1-1-Alexandrina et l'Eucharistie
Alexandrina
raconte dans son autobiographie, qu'elle ne passait pas un jour sans
prier, que ce soit à l’église, à la maison ou sur la route. Elle
faisait toujours la communion spirituelle de la façon suivante:
"Ô mon Jésus, venez dans mon pauvre cœur! Je Vous désire: ne tardez
pas. Venez m’enrichir de Vos grâces, augmentez en moi votre saint et
divin amour. Unissez-moi à Vous! Cachez-moi dans votre Côté sacré!
Je n’aime que Vous. Je n’aime que Vous, je ne veux que Vous, je ne
désire que Vous. Je vous rends grâce, Père éternel, pour nous avoir
donné Jésus au très Saint-Sacrement. Je vous remercie, mon Jésus,
et, enfin, je Vous demande votre sainte bénédiction. Loué soit à
tout instant, Jésus au très Saint-Sacrement!" Et elle ajoute:
"J’aimais beaucoup faire la méditation sur le très Saint-Sacrement
et sur la Sainte Vierge." Le 8 mars 1934, ne recevant que
rarement la communion, elle écrivit à son directeur, le Père Pinho:
"Quoique le Saint-Sacrement soit mon meilleur ami, je regrette de
devoir le dire, je ne le reçois que rarement. Au début il (le
nouveau curé) m’apportait la Sainte Communion tous les premiers
vendredis, samedis et dimanches et le 13 de chaque mois; maintenant,
il ne vient plus les premiers dimanches. Il m’est arrivé d’en
pleurer, car cela me peine..."
À de très
nombreuses reprises, Alexandrina entendit Jésus lui dire: "Oh! ma
fille, ne connais-tu pas l’effet de ma présence dans ton âme? C’est
moi qui te purifie de plus en plus, j’embellis le trône de ma
demeure. Sois-moi fidèle, répare pour mes tabernacles. J’y suis si
seul! Dans un grand nombre de ces tabernacles j’y suis si oublié, si
méprisé, si vilipendé! Console-moi, aie pitié de moi! Fais que je
sois aimé!..."
Les mystiques
partagent souvent la douleur de Jésus au tabernacle. Ainsi, le 14
septembre 1934, Alexandrina écrit: "Je reste enlacée à la croix
de Notre Seigneur, et je me sens si embrasée dans l’amour de mon
bien-aimé Jésus -qu’Il soit à jamais béni- qui répond si bien aux
demandes de quelqu’un qui désire tant et tant l’aimer..." Puis,
le 27 septembre 1934: "Notre
Seigneur n’arrête pas de m'inviter vers les tabernacles.
— Viens, ma
fille, viens t’attrister avec moi, participer à ma prison d’amour,
et réparer pour l’abandon et l’oubli; fais dire à ton Père spirituel
que je veux que l’on prêche et que l’on propage beaucoup, mais même
beaucoup, la dévotion envers mes tabernacles...
Jésus n’est
pas resté là uniquement par amour pour ceux qui l’aiment, mais pour
l’amour de tous... Notre Seigneur m’a dit aussi que je ne Lui refuse
aucune souffrance ni sacrifice pour les pécheurs, que la justice de
Dieu était prête à tomber sur eux et que moi je pouvais encore les
secourir. Il m’a demandé de prier pour les prêtres qui sont les
ouvriers de sa vigne et que d’eux dépendait la bonne ou la mauvaise
récolte..."
Et plus tard, le
4 octobre 1934: "Ma fille,
n’as-tu pas compassion de moi?... Je suis seul et abandonné, dans
mes tabernacles, et tellement offensé! Viens me consoler, viens
réparer, réparer pour tant d’abandon..."
1-2-Alexandrina et la Croix
Les épreuves
d'Alexandrina commencèrent dès sa jeunesse. En 1925, vers l'âge de
21 ans, elle s'alitait pour le reste de ses jours. En 1930,
comprenant qu'elle ne guérirait jamais, elle s'offrit en victime
pour le salut des âmes et en 1934 elle faisait le vœu du plus
parfait.
