faire construire, à la place, son palais d’été… Ce domaine fut vendu lors de la Révolution française, et le palais démoli. Le village de Saint Thierry, en grande partie détruit pendant la guerre 1914-1918, fut reconstruit entre 1920 et 1930. Et la vie monastique, reprit sur la colline de Saint-Thierry lorsque les Bénédictines de Vanves, près de Paris, y arrivèrent en 1968. Et la culture des vignes put aussi reprendre.

Mes amis, parfois on confond saint Thierry et saint Guillaume de Saint Thierry. Certes, ils furent tous les deux abbés du monastère du Mont d'Hor, mais l'un vécut au VI siècle, et l'autre au XII siècle. Il faut savoir que de 1121 à 1135, Guillaume de Saint Thierry, qui vécut de 1075 à 1148, fut un moine mystique, ami de saint Bernard de Clairvaux, fut l'abbé du monastère de Saint-Thierry. Toutefois, aspirant à une vie plus contemplative, il abandonna son titre d'abbé en 1135, et se retira à l'abbaye cistercienne de Signy dans les Ardennes.

Paulette Leblanc

 

 

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