1-2-1-Les
demandes de Jésus: partager ses douleurs
Il semble que
c'est vers 1934 qu'Alexandrina commença à vivre les souffrances de
la Passion de Jésus. En effet, le 8 septembre 1934, elle écrit au
Père Pinho: "Il m’a semblé
entendre alors ces paroles:
— Donne-moi
tes mains: je veux les clouer avec les miennes; donne-moi tes pieds:
je veux les clouer avec les miens; donne-moi ta tête: je veux la
couronner d’épines, comme ils me l’ont fait à moi; donne-moi ton
cœur: je veux le transpercer avec la lance, comme ils ont transpercé
le mien; consacre-moi tout ton corps; offre-toi toute à moi; je veux
te posséder entièrement et faire ce que je voudrais.
Ceci fut
suffisant pour me tenir en haleine, très préoccupée. Je ne savais
que faire: me taire et ne rien dire, me semblait ne pas correspondre
à la volonté de Notre Seigneur; il me semblait que mon bon Jésus ne
voulait pas que j’occulte ses paroles... Il faut encore que je vous
dise que vendredi et aujourd’hui, Notre Seigneur a renouvelé ses
demandes. Il m’a recommandé aussi l’obéissance en tout, comme je
l’ai déjà expliqué à Votre Révérence. S’agit-il d’une illusion de ma
part?"
Et le 26 octobre
1934, Jésus insiste: "Me
donnes-tu ton corps pour la crucifixion? Je veux te faire participer
à toute ma Passion, encore que par des chemins différents... Oh! ma
fille, combien je suis triste! Veux-tu partager ma tristesse?...
Veux-tu t’associer à mes tabernacles? Reste y alerte et bien ferme,
pour empêcher cette pluie fine de péchés qui leur tombe dessus, ce
déluge de crimes qui à aucun moment ne s’arrête de tomber sur eux.
J’ai beau leurs envoyer des rappels, de les appeler par tous les
moyens, mais ils n’en tiennent aucun compte..."
En 1935 Jésus dit
à Alexandrina: "Je t’ai
choisie pour être ma crucifiée... C’est un don à moi... La
souffrance de ton corps, de ton âme est douloureuse, lancinante.
Mais au ciel, où je t’attends, tu auras la récompense."
1-2-2-Les souffrances physiques
d'Alexandrina
Déjà en 1933
elle demandait tous les jours des souffrances à Dieu. Cela peut nous
paraître exagéré, mais nous comprenons mieux en lisant ce qu'elle
écrit, véritable révélation de l'état d'esprit des vrais mystiques:
"Pendant les heures où je souffre je ressens beaucoup de
consolations, car j’ai davantage à offrir à mon Jésus. Il y a,
toutefois, des choses qui me coûtent beaucoup, mais que seule la
volonté de Dieu soit faite, et non pas la mienne." Oui, des
souffrances, mais des souffrances qui deviennent l'ouverture,
l'entrée dans la joie de Dieu et le bonheur en Dieu.
Le 7 avril 1934
elle écrivait au Père Pinho:
"Ma souffrance a beaucoup augmenté...
Il m’est impossible de tenir la plume, même pour à peine quelques
instants... Les douleurs sont atroces. On ne m’a jamais gratté les
os, mais j’ai l’impression que cela doit produire le même effet...
Cependant, au milieu de toutes mes souffrances, je sens une grande
consolation spirituelle, car je constate que toutes les demandes que
j’adresse à Notre Seigneur sont exaucées."
1-2-3-Les
souffrances spirituelles
Le 7 avril 1934,
toujours au Père Pinho:
"Jésus m'a offert beau collier, un collier de grandes souffrances,
car, en plus des souffrances physiques, j’ai beaucoup souffert
spirituellement. Cette maladie de l’âme ne peut être guérie que par
Notre Seigneur, quand Il m’accordera la grâce de vous voir près de
moi, afin que je puisse m’épancher totalement.
1-3-Vivre la Passion de Jésus
Plusieurs
mystiques ont vécu la Passion de Jésus. Mais ce qu'ils virent,
entendirent, comment ils ont participé aux évènements de Passion,
nous le savons surtout par ce qu'ils ont raconté, écrit, ou encore
par ce que les personnes admises à y assister ont réussi à noter. Il
est incontestable que chaque personne n'a pas vécu l'intégralité de
la Passion: ils seraient morts bien avant la fin; mais d'après tous
les récits, on peut affirmer que chaque visionnaire a vu, entendu et
vécu, une certain nombre de scènes, adaptées à ses possibilités. Il
n'est pas question ici de raconter tout ce qu'Alexandrina a vécu de
la Passion du Seigneur, mais afin de mieux comprendre sa
spiritualité, nous en donnerons les grandes lignes.
1-3-1-Les
appels de Jésus
Alexandrina écrit
au Père Pinho, le 27 novembre 1934: "Ma
fille... écoute ton Jésus, écoute mes demandes. Me donnes-tu ton
corps pour que je le crucifie? Mais j’exige de toi de nombreuses et
grandes souffrances; la crucifixion est douloureuse. Ne me la refuse
pas, par amour pour moi, c’est pour que tu viennes en aide à tes
frères, à ces aveugles, non de naissance mais aveuglés par leurs
passions. Par toi j’espère que beaucoup viennent au moyen de la
croix que je t’ai donné et que toi par amour pour moi tu as
embrassée..."
1-3-2-L'Eucharistie et la Croix
En 1934, Aalexandrina écrit au Père
Pinho: "Une nuit, Jésus
m’est apparu, grandeur nature, dévêtu jusqu’à la ceinture. Sur ses
divines mains, sur ses pieds et sur sa poitrine, de profondes plaies
étaient ouvertes. Le sang coulait jusqu’à sa taille, et traversant
le linge qui le ceignait, tombait à terre. Jésus s’est assis sur le
bord de mon lit. J’ai embrassé avec amour les plaies de ses mains et
je désirais ardemment embrasser celles de ses pieds. Comme j’étais
couchée, je ne pouvais y parvenir, mais je n’ai rien dit au
Seigneur. Mais Lui, qui connaît mes désirs, m’a présenté, l’un après
l’autre ses pieds, afin que je puisse les embrasser. J’ai contemplé
ensuite la plaie de son côté et le sang qui, abondamment, coulait de
celle-ci. Grandement attendrie, je me suis jetée dans les bras de
Jésus et je lui ai dit: 'Ô mon Jésus, combien avez-vous souffert par
amour pour moi!' Je suis restée quelques instants la tête inclinée
sur la poitrine de Jésus qui, ensuite a disparu.
Il est inutile
de dire que plus jamais je ne pourrai l’oublier et, que toujours je
m’en souviendrai comme une chose qui serait toujours présente."
En 1935
Alexandrina dit encore:
"Quand je contemple Jésus crucifié et le vois si maltraité, alors
mon chagrin redouble et mon cœur se remplit de douleur et de
tristesse, me souvenant qu’à chaque instant il est si horriblement
crucifié..."
Et un autre jour,
après la Communion, "Alexandrina 'entendit' Jésus l'inviter à
participer à sa Passion, mais d'une façon concrète, en se laissant
transpercer les mains et les pieds par les clous, et la tête par la
couronne d'épines." Alexandrina finit par accepter cette
proposition répétée à plusieurs reprises. Elle restait fortement
unie à Jésus qui la prépara longuement: “Il me parlait de jour
comme de nuit... disait-elle, Il se confiait à moi...”
Après les épousailles spirituelles, en avril 1938, Alexandrina
vécut, le 3 octobre suivant, pour la première fois, la
Passion du Christ.
1-3-3-Comment
Alexandrina vivait la Passion
Notons tout
d'abord qu'Alexandrina ne vécut visiblement la Passion que jusqu'en
1942. Ensuite, et jusqu'à sa mort, cela se fit d'une manière cachée,
et toujours sans stigmate. Mais quoi qu'il en soit, Alexandrina tout
en se "sentant" Jésus pouvait aussi le contempler de l'extérieur.
Ainsi elle pouvait "comprendre" les sentiments intérieurs du Cœur de
Jésus tout en contemplant ce qui se passait à l'extérieur. Elle
écrit, par exemple: "J’ai commencé à me rendre compte que Jésus
pleurait à l’intérieur de moi.
Moi, j’étais la ville de Jérusalem; j’étais Jésus..." Ou encore,
au moment de la Cène:
"Pendant ce banquet j’ai lavé les pieds de ceux qui m’entouraient...
Jésus s’apprête à partir, mais il veut rester avec nous... Quelle
anxiété de partir mais aussi de rester! Mon cœur ressent tout cela."
Alexandrina
"entre" aussi dans la pensée de Jésus pensant à la trahison de
Judas, ce Judas qu'Il aime toujours. Elle éprouve les frayeurs de
Jésus, son désir et en même temps sa peur de sa Passion qui vient.
Tout lui cause horreur: les blasphèmes, le fouet, le crucifiement,
la mort, et surtout l’abandon des siens, et même de Dieu..."
Alexandrina vécut
la Passion dans sa chair: "Prosternée jusqu’à terre, je sentais
de tels déchirements et de telles secousses dans tout mon corps, que
j’avais l’impression que les os allaient bientôt se rompre. C’était
l’épouvante, c’était le pressentiment des souffrances... Combien
souffrent mon corps et mon âme!" Puis c'est de nouveau Jésus
qu'elle voit: "Combien Jésus a souffert! Ingratitude du monde...
Il avait un regard très triste et il pleurait à grosses larmes… Il a
pleuré longtemps: son regard était triste..." Jésus lui fit
alors comprendre que le baiser de Judas avait augmenté les
souffrances de sa Passion. Ce fut ensuite le passage devant Pilate;
devant la grandeur de Jésus, Alexandrina se sentait si petite...
Mais elle allait
bientôt ressentir la flagellation: "Je me suis sentie attachée
par la taille, traînée par les cheveux, flagellée, couronnée
d’épines très aiguës, lesquelles me causaient une telle douleur
qu’il me semblait que ma tête brûlait dans un grand feu..." Mais
"dans mon âme j’avais des
regards de tendre compassion envers ceux qui me faisaient
souffrir... L’enfer et la perte irréparable des âmes me
terrorisaient tellement que j’aimais ces atrocités au lieu de les
détester. Je les aimais pour sauver les âmes, convaincue que seule
la souffrance pouvait les sauver."
Alexandrina
vivait et contemplait en même temps la condamnation à mort de Jésus,
puis le chemin de croix: "Le
corps déchiré je me suis engagée
sur le chemin du Calvaire... Je suis entraînée par de rugueuses
cordes.
Je sens que ma face traîne par terre;que mes joues sont très
meurtries... Ce n’étaient que hurlements et imprécations derrière
moi... Mon corps n’est qu’une plaie. Le sang de la tête, causé par
les épines,
baigne tout mon corps. Les bras ouverts je m’abandonne à la croix;
je me laisse crucifier. Je m’offre à la mort... Pendant que l’on
m’étirait
les bras et les jambes pour les clouer et que je sentais que des
plaies
sortaient de ruisselets de sang, le démon est venu vers moi,
redoubler ma souffrance... Jésus, plein de tendresse et d’amour,
demandait pardon pour tous au Père éternel...
Sur le
Calvaire et sur la Croix, Jésus et Marie n’avaient qu’un seul Cœur,
une seule âme, une seule douleur, un seul amour..."
1-3-4-Les
extases
À partir de la
semaine de la Passion de 1942 (la cinquième de Carême) les
manifestations de la “Via Crucis” cessèrent et les extases
commencèrent, à trois heures tous les vendredis et les premiers
samedis de chaque mois. Elles durèrent jusqu’à la fin de la vie
d'Alexandrina, en 1955.
La durée de
l’extase publique était d’environ une demi-heure. En état de
ravissement Alexandrina parlait d’une façon claire et parfaite: il
était possible d’écrire tout ce qu’elle-même, et Jésus, disaient, à
travers ses lèvres. Quelquefois elle chantait, avec de très beaux
accents de voix, sur d’extraordinaires musiques inspirées. Pendant
les extases elle obéissait aux ordres que lui adressait le Père
Umberto, même si ceux-ci n’étaient donnés que mentalement.
Alexandrina
sortait de ces extases revigorée aussi bien physiquement que
spirituellement. Elle avait l’habitude de dire: "À
la fin des extases je me sens rassasiée... mais dommage que cela
dure si peu."
1-3-5-Pourquoi
tant de souffrances?
Jusqu'à la fin de
sa vie Alexandrina eut à supporter des souffrances intolérables,
tant physiques que morales, mais jamais elle ne se plaignait... Au
contraire, à de très nombreuses reprises elle insistait auprès de
Jésus pour qu'Il continue à la combler de ces grâces terribles mais
nécessaires au salut du monde. Ainsi, en juillet 1934 au Père Pinho,
elle écrit: "J’ai beaucoup,
et même beaucoup souffert ces derniers temps, mais, loué soit Notre
Seigneur, je souffre toujours avec une grande résignation. Mon bon
Jésus ne m’a pas abandonnée au milieu de tant de souffrances, mais
quand je les demande -ces souffrances- à Notre Seigneur, je Lui
demande également de ne pas me laisser souffrir seule, car cela
serait suffisant pour me désespérer. Je reconnais que je ne suis
rien et que je ne pourrais rien sans l’aide de mon bien-aimé Jésus,
à qui je dois tout..."
Ou encore, en
août 1934: "Plus j’aurai de souffrances, plus j’aurai à offrir à
Notre Seigneur, c’est pourquoi aujourd’hui je lui répète souvent:
'Envoyez, mon Jésus, ce que vous voudrez, pourvu que je puisse Vous
soulager pour les offenses que Vous recevez.' Ou encore:
"Notre Seigneur m’a dit aussi que
les épouses les plus chères sont celles à qui Il donne la croix la
plus épineuse et la plus lourde; voici une grande preuve d’amour.”
Le 1er
novembre 1934, Notre Seigneur lui dit:
— "Ne
t’attriste pas à cause de tout ce qui arrive en toi. C’est moi, afin
de t’unir davantage encore à moi et te serrer encore plus dans mon
Cœur.
J’ai demandé à
mon bon Jésus ce que je devrais faire pour beaucoup l’aimer et Il
m’a dit:
— Viens dans
mes tabernacles, viens me consoler, viens réparer. N’arrête pas de
réparer; donne-moi ton corps pour que je le crucifie. J’ai besoin de
beaucoup de victimes pour soutenir le bras de ma justice et j’en ai
si peu, viens les remplacer..."
Oui, ces
souffrances sont rédemptrices, et Alexandrina se réjouit. À la fin
décembre 1934, elle écrit encore:
"Je me réjouis, car les souffrances
augmentant, mieux encore je peux secourir les pauvres pécheurs et
soulager Notre Seigneur..."
Évidemment nous
sommes effrayés. Mais il convient de nous rappeler sans cesse que
nous appartenons au Corps mystique du Christ, et que, dans tout
corps, quand un membre souffre, tout le corps souffre; au contraire,
quand un membre répare, au moment de la réparation la douleur peut
être vive, mais, ensuite, le corps tout entier va mieux. Tant que
l'on n'a pas compris cela, il est impossible de comprendre les
mystiques.
1-4-Quelques révélations
De
nombreuses personnes furent témoins du charisme prophétique
d’Alexandrina. Nous donnons ci-dessous quelques exemples. Ainsi, le
20 janvier 1939 (quelques mois avant que ne commence la guerre),
pendant une extase de la Passion, Jésus lui révéla que le monde
était suspendu à un fil très fin et fragile. La balance était prête
à basculer.
1-4-1-Alexandrina, sa mission et la guerre
Pendant une
extase, dans la nuit du 24 au 25 avril 1938, le Seigneur dit à
Alexandrina:
— "Je veux la
Consécration du monde à ma Mère Immaculée. Mais Je veux que le monde
entier connaisse la raison de cette Consécration: il faut que tous
fassent pénitence et prient... C'est pour cette raison que Je te
fais souffrir de la sorte. Et tu devras souffrir beaucoup encore
afin que lui, le Pape, consacre le monde."
Quelques jours
après l'élection du Cardinal Pacelli au trône pontifical, le
Seigneur affirma à la servante de Dieu:
— "C'est
celui-ci le Pape qui fera la consécration au Cœur Immaculé!"
Pendant la même
extase, Jésus lui fit voir une scène épouvantable d'une guerre qui
allait bientôt éclater au sein de beaucoup de nations. Alexandrina
raconte: "Je voyais une
immense destruction: des maisons qui s'écroulaient et en très peu de
temps paraissaient immergées dans une mer de fumée. Le Seigneur m'a
dit: 'Ce que tu vois là, c'est le châtiment préparé pour le monde.'"
Le 11 septembre
1939, Alexandrina supplie Jésus:
— "Ô
mon Jésus, je veux souffrir tout, tout; je veux être triturée par
Vous. Je suis votre victime, mais ne punissez pas le monde. Ô mon
Jésus, je veux être votre paratonnerre posé à chaque endroit où vous
habitez; que tombent sur moi les ignominies des pécheurs."
Mais le Seigneur,
par des éclairs, lui montra les dévastations de la guerre.
Alexandrina accepta de souffrir tout, sans exception, afin de sauver
le monde. Jésus lui conseilla de se préparer pour des “chemins
encore plus douloureux”.
1-4-2-Alexandrina et Pie XII
Immédiatement
après la mort de Pie XI, (10 février 1939) Alexandrina prophétisa le
nom de son successeur: À sa sœur et à l’institutrice Sãozinha elle
déclara: "Cardinal Pacelli, cardinal Pacelli!..."
Bientôt la guerre
éclate, mais Jésus déclare à Alexandrina: "Demandez
et vous recevrez; demandez avec foi. Le Portugal sera épargné. Mais
malheur à lui s’il ne correspond pas!"
Le 6 décembre
1939, Alexandrina supplie Jésus de ramener la paix sur le monde et
de protéger le Pape. Le Seigneur lui répondit:
— "La paix
reviendra, mais au prix de beaucoup de sang. Le Saint-Père sera
épargné; le dragon orgueilleux et enragé qu’est le monde n’osera pas
toucher à son corps. Mais son cœur en sera victime."
Hitler, en effet, avait donné des
ordres pour que Pie XII soit capturé.
Le 11 novembre
1943 Alexandrina écrivit au Saint-Père pour le réconforter. Elle
disait entre autres: "Le
règne de votre Sainteté continue de se dérouler au milieu des
épines, mais Jésus ne manquera jamais de vous apporter sa grâce et
son amour afin que vous puissiez marcher joyeux le long de votre
calvaire..."
1-4-3-Des
visions dramatiques
Un jour, en 1938,
Jésus vint se plaindre auprès d'Alexandrina:
"Je viens à toi, non pas pour te
consoler, mais pour verser mes larmes dans ton cœur. Je ne peux plus
supporter les abominations des pécheurs! Pénitence!... Pénitence!...
Pénitence!... dans le monde entier!... Qu’il se convertisse sans
retard, autrement, il sera rapidement détruit!..."
Au début de 1939,
Alexandrina vivait dans une nuit et une obscurité continuelles. Elle
ne voyait que des ténèbres et écrivait: "Qu’il est obscur et
terrible, le chemin que je dois suivre!..."
C'est que "le monde est suspendu à un fil... à
un fil très fin... Ou le Pape se décide à le consacrer ou le monde
sera puni!..."
Un envoyé du
saint-Siège, le chanoine Vilar, vint la rencontrer; il comprit
parfaitement Alexandrina. Cependant on commençait, dans le peuple, à
raconter n'importe quoi, ce qui fut une autre sorte de martyre pour
notre amie. Elle écrit:
"Je cherche un peu de
soulagement dans ma souffrance. J’attends l’heure de ma crucifixion.
Je ne peux pas parler. Mon cœur galope. Dans mon âme c’est la
rébellion, l’émeute. Je me trouve dans un état d’abandon effrayant.
Il me semble cheminer au milieu de la haine de tous, de tribunal en
tribunal..."
Dans le monde, à
mesure que les menaces de guerre se précisaient, Alexandrina était
avertie des malheurs qui allaient bientôt frapper le monde. Une nuit
elle "assista" à la "destruction du monde".
"Tout était rasé: les maisons, les
arbres, les toitures; tout n’était qu’un monceau de ruines! Quelle
chose épouvantable! Au milieu de tout cela, je voyais une foule
innombrable qui se débattait; et par-dessus tous ces gens, de
terribles serpents,
si grands, si affreux! Par contre, je n’ai pas vu une seule personne
sortir de ces décombres. Un long moment après, j’ai commencé à
apercevoir la Bien-Aimée Mère du Ciel. Elle se déplaçait à une
grande hauteur, la tête abaissée, l’air bien triste. À mesure
qu’elle avançait, les ruines disparaissaient; tout est devenu plat.
Ce qui jusque-là n’était que décombres s’illuminait. Elle ne m’a
rien dit: elle s’est arrêtée un moment, et ensuite elle a disparu."
Le 28 juin 1939
Alexandrina écrit dans son journal: "Notre-Seigneur m’a parlé,
non pas d’un ton sévère, mais avec une profonde douleur: 'Je vais
détruire le monde; je vais le précipiter en enfer, je vais le
détruire; je ne peux plus souffrir tant de malice, tant de
méchanceté et de crimes. Dis-le à ton Directeur. Tu ne te trompes
pas; ce que tu as vu c’est sa destruction. C’est ce qu’il est sans
le soutien de ma très Sainte Mère, et ce qu’il est avec Elle.
Console-moi, soulage-moi... Laisse-moi t’accabler; laisse-moi te
faire souffrir'."
Le temps passe.
Fin juillet 1939 Alexandrina écrit dans son journal:
"Jésus m’a visitée il y a peu... Il me disait: 'Quelle douleur!
Quelle douleur pour mon divin Cœur de voir le monde s’incendier dans
les flammes brûlantes des passions et des vices; de voir les
individus, la société, tous les peuples engagés dans une guerre
féroce. On dirait que l’enfer s’est transporté sur la terre. Ô
monde, pauvre de toi, si tu ne te relèves pas! Ô monde, pauvre de
toi, si tu ne te convertis pas !... Ton châtiment est très proche'!
C’est pour
cela que je tremble de douleur, et non pas de froid!..."
Et Jésus, parlant
de Marie dit: "Le Cœur de ma
Mère bénie est blessé par les outrages perpétrés contre moi. Tout ce
qui blesse son Cœur, blesse aussi le mien; tout ce qui blesse le
mien, blesse également le sien, tellement nos Cœurs sont unis. C’est
pour cela que la consécration du monde lui donnera beaucoup
d’honneur et de gloire: les langues maudites et impures qui
prononcent des outrages contre Elle, seront ainsi vaincues et
humiliées."
1-5-L'éducation d'Alexandrina
1-5-1-À
l'école de Jésus et du Saint-Esprit
Souvent des
religieux, ou des théologiens de très haut niveau, s'émerveillent de
la science que manifestent les mystiques. Et l'on est en droit de se
demander où les mystiques trouvent leur science. Jésus Lui-même le
révèlera un jour à Alexandrina: "Et
moi j’ai hâte que tu apprennes toutes mes leçons. J’ai beaucoup à
t’apprendre et toi beaucoup à assimiler afin que, par toi, beaucoup
viennent apprendre les mêmes leçons, suivre les mêmes traces et te
suivre dans tes chemins."
Il y a aussi les
dons et la présence du Saint-Esprit. Tous les écrits d’Alexandrina
laissent transparaître ses authentiques expériences mystiques telles
que les enseignent les grands maîtres de l’Église catholique, dont
Ruysbrœck ou saint Jean de la Croix, par exemple. "En
Alexandrina, presque analphabète, le don de science était évident
vue la précision théologique avec laquelle elle s’exprimait et par
les images à l’aide desquelles elle nous présentait sa montée vers
Dieu."
1-5-2-À
l'école de la souffrance
Jésus sait que la
souffrance répugne aux humains que nous sommes. Aussi prend-il
toujours le temps de l'enseigner et d'enseigner sa valeur à tous ses
futurs saints. Pour cela Il accompagne souvent la souffrance qu'Il
réserve aux mystiques, et qu'ils finiront eux-mêmes par réclamer,
d'un vrai bonheur, mais d'un bonheur étrange qu'ils ne savent pas
exprimer. Alexandrina écrit à son Père spirituel, le Père Pinho, le
11 octobre 1934: "Je
ne sais pas ce qui s’est passé en moi, je ne sais pas bien
l’expliquer: je ressentais un très, très grand poids, un poids si
grand, spécialement sur le cœur, que j’avais l’impression que mon
cœur devenait aussi grand que le monde. Un peu plus tard, alors que
j’étais distraite et froide, quand j’allais réfléchir à tout cela,
Notre Seigneur me dit:
— Veux-tu voir
comment je t’embrase ?
J’ai alors
commencé à sentir une union si grande et une chaleur et une force
qui semblait me broyer. Mon Jésus m’a dit:
— Comme
nous nous aimons! Quelle sainte union que la nôtre!
Et il me
recommanda encore: 'Viens, ma fille, n’oublie pas mes tabernacles,
j’y suis si seul; ne t’arrête pas de prier pour les pécheurs'."
Mais, le 15
octobre 1934, Jésus dit: "M’aimer en échange de caresses et de
tendresses ne coûte rien; j’ai fait semblant de t’abandonner, de te
laisser seule ailleurs que dans les bras de ton Époux, pour voir
jusqu’où tu irais, mais je ne t’abandonne pas… Combien je t’aime!
Viens, ne prends pas de repos! Continue de prier pour les pécheurs,
Je te les confie afin que tu me les redonnes ensuite. Viens dans mes
tabernacles, viens réparer." Et Alexandrina ajoute:
"Il m’a dit de dire à Votre Révérence
que, ou bien je réparais et la dévotion aux tabernacles était
prêchée dans le monde, ou bien le monde serait puni, mais, quel
terrible châtiment!..."
Bien plus tard,
le 1er mars 1946, alors que la douleur inondait sa vie, Alexandrina
comprit que la douleur était une extraordinaire maîtresse. Elle
dicta: "La douleur est ce qu'il y a de plus sage; la douleur est
l'école la plus sublime; rien de meilleur que la douleur pour nous
apprendre à aimer Jésus; la douleur nous guide et nous achemine vers
lui."
1-6-Vers la
Croix et l'accomplissement des missions
Peu à peu
Alexandrina marche vers la Croix, et l'accomplissement des missions
qui lui sont confiées et qui, d'ailleurs, sont toutes très liées à
sa marche vers la croix. Ainsi, en juillet 1935, Jésus exprima son
désir de voir le monde consacré au Cœur Immaculé de Marie. Et en
1936, Alexandrina vécut une "mort mystique". Puis, à partir de
1937, elle commença à ne plus supporter aucune nourriture, sauf
l'Hostie consacrée. Ce fut également le début des attaques du démon.
Bientôt les phénomènes de la Passion se produisirent chaque
vendredi. Mais le but de tous ces phénomènes, c'était la
consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie. Le 24 octobre 1938,
le Père Pinho, écrivit au pape Pie XII pour demander cette
consécration.
Tout au long de
l'année 1939, Alexandrina entendit Jésus lui prédire la guerre comme
châtiment pour les grands péchés du monde. Elle s'offrit alors comme
victime pour la paix et pour obtenir que le Portugal fût épargné de
la guerre. Le 6 janvier 1940 elle rapporte au Père Pinho les paroles
de Jésus:
— "Dis à ton
directeur spirituel qu’il fasse connaître et aimer ma très Sainte
Mère: celui qui aime la Mère aime le Fils... Dis-lui de prêcher que
celui-là qui aimera ma très Sainte Mère ne se perdra pas; en vain
l’enfer tentera de le l’abattre."
Alexandrina
souffre de plus en plus, et, pour couronner le tout, en janvier
1942, on éloigna d'elle son directeur, le Père Pinho. Elle écrit:
"Il me semble que, jour après jour, tout s’assombrit de plus en
plus. Même le Soleil divin qui me réchauffait, m’éclairait et
donnait la force à ma pauvre âme, semble s’être obscurci. Patience!
Je veux tout souffrir pour mon Bien-Aimé Jésus, pour lui sauver
beaucoup d’âmes: c’est la mission que Notre-Seigneur m’a confiée, en
ce monde, n’est-ce pas?" Jésus lui fit comprendre que, pour
elle, l'heure de lui donner la plus grande preuve d'amour et
d'héroïsme était arrivée. Il lui dit: "Marche sans lumière, en
complet abandon. Tout sera mort en toi..." Le 17 avril 1942
commençait pour elle le jeûne total accompagné d'une totale anurie
qui durera jusqu'à sa mort. Enfin, le 31 octobre 1942, à l'occasion
du 25e anniversaire des apparitions de Fatima, le Pape
Pie XII consacrait le monde au Cœur Immaculé de Marie.
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